
Bière. Henri I I , par fon ordonnance de. [
créa , en titre d’offices* les verdiers, gruyers, j
maîtres- des gardes, maîtres fergens , fo r e f t ie r s , J
capitaines, concierges, &c. Ces différentes qualifications
défignoient des fondions de même nature.
V o y e ^ y àcetégard^ ce que dit Saint-Yon,
page 87, &: ce que nous rapporterons plus loin
à l'article Fo r ê t .
Aujourd'hui le mot f o r e f t ie r défigne d'une manière
indéterminée toute perfonne qui exerce
un emploi dans les forêts. Nous allons indiquer
les connoiffances qu’on doit exiger d’un bon f o r e f -
t i e r y & les moyens qui nous paroiffent propres à
les procurer.
Ces moyens confident dans l’établiffement dV-
c o le s f o r e f t iè r e s , inftitutions qui exiftent dans la
plupart des Etats de l’Europe pour l’inftruétion
des perfonnes qui fe deftinent à exercer dés emplois
f o r e f t ie r s , ou qui veulent apprendre à admi-
niftrer leurs propres bois.-
Il n’y a point de ces écoles-en France, & l’on a
fouvent agité la queftion de favoir s’il feroit utile
d'y en former. Pour réfoudre cette queftion, il
eft néceffiîire d’entrer dans quelques détails fur
la nature dè l’aiminifiratidn^des forêts, & des
connoiffances què çette adminiftration exige. ;
Les adminiftrations publiques fe partagent natu~
Tellement en deux claires : l’ une comprend toute5 :
les adminiftrations qui n’exigent d’autre connpif- I
fance que celle des. lois & régîemens qui les ré- !
giffent j l ’autre êmbraffe les adminiftrations ou
Services publics, qui, outre la connôiffance des
régîemens, exigent l’étude < ie quelques parties
de fciencës ou d’ arts. Éès,emplois de la première
claffe peuvent être remplis- par des fujets qui ont
reçu une bonne éducation ordinaire , parce que
les règles de ces adminiftrations s’apprennent par
la pratiqué feule. Quant aux emplois de la fécondé
claffe, il eft évident qu’ils ne peuvent être déférés
qu’à ceux qui ont étudié les fciences qui s ’y rapportent.
Nous pouvons ranger dans cette fécondé claffe
ou férié le génie militaire, les ponts & chauffées,
la topographie, les mines , iesfalines, la navigation
j les poudres & falpêtres, les conftrudtions
navales, les opérations géométriques du cadaftre,
enfin tous les fervices publics qui exigent le fe-
cours & l’application des fciences. Ces faits font
reconnus, & déjà il exifte, tant à Paris que dans
les départemens, des écoles pour les différens
fervices que nous venons de citer.
Il en exifte auffi pour l’art vétérinaire , pour
les arts 8Tmétiers & pour l’agriculture.
Enfin, Sa Majefté a ordonné l’établiffement de
plufîeurs fermes expérimentales pour toutes les
branchés de l’économie rurale.
On connoît les bienfaits de ces établiffemens,'
dont la plupart font cependant de création peu
ancienne.
On a demandé fi le fervice f o r e f t ie r pouvoit
afpirer au même honneur, & fi les connoiffances
qu’il exige ne pouvoient s’acquérir autrement que
par un enfeignement fpécial. La queftion a par-
tagé d'opinion des hommes inftruits , qui Pont
confidérée fous fes différens points de vues économiques,
adminiftratifs & politiques. Les parti-
fans du projet des écoles ont regardé Vsrt d'admi-
niftrer les bois comme une fcience fans laquelle il
n’y avoit proprement point d’économie foreftière.
Ils ont dit que la pratique qui n’avoir pas été
précédée de la théorie né s’acquéroit qu’au grand
détriment des forêts ; que les erreurs^ caufées par
l’ ignorance, étoient prefque toujours irréparables,
& que les préjugés ordinaires aux fo re f t ie r s fans
principes, étoient d’autant plus dangereux qu’iis
fe cornmuniquoiènt aux commençans , incapables
de les reconnoître, par le défaut de toute inf-
truéüon première'. Enfin , ils ont répété ce qu’ont
dit k s auteurs allemands fur la néceffité des con-
noiffances qui avoient pour objet la confervation
; de la plus précieufe partie du domaine de l’Etat :
• connoiffances qu’ on exige , dans prefque tous les
Etats de l ’Allemagne, des candidats que l’on admet
aux efnplois f o r e f t ie r s . A ces faits & à ces argumens
j On a oppofé i’état florilfant des' forêts dans plufîeurs
paifs où il n’ÿ avoit jamais eu d’écoles foreftières
| la poflibilitéde fuppléer à cesécolespar
l’ étude de nos bons auteurs & par l’ ulage où l’on;
eft Ordinairement de faire paffer lés prépofés parles
emplois inférieurs , & qui n’exigent que descon-
noiffànces bornées, avant de les élever à ceux qui
en exigént de plus étendues; enfin on a coniîdéré
que ces établiffemens, dont l’utilité ne paroifloit
pas bien démontrée, occafionneroient des ûé-
penfes confidérables, & qui ne feroient pas rachetées
par l’avantage fuppofé réel des écoles
foreftières. On a ajouté que des élèves placés près
des confervateurs , & qui les fuivroient dans leurs
tournées & dans leurs opérations, s’inftruiroient
mieux que dans des écoles où ils ne recevtoient
que des leçons difficiles à faifïr fans une démonstration
pratique.
Mais les adverfaires des^écoles foreftières n’ont
pas cité les pays où , nonobftant le défaut d’éta-
bliffemehs d’ inftrudtion, les forêts fufient‘dans
l’état profpère qu’ ils fuppofent, tandis qu’on peut
citer, à l’avantage de ces établiffemens, les forêts
de Venîfe , de la Pruffe, des Etats de la rive
; droite du Rhin , & de prefque tous ceux de l’Allemagne
, qui font aujourd’ hui adminiftrés par des
hommes dont la première éducation a été dirigée
vers la profeffion de f o r e f t ie r . x
A l ’égard des frais, ils pourroient être réduits a
fort peù de chofe, fi on plaçoit les écoles dans
dés lieux où il y a déjà des établiffemens d’inftruc-
tion , & où l’ on pourroit prendre des profêffeurs.
; Enfin , c’eft fans fondement qu’on a cru que
des élèves, n’ayant aucune inftru&ion fondamentale,
qui fuivroient les opérations des agens fupe*
rieurs comme le vouloit la loi du 29 feptembre j
1791 ,Vu^ent devenir des f o r e f t ie r s dans la rigueur
du terme. „ . .
Nous allons faire connoitre les motifs qui, lui-
vant nous, doivent déterminer la création d'écoles
foreftières en France, les projets déjà piég
é s à cet égard , & les établiffemens de ce
genre qui, à notre connoifiance, exiftent chez les
étrangers.
ç j et p r o je t d* é c o le s fo r e f t iè r e s , p r é f e n t e e n 1808,
pat M. y a n - R e c u m , e x d é p u té a u C o r p s l é g i f la t i f .
« La reproduction de nos reffources foreftières,
dit-il dans la préface de fon ouvrage, întëreffè
éminemment notre agriculture & notre induftrie, notre marine & notre architecture, nos plus dou--
ces jpuiffances & nos plus preffans befoins ; en un
mot, elle doit être rangée dans le nombre des
grands moyens fociaux, fans le fecours defqùels
nous ne pourrions exifter, comme nation,ni bien-
. tôt comme individus. Cette vérité inconteftable
nous impofe le devoir de rechercher & ies caufes
qui peuvent empêcher cette reproduction les
• moyens d'obtenir une amélioration dans l’admi1
niftration des forêts; car, malgré les mefures fa-
lutaires qu’on a déjà prifes à ce fujet, il refte encore
beaucoup à faire.
» Le peu d’ inftruCtion des employés f o r e f t ie r s eft
| là fource principale du mal qui exifte, & je ne me
I borne pas aux f o r e f t ie r s fubalternes, j’entends particulièrement
parler des employés fupérieurs, dont
\ la plupart n’ont pas les connoiffances politives né-
ceffaires à leur état.
» Cependant toutes les mefures confervatrices
du Gouvernement, les connoiffances les plus pro-
[ fondes de la direction générale, refteront fans effet,
fi les premiers employés ne connoiffent pas
I leurs fondions. Les f o r e f t ie r s fubalternes, tels que
je garde à pied, le garde à cheval, ne font que
I des inftrumens dirigés par leurs fupérieurs, le
[ garde général, l’ infpeCteur & le conservateur. Il
[ faut donc que ceux-ci foient inftruits, chacun, du
[ moins, autant que J’exige la place qu’H occupe.
( » Le feul moyen d’obvier à ,cette pernicièüfe
[ ignorance, c’eft d’établir des écoles d’inftruCtion.
[ Ce n’efî pas la pratique feule qui conftitue le bon
I & habile f o r e f t i e r , il lui faut des connoiffances
politives, bafées fur des. principes théoriques.
Ces connoiffances politives ne confident pas non
I plus uniquement dans une fèche nomenclature
! d’une partie de l’hiftoire naturelle ou de labota-
I nique : il y a encore beaucoup d’autres connoif-
fançes dont un vrai f o r e f t ie r ne peut fe paffer. »
M, Van-Recum rappelle enfuite que l’on a établi
en France des écoles publiques pour le génie
|, militaire, le génie civil, celui de la marine, &
pour les ponts & chauffées 5 pour la médecine,
| le droit & les arrs & métiers, & c .j &c.
« L’adminiftration des.forêts, ajôute-t-il, cette
j fcience bafée fur des principes raifonnés & certains,
ne devroit-ellepas être placée dans la même
catégorie? ne doit-elle pas être étudiée par ceux
qui* demandent.à y être employés? Ce ne feroit
pas feulement le moyen de faire^ refpeéfer cette
branche d'adminift’ration, ce feroit aulfi celui de
la faire marcher avec fuccès.
Il dit qu’il exifte des f o r e f t ie r s inftruits parmi les
employés fupérieurs, mais que dans cette claffe on
trouve auffi des prépofés qui n’ont pas les con-
noiffancés néceffaires à leurs fonctions. Enfin,, il
voudroit que l’ on ne demandât que les places.vers
lefquelles on auroit dirigé fes études» & que l’on
ne vît plus l’adminiftration des forêts, l’une des
plus intéreffantes pour l’Etat, fervir de refuge à
des perfonnes peu inftruites.
Les obfervations de M. Van-Recum pour démontrer
l’ utilité des écoles foreftières, font les
mêmes que celles préfentées par M. Burgfdorf
dans fon M a n u e l fo r e f t ie r y dont nous avons donné
la traduâion, & par plufîeurs auteurs allemands.
Elles font fuivies d’un plan calqué auffi, en grande
partie, fur celui des écoles d’Allemagne. Mais on
remarque que M. Van-Recum exige même plus
que dans ce pays, ou cependant l'on porte affez
. loin la recherche de la fcience.
Il propofe, i° . l’étude de l’hiftoire naturelle
dans fes trois règnes, minéral, animal & végétal,
auxquels il ajoute l’étude d e s f o j f t l e s , qui font des
fubftances animales ou végétales, altérées par leur
féjour dans la terre ; 20. celle de la phyfîque générale
& de la phyfîque particulière des corps, qui
comprend la chimie ; 30. celle des mathématiques,
dans lefquelles il renferme l’arithmétique, l’algèbre,
la géométrie, la trigonométrie, la mécanique,
la ftatique, l'hydro-ftatiqae, l’hydraulique, l’archi-
teéfure civile & navale; 40. celle de la technologie
foreftière, qui eft la connoiffance de l’ufage &
de l'emploi qu’on fait des bois, dans les arts 8c
métiers; celle de la jurifprudence; 6°. celledu
deffin & du levé des plans.
M. Van-Recum réduit, à l’exemple de Burgf-
dorf, les fciences dont on vient de parler, à ce
qu’elles ont d’ utile pour les forêts, & il ne propofe
pas de les faire étudier dans toute leur étendue,
par les élèves f o r e f t ie r s ; ce qui feroit d’ ailleurs
auffi impoffibie qu’ inutile. Il veut même que
l’on gradue i’inftruétion félon les fonétions que
chacun devra remplir.
D’après Yon plan, il y auroit deux années d’études,
& deux cours par année. Chaque cours fe-
rôic dirigé par quatre profeffeurs; ce qui feroit
feize par école, s’ il y avoit Un profeffeur par chaque
claffe pour la même fcience; mais comme le même
profeffeur (d e mathématiques, par exemple)
peut tenir les première & deuxième ciaffes de cette
fcience, dans la même année, foie en alternant les
jours, foit en déterminant des heures différentes
dans le même jour pour chaque claffe, il s’enfuit
que le nombre des profeffeurs fe réduiroit à huit par école foreftière. Mais ce nombre feroit encore