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Fon, Toit en fente, à cinq pieds de hauteur, s
terme moyen , des deux cotés oppofés j puis,
les années fuivantes, on forme leur tête , c’eft-à-
dire, qu’ on arrête la direction naturelle des branches
qu’ont pouffées ces greffes par une taille annuelle
telle que ces branches fe fourchent , divergent
& prennent , dans leur enfemble| non
la forme d’une boule, d’un champignon, formes,
à mon avis, peu agréables & peu avantageufes,
mais celle d’ un cylindre, auffi large que haut,
terminé par une calotte fphérique ou conique
très furbaiifée : c’eft celle des orangers de Ver-
failles , les mieux conduits que je connoifTe.
Chaque annéè la tête de ces orangers ou de ces bigaradiers
augmente de hauteur & de largeur, & ils
commencent adonner des fleurs vers la cinquième
ou la iixlème année de leur greffe : dès ce moment
on les traite à l’ inftar des plus vieux.
Comme l ’économie du bois & de la main-
d’oeuvre oblige de mettre les orangers & les bigaradiers
dans des caiffes fouvent plus petites
qu’ il eft convenable, on eft forcé de leur donner
une terre beaucoup plus fubftantielle que la
terre ordinaire,. & de la renouveler fouvent en.
tout ou en partie. Foye\ C aisse.
A Verfailles donc on mêle enfemble une partie
de terre franche avec même quantité de terreau
de couche , & on y ajoute un cinquième de terre
de bruyère, un cinquième de poudrette, un
dixième de fumier de vache, un quarantième
de fiente de pigeon ou de poule, & autant de
crottes de mouton. On en fait un tas conique, :
qu’on change de place deux fois par an , en le
paffanc à la claie pour en bien mélanger'toutes les
parties, k au bout de deux ou trois ans on l’emploie
à c’ eft ce qu’ on appelle la terre a oranger.
Sans doute on pourroit en moins compliquer la
recette, mais on fe trouve bien de celle-ci depuis
plufieurs lîècles , & on s’y tient.
Si on empioyoit cette compofition ■ auffitôt
qu’elle eft faite , elle brûler o it, comme dîfent les
jardiniers, -les racines des orangers, c’eft-à-dire,
que fon excès de carbone les feroit périr. Foye^
Engrais & C harogne-.
La terre à oranger des jardins des environs de^
Paris eft moins furchargéë de principes ferti'.ifons,
' parce qü’on économife fur la dépenfe de fà compofition
j suffi lès orangers auxquels elle eft appliquée
ne font-ils jamais auffi vigoureux & auffi ver-
doyans que ceux de l’orangerie de Vérfaiiiès-,
Mais quelque bonne que foit la terre, qu’on
donne aux orangers en caiffe, elle ne tarde pas à
s’épuiser de fes principes - Fertilifans ; ainfi il faut
la renouveler. Ordinairement on donne à un oran-:
ger de grande taille un demi- rechange tous les deux
ans , & un rechange complet tous les fix ans.
Dans le premier» cas , lorfque la cailTe eft d’ une1
•feule pièce,-on enlevé avec la bêche ou là pioche,,
trois, quatre, fix pouces de kvterre qui touche à
fes parois, & on la remplace par de la nouvelle/
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Lorfqu’eîle eft formée par des panneaux mobiles I
on détache deux de ces panneaux & la terre qu*j I
les touchoic, on les replace & on opère comme I
ci-deffus.
Dans le fécond cas, on enlève avec une grue le I
pied de Y oranger de fa caiffe ; on détache la moi-1
tié , même les deux tiers.de la terre qui entoure
fes racines, furtoijt du deflous} on coupe toutes I
les racines contournées, afftdfées de chancres ou I
feulement irrégulièrement difpoféesj on remet de I
la terre neuve au fond de la caiffe, on defcend lV H
ranger deffus, & on remplit les côtés comme je l’ai
indiqué plus haut.
C ’ eft à la fortie des orangers & des bigaradiers I
de l’orangerie que ces opérations s’exécutent le
plus fouvent j mais quelques jardiniers préfèrent les
faire en automne, quinze jours avant la rentrée de
ces arbres.
Lorfqu’ on a rencaiffé un. oranger malade par
quelque caufe que ce fo it, il eft prudent de le
placer à l’ombre pendant le premier mois, & de
foigner fes arrofemens plus qu’à l’ordinaire.
On doit toujours profiter de ces opérations
pour mettre l e s orangers,d'une caiffe trop petite
dans une plus grande, ou pour fupprimef les càif-
fes que la pourriture met hors de fervi-ce.
Comme*c’e(t par l’extrémité des chevelus de
l’année que les racines pompent les fucs de la-
terte, & que la coupe de ces racines détermine
le développement de beaucoup de nouveaux che-
vélus, les rencaiffages ravivent toujours lès oran-\
gers.
Le collet des racines des orangers eft laiffé hors
de terre à la hauteur des bords de la caiffe, afin
que , par le taffement de cette terre, il defeendè
à trois à quatre pouces plus bas que ce bord , à
l ’effet de quoi on augmente la hauteur de la caiffe
avec quatre petites planches,on charge les racines
de nouvelle terre, &• on forme un A u g e t autour
du pied. Voyei ce mot.*. *
Un Arrosement abondant doit conftammetit
être le prélude & la fuitè- d’un R encaissage.
Voyeç ce'mot. • • . >,::uPY;î-
Couvrir la terre des caiffes avec delà moufle ou
de la paille, éft encore une bonne précaution à
ccyifeiller contre le Halh. Foye\ ce mot.
Pendant l’é té , les orangers 8? les cédratiers s’rfr-
rofent très-fréquemment, c’eft-à-dire , toutes les|
fois qu’ en introduifant le doigt dans la terre, on
s’apérçoirqu’elle eft fèche. En automne, &' encore
-plus en hiver, on les rend les plusrares peflibles,|
pour ne pas fUrchafger d’humidité l’air de /Orang
er ie . Voyei ce.mot & edui A rroüemewt.
Les orangers & les bigaradiersen: caiffe font
dans le cas d'êtrè fournis à trois opérations, dont ide;ix-ont liëïi prefquê tous les ans,
- La plu1, rare eft le rapprochement, c’eft-à -dire,
la fuppreflion des branches du fécond ordre,"M-
s qu’il eft néceffaire de reformer la tête des.aibre*
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I ou de ranimer leur vigueur. Il n’eft pas dans l’ o-
rangerie de Verfailles d'oranger qui n’y ait été I alfujetti un grand nombre de fois. On ne décaiffe I pas les orangers 8-c les bigaradiers auxquels il a été I péceflaire de l’ appliquer. Foye^au mot R a p pr o -
I chement , où fes principes font développés.
La fécondé de ces opérations1 eft la taille 5 on
I l’exécute après que la fit; ur eft paffée, c’eft-à-dire, I en juillet. Elle confîfte à couper toutes les bran-
- chès mortes, maigres, mal placées, trop fài liant es. I Voye\ T aille. •
C’eft en' la faifant, qu’au moyén d’ofiers ou de
ficelles, on rapproche les branches trop écartées
des autres, & qu’on bouche ainfi un trou d’un
afjteét défagreàble à la tête de l’arbre.
La ti'oifième eft rébourgeonnement ; il a lieu un I mois après. Son unique objet eft de pincer l’e.x-
I trémité des pouffes de l’année, qui, par leur trop I de vigueur ou leur mauvaife direction , déforme- I roient la tête de l’arbre. Foyeç les mots E bour-
I geÔnmement & Pincement.
f On ne peut-décrire l’effet que produit un oran- j
1' ger ou un bigaradier de petite taille, lorfqu’ il eft
| couvert en même temps de fleurs & de fruits ! : I Tout plaît en lui 5 fes feuilles, d’un vert luifanr,
K agréable & d’une forme élégante > fes fleurs, d’un ;
■ blanc éclatant & d’une odeur des plus fuavesj I fes fruits, qui ne.peuvent être comparés pour la I. couleur, le.parfum, la faveur * à aucuns autres : , I auffi en tout temps &. en tous lieux eft-il l’objet I de/admiration.
La récolte des fleurs des orangers & des bigara-
I diers a lieu chaque jour, ou au moins chaque
K deux jours, c’eft-à-dire, à mefure qu’elles s’épa-
! noiiiffenti Elle a lieu le matin, à la main,. au moyen
I d’une échelle double, & une à une, en pinçant
I leur pédoncule. On les met dans, un panier aqcro-
I ché à l’échelle, & lorfque l’opération eft termi-
l'née,-on apporte de fuite les réfultats à la maifon ,
K où on les étend fur des toiles jufqu’ à leur vente ou
K leur emploi, qui ne peut être retardé fans qu’elles
K perdent de leur odeur, & fans quellesnoirciffent
B & enfin moififfent.
[ H n’eft 'pas bon de biffer trop de fleurs ou
K trop de fruits fur ies orangers & les bigaradiers,
I parce -qu’ils fatiguent les arbres , & par la nour-
I riiure qu’ ils exigent 8i par leur poids.
; Des variétés d'orangers & de bigaradiers don-
I nent naturellement des fleurs deux fois par an,
I L’art eft parvenu , par le moyen de la fupprefhon
K antérieure des boutons, de ferres & de bathes, à
I lés faire fleurir prefque tous à l’époque .voulue ,
1 de forte qu’ il y en a toute l’année en fleurs fur
f les'marchés de Paris. • - * ~ '' .J
La récolte des orangers 8c des bigaradiers,
I objets de nulle valeur commerciale , comme je l’ ai
I déjà obfc-rvé , a lieu pendant l’hiver^ "
Pour tranfporter les' orangers & les bigaradiers
I êe la place où ils ont paffé l’été , à l’orangerie, &
> de l ’orangerie au lieu où ils doivent paffer l'hiver
, on emploie deux fortes de voitures.
La première eft un cadre monté fur une ou
deux rondelles pourvues en avant d’une feiiette &
d’ un long timon. En relevant ce dernier & en approchant
l’arrière du cadre des pieds d’un des
côtés d’une caiffe, on n'a qu’ à percher la caiffe
jufqu’à ce qu’elle s’appuie- fur la feiiette, en la
pouffant de quelques pouces en avant, pour qu’elle
fe place fur le cadre, où elle eft maintenue par
deux fiches de fer.
La fécondé eft un fardier pourvu d’un cabeflan
& de-deux fortes chaînes de fer, qui fe placent
fous la caiffe & fe relèvent au moyen du cabeftan,
• de manière que cette caiffe refte droite, à un pied
ou deux au-deffus du fol. Les plus gros orangers fe
tranfportènt ainfi avec la plus grande facilité &
fans nul inconvénient.
Gomme généralement les orangeries font trop
petites pour le nombre des. arbres ou arbuftes
qu'on veut y placer, il eft difficile de les écarter
fuffifamment pour qu’ ils joui lient tous de l’ air &
] de la lumière qui leur font indifpenfables ; auffi ,
! combien en eft-il qui fortent ou affrétés de Jaunisse,
ou C h ancis, ou fans feuilles! Foy. ces mots.
Pour diminuer ces graves inconvéniens, iLè.ft
néceffaire de placer les plus gros pieds fur le derrière,
& les plus petits fur le devant, & de les
I aligner le plus rigoureufement poflible.
Les foins à donner aux orangers 8c aux bigaradiers
dans l’ orangerie, font : i° . de fermer les
portes &■ les fenêtres lorfque les gelées font à
craindre , & d e les ouvrir lorfque le temps eft doux
& fée; 20. de les arrofer & de les biner.au befoin ;
3°. d’enlever par de fréquens balayages les feuilles
mortes qui font tombées , ou même de les
j faire tomber en fecôuani légèrement les arbres j
40. dé faire la guerre aux cochenilles & autres
infe&es. ' . - 1 -
| ' En général, c’eft plutôt l’humidité que le froid
î qui, pendant l’hiver, fait du mal aux orangers 8c
j aux bigaradiers renfermés dans les orangeries : y
établir de petits poêles, pour faire difparoître
j cette humidité, eft dpne.quelquefois néceffaire.
1 II y adieu de croire que 1 extravafion des oran-
\ gers & des bigaradiers, c’eft-à-diié, la matière
appelée gomme ou colle,t eft un effit du cambiuni
que Je frofri a empêché 4é,-SJorganif&r. Il nèy a pas
de remède connu corfllte cette maladie. Foyej
C ambium &t-Sève.
La brùlüre des feuilles eft due aux gouttes de
rofëe ou de pluie qui ont été échauffées par le
foleil. On ne penfe'à s’y oppofer généralement
que lorfqu.e le ma! eft fait. Foyeç Brû lu r e .
L’inffcéle le plus nuifible aux orangers 8c aux
bigaradiers renfermés dans les orangeries eft .la
cochenille des ferres ( coccus hefperidum, Fab. ) ,
qui fou tire leur fève, les empêche par-là de porter
ides fleurs, de pouffer des branches, qui même les
fait quelquefois mourir.-On détruit cet infecte