
concourt aufli à la végétation. Cettè chaleur
femble s'affoiblir par la.férie des fièdes & rendre
aujourd’hui, par Ton amoindriflement, aies climats
du nord de la France, des montagnes élevées, qui,
d’après les monumenshitloriques, ne Ce refuluient
pas autreiois à la culture des v i g n e s , impropres a
recevoir cette culture. J’ en ai perTonneliement plusieurs
exemples à citer, 8c les hiftoriens de la Normandie,
de la Bretagne, 8cc., en offrent beaucoup.
Aétuellement, je dois examiner l’ influence de
la terre fur la qualité du vin , influence toujours
citée 8c jamais prouvée, comme je l’ai déjà annoncé.
Je parle ic i, en partie d’après mes propres observations
, 8c en partie d'apres des rapports en
lefquels je dois avoir la plus grande confiance.
Les vignobles de la Bourgogne, què j’ ai fi fou-
vent vifités, ceux de la Mofelle, du Barrois, du
Haut-Rhin, de la Haute-Saône, de la Haute-
Marne , 8c en partie ceux du Jura 8c du Doubs,
font tous dans une terre argilo-catcaire primitive ,
tcès-peu variée dans les proportions de fes principes
conftituans. Je dis unepartie de ceux du Jura
8c du Doubs, parce que leur bafe eft Couvent
ichifteufe 8c leur fommer quelquefois gypfeux.
Combien de fortes de vins forcent cependant de
ces vignobles!
Il eft deux fortes d'atgile pour les agriculteurs :
l'une qui eft prefque conftamment fèche, parce
que l’eau des pluies ne la délaie pas i telle eft celle
de la plupart des vignobles précirés : l’autre ab-
fnrbe l’eau facilement 8c la garde avec ténacité.
Celle-ci n'eft point propre à la culture de la v i g n e ,
laquelle donne toujours du meilleur vin dans les
terres lèches. V o y e p Argile 8c Glaise.
C ’eft fur la craie que croilfe r les v i g n e s qui
fourniffent les excellens vins de la côte de Reims,
d’A y , d'Epernay > du moins la couche d’argile
qui recouvre cette craie eft'-elle quelquefois fi
mince, qu’on met cetee dernière à nu par un feul
coup de pioche. Pourquoi les vins de ces trois
excellens vignobles, d’ailleurs très-rapprochés,
font-ils fi différens ? . . .
Les v ig n e s qui fourniffent les vins d Anjou
croiffenc dans les fchiltes, 8c ils (ont excellens. Il
en eft de même d'une partie de celles des bords
du Rhin. , „ , ,
C ô te -R ô t ie , l’Hermitage , la Romaneche, Chenard, Baujeu, font des villages bâtis fur le
granit, 8c leurs vignobles font au premier rang des
bons. Je n’ai cependant encore bu que des mauvais
vins dans les vignobles, fe trouvant dans la
même nature de terré, que j’ai vifités dans les Vof-
g e s , aux environs d’Autun, dans le Limoufin 8c
dans les Cevennes.
Les déjeétions volcaniques donnent des vins,
tantôt d’excellente qualité, comme une partie de
ceux du R h i ', comme ceux du V éfu ve, de
l’Etna, du Vivarais, 8cc., tantôt au-deffous du
médiocre , comme ceux d’Auvergse.
Les raifinvruî* fient plus toc & mieux dans le?
terres noires, comme je l'ai obfervé plus haut.
Quelquefois la terre des v ig n e s t 11 fi chargée
^d’oxide de ter, qu'elle eft rouge ou jaune, ce
qui ne l'empêche pas de donner des vins de qualités
fort variables.
Ùabondance des pierres plates ou des cailloux
roulés, ou du fablon, ou du fable, dans les
v ig n e s y eft félon les pays, au dire des habi tans,
ou un indice Hë bon vin, ou un indice de mauvais
vin. Le vrai élt que cette abondance n'influe fur
les v ig n e s qu'indin élément, c'eft-à d ire, dans les
deux premiers cas,en empêchant l'humidité de la
terre de s'évaporer trop promptement, & dans
les deux féconds, en favori Tant l'infiltration 8c
l'évaporation des eaux pluviales. Rozier avoit fait
paver fes v ig n e s de Béziers St s’en étoit bien
trouvé. Les plus beaux ceps de l'excellent chaffdas
de Fontainebleau font ceux qui font placés dans
des cours pavées ou ferrées de cette ville - & de
fes environs.
Cependant,, malgré*ces exemples 8t malgré
qu'on arrofe les v ig n e s dans quelques parties de
l’Orient, de l’ Italie., de l'EIpagne, l’expérience
de tous les fiècles prouve que le vin eft d ’autant
meilleur, que le fol où elles font plantées eft plus
fec. L'excès de l’humidité ne fît-il qu'augmenter
la production des raifins-, il nuiroit à fa qualité,
comme je l'ai déjà obfervé à l'occafion de la
partie la plus baffe des v ig n e s .
Il eft extrêmement commun que la couche fu-
périeure de la terre des v ig n e s a très-peu de profondeur
& repofe fur une argile ou une roche
imperméables à l'eau i alors ces v ig n e s , fi elles
ne font pas très en pente, font expofées à avoir
le pied dans l’eau , alors leurs bourgeons s'alon-
gent beaucoup , donnent peu de grappes &
avortent prefque toujours. Leurs fruits font fans
faveur} leur vin eft foible & dé peu de garde.
Je crois que c'eft à cette circonftance qu’on
; doit la mauvaife qualité du vin de quelques pays
i de plaines de la Brie, de la Sologne, du Gâtinois,
par exemple : pays que je eo,nnois.
Je lui attribue aufli, en la combinant.avec la
chaleur du climat, |e fait fuivant :
Michaux avoit planté à peu de diftânee de Char-
lefton, dans un terrain analogue à celui la
Sologne, quelques ceps de v ig n e apportés de
France. Pendant lix mois de l'année ces ceps me
fourniffoient, fur la même grappe > des boutons,
des fleurs, donc la plus grande partie avortoit,
& des grains à tous les degrés de groffeur & de
maturité. .
Quand on achète une v i g n e , on doit donc en
faire fonder le terrain , pour reconnoîcre la nature
des couches inférieures, au moins à quatre
pieds de profondeur.
Des obfervations précédentes, il me femble
qu’on doit conclure que l'iofluence de U terre fur
la qualité du v in , fi elle exifle, ne peut être que
très-foible, & que le diéton populaire, que le
g r a in d e t e r r e donne la qualité au v in, eft fondé
lur de fauffes bafes.
Cependant, je ne puis nier que du Fumier
frais, què des V àRecs ( v o y e \ ces mots ), mis
dans une v i g n e , donnent un mauvais goût au vin
fait des raifins qu’elle fournit la même année ce
qui eft un argument favorable à cette opinion.
Je me contente de citer ce fait, car je ne puis
l'expliquer.
Je crois avoir acquis la conviction que ce qu'on
appelle g o û t d e t e r r o i r y dans certains virff , tient
aux varierés qu’on a mêlées dans la vendange,
car confidérablement de celles de la pépinière du
Luxembourg me l’ont' montré , quoiqu’elles
fuffent in ; immédiatement à côté de variétés qui
n'eri indiquoient aucune trace. Celle de ces variétés
qui offre ce goût au plus haut degré, eft le
f a l n t a n d i s de la Gironde, fi remarquable d’un
autre côté par .le c h if fo n n em e n t extraordinaire de
fes feuilles.-
Les goûts de pierre à fufil, de framboife, & c .,
tiennent à la même caufe.
Après la variété, la circonftance''qui influe le
plus puiffamment, dans chaque v i g n e , fur la qualité
du vin qu’elle donne, font: i° . lavieilleffe
des ceps; 2°. la petite quantité de grappes qu'ils
nourfiffent.
Les plus anciennes v ig n e s donnent dans tous les
vignobles le meilleur vin : témoins le clos de Vou-
g e o t , fur la côte entre Dijon & Nuits} le clos
de Migraine, au nord-eft d'Auxerre 5 les clofots
auprès d’Epernay, toutes plantées des premières
dans les cantons où elles fe trouvent, & qui ont
au moins cinq cents ans d'âge. '
C ’ eft de cette confidération, fans doute, qu’a
été déduit le mo le de culture le plus ufité en
Champagne & en Bourgogne , laquelle confifte à
ne jamais arracher les v ig n e s , mais à les coucher
en terre tous les deux ,,trois, quatre , cinq & fix
ans, comme je le dirai plus bas. V o y e % Prqvin.
La pàrtiéfucrée du jus duraifineft ,dans chaque
variété, d'autant plus abondante qu'il y a fur
chaque cep moins de grappes, ou des grappes
plus petites , ou des giappes à moins gros grains,
parce que la fève n’en peut fournir qu'une certaine
quantité & qu'elle fe concentre davantage
dans ce cas }• o r , c’eô la partie fucrée qui fait le
bon vin, ou au moins le vin généreux} l’expérience
l’a prouvé en tous temps 6c en tous lieux.
Il en eft de même dans les variétés comparées
les unes avec fes autres' dans le même climat. Je
connois dans le Midi de greffes races qui donnent
de bon vm. Le pulfare du Jura, qui croît dans
l’ argile humide , a des grains très-gros & fait la
baie des excellens vins rtuges de Salins, d’Artois,
de Lvns-le-S^ulvier.
Les jeunes v ig n e s font plus productives que
les vieilles; leur vin eft plus mauvais. Le . engrais,
les façons, les arrôfemens naturels ou artificiels
augmentent ou font groflir les grappes ou
les grains, & diminuent la qualité du vin. Il eft
même à Épernay deux fous-variétés de pineau,
qui produisent alternativement beaucoup, & dont
!e vin de l’un eft conftamment meilleur que celui
de l’autre, l’année où il eft le moins abondant.
Une variété du département de l’Ardèche, appelée
c h i c h e a u y très-hâtive, ne fent que l’eau lorsqu'elle
eft plantée au nord ou que l'année eft froide,
& devient très-fucrée au midi & dans les annéi 9
chaudes, au rapport de M. Bernard.
Des faits qui m’ ont été communiqués constatent
que iorfqu’une variété de nature vigou-
reufe fe trouve plantée à 1 ôté d’ une variété de
nature foible, la première abforboit la nourri*
ture de la fécondé, occafionnoit fouvent fa coulure
, mais lui faifoit produire de meilleur vin.
J’ai vu fur la côted e Reims une v i g n e , de tout
temps placée au fécond rang , dont la culture
eft négligée depuis plufieurs années, & qui ne
"donne en conféquence que la moitié du produit
qu’elle donnoit autrefois; mais ce produit fe
vend aujourd’hui aux prix des v ig n e s du premier
rang.
Il m’a été dit dans plufieurs vignobles de Champagne
& de Bourgogne, que ce fait étoit. re*
connu depuis long-temps, mais que , fous ce rapport
, le defir de la quantité, quoique donnant lieu
à une plus forte dépenfe, l’emportoit prefque
partout.
Un point de vue très-important, fur lequel
aucun écrivain, à ma connoiffance, n’a pas encore
porté fon attention , eft la durée des vins.
Il en eft qui doivent être bus avant la fin de l'hiver
qui fuit leur récolte , fi on ne veut pas les voir
tourner , fi on ne veut pas les voir devenir far.s
faveur. 11 en eft qui durent un ou deux ans. Ceux ,
fi fupérieurs, de la ci-devant Bourgogne} doivent
être bus à quatre ou cinq ans. Il eft évident que
s’ils fe conferyoient plus long-temps, ils feroientde
meilleure vente. D’ailleurs, la perte qui a lieu
chaque année dans les caves eft énorme, & donne
lieu à un déficit général dans les produits de la
v i g n e , qu’on n’évalueroit probabfe-mtnc pas trop
en l’eftimant vingt millions. J’ai la conviClion que
cette altération eft due aux variétés à raifins peu
fucrés, aux terrains trop humides, aux années eu
trop pluvieufes ou trop fèches, terrains & années
où il y a moins de fuc dans les raifins, & , par
conléquent, moins d’alcool dans le vin.
En difant que les années trop fèches donnent
du vin de moins de garde, il femble que je fois en
contradiction avec ce que j’ai dit plus haut des
avantages de b culture de la v ig n e dans les terrains
arides, mais c'eft qu'il faut de l’eau à la fève pour
convertir le mucofo-fucré er. fucre au moment de
la maturité , & que le mucofo-fucré, comme le
prouve le chaiïelas, ne fait jamais du vin généreux
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