Besançon. Beaucoup de taillis, de 20 à 50 ans.
Quelques-uns au-deflous de 10, & d'autres de 30
à 40 ans. Il y a des futaies & des demi-futaies. Les
futaies du Jura font mêlées de fapins, de hêtres
& de chênes, qu'on exploite en jardinant. Ejfences
dominantes : chêne , hêtre, charme & fapin.
STRASEOURG. Les aménagemens des taillis tièï-
prolougés , ils font communément de 30, 40 St 50
ans. Il y en a cependant à 15 & 20 ans. Près de
la moitié des forêts eft en futaies. Ejfences dominantes
: pin, fapin, hêtre, chêne & bois blanc.
N a n c y . Prefque tous les bois aménagés à 20,
f.o & 40 ans. Les hitaits dans les Vofges font mêlées
de fapins, chêms & hêtres, qui s’exploitent
en jardinant. Ejfences dominantes : chê: e , charme,
hêtre & fapin.
Metz. Prefque tous les taillis à 25 & 30 ans.
Les demi-futaies, à 40 & 50 ans. Ejfences dominantes
: chêne, hêtre, bouleau.
Lille. Beaucoup de tailiis, à 20 ans & au-def-
foiîs. Le refte, à 2 y & 30 ans. Les futaies,.à 90,
IOO & zyo ans. Ejfences dominantes : chêne, hêtre
, charme, bouleau, tilleul.
Amiens. Les taillis, à iy , 20 &r 25 ans. Beaucoup
de fu-aies, à 120 & 1 30 ans. Les demi futaies
en refeives à 30 & 40 ans. Ejfences dominantes :
chêne , hêtre, charme, bouleau, tremble,tideul.
C o r se . Point de taillis. Les futaies font com-
Pofées de pins maritimes, de laricio , qu’on appelle
larix dans le pays, de chênes, hêrres & chênes-
verts. Il y a des ifs & des genévriers. Les futaies
s’exploitent en jardinant.
On voit, par Ce tableau, que la plupart de nos
taillis font aménagés de 20 à 30 ans.’Il s’en trouve
cependant un allez grand nombre dont Y aménagement
eft berné à des âges au-deffous de 20 ans.
Quant aux futaies, il en exillepeu dont Y aménagement
dépafle' 120 & 130 ans. Celles qui font mélangées
d’ arbres à feuilles & d’arbns rélîneux
s’exploitent généralement en jardinant, .mode vicieux
que nous avons fuffifamment combattu, &
qui devroit faire place à 1 exploitation par éclaircies.
Réfumé de cette dernière partie du préfent Mémoire.
Nous avons établi dans cette dernière partie les
cara&ères principaux qui diitinguent les futaies
plein, s des taillis, & la définition de ces deux
états de bois tirée de leur état de reproduction.
Nous avons en même temps appelé l’attention du
leêteur fur la néceflïté de confulter les produits
préfumables en nature & en argent, pour déterminer
Y aménagement d’ une forêt, & fur la diver-
Ifté des vues qui doivent, à cet égard, guider le
Gouvernement & les propriétaires particuliers.
Une autre confidération à faire entrer dans les
projets d’aménagement eft celle delà reproduàion,
qui eft plus ou moins avantageufe, fuivant les
âges auxquels fe coupent les différentes efpèces <ie
bois dans tel ou tel terrain. En effet, un proprié-1
taire qui couperoit fes bois fréquemment, fuit
pour profiter d’une cherré momentanée , foie pour
fatisfaire à des befoins prefians, les ruineroit in-1
failliblement, en fatiguant les fouches ; en mettant
obftâcle au développement des racines qui ne croif. I
fent que dans la proportion des branches & des
feuilles ; en expofant plus fouvent les recrus aux
effets de la gelée & aux abroutiffemens j en s’op-1
pofant au repeuplement par les femences qu’au-
roient données les brins des taillis dans un âge
avancé j en favorifant la multiplication des genêts, I
des bruyères & autres plantes nuifibles, qui neI
font étouffées que fous Us taillis d’ une certaineI
force. D’un autre côté, il eft d’obfervation quel
les bois ne fe reproduifent pas en taillis aufli long-1
temps qu’ ils auroient vécu s’ils n’euffem pas étéI
coupés, & que plus les coupes font rapprochées,I
plus J a reproduction eft affaiblie. D’où i! fuit qu’un I
taillis exploité fréquemment dorme un recru plus!
chétif & exige plus de réparation, qu’ un ui.iisl
dont les coupes font plus éloignées.
Mais fi, au contraire, on retarde trop l’exploi-1
tation d’une forêt,, les fouches dépériffent, uni
grand nombre d’effences difparoiffenr, & les clai-1
-rières.fe forment.il eft donc certain que la reproduction
eft robjet_principal qu’on doit fe prop< ferI
dans Y aménagement d’une fo iê t , & l’expérience >
qui a démontré cette véiité prouve égalemeiitl
que l’ on obtiendra le maximum des produits en |
matières, toutes les fois que l’on retardera a lle z ‘
l’exploitation pour que les bois foient en état de I
donner les plus belles productions. Mais quelle|
fera cette époque, utile à la fois à l’ intérêt pré-1
fent & ‘ à l’intérêt de l’avenir? C'eft celle où le
dernier accroiffement, comparé à râccroiffermnil
moyen des années précédentes, commencera à di-1
-minuer; obfervation qu’en peut faire en comparait
les produits des coupes aménagées à des âges]
differens fur des terrains fe mb la b les. lu ft entendu |
qu’on ne parle point ici de l’intérêt de l’argenr, I
qui, comme nous J’avons fouvenc obfervé, neI
doit pas entrer comme donnée dans Y aménagement I
de i rêts de l'Etat, où l’on doit rendre unique-1
ment à obtenr les plus forts produits en matière|
& la i-lus belle reproduction.
Les expériénees faites fur la croi;T a " ce des r a i l - i
lis par un grand nombre de phyficif ns & dans diffé* I
localités,-s’accordent toutes à démontrer!
l’utilité des aménagémens prolongés dans les fondsI
qui ont quelque qualité & pour les eflènees quitn I
font fufceptibles. Il réfulte en effet de ces expériences,
que Y aménagement à 20 ans ne donne loti* I
vent pas la moitié des produits en nature de ce que
donne Y aménagement à 30 ans ; que fi l’intérêr des I
capitaux peut engager le propriétaire particulier à I
couper fes bois à 20 ans, celui du Gouvernement |
qui ne confidère que le maximum phyjique, eftj
w
d'attendre 30, 3 y & même 40 ans; que ce dernier
âge convient furrout aux bois où le charme
eft l’effence dominante} que les bois gagnent en
pefanteur, en force & en qualité pour tous les
lifa^es, lorfqu’ils parviennent à leur maturité} que
les éclaircies, qu’on r.e peut trop recommander
aux particuliers, leur donneroient des produits
intermédiaires quiles mettroiejit en état d’attendre
un plus long terme pour la coupe de leurs bois, &
augmenteroient confi.iérablement leurs produits en
favorifant le grolfiffement des brins de Durs
faillis./- : r:'\ ; ' - ' . '
1 Quant aux taillis fîtués dans des fonds médiocres
, l’âge de 20 à 25 ans eft plus généralement
convenable pour leur exploitation} celui de 12 à
iy ans peut être adopté lorfque les . bois font
com.tofés en grande partie de coudri r s , de châtaigniers,
de marceaux , ou quelquefois de frênes
& de chênes dans les localités où le cerceau , l é-
ehalas, les fagots & les bourrées fe vendent mieux
que le bois de chauffage; celui de 10 ans eft le
plus bas auquel on puiffe aménager les bois fitués
©ans des terrains où il n’y a pas de fond. C ’eft
aufli ce dernier âge qui a été fixé parles réglemens
comme le terme avant lequel les particuliers ne
pouvoient faire la coupe de leurs taillis.
■ Enfin, les bois de l’Etat, fitués en bons fonds,
iompofés d’tlfences de la plus grande longévicé ,
& placés dans des localités privées de débouchés,
ou dans celles où les bois d’oeuvre & de confti uc-
gon trouvent du débit, doivent être attendus en
futaies.
■ Quant aux moyens de s’ aflurer de l’âge où l’ac-
croiffement des bois diminue, on en a propofé
plufieurs, tels que le cubage & la pefée des bois
exploités fur un même canton à des âges différens ;
le mefurage d’un certain nombre de brins pendant
plufieurs années; l’examen des branches & leur
Jnclinaifon vers l ’horizon, l’examm des pouffes
annuelles , &c.
B?Je parlerai de ces moyens & de quelques autres
au mot Exploitation ; je réunirai les divers
pgnes ou caractères qui annoncent la maturité des
bois. Mais-je penfe que le moyen le plus fur &
Jp plus facile eft celui propofé par M. de Perthuis,
•qui confifte à s’affurer de la longueur des pouffes
de chaque année , en fai Tant cette obfervation de
référence fur les baliveaux de chênes ou fur les
brins de taillis de cette efpèce. L’époque où ces
jpoufies ne s’alongent plus que de la longueur
dh bourgeon, eft celle qui marque la maturité des
bois.
I ,J,ai fait connoître qu’affez généralement les
./»aillis de la France étoient aménagés de 20 à 30
ans; que ceux dont Y aménagement étoit au-deffous
de 20 ans, p mrroient donner des produits plus
avantageux, f i, comme tous les bons auteurs le
|onfeillent, on en retardoit l’exploitation jufqu’à
fco ans & au-deflus ; que cependant il y a des ioc^-
Il tés où les aménagemens au-deffous de cet âge
peuvent être maintenus.
Enfin, il réfulte des expériences d; s auteurs que
j’ai cités, que le produit moyen en bois d’un hectare
fitué dans un fonds de qualité ordinaire,
peut être évalué de la manière fuivante, d’après
les différens âges du bois :
A 10 ans, environ 6 cordes7.
A ly ans, —■ 12 id.
A 20 ans, — 10 id.,
A 2y ans, — i 28 id. ‘
A 30 ans, — 36 id.
A 40 ans, —- 4 6 id.
Futaie A 120 ans, . — 1 1 1 id. & environ
yo voitures de branches.
Ainfi , celui qui coupe fon taillis à dix ans, ne
livre à la coi fommiti n que 16 cordes de bois par
hs 4 coupes qu’ il fait en 40 ans, tandis que le
tailiis qui n’ eft coupé qu’une feule fois dans le
même efpace de temps, procure 46 cordes. Si Ton
compare maintenant le produit d’une futaie de 120
ans avec celui d’ un taillis coupé tous les ans,
on trouve que le rapport du produit de là'Tutaie
eft à celui du taillis comme 17 à 6.
De 1 es obfervation s naiffent deux vérités in-
contift.'.bles : la primière , c’eft que les aménagemens
à longs termes font infiniment plus avantageux
à l’approvifionnementenboisdetouteefpèce,
que les aménagemens fixés à des âges bornés ; la
fécondé, c’ eft que Ls.particuliers ne pouvant en
général différer leurs coupes jufqu’à 25, 30 & 40
ans, leurs bois font moins utiles à la confommation
générale que ne le font les bois de l’Etat &.ceux
d--s communes, dont les coupes font beaucoup
plus retardées.
Si donc tout le fol foreftier paffoit dans le domaine
des particuliers, on verroit inévitablement
les produit? en matières diminuer, de manière à
ne plus fufSre aux befoins de la confommation.
On verroit de plus une difette abfolue de bois
de conftruétion, puifqu’on ne peut en.élever dans
les taillis de 10 à’ iy ans, & enfin la deftruétion de
toutes nos reffources en bois de marine.
Pourquoi ces vérités proclamées tant de fois,
l’objet d’une légifiation qui remonte à des temps
fi reculés, démontrées par l’expérience comme
elles avoient été aperçues par la faineraifon, pourquoi,
dis-je, ces vérités importantes font-elles aujourd’hui
fi peu appréciées ? Sully, Colbert, De-
froidoure, Buffon, Duhamel, Réaumur, n’ofera-
! t-on plus vous citer? & cette poftérité que vous
embrafliez dans votre prévoyance, ne profitera-t-
elle point de vos fages avtrtiffemens ?
T r o i s i è m e s e c t i o n .
De t aménagement proprement dit des futaies , traitées
d*après la méthode du réenfemtneement naturel.
Nous avons déni lié toutes les -opérations qui
cqnftituent la méthode importante du réenfemen-
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