
embelliroient beaucoup. C ’eft donc uniquement '
dans les écoles de botanique & dans les grandes
collections qu'il faut les aller étudier, à l'exception
de la première, qui croît dans tous les terrains
fecs & expofés au midi, & de la cinquième,
ouï fe cultive dans nos potagers, pour fes fom»
mités fleuries, lefouelles entrent dans les affai-
fonnemens de plufieurs mets.
Le thym ferpolet forme , par fes tiges grêles 5c
rampantes , par fes feuilles & fes fleurs petites &
odorantes, de charmans gazons , fur lefquels on
aime fe repofer j mais il eft l'indice du plus mauvais
fo l, & les cultivateurs ne le voient jamais
avec plaifir fur leurs fonds. Les moutons, les
lapins & les lièvres en mangent quelquefois les
jeunes pouffes, mais jamais, d’après mes obfèr-
vations, ils ne s'en nourriffent habituellement.
Ainfi, ce n’ eft pas à lui que ceux de ces animaux
qui vivent fur les montagnes qui en font couvertes
doivent la fupériorité reconnue de leur
chair , mais aux graminées & autres plantes qui
croiffent i côté de lu i, ainfi qu'au bon air. Les
abeilles font d’abondantes récoltes d’un excellent
miel fur fes fleurs.
Comme,'dès que le ferpolet fe montre dans un
lieu où il n'y en avoir pas , il s’en empare pendant
quelques années, c’eft-à-dire, jufqu'à ce qu'il ait
épuifé le fol de fes principes fertilifans , il feroit
bon de le détruire par une culture de feigle ou de
farrafin, au moins de deux ans.
Le même motif doit le faire redouter dans les
gazons des jardins payfagers , dont il fait difpa-
roître d'ailleurs la verdure, qui en fait le principal
mérite.
Pufîeurs fois je l’ai vufemer en bordures dans
ces mêmes jardins & s'y faire remarquer, mais
ces bordures font difficiles à régler & ne fubfiftent
pas long-temps.
On cultive plufieurs variétés de ferpolet, dont
celle à fleurs pourpres , celle à fleurs blanches &
celleàfèuilles panachées font lesplus recherchées.
Le thym commun fe cultive auffi en bordures,
qui s’élèvent de huit à dix pouces & qui ne tracent
pas. Il offre également des variétés à feuilles
des gelées, car toutes les craignent plus ou moins.
Toutes craignent également l'humidité & l'ombre
•panachées, mais qu’on recherche peu, à raifon de j
ce qu’ elles font moins odorantes & plus fenfibles
au froid.
On multiplie ces deux efpèces de thym par le
femis de leurs graines , par marcottes , par boutures
& par déchirement des vieux pieds. Ce
dernier moyen eft le plus ufité & ne manque
jamais. .
Le thym des champs eft quelquefois exceffive-
ment commun dans les . champs en jachère. Les
beftiaux n’y touchent pas, de forte qu’il n’eft
utile qu’aux abeilles.
Toutes les autres efpèces fe multiplient de
même. On en doit tenir quelques pieds en p o t,
pour les rentrer dans l'orangerie aux approches
; ainfi, il faut leur ménager les arrofemens,
même pendant l'é té , & ne les femer que dans les
lieux frappés du foleil.
T I L I A C É E S . Famille de plantes qui a été
établie fur le genre tilleul, & qui, en outre, contient
ceux qui ont été nommés V a l th e r ie ,
H ermanne , Ma h e r n e , A n t ic b o r e , C o-
RETTE, HÊLIOCARPE , L a PPUUER, SpaR-
MANNE* QUAPAI.iER, SlOANE , ApjEIBA, CA-
LAEURE , R IM B O r , RAMONTCBI , S.T U ARTIE-,
G r e ü v ie r , La é t , Rou coter & Ba n a r e . _
. Cette famille , félon quelques botâniftes ; doit
être fubdivilée.
TILLEUL. Tilia. Genre de plantes de la polyandrie
monogyoie & de la famille des tiliacées,
dans lequel fe réunifient fept efpèces, dont trois
fe trouvent dans nos bois & toutes fe cultivent
dans nos jardins. Il eft figuré planche 467 des 11-
Luftraùons des Genres de Lamarck.
Efpèces.
1. Le T illeul des bois, vulg. tillau.
Tilia mycrophylla. Vent. Indigène.
2. Le T illeul de Hollande.
Tilia platyphyllos. Vent. T? Indigène.
3. Le T illeul de Corinthe.
Tilia coralina. Ait. T) Indigène.
4. Le tilleul argenté-.
Tilia rotandifolia.'Vewi. T) De Hongrie.
5. Le T illeul d'Amérique.
Tilia glabra. Vent, b De l’Amérique fep-
tentrionale.
G, Le T illeul pubefçent.
Tilia pubefccns. Vent. T> De l'Amérique fep-
téntrionale.
7. Le T illeul dè la Louifiane.
Tilia mijftftpenfis. Bofc. I) De la Nouvelle-
Orléans..
Culture.
Les efpèces de ce . genre qui font continuelle-,
ment fous nos yeu x , puifque nous les cultivons
toutes, femblen: devoir être bien connues , & cependant
leur fynonymie eft extrêmement embrouillée.
Ventenat, qui en a fait la monographie dans
ces derniers temps, faute de les.avoir étudiées
dans les pépinières, eft loin de l'avoir éclaircie,
& la vicieufe nomenclature qu'il a adoptée ne
peut qu’embarrafier encore plus les commençans.
Toutes celles ci-deffus défignées ont été cul-
' tivées fous ma fur veillante dans les pépinières de
Ver fai lies, -où j’ ai vu leurs fruits. Les fécondé
& troisième, fi communes dans nos jardins, & confondues
ents’elles & avec la première, n’a voient
pas été obfervées dans nos forêts. Je les ai rapportées
toutes deux de celles de la Haute-Marne,
des Vofges, du Jura, & c ., où elles font trèscommunes
& très-bien diftinguées par les bûcherons.
J'ai égalément trouvé, en Caroline, les trois
efpèces propres à l’Amérique, 5c qui iont certainement
diftinéfes.
Le tilleul des bois n’eft: pas la plus belle des
efpèces, parce que fés feuilles* fofit plus petites
que celles des autres, mais la couleur glauque de
leur furface • inférieure lui donne l’avantage lorf-
qu'il fait du vent. Il eft très-commun dans certains
bois fol fablonneux & frais. C'eft avec fon
écorce qu'on fabrique ces cordes a puits , qui font
d’un fi grand emploi dans lés campagnes à raifon
de leur bas prix. On fait aulfi des liens pour les
gerbes de* blé avec cette même écorce , qui peuvent
fervir pendant plufieurs années. Rien ne s'op-
pofe à ce qu'on utilife encore cette écorce poiir
faire du papier d'emballage.
Cette espèce vit plufieurs fiècîes?& parvient,
avec le- temps, à une grofleur énorme. On en
voit qui ont été plantés, par fuite d’une ordonnance
de Henri I V , à la porte des églifes, dont,
le tronc a quarante à cinquante pieds de tour, 5c
dont la va lie tête fu85t pour abriter une population
entière.Son bois, blanc 5c tendre , eft bon
pour la fculpome, paflable pour le tour, pour la
faboterie , ais r.s vaut rien pour la menuiferie,
parce qu'il fe nofche fous le rabot 5c qu’ il eft
fujet à fe voiler. Le feu qu'il donne n’eft ni durable
ni cha^d. Les vers ou larves des vrillettes
& des ly&eslé recherchent peu. II pèfe 6:048 livres
2 onces 1 gros par pied cube, 5c fe retrait
d'un peu moins du quart. Son charbon n eft propre
qu'à entrer dans la compoficion de la-poudre à
canon.
.* D’après cela, il n’eft nulle part avantageux de
l'ai (Ter les tilleuls devenir grands dans les bois, ceux
ifolés dans les jardins, les promenades, 5cc. ., fuf-
fifant aux befoins des artsj mais il eft des lieux
où on tire un grand parti des taillis qui en font
compofés, en les coupant, au moment où .ils
encrent en fè v e , à douze ou quinze ans, plus tôt
ou .plus tard , félon que le terrain eft ou non fertile,
pour les écorcer & faire' avec cette ecorce
les cordes dont j’ai parlé plufc haut, 5c qui font
l’objet d'un commerce de qtielqu importance.
Les perches de ces taillis ont alors quinze à vingt
pieds de hauteur , •& peuvent, après leur écorce-
ment, être employées entières pour garnir leshou-
blonnières , pour enclore les prairies, 5c , refendues,
pour faire des échalas, &c. L'écorce, con-
fervée dans toute fa longueur, eft d’ abord mife
en bottes, pour qu elle fe fèche & que fon épiderme
s’en fépare. Lorfqu’on veut la filer, on la
met tremper pendant vingt-quatre heures dans
l’eau. Jadis on fabriquoit aufli des nattes, des
chauflqres, & c . , avec cette même, écorce, mais
les progrès du luxe y ont fait renoncer.
Dans quelques lieux, on donne les feuilles du
tilleul des bois aux beftiaux, quoique le refus qu’en
font quelques-uns femble annoncer qu’elles leur
conviennent peu. Linnæus obferve que le lait des
vaches qui en font nourries a un goût défagréable.
Les abeilles trouvent une abondante récolte de
m iel, que j'ai reconnu être de mauvaife qualité,
fur les fleurs tes tilleuls des bois. On fait fréquemment
ufage de ces fleurs en infufion, dans les maladies
nerveufes, & pour ranimer les forces vitales ;
aufli font-elles l’objet d'un petit commerce autour
des grandes viiles. Ses fruits contiennent
une amande fort huileufe, dont on ne peut tirer
parti, parla difficulté & la dépenfe de fon extraction.
Mifla les avoit indiquées pour fupplétr
au cacao, dans la fabrication du chocolat.
La fève de ce tilleul, retirée par incifion, eft
dans le cas de fournir, par fa fermentation, une
liqueur vineufe agréable.
1 Les tilleuls de Hollande & de Corinthe font
1 prefque toujours confondus, quoique toutes leurs
parties, comparées, foient réellement différentes,
furtout les pouffes de l’année précédente, qui,
dans le premier font vertes, & dans le fécond iont
| rouges, furtout leurs fruits, qui font anguleux
dans ie premier 5c fans angles dans le fécond. Ce
font ceux qu’on cultive Je plus fréquemment dans
les jardins. Ils s’élèvent moins que celui des
bois, mais leur tête eft plus vafte, leurs feuilles
plus grandes & d’ un vert plus ami de l ’oeil. On
en fait des avenues, des allées , des paliflades,
des*boules, qu’on peut tailler fans inconvénient
à toutes les époques de l’année. Leur principal
inconvénient, c’tft de perdre leurs feuilles de
bonne heure, dans les terrains fecs & chauds,
qui leur font moins favorables que les terrains
humides & ombragés.
Il eft allez fréquent que les tilleuls, plantés dans
les allées Tablées des jardins, s’ulcèrent à leur
pied 5c dans une partie de la hauteur de leur
tronc, du coté .du fud-oueft. J’ai reconnu que
c’eft par fuite de coups de fo le il, réverbérés
par le fable, à la fuite des pluies, que cet
effet a lieu. Une planche, un aibufte grimpant,
s’oppoferoient avec moins d’ inconvéniens à cet
effet que la paille employée en corde ou en petites
bottes, dont oh fait fouvent ufage.
Nos pères plantoient bien plus de tilleuls qûe?
nous dans leurs jardins-j en conféquence, ceux
dont il eft ici queftion ont perdu une partie de
leur importance; cependant, ils font encore,
après l’orme, l’article le plus étendu des produits
des pépinières d’arbres d’agrément, beaucoup de
perfonnes n’ayant pas encore repouffé les jardins
français de leurs propriétés.
La diftance à laquelle il convient de planter
les tilleuls deftinés à faire des avenues ou des
allées, dépend de la nature du fol & du but
qu’on fe propofe. Ainfi , ils feront plus rap-
I prochés dans les mauvais terrains, 5c lorfqu on
fe propofera de les affujettir à une taille rigou-
reufe. Dans ce dernier cas, on a une latitude
riiüjJül