
coupe, & qu*on ne pût l'enlever que dans l’automne
, la perte.de tous les jeunes plants qui en
feroient recouverts, feroit certaine. C'eft pourquoi
il faut abfolument éviter un auffi long féjour ;
& quand on prévoit que le tranfport ne pourra
avoir lieu que dans l'automne , on doit, auffitôt
que les arbres font abattus, en faire dépoferle bois
dans les chemins ou dans les places vagues, quand
même cette opération devroit occafionner un peu
de dépenfe. La coupe dont nous venons de parler
s'appelle C oupe claire , de l'allemand Licht-
fchlag.
Je dois encore rappeler ici que la coupe claire
ne doit pas être plus dégarnie que je ne l'ai
indiqué. Si on la dégarnit trop en une feule
fois , bientôt les plantes nuifibles fe montreront,
le fol fera defleché pendant l'été & -trop
profondément gelé pendant l'hiver. La trop grande
aftion du foleil frappera & détériorera les jeunes
plants, q ui, jufqu'alors , ctoiffoient à l'ombre5
le vent pourra difleminer les feuilles, & les gelées
tardives du printemps pourront endommager le
repeuplement. Ainfi, lors même que la coupe feroit
complètement repeuplée dans toutes fes parties &
qu'elle n’auroit plus befoin de femences, encore
faudrcit-il fe garder de la trop éclaircir en une
feule fois 5 il faut, au contraire , y conferver
des abris fuffifans parmi les arbres, afin de prévenir
les conféquences fâcheufes que nous venons
de détailler, & qui font doublement à craindre,
dans les climats rigoureux , dans le voifinage des
marais, des fleuves & de la mer , & fur le penchant
méridional des montagnes.
S i, après la coupe claire, il furvient une année
abondante en faînes , il feroit à regrette^que la
coupe fût tout-à-fait fermée & qu’on ne pût jouir
des faînes, d'autant que ces fortes de coupes font
ordinairement très-riches en graines. On pourra
donc adjuger le droit de les ramaffer. Mais fi on ne
trouvoit point d’amateurs, on pourroit y introduire
un troupeau de cochons plufieurs fois pendant
la femaioe, en ayant foin de lè faire le matin
& par la gelée ou un temps fec, de ne point lai lier
féjourner ce troupeau à la même place, mais de le
chafifer un peu vite devant foi, afin qu'il ne puiffe
manger que les graines fuperflues, fans pouvoir
rompre ou retourner les jeunes plants. Cependant,
fi on avoit à craindre que l'on n’obferv.ât point
les précautions néceffaires pour la confervation
du repeuplement, & que l'avantage qui devroit
réfulter de cetre introdu&ion de porcs dans la
coupe claire ne fût pas en général d’une grande
importance, il feroit alors bien préférable d'en
écarter tout-à-fait ces animaux.
La coupe claire relte dans cet état jufqu'à
ce que les jeunes plants, qui font rarement de
même hauteur, aient atteint celle de dix-huit
pouces à trois pieds. Alors on procède a 1 enlèvement
de tous les arbres, à moins, que les cir-
£Oi$ances locales n exigent qu'il foit réferyé fut
les lifières de la forêt, ou fur le bord des chemins
quelques belles tiges qui puiffent fournir à la pof!
térité des bois d’oeuvre de fortes dimenfions. Majs
lorfque cela n'eft pas abfolument néceffaire a &
que la futaie dé hêtres a été conduite jufqu'à un
âge qui .permette d’ y trouver des arbres d’une
groffeur fuffifante pour les oeuvres auxquelles ils
doivent être employés, on ne réferve aucun des
anciens arbres,parce qu'ils nuiroient plus à la jeune
forêt par leur ombrage, qu’ils ne feroient profitables
par l’augmentation de leur accroiflement,
Cette coupe, dans laquelle on enlève tous les bois
arrivés à leur période d’exploitation, ou dans la-
quelle on ne réferve que quelques arbres pour être
coupés lors de la nouvelle révolution , fe nomme
C oupe d e f in it iv e , du mot allemand Abftriebs-
fchlag. .
11 eft important de recommander ici de ne
point attendre que le jeune bois foit trop haut
pour exécuter la coupe définitive, & de bien fur*
veiller les bûcherons , .pour qu’ils ébranchent les
arbres auffitôt qu’ ils font abattus, & qu'ils tranf*
portent fans délai, tant les branches que les bûches,
fur les chemins, les carréfouts ou les places
non dommageables, parce qu’on occafionneroit
la perte d’une grande quantité de jeunes plants,
fi on établi (Toit les cordes de bois & les ramiers
fur la coupe même j& que de-là on en effectuât le
tranfport avec des chariots. Il faut auffi empêcher
qu’ on ne roule & qu’ on ne traîne le bois dans la
coupe définitive, & qu’on ne coupe les arbres
foit pendant les fortes gelées, foit lorfque la fève
eft en mouvement, parce qu’alors les jeunes tiges
fe rompent facilement, lorfqu’elles font atteintes
I par la chute des vieux arbres : le mieux eft d ef-
| feéluer cette coupe immédiatement après la chute
des feuilles en automne, & de faire tranfporter
le bois auffitôt hors de la coupe 5 mais fi cela ne
pouvoit fe faire , ou dût occafionner trop de dé-
penfes , il faudroir au moins avoir l’attention
de faire effectuer ce tranfport pendant l’hiver,
avant le développement des feuilles , & avec toutes
lés précautions convenables, pour ne caufer que
le moindre dommage poffible. Pour cet effet ,
les charretiers ne doivent pas conduire leurs voitures
vers chaque corde de bois dans la coupé,
mais ils doivent les laiffer dans le chemin le plus
voîfift & y porter le bois ; enfin, fi le chemin ou
la place deftinée au dépôt du bois étoit trop
éloigné, le foreftier devroit alors marquer un
chemin convenable à travers la coupe, au moyen
de bouchons de paille attachés a des ja lo n s fixés en
terre fi tout le jeune bois exiftant fur le chemin
fe trouvoit détruit par le tranfport du bois abattu,
il auroit à s ’occuper de le repeupler, foit par un
bon ré.cepage,'fait tout près de terre, foit pat le
ferais ou la plantation.
1 Dans les forêts où le bois eft réduit en charr
bon, on doit recommander à ceux qui font charges
de cette fabrication, dç tranfpoiter de fuite le
1 bois
, • dans les places à ce deftinées & de 1 y mettre
cordes; ou du moins, s'ils ont formé des
frites dans la coupe même, de faire ce tranfport
dans lefdites places à charbons, par le chemin
oui leur aura été indiqué, Sc avant la fortie des
failles- Mais > dans aucun cas’ lîe doit leur- per' I
mettre de laiffetJéjourner le bois dans le jeune
,cru pour tout le temps pendant lequel ils en
fabriquent du charbon dans le cours de l’été.
C'eft pourquoi la carbonifation ne doit commencer
que lorfque tout le bois eft réuni dans l'emplacement
qui lui eft deftiné. . .
Lorfque la coupe définitive eft entièrement
débarralfée de tout le bois qui a été abattu , le foreftier
doit s'affurer s’il y a des vides à repeupler ;
& s'il s'en trouve en effet, il faut, lorfque leur
étendue eft d'un huitième de verge carrée ou plus
{ r à 6 centiares les planter foit de jeune hêtres,
foit de jeunes chênes de 18 pouces à 5 pieds de
haut, qu'on efpacera de 3 à 4 pieds en tout fens;
ou bien on y fera un femis de glands, pour opérer
le mélange fi utile de ces deux feules effences. Mais
lorfque les vides ont moins de cettê étendue , Se
qu'on ne veut pas les employer pour des femis de
chêne, d’orme, d’érable ou de frêne, il n’eft point
néceffaire de les planter ni de les, femer en hêtres,
parce que l’exiftence de quelques petites places
d’auffi peu d'importance ne peut avoir d’influence
fenfible fur le produit à venir. Elles ne tardent
guère à diminuer d’étendue, & à mefure que le
bois prend de laccroiffement,elles fe rétréement,
au point qu’à 60 ans on ne s'aperçoit plus de leur
exiftencei- - '-i '■ ' .
Enfin on eft parvenu à remplacer la vieille
futaie par une jeune forêt bien garnie. Elle refte
toujours en défends, & on la préferve avec le plus
grand foirt de toute atteinte, jufqu’à ce qu’elle ait
atteint l’âge de xo à 30 ans, &, quelle n’ait plus
rien à redouter de la préfence des beftiaux. Alors,
ft en effet le bois a-acquis affez d’elevation & de
force, pour que le pâturage ne puiffe plus lui être
nuifible, on peut, lorfqu il y a des droits d*ufagt fur
la forêt, l’ouvrir au parcours.
Lorfque, comme cela eft très-ordinaire, les
bois non portant fruit f i ) Se les bois blancs, tels que
(1) Les foreftiers allemands , dans leur fyftcme d’aménagement
des bois à feuilles, n’admettent à l’bonncur décroître
en futaie que le chêne St le hêtre, dont ils font une dalle
particulière fous le nom de bois portant fruit ( fruâbat ).
On remarquera aufli .que M. Hartig , dans fes’ éclaircies
ou coupes d’expurgation d’une, futaie qu’il élève, fcmble.
faire une guerre à outrance aux bois blancs,’ ainfi qu’ à toutes:
le! autres effences défignées fous le nom de bois non portant
fruit. Voici les raifons de cette préférence bien prononcée :
t°. ces bois non-portant fruit ont .des femences Légères que le:
vent tranfporte au .loin avec une facilité & une abondance
incalculables -, ils croiffenc avec plus de rapidité que les. bois
durs 8c arrivent plus tôt au ceruie du dépérilïemsnt, c’e qui
fait qu’on ne peut les admettre ni à un aménagement commua,
ni a un aménageibent’ en futaie ; n". ils lie préfentent
Dut, des Arbres & Arbujles,
les bouleaux, les trembles, les faules marceaux,
& c . , fe font répandus dans une coupe & commencent
à étouffer la jeune forêt de hêtre, il faut fans
le moindre délai les faire extraire, & ne pas attendre
que ces bois aient pris trop d’açcroiflement. Si on
tardoit long-temps, comme cela arrive malheureu*
feraient trop fouvent, il en réfulteroit pour la jeune
; forêt de hêtre, des dommages bien plus confidé-
| râbles que ne feroit le prix de tous les bois blancs
enfemble, & les fuites funeftes d’un tel délai feroient
regretter, mais trop tard,de ne pas en avoir
fait l’extradlion. Il faut donc procéder à l’extraction
de ces bois blancs auffitôt qu’on en reconnoît
la néceffité, & les fortir de fuite des jeunes maffifs
de futaie, pour éviter que.leur féjour ou leur tranfport
n’y ©ccafionnent de dommages. (Cette opération
s’appelle nettoiement des bois blancs. )
Maison doit éviter de faire porter aucune éclaircie
fur hêtre avant que 1a jçune forêt ait acquis
affez de force pour pouvoir réfifter aux fortes
pluies, au poids des neiges & à l ’a&iôn des
frimats.
Ainfi, lorfqu’elle eft arrivée à une quarantaine
d’années & que les bois ont pris un accroiffemenc
tel que les plus forts brins aient de ya j pou:ts de diamètre
vers le pied y on peut alors & on doit meme,
dans les climats tempérés, où Ton n’ a rien ou peu
de chofe à craindre de la neige & des frimats,
procéder à l’enlèvetnent de tout le bois étouffé &
dominé par les beaux brins, opération qu’ il faut
faire avec la plus grande attention. Si , au con-
"traire, le climat étoit rigoureux & qu’on eût à
craindre les effets des neiges & des frimats, il
faudroit retarder la coupe des bois étouffés jufqu’à
l’âge de 60 ans, ou jufqu’ à ce que les plus forts brins
aient acquis de 8 à 10 pouces de diamètre près de
1 terre, & qu’ ils n’aient plus rien à redouter de la
température.
11 faut, dans cette première éclaircie de boisdurs,
avoir la plus grande attention de ne couper aucuns
brins, aucunes perches qui feroient néceffaires pour
maintenir le haut de la futaie dans un état clos ( i ).
I l faut donc ne faire couper que les bois morts ou dé•
périffans & entièrement dominés.
Çette coupe sdoit fe faire fous la furveillance
confiante du for^fiier & par des bûcherons inftruits,
afin d’éviter que, par un enlèvement de bois trop
confidérable, on ne prive la forêt de fon état ferré
pas les memes reflources que le chêne & le hêtre pour la
-nourriture des beftiaux \ relfourcéS’ qu i, dans une année
riche en glands & en faînes, économifentà la fociété des
millions de facs de grains -, 3 °.. ils n’ont pas, comme le
chêne 8c le hêtre, l’avantage de fournir tout à la fois des
bois1 précieux pour le chauffage , pour les conffruétions ôc
pour toute efpècp. de fervices. ; , -
,(i j On doit fe rappeler que M. Hartig entend par forêt
-clofe, ce lie dont les cimes font affez rapprochées pour fe toucher,
fe; prêter un appui mutuel, 8c clorre, pour ainfi dire,
la forêt par le hauc.
H h h