
chies a une diflance de ftx ou huit pieds. Mais , dans
tous les autres cas, il faut, autant que poffible,
qu'au moins la coupe foit dans cet état ferré, qui
permette aux extrémités des branches d'être prefqu’en
conta cl ( i ).
La coupe étant ainfi marquée, les bûcherons
fe divifent par fedions de trois ou de fix hommes,
& Ton partage la coupe en autant de portions à peu
près qu'il y a de fedions d'ouvriers. Ces portions
de coupes qui doivent, dans les terrains en pente,
fe diriger de bas en haut, font marquées par des
jalons enfoncés en terre & numérotés. Alors on
tire au fort pour déterminer dans quel ordre les
fedions de bâcherons doivent fe fuivre, & iorf-
que cela eft fa it, & qu’ on a donné à ces ouvriers
communication des intlrudions qu’ils doivent cb-
l'erver , on commence la coupe, en allant de bas
en haut, lorfque le terrain eft en pente.
Pendant tout le temps de Xexploitation , le
garde vifite la coupe journellement, & il veille à
ce que les bûcherons ne coupent ni n’endommàgent
aucun des arbres non marqués 5 à ce que les autres
foient abattus àuffi près de terre que poffible; à
ce que tous les bois de quartier foient débités à la
fc ie , pour leur donner la longueur de bûche néceffaire;
à ce que les bûchas foient coupées conformément
aux réglemens , & que les bois ne
foient fendus ni tros gros ni trop menus ; que
les cordes de bois foient faites d’après les mefures
ptefcrites, le bois convenablement co rd é , &
les ramilles mifes en ordres à ce que ces bûcherons
ne falfenc pas trop de feu & ne compromettent
la iureté de la forêt, & qu’ ils n’emploient pour le
feu que des copeaux, des ramaftjs de bois, ou ,
dans le befoin , des ramilles, & en général à ce
qu’ils fe conforment à leurs inffrudions.
Lorfque tout le bois marqué eft coupé &
débité, le garde foreftier s’occupe de numéroter
les divers affortimens , & après la vérification
faite par fon chef & la deftination donnée aux
bois, il doit veiller à ce que le tranfport s’en faffe
le plus tôt poftible & avant le dégel du printemps,
parce que, fi ce tranfport étoit retardé plus longtemps
, il pourroit occafionner la perte de beaucoup
de jeunes plants qui exifteroienr déjà ou qui
feroient fur le point de fe développer.
Si le diftrict ou canton de forêt dans lequel
on doit faire la coupe [ombre pendant l’hiver avoir
re çu , dès l’automne précédent, un enfemence-
ment naturel en faînes , on ne devroit pas alors
y permettre le panage. La chute des arbres & Je
travail de Xexploitation des bois feroient des cir-
conftances fuffifantes pour faciliter l’infercion des
femences fous les feuilles mortes , & il en réful-
teroit un femis plus nombreux que fi on y intro-
(1) Quoiqu’on ne puifle précifer le nombre d'arbres
qui feront ainfi réfervés plufieurs calculs oat fait co n coure
qu’il croie aff.'Z ordinairement ^de 1D0 à 160 par
Ju;£tirp.
1 duifoit des porcs, qui toujours enlèvent une grande
j partie des faines. Ainfi, dans le cas que nous fup,
pofons, ou fi déjà la coupe fe-trouvoit garnie de
jeunes plants bien venans, il faudroit la mettre
fevèremenc en défends. Mais s’il 11e fe trouvoit ni
femences ni plants dans la coupé fombre, & que la
forêt fût fourni le à un droit de pâturage, on
pourroit y permettre le parcours des. beftiaux auffi
long-temps qu'il ne fe préfenteroit point une année
fertile en graines. Ce parcours de gros beftiaux eft
non-feulement fans danger, mais il eft même très-
utile dans beaucoup de cas, parce qu’ il donné lieu
au piétinement de la couche de terre végétale,
qui eft ordinairement très-veule & parce que
les beftiaux détruifent les herbes & les plantes
nuifiblcs. Mais lorfque l’année fertile qu’on atten-
doit eft arrivée, & que les femences font tombées,
il faut fermer la coupe & la mettre dans la
défenfe la plus rigoureufe 5 on peut feulement y
faire paffer quelquefois par femaine & par un
temps doux 3 un troupeau de cochons qu’on aura'
raffafiés dans un canton voifin, afin que ces animaux
, en cherchant dans la terre des infedes b
des vers ; puiffent enfouir les faînes fous le feuillage
ou dans la terre, fa is en confommer beaucoup.
Ainfi, cette introduction d’un troupeau de
1 cochons ne peut avoir lieu que dans le cas feu'e-
ment où la coupe n’eft réenfemencée qu apres l'exploit
ation3 & que les feuilles mortes ne recouvrent
pas convenablement.les faînes , autrement les porcs
doivent en être écartes, parce qu’ils peuvent être
plus nuifibles qu’utiles, fi le gardien n’obferve pas
exactement les ordres qu’on lui peut donner.
La coupe d’enfemencement relie dans cet état
ferré ou fombre , jufqu’à ce qu’elle foit enfe-
mencée en très-grande partie ou fur tous fe.s
points, & que le femis ait trois ou quatre ans, 8t par
conféquent de huit pouces à un pied de haut : fous
aucun pretexte on ne doit faire éclaircir la coupe
fombre avant ce momenr, quand même on-feroit
obligé d’attendre long-temps l’enfemencement.
Comme c’eft du bon établilfement de la coupe
fombre que dépend le fuccès du repeuplement naturel
des futaies, le foreftier doit obférver. de la
manière la plus exaCte les règles qu’on a rappelées
ci-delfus, & qui font toutes fondées-fur une longue
expérience. En opérant ainfi,-la coupe fe couvrira
abondamment des femences qui tomberont
des arbres qu’on aura réfervés , & l’on n’aura point
à craindre que le gazon & les mauvaifes; plantes,
qui nuifent fi effentiellement aux femis naturels &
au fo l , viennent s'emparer de la coupe dans l’intervalle
qui fuit Xexploitation jufqu’au moment de
l’enfemencement. Il en réfukera encore que les
jeunes plants de hêtre qu i, dans leur jeuneftè, font
très-fenfibles aux effets de la gelée & de la féche-
reffe, trouveront un abri protecteur & un ombrage
fuffifant fous les arbres à femences de la coupe
fombre,& que la couche de terreau, ordinairement
. veule, qui recouvre le fo l, ne fe defféchera point
anfti facilement,bien que, dans cet état de la coupe,
la lumière, le foleil & les pluies pourront produire
des tffets fuffifans fur les jeunes plants de hêtre.
Enfin la coupe fombre a encore ce.grand avantage
WÈ reten‘ r & d’empêcher que les ventsme
diüipent la couverture de feuillage qui tapiffe le
fol. Cette couverture e ft, dans le cas préfent,
non-feulement avantageufe,mais même néceffaire,
parce qu’elle favorife la germination des femences
au’elle abrite, protège les racines des jeune s plants
contre la gelée & la féchereffe , & quelle leur
fournit les fucs propres à leur nourriture.
Tous ces avantages, de la plus grande importance
, font perdus fi la coupe d’enfemencement
eft trop claire , & ils font remplacés alors par des
inconvéniens fans nombre. Le fol de la coupe ne
tarde point à fe couvrir de mauvaifes plantes , de
la nature de celles que nous avons dénommées 5
eles épuifent la terre, empêchent la germination
des femences , étouffent les jeunes plants. D’un
autre côté, les arbres réfervés en trop petit nombre
, ou parmi ceux qui font incapables de porter
des femences fertiles, ne peuvent opérer un réenfemen
cernent fuffifant j & s’ il lève par-ci par-là
quelques plants, ils font bientôt détruits parles
effets trop aétifs de la féchereffe & des gelées. En
outre, un grand nombre d’arbres réfervés font
reljvérfés par les vents ; il en meurt aulfi beaucoup
par l’effet trop fub.it de leur mife à découvert après
avoir été long temps dans un état ferré y & dans
cette circonltance les bois blancs fe multiplient à
profufion, pour attefter à la podérité les fautes du,
foreftier qui a ainfi opéré. Cette coupe, trop
éclaircie', demeure long-temps fans fe repeupler-,
à moins de circonftances particulièrement favorables,
& on n’y voit venir de jeunes plants de
hêtre, que lorfqu’ après une longue-fuite d années , lt-s^
arbres à femences ont pris plus d accroijfement & pouffe
ajfe{ dé branchés pour que la coupe fe trouve dans Le-
tat approchant de celui d‘une coupe fombre. Alors dif-
paroiffent les herbes & les plantes qui avoient
crû jufqu’à ce moment, & après la première année
fertile en faînes, la coupe fe couvre de jeunes
plants, comme elle l’auroit fait quinze à vingt ans
plus tôt, fi elleeût été exploitée d’après les règles. ;
Ainfi, celui qui éclaircit trop la coupe n obtient
qu’en vingt ans, avec des circonftances favorables,
mais le plus fouvent il n’obtient/âmrzir le réfulrat
qu’on eft toujours fûr d’obtenir en peu d’années
dans une coupe qu’on a conduite d’ après les règles.
Je recommande donc encore une fois, & de la
manière la plus expreffe, d’agir avec la plus -grande
attention, lorfqu’ il s’agit de l’établi Cernent: d’une
coupe d’enfemencement, & de ne pas s’écarter
d une ligne des règles générales qui -ont été po- :
fées 3 car le plus mauvais -état de la forêt fera toujours
le réfultat d’une coupe d’enfemencement vi-
cieufe. '
Nous avons dit qu’ il étoit néceffaire que ia
coupe d’enfemencement -fut mife en défends de
la manière la plus rigoureufe après la chute des
faînes qui en a procuré le réenfemencement, &
qu’elle ne devoir être éclaircie que lorfqu elle
fe trouveront peuplée, dans prefque toutes^ fes
parties , d’une quantité fuffifan.te de jeunes hettes
de huit pouces à un pied de haut. A cette époque,
le femis a befoin d’un peu plus d air pour s habituer,
petit à petit, à la température & pour ne
point être étouffé, ce qui arriverait infailliblement
& le feroic périr fi on n’éclairciffoit pas un
peu.la coupe fombre.
Pour opérer cet éclairciffement , ôn enlève
à peu près la moitié des arbres a femences ,
en prenant les plus gros la ou le femis eft le^ plus
abondant, & en général on opère de manière à
mettre la coupe dans un état tel, que les arbres que
Ton conferve encore pour achever l’enfemence-
ment ou pour protéger le jeune bois,.fe trouvent,
autant que poffible , à une égalé diftance les uns
des autres (1 ). ; ■
Mais comme, pendant l’hiver., la neige empêche
de bien voir les jeunes plants, faut, vers
la fin de Xautomne , avant que les feuilles foitnt
tombées, marquer à la tige,,.comme dans la coupe
d’enfemencement , tous les arbres qui devront
être enlevés. On fait procéder, pendant l’hiver, à
la coupe de ces arbres & à leur déb it, & le bois
fe met en cordes hors de la coupe, dans les chemins
& carrefours, ou dans les clairières ; on
fait également mettre en ordre les branches & les
ramilles. Cependant, fi o.n ne peut ; fans.de grandes
dépenfes, Tire tranfporter de fuite, hors de la
coupe, les bois abattus, on place les cordes de
bois prés des arbres reflans, afin que 1 emplacement
de ces cordes, qui n’aura pas été repeuplé, puiffe
recevoir un nouvel enfemen cernent a la première
année de femence. Mais, dans ce cas ,.il eft néctf-
feite de faire tranfporter les cordes de-bois & les
branchages Toit en traîneaux fur la neige , lorfque
cela eft poffible, foit an moins, fi ce premier moyen
n’eft pas praticable, avant-la feuillaifon des arbres :
autrement lé tranfport ne fe feront qu’au grand détriment
du repeuplement. Si. ce dernier moyen
même n’étoit pas poffible, on feroit lier en fagots
. toutes les ramilles, on les placeroit fur les cordes de
.bois t & on tâcheroit au moins d’opérer entièrement
la vidange de la coupe avant la Saint-Jean ,
afin que les jeunes plants qui étoient recouverts
par les cordes, puiffent pouffer à la fécondé fève,
il périt fans doute beaucoup de plants qui étoient
recouverts par le bois abattu, lorfq.u’on tarde auffi
long-temps à effeétuer la; vidange;.cependant j’ai
remarqué qu’ il s’en fauvoit un aflez grand nombre.
Mai^ fi le bois féjournoit plus long-temps fur la.
: ,(ij Nous avons die que 7e nomBré des arbres rclèrvis.
lors de là coupe d’enfemencemènt étoit aflez ordinairement
de x5d à 160 par he£iare ; ainfi 71 refteroit , agrès, la coupe
claire ,■ de- 'j5 -à So^-arbres^.