
d’érable, de frêne & d’orme, à 80 ans pour celles
de charme, & à 60 ans pour celles de bouleau &
d’aune, parce que l’expérience a appris qu’en général
ces termes font les plus favorables aux plus
hauts produits en bois.
Nota. Ici fe terminent les excellentes inftruélions
de M. Hartig fur la manière d’exploiter les futaies
etarbres a feuilles, pour favori fer le réehfemence-
ment naturel, éviter les frais defemis & de plantations,
entretenir les forêts en bon état, accélérer
l’accroilîement des jeunes forêts qu’on eft
ainfi parvenu à faire fuccéder à celles qu’on a exploitées;
enfin, pour obtenir avec le moins de
frais poffible la fucceffion confiante des produits
les plus avantageux fous tous les rapports.
Je ferai connoître plus loin les inftruétions de
cet auteur fur les futaies d’arbres réfineux & fur
les taillis des bois à feuilles.
Après avoirexpoféle fyftème des éclaircies, les
motifs qui doivent le faire regarder comme le
meilleur moyen de régénérer les futaies, s'il eft
■ pratiqué par des foreftiers inflruits & fûrs, & avoir
indiqué les moyens de l’exécuter, je vais propofer
un mode d’ exploitation qui admet la coupe par contenance
, & qui me paroît réunir une partie des
avantages du fyftème des éclaircies, fans en avoir
les inconvéniens.
C h a p . X I . — Des coupes alternatives comme moyens
<£ accélérer V accroïjfcmeni dés futaies, d‘y favori fer
la produâlion des bois de marine & le réïnfemence-
ment naturel.
..Quelqu'unle que puifle être une nouvelle méthode,
elle ne doit être admife qu’avec beaucoup
de rélerve, furtout lorfqu’ il s’agit d’une grande
adminiftration. Il eft donc prudent de l’efîayer en
petit dans quelques localités, avant d’ en faire l’obje
t d’ une mefure générale. Cette réflexion s’ applique
naturellement au nouveau fyftème de l’éducation
des futaies. Ainfi, en fuppofant que ce fyftème
-ne relie point dans la clafîe des théories à 1 egard
des futaies de l’Etat, il fe paflera encore bien du
temps avantqu’ il obtienneuneapplication générale.
]1 n’eft donc pas inutile de parler des moyens qui
peuvent améliorer l’état des futaies exploitées iui-
vant Tu fage. ordinaire, & favori fer les productions
d’arbres propres aux conftru&ions navales.
de le couper par des routes de 8 à io mètres de
large. Elles font utiles, non-feulement pour faciliter
On fait que l’ air & la lumière.-influent fur la
croiftance des bois & fur leur direction, & que
.les arbres placés le long des clairières, fur les li-
.fières, les folles de réparation, & dans tous les
endroits cil ils jouiflent des fluidesatmofphériques,
-font toujours les plus propres aux conftru étions,
.navales, par les courbures naturelles qu’ils préfen-
tent & la denlîté de leur bois. Dès-lors H ne peut
•être que trèsravantageux de bien percer des forêts-'
• par d.s chemins de largeur fuffifame., & de biffer
des bordures fur les routes, chemins & allées qui
les traverfent, & fur les pourtours.
. Duhamel confeille» lorsqu’on plante .un bois,
la circulation de l’air, mais encore pour débarder
les bois, arrêter les incendies, favorifer l’exercice
de la chaffe & la découverte des délits. Dans
un Mémoire fur les incendies dans les forêts, que
j ’ai publié il y a quelques années,j’ ai déjà répondu
à l'objeCtion qu’on pourroit faire que ces chemins,
diminuant l’étendue des terrains plantés, diminue-
roient auffila mafîe des produits. J ai fait remarquer
que les forêts convenablement percées par
des chemins, des allées & des laies, font mieux
aérées, & qu’elles produifent de meilleur bois &
en plus grande quantité fur les bords de ces chemins,
que dans le fond des maflifs, & qu’en dernier
réfultat l’avantage étoit encore du côté des forêts
ainfi divifées. Ajoutons à cela que c’ eft un des
meilleurs moyens de fe procurer des bois de marine.
Il eft encore un moyen de donner de l’ air à une
futaie pleine, & d’y favorifer la production des
bois de çonftru$ion. Mais il faut que cette futaie
foit dans une pofition particulière &.fufceptible de
recevoir le mode d'exploitation dont je vah parler.
Ce moyen confifteroit, fi la futaie formoit une
mafîe d’une certaine étendue, à exploiter par
bandes alternatives, c’eft-à-dire, par zones, dont
les unes feroient abattues dans un premier ordre
découpés, & les autres, à la révolution fuivante.
Jé fuppofe, par exemple, une futaie de 1500 hectares
aménagée à 1 jo ans, dans laquelle on veuille
faire une coupe tous les ans. Ondivifera cette futaie
dans le fens qui fera jugé le plus avantageux
( 0 , par ,ryo bandes ou zones dont la largeur
fera d’autant plus, foible que la longueur en
fera plus grande, & vice verfâ. La première année,
on exploitera, fuivant'la méthode ordinaire, à la
réferve de .vingt baliveaux par heCtare, la fécondé
bande , ou bande n°. 2, en laiffant la première in-
taCte pour fervir de bordure. La fécondé année,
on exploitera la quatrième bande; la troifième année,
la fixième, & ainfi de fuite , en lai fiant toujours
une bande non exploitée entre deux bandes
en exploitation.
Ainfi, comme chaque bande contiendra environ
10 heClar.es, on aura exploité en 7 ƒ ans celles de
la première, férié. A cette époque on retournera
à la première bande qui aura-été réfervée dans la
première exploitation, & on en fera la coupe à la
foixante-feizième année. Enfuite, c’eft-à-dire, à
la foix?nte-dix-feptième année, oh exploitera la
troifième bande, & on continuera comme dans la
prèmrère férié, en fautant toujours une bande. D®
cette manière rl y aura conftamment un intervalle
de 7 y ans entre la coupe d’une bande & celle de
la bande voifine.
. ■ (r ) C ’eft:-à-tfire, de manière à ce que les cortpés exploitées-
foient abritées des'grands vencs dfi l’oued & du nord par 1«
coupes reliances*
Ce mode d’exploitation, que je ne fâche pas
qu’on ait encore propofë ( fi ce n’eft pour les forêts
d’épicias, dans la vue de favorifetsle repeuplement
des bandes non exploitées par les Cément
s des bandes reliantes ) , divifera la forêt comme
par de grandes allées, donnera de l’air aux bandes
non exploitées, favorifera l’expanfion des branches
des arbres qui fe trouveront fur les deux
laies raccroilfement de ces arbresi,.& la courbure
de leur tige du côté des bandes exploitées; ce qui
produira beaucoup de pièces propres à la marine;
Il aura encore l’avantage de donner plus de dureté
au bois, de rendre la furveillance plus facile en
éclairant la forêt, de favorifer le repeuplement, &
celui bien important de diminuer le nombre des
chablis,fi on a eu l’attention de diriger les coupes
de manière à les garantir par les bandes reliantes
des vents dominans. |
Ce mode procurera jufqu’ à un certain point
les avantages des éclaircies, en facilitant la circulation
de l’air ; & , fous le rapport des bois de marine
, il fera même plus utile. Il fe rapprochera encore
des petits mafîifs de futaie que plufieurs auteurs
ont confeillé d’établir, & qu’ ils regardent
comme beaucoup plus avantageux que les grandes'
maffes, en ce que, recevant mieux les imprefîions
de l’air & du foleil, ils produifent des arbres
exempts des vices que l’on reproche aux futaies
pleines, & que* d’ un autre cô té , le rapprochement
de ces arbres les préferve auffi des défauts
attribués aux baliveaux fur taillis.
Le pâturage pourra avoir lieu dans les futaies
divifées par coupes alternatives, en ufant feulement
de la précaution de .ne le permettre dans les
bandes non exploitées que lorfque celles voifines
{feront défendables.
Au refte, je ne me diffimule point toutes les
obje&ions qu’on peut faire contre cette propofi-
tion, & tous les obftacles réels qu’elle peut rencontrer
dans l’exécution. Je fais qu’une forêt d’ une
certaine étendue doit être exploitée fur plufieurs
points à la fois pour fatisfaire aux befoins des
différentes localités, & que d’un autre côté il y a
toujours beaucoup de difficultés & d’inconvéniens
à changer l’ordre des coupes dans une forêt. Il eft.
vrai encore que le terrain.n’eft pas toujours de la
même qualité, & que les effences ne font pas non
plus de la même nature dans toute l’étendue d’ une
forêt, ce qui doit faire varier les époques des exploitations.
Mais j’ ai fuppofé un aménagement fixe
forêts de la Ruffie,.qui m’a dit avoir introduit le
mode d * exploitation dont je viens de parler, & que
ce mode étoit très-favorable au repeuplement,
fans qu'on fût obligé de réferver beaucoup de baliveaux,
pour toute la futaie, & par conféquent la réunion
de tôutes les circonftances qui doivent motiver
cet aménagement. Ainfi, quoique cette propofi-
tion .puifle rencontrer beaucoup de difficultés,
elle paroît pourtant applicable à quelques localités,
& c’ eft àflèz pour qu’elle nê foit pas tout-à-
fait oifeufé.
Depuis la publication de ce Mémoire dans les
■ Annales forefitires de 1811 , j’ai eu occafion de voir
<en>i8iq.:) M. le comte O ilo f, grandruiaître des
parce qu’en fautant toujours une coupe
entre deux, l’enfemencement naturel fe fai foit
bien par la coupe reliante. Ainfi, ce que je pro-
pofois comme une amélioration probable, ne doit
plus être rangé aujourd’hui dans la claffe des
théories.
Indépendamment des moyens qui peuvent tendre
à favorifer l’accroiflement des futaies, on doit
employer tous ceux qui font propres à faciliter le
repeuplement de jeunes coupes. Dans quelques
forêts on a foin de faire extraire, dans l’année qui
piécbàtVcxplctitation, les houx, genêts, bruyères,
épines & autres mauvaifes plantes q u i, n’ étant
que ravalées par les explorateurs, s’emparent du
fol après Y exploitation, & retardent ou anéantif-
fent le recru des bonnes effences. Après cette extraction
qui a donné une efpèce de labour au terrain,
on répand à la volée une grande quantité de
glands & faînes. Il eft encore très-utile d’établir
des troupeaux de cochons dans les futaies defti-
nées à être abattues , pour qu’ ils fouillent la terre
& enterrent les femences. Enfin, on fait repeupler
les vides par les adjudicataires, par les_ gardes,
les ufagers, ou de toute autre manière indiquée
dans les inftruCtions de l’adminiftration.
C h a p . XII. — Réfumé de ce qui précédé.
i° . Les futaies pleines ou en maflif font indif-
i penfables dans le fyftème général de l’aménagement
des forêts. Leurs principaux avantages font
de fournir des pièces de grandes dimenfions qu’on
ne pourroit trouver ailleurs, & beaucoup de bois
, de fente; de pourvoir aux befoins de la fociété,
! foit en argent, foit en matières, dans des circonftances
extraordinaires; de procurer de grandes
reffources du côté du pâturage & du panage;
d’exercer une influence favorable furl’âtmofphère;
d’oppofer des obftacles à la dégradation des montagnes,
& de fournir plus de bois que les taillis
dans le mêmeefpace de temps, furtoutlorfqu elles
font conduites d’ après les bons principes.
2®. Les éclaircies, fagement employées dans les
futaies, font des moyens certains de les régénérer
& d’en favorifer confidérablementl’accroifîemenr.
La méthode de M. Hartig fur cet objet paroît
complète & ne rien laiffer à defirer. Elle borne à
120 ans l’aménagement des futaies de hêtres,
& à 180 celui des futaies de chênes, & elle affure
le repeuplement naturel de ces futaies.
5°. Il réfuite des calculs de M. de Perthuis, que
la différence du produit en argent d’une futaie
éclaircie à celui d’une futaie non éclaircie, eft d’en-
I viron fix feptièmes en faveur du premier; que ce
1 produit, comparé à celui des gaulis avec futaies ,
j aménagés à 70’ans, eft encore de moitié plus fort ;
| que les taillis avec réfer ve de futaies, conduits