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au moins pendant les deux, premières années. Il
faut toujours couper les pouffes de cet ofîer après
le mois de janvier & avant le mois d'avril, fi-on
veut qu'elles jouiffent de toute la flexibilité qui
leur elt propre , flexibilité inférieure à celle de
plufieurs autres. Ainfi x ceux qui attendent qu’elles
ioient en fève pour les dépouiller de leur
écorce , font mal. Il vaut mieux faire cette opération
après leur défi:c.cation , en les mettant
tremper dans l’eau pendant deux ou trois jours.
La forme alongée des feuilles de ce foule, &
l,e foyeux brillant de leur face inférieure, le rendent
très-propre à orner les jardins payfagers, où
il fe voit fouvent en touffe, mais fort rarement
en arbre.
La chenille de la pyrale chlorane ronge l’extrémité
des bourgeons de ce foule, en fe. cachant
fous leurs feuilles, qu’elle lie enfemble, & par-là
Jes empêche,de s’alonger. J'ai vu des années cù
elle étoit fi abondante , que peu de bourgeons
.arrivoient à leur grandeur. Il eft donc ■ très-important
de la détruire, & on le peut facilement, en
l ’ écrafant entre les doigts.
Je doute que le faule amandier foit une efpèce
-diftin&e,. car^’ai vu fous ce nom,.tantôt des variétés
du faule pentandre, tantôt des variétés du
faule triandre.
Le faule ofîer jaune, ou Amplement Y ofîer jaune ,
a les pouffes de l’année précédente plus flexibles
que celles d’aucune autre efpèce indigène j auffj j
le cultive-t-on le plus pour la vannerie fine, pour
les liens des efpaliers, des vignes , &c. Il profite^
affez dans les mauvaifes terres, pour qu’on puiffe
le planter avec fuccès autour des vignes en coteaux.
Sa plantation & fa culture ne diffèrent pas
de celle de l’êfpèce précédente , fi ce n’eft qu’il
peut être ifolé avec moins d’ inconvénient , parce
qu’on tire un aufli bon parti des rameaux qu’ il
pouffe fur fes bourgeons , que des bourgeons
mêmes,, pour les deux derniers fervices précités.'
Placer ce faule. en tige dans les jardins payfa-
gers,. fans lui couper la tête ,. produit un très-
bon effet j cependant on l’y voit très-rarement.
Une maladie dont je n’ ai pu reconnaître la
caufe, affeéte ce faule,. & force fouvent à en arra.-
eher des plantations entières : ce. font des tache
noires, comme des biûlures, qui fe développent
fur l ’écorce , qui empêchent les bourgeons de s’élever
& rendent leur, bois caffant.
Plufieurs infe&es de la famille des chryfbmèles,
qntr'aucres l’altife vitelline, rongent fes feuilles
au printemps & s’oppofent quelquefois à fon développementcomplet.
Le foule rouge eft moins fréquemment cultivé
aux environs de Par-is que le précédent,, parce-
que fes pouffes de l’année font plus-caftantes que;
les Tiennes. Dans l’eft de la France il eft préféré';'
on l’y voit peu en touffe, à raifon du parcours
des beftiaux qui y exifte dans toute fa rigueur, &
qui ne permettrait pas dîen retirer la récolte..
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C ’eft en tige , fouvent à dix ou douze têtes fuc-
ceflives qu’on le tient, ce qui produit un fingulier
effet, lequel m’a porté à defirer qu’ il fût ainfi
tenu dans les jardins payfagers , où il fe feroit
certainement plus r »r.arquer que bien d’autres
atbres qui s ’y plantent communément. v
Tout ce que j’ai dit du précédent lui eft du
refte, applicable.
Le faule hélice couvre les bords des torrens de
tous les pays de montagnes, & principalement
dans les Alpes. C ’eft l’ arbufte qui rend le plus de
fervices aux cultivateurs des vallées, parce qu’il
garantit leurs cultures de la- dévaftation, & qu’ il
leur fournit tous les trois ou quatre ans un chauffage
abondant. 11 profpère dans les- fables les
plus incohér.ens , pourvu qu’il s’y trouve de
l’humidité , & , par le moyen de fes racines, en
fait un tout capable de réfifter aux plus fortes
eaux, dont d’ ailleurs fes tiges flexibles, à la bafe
defquelles d’autres fables s’accumulent, ralen-
tiffent le cours Sa multiplication s^effeétue naturellement
par fes graines, toujours très-abondantes,
& artificiellement par fes boutures. Pour
accélérer cette multiplication , tantôt on divife à
la hache un vieux pied en plufieurs touffes, qu’on
plante féparément > tantôt on couche une branche,
garnie de beaucoup de rameaux,.horizontalement
en terre, de manière .que l’extrémité de ces
derniers fe montre au jour, & l’année fuivante
on a autant de rameaux. La voie des boutures-,
eft aufli fréquemment employée.
Le rapprochement & la flexibilité des tiges
étant, comme je l’ai obfervé plus haut, une des-
qualités de ce faule, on doit le couper le plus
bas poflible, ainfi que je l’ ai également obfervé,
tous les trois à quatre ans ai», moins. Oîr-fait de
mauvais paniers avec (es pouffes de l’année précédente.
Il fe place dans les jfrdins payfagers,
où la couleur verte foncée de fes feuilles le fait
remarquer.
Le foule pourpre a infiniment de rapports avec
le précédent, &. a été confondu avec lui par tous
les botaniftes qui ne l’ont vu que dans des her-
I biers. Mais les cultivateurs q u i, comme moi,
l’ont poffédé vivant, ne peuvent fe refufer à l’en
diftinguer, en comparant toutes leurs parties &
leur manière différente de végéter , les pou fies
de l’autre s’élevant droites celles de celui-ci
fe recourbant pour ramper. Il doit être encore
plus précieux , à raifon de cette difpofition Naturelle
, pour garantir les propriétés des ravages
des torrens ; mais je ne.l’ai jamais rencontré dans
les montagnes où j’ ai1 voyagé, & où j’ai obfervé
tant de fautes hélices.
Le faute ondulé eft extrêmement .abondant fur
les rives de U- Mofelle, où j’ ai eu occafion de
m’affurer cfli’ il rempliffoit, mais à un moindre
degré, .les indications dés précédens & du fuivant.
Je n’ai rien à en dire de plus.
Il efl des. lieux ou. la Seine,, aux environs de
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Paris, eft complètement bordée de foules triandres.
je l’ai-vu également abondant dans beaucoup!
d'autres partiesde la France, principalement dans;
les .montagnes. 11 remplit encore les indications-
précédentes, quoique les jeunes poufiès, moins
flexibles, l’y rendent un peu moins propre. Je;
ne puis trop en recommander la plantation dans
les matais,. où il fe plaît mieux que les efpèces
précitées, parce qu’il favorife extrêmement 1 e-
lévation du fo l, & que cette élévation doit être,
le bat conftant des propriétaires.
La couleur foncée des feuilles de ce faule, &
l’épaiffeur des buiffons qu’ il forme, permettent
de l’employer à ia décoration des jardins payfagers
, ou il fe voit du refte affez fréquemment . On
le multiplie de boutures avec la plus grande facilité.
Le faute.blanc eft proprement le foule des cultivateurs.
C ’eft lui qui fe plante dans toute la
.France, fur le bord des ruiffeaux & des rivières,
dans les lieux humides , & qui fe difpofe;en têtards
élevés de fix à huit pieds, pour que les beftiaux
n’ en.mangent point les touffes, dans le butd avoir,
tous les cinq-à fix ans, des perches propres à un
affez grand nombre d’ ufages.
Rarement on laiffe monter le faule blanc en liberté
j cependant la couleur de fes feuilles &
l’élégance de fon port lui font produire de bons
effets dans les jardins payfagers , lorsqu’il n’y en a
que quelques pieds, & qu’il eft bien placé pour
contrafter avec les autres arbres. ^
Le bois du foule blanc a le grain uni & homogène.
Il fe travaille affez bien, même au tour. Sa
couleur eft le blanc-rougeâtre mêlé d’un peu de
jaune. Sa pefanteur eft, fec, irj liv. 6 onc. 7 gros
par pied cube; fon retrait, un peu plus du fixieme
deion volume. Or#en fait principalement des.planches
appelées voliges. Ses branches fervent à chauffer
le four, à faire bouillir la marmite, cuire la
chaux, le plâtre. La dépouille de fes têtards s’emploie
en perches1 pour les clôtures , en échalas
.pour les vignes, perches & échalas qui durent
peu,: mais qui fe reproduifept avec encore plus de
-rapidité qu’ ils fe détruifent^
Les feuilles.du foule blanc font du goût de tous
les beftiaux > cependant il eft rare qu’on les leur
xfonnÇi! - 1 J ■
L’écorce,du faute a été propofée pour être fubf-
tituée au quinquina dans les fièvres, & beaucoup
d’expériences.ont prouvé qu’ elles étoient en effet
fouvent fpicifiques dans ce cas.
Une fabrique de ehapèaux cen, lanières de faule
blanc, a été établierà.-Caen;,. & j’ ai dû être très-
fatisfai.t des produits.qu’elle a mis dans le commerce.
Généralement on multiplie le foule blanc, en
France, au moyen de tiges de trois ans & de fix
•à huit pieds de long, tiges coupées fur!un têtard^
^connues fous le nom deplançons:^. qu’on place,.à
la fini de l’hiver, dans un trou fait au; moyen d’un
-pieu de. bois ou de fe r ,; ou.mieux, avec une ta*
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rière, ou mieux avec une pioche. Il faut que ce
trou ait au moins un pied de profondeur.
Les plançons les plus droits & les plus dégarnis 4 e branches doivent être préférés. Les aiguifer
par le gros bout aflure leur reprife, parce que
cela les fortifie contre les efforts des vents. Sjx
pieds font la plus foible diftance à laquelle on doive
les placer. Au mois d’août fuivant, on fupprimera
tous les bourgeons qui auront pouffé le long de la
tig e , pour que la lève d’automne puifle être
toute employée à fortifier ceux du fommet.
Cependant, comme ces plançons ont une écorce
épaiffe, les bourgeons adventifs ont fouvent de
la peine à les percer, lurtout lojfque terre n eft pas-
humide ou le printemps pluvieux ; aufli fe defle-
chent-ils très-fréquemment. Je crois, en confé-
quence, que chaque propriétaire devrait avoir,,
dans un lieu frais & clos, une petite pépinière
où il planteroit des boutures de branches d un an,
à deux pieds de diftance, boutures auxquelles il
donneroit deux binages par an, qu’il tailleroit en
crochet la fécondé année, élagueroit & planteroit
à demeure la troifième, en laiffant quelques brindilles
à leur fommet. Voye% P l a n t a t i o n , P l a n -
c o n & B o u t u r e .
La tonte des fautes difpofés en têtards ne doit
commencer qu’ à leur feptième ou huitième année,
pour que leurs racines aient le temps de fe fortifier,
mais enfuite elle peut avoir lieu tous les trois
ans dans les bons terrains , & tous les quatre ans
dans les mauvais, & cela pendant un fiè tle , quoiqu’
ils deviennent ordinairement creux avant cinquante
ans > car la deftru&ion prefqa entière de
leur tronc, né les empêche pas de continuer de
pouffer avec vigueur, de forte que fi le revenu
qu’ ils donnent elt petit, il fe reproduit fouvent &c
pendant long-temps.
La tonte des têtards s’exécute pendant touc
l’hiver. Ses produits ne doivent pas être laiffés à
l’air, parce que les pluies y prolongent la végétation
& affoibliffent la qualité du bois., Il faut
donc les porter, après avoir fagoté tout ce qui
doit l’être, dans un grenier ou fous un hangard.
La théorie & la pratique proclament l'utilité
de Supprimer une grande partie des bour-geons
qui repouff-nt fur les têtards avant la fin de la
.première lè ve , parce que ceux qui relieront,profiteront,
comme je l’ai dit plus haut, de toute la
fève fournie par les,racines,. J’ai fii* cela des ob-
fervations qui conftatent qu’on peut fouvent, par
fuite de cette opération, tondre à deux ans les
foules qui ne ie font ordinairement qu’à trois.
Planter des yàü/w blancs en quinconce dans les
.places fu jette s à inondation, eft un moyen affuré
d’utilifer le terrain & dé l’élèver avec le temps.
Le faute fragile reffemble beaucoup au précédent,
&'ileti généralement pris pour lui,.quoiqu’ il
ait les feuilleb plus grandes & moins blanches. Ce
v u ’eft pas parce que fes rameaux font caffans qu’on