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par leur abondance. On en diftille la plus grande
partie.
f e ig n e s e n t r e l e 44e. & J e 43e* d e g r é d e l a t i t u d e .
Environ’40,000 heétires font plantés en v ig n e s
dans le d é p a r t cm a n t d u V a r , oui , dans quelques
cantons, fourniffent des vins de première qualité,
tels que ceux de la G a u d e , de S a i n t - L a u r e n t , de
C o g n e , de la M a l g u e , &c.
Celui de V a u c lu f e en cultive 45,000 he&ares,
qui donnent, dans quelques lieux, des vins nullement
inférieurs aux précédens. Je citerai principalement
ceux de C o t e a u - B r û l é , de C h â t e a u n e u f
d u P a p e t de la N e r t h e , de S a i n t - P a t r i c e , de
B e a u m e s y &C.
Je n’ai point de données pofîtives fur la culture
des vignobles de ces deux départemens, mais je
fais qu’elle diffère fort peu de celle de celui qui
fuit.
Près de 25,600 he&ares de v ig n e s exiftent dans
le d é p a r t em e n t d e s B o u c h e s - d u - R h ô n e , le premier
où il y en a eu de cultivées en France, s’il eft
vrai que ce foit les Phocéens qui U s ont apportées
lorfqu’ils font venus fonder Marfeille.
Les vins communs de ce département font peu
agréables , mais il n’en eft pas de même de ceux
fabriqués avec les radins mufeats rouges & blancs.
On cite,av ec raifon, ceux de C a l l i s , de la C io t a t ,
de R o q u e v a i r e , d& B a r b a n t a n e y de S a in t - L a u r e n t ,
d’ A u b a g n e 4 &:c. .
Les principales variétés qui fe cultivent dans ce
département, font :
Le m a n o f q u in , Y u n i n o i r , Y o liv e t t e n o ir e .
Ces trois variétés font d’une précoce végétation,
craignent beaucoup les gelées & fe plantent
au fommec des coteaux.
Le p l a n t d ' A r l e s , le b r u n f p u r c a l , le p e t i t b r u n .
Celles-ci font moins précoces & fe plantent à
mi-côte.
Le c a t a la n ,1e m o u rv 'e b re y le b o u t i l l a n , Y u n i ro u g e .
Ces dernières font très-tardives & fe plantent
dans la plainé.
Le meilleur vin eft fourni par Y u n i n o i r , le b ru n
f o u r c a l & le m o u rv 'e b re
11 y a encore Y u n i b la n c , oui fait le bon vin de
Callis , l’a u b i e r , à qui eft du celui non inférieur
de Riez , & les mufeats rouge & blanc.
La pépinière du Luxembourg poffède de plus
les variétés fuivantes, qui lui ont été envoyées
de ce département : Y o liv e t t e b la n c h e , la p a n f e
c o m m u n e , la p a n f e m u fq u é e , le p l a n t d e d e m o i f e l le ,
le p l a n t f a l é , le p l a n t d e L a n g u e d o c , le p l a n t p a f c a l ,
la clairette 3 Y e f p a r g in t le b a r b a r o u x , le J jg a n i'e r e ,
le d am a g n e & le m o n a f ie r e .
Tous ces plants ,vfi divers, ont cela de commun,
qu’ils pouffent des bourgeons & des raifins
extrêmement gros & fort nombreux.
L*alignement de la v ig n e doit être du levant
au couchant. C ’eft au moyen fte croffettes qu’ on
la multiplie. On les efpace d’autant ptus que le
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terrain eft plus mauvais, & on les enterre à huit
pouces.
Une année après la plantation , on déchauffe
le plant 8c on le recèpe à trois ou quatre pouces
au-deffous de la fur face du fol. Cette opération
fe répète pendant cinq à fix ans au moins, au
grand détriment des produits qui pourroient commencer
moitié plus toc 5 mais on la regarde
comme néceffaire pour donner de la force au
plant, ce dont je ne conviens pas, puifque ce
font les feuilles qui fourniffent de l’aliment aux
racines. On ne peut defirer des ceps plus vigoureux
que. ceux des variétés précédentes plantées
dens la pépinière du Luxembourg, & ils n’ont
pas été une feule fois recépés.
Les ceps font mis fucceilivement fur trois courrons
ou branches, & y reftent autant que pof-
fîble pendant toute leur v ie , mais elle augmente
en nombre de faïmens à mefure qu’elle vieillit.
Lorfqu’on veut regarnir-une place v id e , on
incline un des courfons & on marcotte un de fes
farmens.
Le terrain de la Provence, aride par nature, &
épuifé par une culture de v ig n e s de vingt liècles ,
pourroit difficilement nourrir des ceps très-rap-
prochés. On écarte donc les lignes de 4 , 6 ,8 ,
10 pieds. plus, & on cultive l’ intervalle, appelé
O u i l l i Î r e (j o a l l e du Bordelais ) , en ;cé-
réales,en prairie artificielle, & c . La bafe des ceps
eft labourée trois fois par a o , & on leur donne
des engrais aulii fou vent- qu'on peut s’en procurer.
Les v ig n e s faites font pourvues, de diftance en
diftance , de gros & longs échalas , auxquels
font fixées des perches parallèles au fo l, & fur
lesquelles les bourgeons font accoles. Leshaütins
deviennent de plus en plus rares.
Je manque de renfeignemens pour compléter
ce qu'il y a à dire fur les vignobles de Provence,
dont je n’ai fait que traverfer une partie pendant
l’hiver.
Je dois à M. Vincent Saint-Laurent, mon collègue
à la Société d’agriculture , ce que je vais
dire" fur les vignobles du d é p a r t em e n t d u G a r d ,
vignobles qui couvrent 100,000 he&ares & qui
fe divifent entrois claffes; ceux de la V a n n a g e ,
ceux de S a i n t - G i l l e s , & ceux de la cô te d u R h ô n e .
La Vannage comprend des collines calcaires
peu fertiles, & une plaine caillouteufe qui l*ëft
quelquefois beaucoup. Elle offre toutes les exportions,
& toutes font bonnes. Le vin des v ig n e s
qu’ on y cultive eft prefqu’entièrement deftiné à
l’alambic.
R a i s i n s n o i r s .
A l i c a n t e .
E f p a r . Trè s -h âtif; vin très-coloré, un peu
acerbe, de bonne qualité.
V I l i a d e . Très-hâtif; vin noir, très-doux, li-
quoieux, de bonne qualité.
P iq u e p o u l e . Hâtif, produ&if, cafuel; vin de
bonne qualité.
U g n e . H â tif, produ&if, fujet à la pourriture;
bon vin. '
C a l i t o r . H â tif, très-produêtif, cafuél.
M o u l a n . Hâtif, fujet à la pourriture ; vin mat.
S p i r a n ou a f p i r a n t . Peu hâtif, produétif ; vin de
qualité médiocre.
T e r r e t . Peu hâtif, médiocrement produétif; vin
très-coloré.
R a i s i n s r o u g e s .
M u f c a t ro u g e . Hâtif; vin peu parfumé..
S p i r a n ou a f p i r a n t r o u g e . Peu h â t if, extrêmement
délicat.
P iq u e p o u le -b o u r r e t . Tardif; vin médiocre.
T e r r é - b o u r r e t . Tardif;, vin plat.
C l a i r e t t e . T ard if, produétif; bon vin.
M a r o q u i n - b o u r r e t , Tardif 3 id e m .
R a i f i n d e p a u v r e . Tardif; bon à manger» peu
employé à faire du vin.
R a i s i n s b l a n c s .
M a g d e l e in e . Très-hâtif, bon à manger.
U g n e . Très-hâtif, produétif} bon vin.
M u f c a t h â t i f . Vin excellent.
M a l v o i f i e ou m a r n é f ie . Hâtif; très-bon â manger.
M u f c a t g r e c ou d ' E f p a g n e . H âtif; le meilleur
pour taire du vin fec.
J u b i . Hâtif, produétif; bon vin.
D o u a i . Hâtif; vin médiocre, douceâtre.
C a l i t o r . H â tif, affez produétif, déteftable au
g o û t , fujet à la pourriture; vin médiocre.
C o là m b e a u . Peu hâtif, produétif; vin de bonne
qualité; la végétation la plus vigoureufe.
G a t e l . Peu hâtif; bon à manger ; très-bon vin,
employé pour le raifin fec, dit p a j f e r io s .
S e r v a n . Peu hâtif, bon à manger; propre à
être confervé. ,
C l a i r e t t e . Tardif, bon à mander, fe conferve
long-temps ; très-bon vin.
M u f c a t d e M a d a m e . T a rd if, bon à manger, fe
conferve. • -
S a o u le - b o u v i e r . Tardif, bon à manger, fujet à la
pourriture produétif; vin médiocre.
La plantation des v ig n e s a lieu ou dans des foffes
d’un mètre carré, ou dans des tranchées de toute
la longueur de la v ig n e , les unes & les autres de
50 centimètres de profondeur'. Cette dernière manière,
quoique plus coûteufe, eft préférable. La
diftance entre les ceps eft d’environ 155 centimètres.
Au bout de trois ans, la v ig n e commence à dom
ner des produits qui paient la dépenfe de fon entretien
annuel. Elle eft en plein rapport à dix ans,
fe maintient jufqu’à trente, & dure jufqu’à quatre-
vingt, lorfqu’elle eft bien conduite.
Les labours d’hivër fe donnent avec une bêche
appelée l u c h e i , qui expédie fort vite*
On donne deux binages aux jeunes v i g n e s , &
un feul aux vieilles.
Lorfqu’on peut fe procurer du crottin de brebis,
on en place une poignée à la bafe de chaque c e p ,
la terre à cet effet un peu creufée, & on le recouvre
avec la bêche.
La taille fur deux yeux eft la feule pratiquée
dans les v ig n e s en plein rapport ; quand elles deviennent
vieilles, & qu’on eft dans l’intention de
les arracher, on l’alonge pour en augmenter le
produit.
On ne fait point ufage d’ échalas & on n ebour-
geonne pas.
Trois à quatre pieds eft la hauteur commune de
la plupart des ceps arrivés à leur état ftationnaire.
On rabat la partie fupérieure des bras qui pouffent
des bourgeons fur leur vieux boi«, ou on incline
forcément ces bras & les farmens pour les empêcher
de s’élever davantage.
L’économie eft le principe de la culture de la
v ig n e dans le Vannage, parce que le vin étant entièrement
deftiné à faire“de l’eau-de-vie, on ne
cherche que la quantité. Il eft cependant probable
que les raifins qui n’ont jamais joui de l’influence
des rayons du foleil, parce que les bourgeons fe
réclinant tous vers la terre, les en prive, en donnent
moins que s’ ils y étoient expofés.
On a reconnu que le vin provenant du raifin
des jeunes v ig n e s donnoit moins d’eaurde-vie, &
il fe vend en conféquence. Ce fait eft en concordance
avec l’obfervation, que ce même vin elt
moins bon à boire que celui provenant des vieilles
v ig n e s .
L’égrappage n’eft pas ufité dans ce vignoble.
Toutes fes cuves font en pierres & enfoncées
dans la terre. On foule avec un fouloir. Le vin fe
vend dans la cuve, ce qui fait' qu’ il y refte fouvenc
long-temps.
Quelques propriétaires ont des foudres ; mais
elles coûtent trop cher pour que chacun puiife
s’en procurer.
Les tonneaux font faits en bois de chêne ou en
bois de mûrier.
Un heétare de v ig n e s donne, de dix à trente ans,
dix muids de v in , quelquefois plus. Il eft rare que
ce vin réfifte aux chaleurs de l’été. On en obtient,
par la diftillacion, de chaque muid, 340 livres
d’eau-de-vie.
Le v ig n o b le d e S a i n t - G i l l e s eft en plaine, dans
des attériflemens du Rhône, plus ou moins fur-
chargés de cailloux roulés. Les cantons où il y a
davantage de ces cailloux fourniffent le meilleur
vin. Les variétés qui s’y voient, font : l’e f p a r , le
- g r a n a c h e s le te r r e t y le m o u r e o n , la r a l l a d e , la c l a i re
t te , le p e c a r d a u & 1 e g a l l e t . Les trois dernières
font blanches & plus vineufes que les autres.
Toutes fe mélangent dans la cuve.
La plantation s’exécute après un profond labour
â la charrue, au moyen d’ un pieu dé fer qui fait
un trou de douze à quinze pouces de profondeur,