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Les mêrhes réfultats ont été obtenus par di-
verfes per Tonnes en France, en Allemagne &
en Angleterre , fur toutes fortes d efpeces d arbres.
Seulement on a remarqué.( Varenne de
Fenille ) que , dans les bois blancs, il y avoir un
r; trait confidérable. Ces bois blancs acquièrent
une telle force, qu’un peuplier de vingt ans, employé
fans être équavri, équivaut à une folive de
chêne prife fur un arbre de même diamètre.
Il fembleroit, d’après cela, que , depuis l’époque
où Buffon a publie le réfultat de fes belles
expériences , tous les arbres deftinés a la charpente
ou à la marine auroient dû être écorcés}
mais le vrai eft que nulle part on ne pratique ce
moyen précieux d’augmenter leur valeur. A quoi
attribuer cet oubli des véritables intérêts des
individus & de la fociété en général ? A l’ignorance
& à l’inertie. L’adminiftration foreftière
de l’ancien régime a pu s'oppofer à ce que lé -
corcement fût mis en ufage dansées forêts qui
appartenoient au R oi, même peut-être aux main-
mortables } mais la loi ne pouvoit atteindre les
propriétés particulières.
Quoique l’écorcement des arbres faffe certainement
mourir les Touches , ce motif, qu’on a mis
en avant, eft fans valeur aux yeux des hommes
inftruits. En e ffet, je ferai voir dans beaucoup
d’endroits de cet ouvrage, i°. que les plantes fe
iubflituent les unes aux autres i qu’un chêne de
plus d'un fiècle', qu’on coupe rez-terre, ne donne
que de foibles rejetons qui périffent bientôt, &
eft remplacé par des frênes, des charmes, des
hêtres, des érables, & c . , félon la nature du fol }
2°. qu’on gagne à n’ avoir , dans un bois deftiné à
devenir futaie, que des arbres venus defemences.
Les futaies provenues fur vieilles fouches ont.été
de tous temps, même avant qu’on en connût les
raifons, regardées comme mauvaifes, & jamais
on n’a pu faire venir immédiatement une futaie
de chêne là où il y en avoit déjà une. ( Voyej A ssolement.) Il eft donc avantageux d’empêcher
les gros chênes de donner des rejetons, afin
de faciliter l’accru des efpeces dont les graines ont
germé dans le voifinage i il eft donc avantageux,
fous le point de vue de la reproduction des bois,
de les écorcer fur pied. Je fais des voeux pour
qu’ enfin les propriétaires & les perfonnès qui emploient
des arbres pour la charpente, furtout le
Gouvernement, pour la marine, profitent des
expériences de Buffon, & faffent écorcer tous
les arbres dont ils ont befoin.
AUBINER. On donne ce nom à l’opération de
mettre en Rigole les boutures de la vigne pour
leur faire prendre des racines.
C ’ eft toujours dans un fol humide ou dans une
expofition ombragée qu’il convient tiaubiner.
Quelquefois on laiffe le plant pendant trois ans
dans la place où il a été aubinéj pour lui donner le
temps de fe fortifier. Voye^ V igne.
A U G
AUBLETIE. Auhletia. Trois genres de plantes
portent ce nom : celui fait aux dépens de la V f r-
veine A LONGUES f leu r s; celui conftitué fur
des Pa l é tu v ie r s ( voyc{ Bl a t t i ) ; celui cjui
rentre dans les Pa liu r e s.
AUBRÉ. Synonyme d'ARBRE dans ]e départe-
ment de Lot 8c Garonne.
AUBRESS1ES. Synonyme d'AuBÉPiNE.
AUBRET1E. Aubrecia. Synonyme de VÉsi-
CAIRE. .
AUCUBE. Aucuba. Arbriffeau du Japoij qu'on
cultive dans nos orangeries depuis quelques années.
St qui feul forme un genre dans la monoecie
tétrandrie 8c dans la famille des rhamnoiles. 11
eft figuré pi. y jp des lllujtrations des Genres de
Lamarck. .
Ce fie font point fes fleurs, petites 8c d un bleu-
verdâtre, qui rendent Y aucube du Japon intéref-
fant aux yeux des cultivateurs; ce font fes feuilles
larges, épaiffes , luifantes, d'un vert-pâle 8c ta-
chetées de jaune. On le multiplie avec la plus
grande facilité par le moyen de boutures, qui,
placées , au printemps, dans des pots remplis de
terre de bruyère, fur couche & fous châftîs,
prennent racines dans le courant de 1 é té , & fleu-|
riffent fouvent l’année fuivante.
Deux ou trois pieds eft la plus grande hauteur
auquel parvienne cet arbre dans nos orangeries,
mais j’en ai vu en pleine terre en Italie, qui avoient
plus du double. On doit lui donner, pour le
faire profpérer auffi bien que poflible, de la terre
de bruyère mêlée de terreau , & des arrofemens
abondans en é té , mais rares en hiver, car il craint
beaucoup l'humidité de cette faifon y le laiifer dans
fa forme naturelle eft toujours le meilleur.
Les pieds qu’on hafardera, en pleine terre, dans
le climat de Paris , feront places dans une terre de
bruyère, à l’expofition du nord.
AUDIAN-BOULOHA. Voyei Pithone.
AUDIVIL1NE. Nom du Seneçôn v u lg a iRî
en ba$ breton.
AUGÉE. Augea. Plante du Cap de Bonne-
Efpérance , que nous ne cultivons pas dans nos |
jardins. Elle forme feule un genre dans la décandrie
monogynie.
AUG E LOT. Petite F osse carrée, creufée avant1
l’hiver dans les vignobles des environs d’Auxerre,
pour y planter la vigne au printemps. On appel é,
dans ce canton , cette méthode de multiplication, I
planter a /’angelot. Voyez VlGNE.
AUGIE. Augia, Arbre de la Chine & de là O 1
chinchine, qui feul conftitué un genre dans la polyandrie
monogynie & dans la famille des gutuers*
On ne le cultive pas dans nos jardins.
Cet arbre eft d’une grande importance pour **
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pays où il croît, attendu que c’ eft des entailles faites
a Ion écorce que découle cette liqueur réfineufe .
qu’on appelle vernis de la Chine, dont on fait un fi ;
grand & fi productif emploi dans ces pays. Voyei
Vernis. ‘ r ■ . . .. A raifon de fon âcreté, l’ extradtion du vernis
de la Chine eft accompagnée dequelquesdangers i
auffi les régie mens exigent-ils que ceux qui s’y livrent
foient frottés d'huile, & en outre pourvus de
gants, de bottes & d’un mafque. Trois entailles
fuffifent pour épuifer un arbre en un jour, mais
on peut renouveler ces incifions tous les mois de';
l’été. ■ . •
On diftingue plufieurs fortes de vernis de la
Chine, mais on ignore fur quels motifs font établies
leurs.différences. On lui unit fouvent l'huile
du T ong-chu. . . ,
L’application du vernis de la Chine demande de
la pratique pour être bien faite. Chaque couche
eft extrêmement mince, & fe polit avant de placer ’
la fuivante.' .
AUGUENILLA . C ’ eft uneJovELLANE. ■
AUGUO. Un des noms de la Z o o st èr e .
AUJON. Altération d’Ajon c .
AULACIE. Aulacia. Arbre de la Cochinchine, ;
; fort peu différent du VAMPi de: Sonnerat, qui
feul conftitué un genre dans la décandrie monogy-
nie. On ne le cultive pas en Europe.:
AULAX. AuLtx. Genre de plantes établi aux
| dépens des Pro t é e 's. ' 1
AULX. V~oyei Ail .
AUM AILLE. On appelle ainfi 1a V ache dans
quelques lieux.
AUMELIERE. C ’eft, aux environs de Boulogne,
line vieille V ache qu’ on fait faillir de manière
quelle mette bas aux approches, de l’hiver &
i qu’elle puiffe donner du lait pendant cettè faifon,
! après lequel on la niet à l’engrais.
AUNAFIER. Synonyme d’ÀUNÉE,
AUNE. Alnus. Genre de plantes de la monoecie
: & de la famille des amentacéès j qui a été réuni
[ aux Bouleaux par Linnæus, mais que la plupart
; des botaniftes en diftingûent. Il réunit plufieurs
efpèces d’arbres, dont un, fort commun en France,
eft , fous plufieurs rapports, très-utile aux culti-
\ vateurs.
. Efpeces.
i. L’Aune commun.
Alnus glutinofa. Wilid. I) Indigène.
2. L’A une à feuilles obîongues.
Alnus oblongata- Wilid. T> Du midi de l’Eu-
f îope. .
3. L’Aune blanchâtre. ‘
Airbus incana. Wilid. Des Alpes.
4. L’Aune à feuilles arrondies.
Alnus fubrotunda. L’Amérique feptentrionale.
y. L’A une à feuilles en feie.
Alnus [errata. Willd.fjDe l’Amérique feptenr
trionale.
6. L’Aune à feuilles en coeur.
Alnus cordata. Desf. h Dis* . . . .
7. L’Aune à grandes feuilles.
Alnus macrophylla. Desf. T? D e . . . . .
v8. L’Aune rouge.
Alnus rubra. Wilid. f) D e . . . . .
9. L’A une à feuilles ondulées.
Alnus.unduluia. W ilid, h De l’Amérique fepten-
trionale.
Culture.
Tous les aunes profpèrent principalement fur
le bord des eaux courantes, dans leslieux fouvent
inondés , dans Tes terrains conftamment humides.
Vaime commun croît avec une très-grande rapidité
, parvient à une hauteur & une groffeur très-
confidërablés, fournir, 'i°. un bois propre, à raifon
de fa longue durée dans l’eau & dans la terre, à
faire des tuyaux de conduite , de? pilotis, des
fafeinages, & , à raifon de fa grande légèreté , des
fabots, des vafes de mé'qage, des 'échelles, des
chaifes , &c. 5 20. Une écorce très-employée au
tannage ou corroyage des" cuirs, à la teinture en
fauve des mêmes cuirs, des filets, &c. 5 30. des
feuilles qui peuvent être données aux beftiaux^,
foit fraîches , foit fèches, quoiqu’ils les rebutent
d’abord. A ces avantages il joint celui de relever
très-pïomptement le fol des lieux fufcéptibles
d'inondation, par le moyen de fes racines fuperfi-
cielles, qui s’élèvent & forment des réfeaux capables
d’arrêter les terrés. Malgré cela il devient
de plus en plus rare en France} ce qu’on doit
attribuer aux defiechemens qui ont eu lieu dans
le cours du fiècle de'rhièr.
La croîïfante de Y aune eft très-rapide dans fa
; jeunefte. On peut le couper en taillis tous:les fix
ou huit ans, & en obtenir des perches de quinze à
vingt pieds de hauteur & de la groffeur du bras.
Lorfqu’onle laiffe en futaie, il diminue fucçeffive-
ment de vigueur} cependant, s’ il eft fur un feul
.brin , il ne lui faut que trente à quarante ans pour
arriver à une hauteur de foixante pieds & à un diamètre
de deux pieds. Rarement un.aune de cette
groffeur eft fain dans ,fon intérieur} auffi doit-on
le couper lorfqiiil én a acquis ia moitié , époque
où il peut être employé à tous les ufages auxquels
il eft fpécialemeht propre.
Il fut une époque où les futaies à3aune rappor-
toient plus que les .futaies; de chêne de même
â g e , parce que les fabotiers fe les difputoient}
mais la confommatjon des produits de leur in-
, duftrie. ayant diminué, la matière première a dû