
ries nouaos précifes. Au refte, il ne m’a pas paru
que., dans.la pratique, la différence entre ces deux
efpèces, Sç encore moins. en truelles &: les autres,
iûtafîèz marquée, fous les deux rapports précités,
pour qu’il y ait beaucoup à regretter ce manque
ci’inftruétion, lorfqu’ on fait,, comme je l’ai indiqué
plqs haut, quelle eft la nature du fol qui convient j
particulièrement à chacune d’elles.
Quelqu’abondans que foient les chênes dans, nos
forêts;, ils ne le font pas. autant > à beaucoup près,
qu’il feroit à d.-firer. Qn fe plaint généralement,
& , félon moi , avec raifon , qu’ils diminuent
annuellement partout. Piufieurs caufes. cqdgout
rent à ce. trille réfuitat, parmi lefquelles la def- -
truâion des futaies des patticuliers, produite p.ar
le lourd impôt qu'elles fupportent, tirent le premier
rang. En effet, c’eft principalement dans lqs, futaies
pleines, qu’avant leur coupelles g-lands. fe trouvent
dans des ci rconftanc.es favorables pour germer ; 1
qu’apiès leur coupe , les, vieilles fouçhes périfiëtu
$£ q.u’ i.1 fe reproduit des, bois, blancs, trembles,
bouleaux, Sic. , qui garant iffênt les jeunes pieds
des ardeurs, du.foleil, &. qui, à foix,ante ou quatre-
vingts ans, leur cèdent la place. Ce fait, qui s'appuie
fur la théorie, dqs A^sq lEiMENs , eft la bafqde
llexcellerue pratique fuivie par M. de Violaine,
dans la forêt de Villers-Cotterets, pratique dont
il fera queftion ailleurs. J’ai partout abfarvé que les
taillis ne fourniffoient des chênes de-brin, qued^ns
les exçellens terrains, & c e , même en petite,
quantité, ce qui.s’explique encore par la théorie
des affolemens, puifque les. fauches de chêne de
ces taillis ne meurent que fucceflivement,
Malheureufement il n’eft prefque jamais, vu
l’état aétuel des moeurs publiques & privées en
Europe-, dans l’intérêt des propriétaires pères
ds famille, de planter des forêts de chêne, à raifon
de la grande dépenfe de cette opération &
du long temps qu’il' faut attendre pour en jouir ;
car? la e-hufe ci-deffus , c’eft-à-dire, l’impôt, pen-
cknt-ce temps, abforbe 8c au-delà , ayec encore,
plus de certitude, le capital qu’on a . droit d’en
■ efpéter, puifqu’if y a une mifé dehors de plus.
Que faire dans ces deux cas? confervqr fes fu-„
taies & en planter, car il n’ eft pas poffible que.les.
g-mvernemeps ne s’éclairent fur leurs vrais, intérêts,
& ne, viennent bientôt, par des diminutions,
de l’impôt Sç par la remife de fon paiement au;
moment de la coupe de la futaie , au. feçours des*
propriétaires! N'eft-çe pas après la récolte des cé-,
ré'aiés, des fourrages, dés fruits, & c ., que fe paient
Us impôts -diredis ordinaires? Seroit-iJ même poffible
de les faite payer plus tôt ? Remettre à: l’epoque
de la coupe dès bois,l’ impôt qu’il eft jufte qu’ils fnp-.
portent,; ne feroit donc qu’un a£te de ftriâe juftiçé.j
Sans doute il pourrait naître des abus, de ce nouvel;
ordre de choies : quelques propriétaires pourraient;
diminuer;, un an ou deux avant la coupe aùt-hen(tiq.ua
de leurs bois;, la valeur de cette coupe,, en Yen-»
dant clândeftineme.nt les plus beaux arbres, ou ,
après fa coupe, en fimniant la femme à laquelle
elle a été eftimée oq vendue? Mais; dans quel
mode d’impôt n’exifte-t-il pas. d’abus ? Ne peut-
on trouver de moyens pour Içs faite eçjffer, ou au
mpins les affaiblir ?
Cette digreffion a été. néçerfffté-e par le fujet
même que j’entreprends de traiter actuellement.
Je reviens àu chêne.
Les. fruits du chêne s’appellent G lands j ils
varient comme les autres.parties de l’arbre, non-,
feulement félon les efpèces , mais dans prefque
chaque arbre de la même efpèc.e. On en voit dans
la même forêt de très-gros, de très-petits, de
très-courts, de très-alon^és;, d:e très pgjes, de
colorés , d’ifqiés:, d,a réunis en grand nombre
au mêmq point, de doux, d’acerbes,, &ç. Leur
production, quelquefois exceffive, varie également
toutes les années, feit parce qu’elle a été
furabondante & qqe: les pieds, épuifés, ne peuvent
plus fournir, la même Quantité dé nourriture
, fait parce que les gelées ou les, pluies
froi, les du printemps, Ce font oppofees à la fécondation
des fleurs. Quelquefois la plus grande partie
des glands ne parvient pas à maturité par le fait 4’infçétgs des genres. CnAitANçoN., Mouche ,
qui dëpofent leurs oeufs fur, leur furfaqe , d’où
foutent des; larves qui dévorent leur intérieur.
fl eft. de,s. chênes dont les glands arrivent à leur
perfedt/.on dans le cours d’ un été j il en eft d’autres,
Si ce font la plupart de ceux qui confervent leurs
feuilles pendant [’h iver, où ils relient deux ans
fur l’arbre. Cette différence n’apporte d’ailleurs
^uçune modification dans leur nature.
Les hommes fe nour ridaient d’abord de glands,
d’après le témoignage des plus anciens hiAériens.
Les, commentateurs, qui n’étaient pas botanifles,
ont recherché-comment- ils les p.réparoient, car
les glands des chênes roure Sç pédpn.çuléi font très-
acerbes, Si ils ont décidé qu’ ils, les fa>!oient bouillir
dans une leftive alcaline, opération qui les adoucit
en effet ,,mais, qu’à l’époque en. queftion , oh ne
pquvoit fans doute pas e x é cu te r fa u te d ’alcali &
de vafe. Il eft probable que les premiers h,abitans
cîe la Grèce mangeoient, comme leurs âçfcen-
dant mangent encore , le gland doux de; ce- pays.,
celui du quercus. efçulus,. comme • te? EfpagnoJs
mangent, Sç comme j’ai mangé avec eux, ce upc
des quercus rotundifolia , Turiieri , gibra.ltaricq ,
Ag^lopi/pliq , faginea y ca-fiiUe-ana, &c.,, lefquels,,
quoiqu’inférieurs en bonté à la; châtaigne, font
fufçeptibles d’être fer vis fur la table, foit crus,,
foit cuits fous, la^qendre. ou, dans l’eau.
Les Ruffes, dit-on, font fermqnter les glands
Sç en tirent une liqueur alcoolique.
Dans les. années fayorables^la quantité de glands
exiftans fur chaque arbre adulte, c’ eft-à dite, de cinquante
ans., eft. te île qu’elle fuffiro.it pour planter un
arpent. Combien dépens piqntsroit-on ^ipnçavec
‘ les produits d’un arhee ifqté, en bon fonds., de,
^ v. * cinq
€înq à fix cents ans ! On ne petit s’ en former
une* idée ; mais je ne croirois pas trop m’éloigner
de ia vérité en fuppofant cinquante arpens. Or, en
multipliant cinquante par le nombre des chênes qui
fe trouvent dans une feule forêt, on a pour ré-
fultat que fi tous les glands de cette forêt produi-
foient un arbre, la France feroit couverte de chênes
l’année fuivahte, & que l’ Europe ne tarderoitpas
à n’être plus qu’une forêt impénétrable.
Mais de ces milliards de glands qui naiiïent en
utie forêt, dans les années d’abondance, peu
font deftinés à fournir des pieds. D’abord beaucoup
, comme je l’ai obfervé plus haut, font
altérés par la piqûre des infeétesi beaucoup tombent
fur des touffes-d’herbes , des feuilles, fur la
terre battue, où ils ne peuvent germer, & ils font
mangés par un grand nombre de quadrupèdes &
d’oifeaux. Dans certaines années froides & plu-
vieufes, ils pourriffent dès qu’ils font tombés ;
dans certaines autres , chaudes & fèches , iis
perdent leur faculté germinative, par fuite de
leur raccorniffement.
Les cultivateurs, darfs les pays où des lois mal
combinées ne s’y oppofent pas, utilifent une grande
partie des glands qui feroient ainfî perdus, en les
employant à la nourriture de leurs cochons, de
leurs oies , de leurs dindons, &c. , dont ils fa-
vorifent beaucoup l’engrais & dont ils améliorent
confidérablement la chair. Pour cela, tantôt ils font
ramalfer les glands dans les ferêts, un à un, ou avec;
des râteaux, pour les,apporter à la maifen & les
diftribuer journellement $ tantôt ils y font conduire
les animaux ci-deffus défignés, qui les mangent
fur place. On appelle,glandée l’ une & l’autre
de ces opérations.
La glandée eft de droit commun dans tous les
pays où les forêts de '-chêne font encore Rom-
breiifes. Elle étoit reftée, à l’époque de la révolution
, un privilège pour beaucoup de communes
limitrophes’des bois appartenant a-û Roi , à" TË-
g'ife, & même à quelques particuliers. La nouvelle
adminiftration forellière , fe fondant fur l’ opinion
que la glandée nuit aux repeuplemens, a cru uevoij?
la reftreindre aux années abondantes & aux per-
fonnes qui en deman loient l’autorifation. Il eft
évident que cette modification du droit ancien eft
ilia foiré; puifque les cultivateurs ne font jamais
certains d’obtenir cette permiffion , & qu’ il faut
le favoir au moins fix mois d’avance pour pouvoir
en profiter avec toute Famplitude dèfirable, c ’eft-
a-dira , pour acheter dés cochons , des oies, des
dindonneaux. D'ailleurs, je ne partage pas l’opinion
fur laquelle elle eft fondée 5 car d’abord , comme
on vient de le v o ir , il y a des milliards de graines
qui ne doivent^pas germer, & elles feroient perdues
fi aucun animal ne s’en nourriffoit j er.fuite ,
c clue les cochons, en remuant la terre pour
trouver les glands , en enterrent plus qu’ ils en
mangent, ainfî que je crois m’en être affuré par
l obferyation. Je voudrois donc que la glandée
Dici. dçs Arbres & Arbvftes,
J fût permife,’ dans les années abondantes, dans toutes
les foié.s dépendantes du domaine public, feulement
qu’elle ne put être prolongée au-delà du
i cr. décembre, parce que les glands échappés aux
premières recherches font alors prefque tous enterrés
& peuvent germer.
Dans les années où l’été eft fec & l'automne
pluvieux , l’enveloppe de beaucoup de glands fe
fend avant leur chute, & même le germe de quelques
uns fe développe. Si ces glands ne tombent
pas dans un trou, ils fe deffèchent de- fuite. Ii eft
même des efpèces, comme le chêne toujours vert
d’ Amérique, où cette circonflance fe préfente
prefque tous les ans avec une grande amplitude.
On peut conferver les glands en tas pour la
nourriture des beftiaux,. fans grands inconvéniens,
pendant environ deux mois après leur récolte,
pourvu que ces tas foient dans un lieu frais Sc
que leur furface feit couverte de paille, de moufle,
de feuilles fèches , &c.> mais alors les uns fe def-.
fcchent & prennent une couleur plus blanche , &
les autres fe pourriffent & deviennent noirs. Si on
defire les garder plus long-temps , il faut les ftra-
tifier en terre , ainfî que je le dirai plus bas.
En général, je le répète, tout gland qui s’eft def-
féché eft perdu pour la reproduction, parce que fon
germe eft immédiatement deffous fen enveloppe :
auflî n’y a-t-il que ceux qui tombent dans des trous,
qui font recouverts par des feuilles, qui germent
niturellement \ auflî n’y a-t-il que ceux qui ont été
^.Stratifiés qui puiffent être femés, avec fruit ,
après l'hiver.
Par contre-coup , les glands trop enterrés ne
germent pas non plus. C ’eft faute d’avoir fait cetce
remarque , que tant de femis n’ont point réuffi, .
Dans les forêts, ils germent même prefque tous à
la (urface de la terre , protégés contre la deffic-
cation ( le Hale , voye\ ce mot) par les feuilles
tombées après eux , feuilles qui les recouvrent &
entretiennent autour d’eux une confiante humidité.
Alors c’eft leur radicule feule qui pénètre dans la
terre. Il fuffit de mettre à nu la trrre feus les vieux
chênes des taillis , au printemps, par l’enlèvement
' deSfeuilles.pour s’ affurer de ce fait, dont la confé-
quence eft, i ° . qu’i l faut les planter en état de germination
; 2°. les enterrer, au plus, à un pouce
de profondeur & pendant un temps pluvieux.
C ’eft ce que font les foreftiers & les pépinieriftes
éclairés.
En conféquence, dès que les glands font tombes
de l’arbre, iis feront ramaffés, mis en tas, pendant
une quizaine de jours, après quoi on les dépofera,
par lits de trois pouces d’épaiffeur, alternant avec
des .couches de terre de même épaifîeur, dans des
folles plus ou moins longues, plus ou moins Jarges,
plus ou moins profondes, félon la quantité , mais
telles que, pleines, il y ait au moins un pied de
terre fur la dernière couche. Là , tous ceux qui ne
font pas organiquement altérés , fi la terre n’ eft ni
trop fèche ni trop humide, fe conferveront en- b oa
O o