
»3 On commence rébourgeonnement lorfque
les raifins fe font apercevoir.
»3 Les bourgeons produits par les boutons les
plus bas & les plus rapprochés de la tige , font
réiervés, au nombre de deux ou trois au plus-,
pour être élevés comme on l'a vu à l’égard des
provins.
33 Ceux-ci, que les vignerons appellent m o n -
t a n s ou m e r r a in s , font deftinés à renouveler la
plante, & ménagés pour affeoir la taille de l’année
fuivante.
33 A l’égard des autres bourgeons, on fuppvime
avec le pouce tous ceux qui n’ont pas de fruits y
ceux qui en ont font arrêtés & raccourcis jufqu’au-
près des boutons ou de la feuille qui fe trouve uav-
médiatement au-diffus des raifins.
33 Plus tard on fupprime tous les nouveaux jets
pouiTés de la terre ou fur la tige, ainfi que ceux
nés aux aiflelles des feuilles des merrains, appelés
par cette raifon e n t r e - f e u i l l e s ; on fupprime' auffi
avec les ongles les tenons ou vrilles, diftribuées
lur la longueur de ces merrains > on attache enfuite
ceux-ci par un premier lien à l’échalas. On nomme
cette dernière opération r e le v e r l a v i g n e . S i, à ce
moment, quelques-uns des merrains atteignent le
haut de l’échalas , ou s’ils le dépaffent, ils font
arrêtés ou raccourcis à cette hauteur près de
l’ une des entre-feuilles qu’on laiffe à l’extrémité
fupérieure.
33 La fuppreffion des faux bourgeons, des entre
feuilles & des vriiles, eft ce qu’on appelle
é p lu c h e r l a v ig n e . Après cette opération, on donne,
avant que les raifins foient en fleurs, un premier
binage ou labour léger, pour détruire les herbes
& ameublir le terrain.
33 Plus tard, on épluche de nouveau la v ig n e
pour la débarraffer des poufles inutiles qu’elle a
faites, & la tenir conftamment à la hauteur de
l’échalas.
33 La fécondé taille après le provignement
s’ exécute en réduifant la plante aux deux merrains
élevés & ménagés pour la renouveler} on fupprime
tout le refte & on taille ces merrains comme
l’année précédente, la fupérieure à huit, dix ou
douze yeux ; l’inférieure à deux ou trois. Après
quoi, même difpofition en demi-cercles, même
labour foncier, même ménagement des merrains
, même ébourgeonnement, mêmes binages,
mêmes rognures, &c.
33 Ces opérations fe répètent chaque année
fur la même plante, jufqu’à ce qu’épuifée ou
trop affaiblie, elle ne puifle plus fournir à la
même production des merrains} ce qui communément
arrive à la cinquième ou fixième année,
& fouvent dès la troifième ou la quatrième : alors
on les provigne de nouveau, fuivânt les procédés
décrits pour les renouveler. »3
J ’ai annoncé au commencement de cet article,
qu’après avoir étudié les variétés de raifins fou-
mifes à la même culture, dans un même fo l , dans
un même climat, dans la pépinière du Luxembourg
, je devois, félon les intentions du Gouvernement,
aller dans tous les vignobles de France,
y faire l’application de mes obfervations & véritablement
établir la fynonymie, que les erreurs.de
la plantation ne me permettoient pas d’ y fuivre,
comme je l’avois efpéré d’abord.
Les départemens que j’ai déjà vifités par ordre
du miniftre de l’intérieur, font : en 1820, ceux
de l’Aifne, de la Marne, de la Meufe, de la Mo-
Celle, de la Meurthe ; en 1821, ceux de Seine &
Marne, de l’Aube , de la Haute-Marne, desVof-
ges , du Haut Rhin, du Bas-Rhin, de la Haute-
Saône, du Jura } en 1822, Celui de l’Yonne, ayant
été arrêté à Dijon par la précocité de la vendange.
Je dois, cette année, aller dans les départemens de
la Côte-d’O r , de Saône & Loire, du Rhône, du
Puy-de-Dôme, &c.
J’ai réuni immenfément de faits inconnus dans
les livres, parce que ce font les vignerons mêmes
qui me les indiquent j mais la rapidité que le peu
de temps que dure la vendange me force de mettre
dans ma marche, ainfi que les mécomptes, fuite,
des variations de l’atmofphère, gênent beaucoup
mon travail. Malgré cela, j’ ai lieu de me flatter,
qu’en définitif je préfenterai à la fcience agricole
& aux proprietaires de v ig n e s un réfultat important
& digne de mon pays.
Ce qui fuit n’eft que l’extrait d’ un extrait}
ainfi il ne peut donner qu’ une idée très-imparfaite
de ce que j’ai obfervé & noté.
V ig n o b l e s f it u é s e n t r e l e s ÇOc. & 49e. d e g r é s de
l a t i t u d e .
D é p a r t e m e n t d e jl a Mo s e l l e .
Ce'département, le plus reculé vers le nord de
ceux où fe cultivent des v ig n e s dans la France actuelle,
contient, félon M’. Jullien, environ 450®
he&ares (1).
Le vignoble le plus réputé & le plus confidé-
rable, eft celui de Sey. C ’ eft celui que j’ ai le
mieux étudié. On y cultive principalement :
Le m e n u n o i r , fort peu différent du p in e a u f r a n c ,
& donnant le meilleur vin.
Le g r o s n o i r , ou c a u l a r d , donne auffi un excellent
vin, mais produit peu.
Lq p in e a u ro u g e . Même obfervation.
V a u x o i s , ou a u x e r r o is . C’ eft le p in e a u g r i s de
Bourgogne, fi voifin du T o k a i . Son vin eft très-
délicat, mais de peu de garde.
Le v e r t n o i r , Y a u b in r o u g e , la h e im e r o u g e &
b la n c h e , le m a r e n g o n o i r & le n o i r d e L o r r a i n e , OU
(1) M. Jullien eft auteur d’une Topographie générale
des vignobles fort propre à donner des idées précifes fur
la produftion & la confommacion du vin en France. C ’eft
d’après lui que j’ indiquerai toujours la quantité des vignes
cultivées dans chaque département, fes indications étant
officielles.
g r o s -b e c , produifent beaucoup & donnent du bon
vin.L
e v e r t - b l a n c , le r o u g e -b l a n c , le l iv e r d u n n o i r
( diffèrent de celui des autres parties de la Lorraine),
le p e t i t b l a n c , le g r a n d b l a n c , le f o i r e u x
b l a n c , font très-fertiles, mais le vin qu’ ils donnent
eft inférieur à celui des variétés citées .plus haut.
J’ai décrit toutes cels variétés, & indiqué à la
fuite de leur defeription les remarques auxquelles
elles ont donné lieu de la part des vignerons &
des propriétaires. > ^ . J
Le vin que donnent ces variétés eft très-eftimé
fous le nom de v i n d e M o f e l l e . Il fe rapproche ,
lorfqu’il a dix ou douze ans, des vins du Rhin du
double de cet âge.
L’èxpofition générale du vignoble de Sry eft te
fud-eft j mais il y a des v ig n e s à toutes tes autres.
Le fol de ce vignoble eft une marne furchargée
de fragmens de pierre calcaire primitive, c’eft-à-
dire, dans lequel on trouve des cornes d’ ammon,
des bélemnites, & c . On le laboure facilement>
il reçoit du fumier tous tes dix à douze ans.
Quoiqu’une loi ancienne, trois fois renouvelée,
ait proferit tes mauvais plants de ce vignoble , ils
y dominent, parce qu’ilsproduifent davantage.
Avant de planter, on défonce le terrain.
La plantation s’effedtue dans des trous carrés
d’ un pied de long & d’un demi-pied de profondeur,
alignés dans le fens de la pente, trous dans chacun
defquels on place, ou deux plants enracinés, ou
deux crocettes, ou deux boutures aux angles
inférieurs pour les aligner fur les angles fupé-
rieurs, & les recouvrir de terre.
Il eft des v ig n e s plantées en p a n i e r , c’eft-à-dire,
aux ceps defquels on donne la forme d’un vafe 5
alors on efpace ces ceps du double.
Le plant, dûment labouré & taillé, commence
à donner du fruit à fa quatrième année} alors
on 1e provigne pour garnir la totalité du terrain ,
& toujours en montant, excepté lorfqu'il s’agit
de remplacer un cep mort.
Cette opération du provignage fe répète tous
les huit ans;
On taille en février, à deux yeux, tous tes far-
mens bien placés, hors celui qui avoit été difpofé
( lé Ma r ie n ) , dès l’année précédente, pour
fournir la récolte fuivante. -
A la fuite du premier labour, on place les é.cha-
las & on y attache 1e marien, après l’avoir taillé
à fept ou huit yeux & courbé en demi-cercle.
C ’eft à cette forte c o u rb u r e qu’on doit l'abondante
production, mais auffi 1e peu de durée de
ces v ig n e s . V o y e j ce mot & A.RQ.URE , Sa u -
TELLE.
fupprime tous ceux qui ne portent pas de fruits,
ce qu’on- appelle Y é p am p r e r .
Perfuadés que l’abondance des feuilles empeche
tes froids d’agir fur tes grappes, & ce vignoble
étant expofé aux vents glaciaux des Ardennes
Le fol reçoit deux ou trois binages à la houe,
le dernier lorfque 1e raifin commence à tourner.
Le bourgeon le plus bas & 1e plus vigoureux
eft réfervé pour 1e marien de l’année fuivante, &
attaché à l’échalas à la fuite du premier binage.
Après, c’eft-à-dire, vers 1e milieu defjuillec, on
des Vofges, les propriétaires des v ig n e s de
Sey ne font point rogner ou châtrer leurs v ig n e s 9
ce qui diminue la qualité & la quantité de leuis
produits en vin. V o y e ^ Abri.
La vendange a lieu en oCtobre. On cueille
d’abord les raifins rouges. La fermentation a lieu à
l’air libre , excepté chez M. Jaunez, qui couvre
fes cuves avec avantage pour la qualité du vin.
C ’eft le preffoir à bafcule qui eft employé,
mais le même M. Jaunez fait ufage de celui à
coffre.
D é p a r t e m e n t d e s A r y e n n e s .
On ne trouve qu’environ 1800 heCtares de
v i g n e s dans ce département.
Les variétés qu'on y cultive font 1e m a u \ a t ,
le p l a n t g r i s , 1 e p l a n t d o r é , te b o u r g u ig n o n r o u g e ,
le c h a n e t , 1e c h a r d ô n n e t & le c h a f f e la s b l a n c ,
toutes variétés auffi cultivées dans le département
fuivant.
Je n’ai point vu tes v ig n e s de ce département.
D é p a r t e m e n t de l a M a r n e .
C ’eft dans ce département que fe recueillent les
vins de Champagne. Qui ne tes connoît pas?
Mais comment fe fait-il que tes v ig n e s les plus
feptentrionales donnent un des vins tes plus efti-
més de France, furtout par l’étranger? Je dirai
1avec affurance , parce que 1e pineau fait la bafe de
ces v i g n e s , & qu’on ne les arrache jamais. L’excel-
1 lente culture qu’on leur donne, tes foins qu’on ap- ' porte à la fabrication du vin, & l’ufagede ne faire
le vin blanc qu’avec des raifins rouges, y contribuent
fans doute auffi pouf beaucoup.
, Environ 20,6 0 0 heéfcares font cultivés en v ig n e s
dans ce département.
Les trois principaux vignobles font celui de
la côte de Reims, au nord ; celui d’ A y , au midi}
celui d’Epernay, au nord & au levant : tous trois
font marneux, repofent fur la craie, & ont à leur
fommèt d’abondans dépôts de L i g n i t e s . V o y e £
ce mot.
Je vais les paffer fucceffivement en revue.
Les meilleurs crûs de la côte de Reims, en
rouge, font en première ligne Verzy , Verfenay „
Maiily, Saint-Balle & Vouzy} en fécondé ligne,
Rilly, Taify, Ludes & Chigny.
Les blancs de Sillery font tes plus eftimés.
Les nouvelles v ig n e s fe plantent fur un défon-
cement de deux pieds, dans lequel on met 1e plus
de fumier poffible.'-
Les Touches de cette côte étant fort peu vigou-
I B®