
D é p a r t e m e n t d e l’O i s e .
Quelques v ig n e s exiftent dans l’eft de ce departement,
principalement autour de Senlis. Ce font
les variétés & la culture des environs de Paris
qui y font en faveur. Je renvoie , en conféquence,
à l’ article de ces derniers.
D é p a r t e m e n t d e l' E u r e .
Les vallées où coulent la rivière de ce nom
la Seine , permettent de cultiver quelques v ig n e s
aux environs d’Evreux & des Andelys. Il ne s y,
voit que deux variétés, le m e u n i e r , fous le nom
de f a u v ig n o n , & le m o r i l l o n , fous le nom de r a if in .
b la n c . Les vins qu'elles fourniffent font au-dsflous
du médiocre. On conduit ces v ig n e s comme celles
des environs de Paris.
V ig n o b l e s f n u é s e n t r e l e 49e. & l e 48e. d e g r é '
d e la t i t u d e .
D é p a r t e m e n t du Ba s - R h i n .
Je n'ai point vifité ce département, qui contient
environ 14,390 hectares d e v i g n e s , mais je fais
qu’on les y cultive en partie comme dans le Haut-
Rhin , dont il va être queftion, en partie comme
dans le département du Doubs, c’eft-à-dire, en
berceaux plats, de trois pieds & demi de haut &
de large.
Ce font les vins blancs qui y font préférés.
Le Rhingau, qui fe divife en haut & bas , offre
de remarquable que le vin du premier eft le meilleur
dans les années chaudes, & le vin du fécond
dans les années froides.
L’autre côté du Rhin donne les vins dits d u
R h i n , fi t{Urnes de beaucoup de perfonnes, mais
dont je ne puis boire fans indigeftion. Il n’entre
pas dans mon plan d’en parler, ^es v i g n e s qui
les fourniffent fe couchent en terre pour les pré-
ferver de la gelée pendant 1 hiver & retarder leur
végétation au printemps.
D é p a r t e m e n t d u H a u t - R h i n .
Environ 15,000 he&ares de v ig n e s font cultivés
dans ce département.
Les variétés que j’y ai obfervées & décrites,
font :
Le t o k a i , raifin fort rapproché du pineau gris,
mais moins ferré. C ’eft le même qui donne , après
avoir été gardé quelque temps fur la paille, le
célèbre vin de ce nom en Hongrie. Il eft le plus
eftimé de ceux des v i g n e s du département. J’ ai
ba du vin qui en étoit uniquement fa it , & je l’ai
trouvé excellent.
Le f c h l i i e r - e d e l ou r o t h g lu fm e r eft également gris.
Il eft peu productif, mais donne du vin peu différent
de celui du précédent.
Le g r a u g la f in e r eft gris. On le cultive peu. Son
vin n’eft point catadlérifé.
Le g e n t i l b la n c ou w e i f s - e d e l fournit du bon vin.
Le r a i f in d e B o u r g o g n e . C e 11 le p in e a u f r a n c .
Le r e i f c h l in g e r ou k in p e r lé .e d , blanc. Son vin ne
vaut rien , mais il produit beaucoup, & ce dès la
fécondé année de fa plantation.
♦ Il en eft de même, du g e m c in é s & du h i n t f c h , qui
font rouges.
Le c h a j f e la s c r ù q u a n t . C ’eft le B a r - f u r - A u b e ,
Les coteaux fur lefquels ces variétés font plantées
font en général expofées au levant, mais il
y a des vallées où ils le*font au midi & au nord.
! Leur fol eft une marne rougeâtre toujours humide,
mélangée de fragmens de quartz, de granit,
de grès rouge, laquelle a beaucoup de profondeur.
La plantation a lieu après un fort labour en
lignes montantes, en efpaçant les ceps d’un
mètre.
Les fouches s’élèvent jufqu’à quatre pieds & fe
divifent en trois ou quatre rameaux, dont on
taille le (arment fur deux yeux. On rabat de loin
en loin les plus vieux de ces rameaux , loifque la
fortie d’un bourgeon inférieur le permet.
Les binages s’exécutent avec une pioche à large
fer 5 en mars , au moment de la taille ; en mai,
après la floraifon; en août, avant la maturité^
Six pieds de long & trois pouces de diamètre
font les dimenfions deséchalas, qui font en chêne,
ou en châtaignier, ou en fa pin , & qui durent
vingt-cinq à trente ans.
Dans la plaine, c'eft-à-dire, aux environs de
Colmar, les v ig n e s font tenues élevees du double,
de forte que les raifins ne (ont jamais frappes du
foleil, ce qui doit retarder leur maturité & empêcher
leur partie fucrée de fe développer. Auffi
leur vin eft-il de beaucoup inferieur à celui des
coteaux. On donne pour motif qiie. le fol étant
conftamment très-humide -, elles ne produiroient
rien fans cette difpofition ; mais il me femble
qu’on-opéreroît mieux fi on favorifoit l’évaporation
de l’humidité furabondante, en tenant fort
bas'les ceps & en les écartant davantage.
D é p a r t e m e n t d e l a M e u r t h e .
On compte 13,500 hectares de v ig n e s dans ce
département, ta plupart expofées. au midi, les
autres au levant & au couchant. Il y en a peu
au nord. Leur fol eft line marne ferrugineufe,
mêlée de cailloux apportes des Vofges, & de fragmens
de la'roche calcaire primitive fur laquelle il
repofe.
Les ceps des vignobles dés environs de T o u l,
des environs de Nancy , des environs de Ponc-à-
Moufton, les feuis que j'aie vifités , font tenus
fur deux branches 6c leurs farmens taillés fur deux
ou trois yeux. Rarement on pratique des arcs ou
fautelles.
Au moyen d’une houe à trois dents recourbées,
on donne quatre labours par ah aux v ig n e s de ce
département, dont celui d’hiver eft très-profond.
Leur ébourgeonnement n'.a lieu qu’une fois,
de forte que le fommet des bourgeons eft très-
garni de feuilles, qu’on c ro it, comme à Metz,
. utiles pour garantir le raifin de là gelée & avancer
fa maturité.
Tous les cinq à fix ans on provigne les ceps
dans la direction montante , de force qu’ils n ont
jamais plus de trois pieds d’élévation.
' Voici la note .des variétés décrites par moi
dans ces vignobles.
L e p e t it n o i r fait le fond des v ig n e s . & donne'le
meilleur vin après le pineau gris. C ’eft le p ip e a u
d e B o u r g o g n e .
Le p in e a u n o i r donne également du bon vin. Il
ne diffère pas du f r a n c p in e a u .
Le l iv e r d u n diffère peu du précédent & eft plus
multiplié. Il-donne dé très bon vin. Ses fous-yeux,
lorfque, fes premiers bourgeons font gelés, en
pouffent de nouveaux , fufcep'tibles de produire
des grappes.
Le v e r d u n o is ro u g e fn’a paru être le g am e t . Il repouffé
aufli des bourgeons fructifères. Son vin
eft inférieur & de'peu de durée. '
Le v e r d u n o i s b l a n c , rare & peu productif. Bon
vin.
J d’Orléans. Je ne parlerai pas de leur culture, qui
eft abfolumenc 1a même que celle de ceux de la
Mcfelle. Le p i n e a u de B o u r g o g n e y domine ; en-
fuite vient le l iv e r d u n ou é r ic é r o u g e . Le premier
moins produâif; le fécond un peu inférteur en
qualité. Le g am e t on g ro f fe r a c e fournit beaucoup ,
mais fon vin eft plat & d e 1 peu de garde. Le/a-.
V d u b i n b la n c . Même obferva'tion.
L e j a c m a r t ou r e n a r d . Rare. -
Le g û t ou g o u a i s . Produit beaucoup de vin de
couleur jaune, fans force & fans durée. Il diffère
du gouais de l’A ubê, qui, au contraire, produit
un vin dur, qui ne devient bon qu apres quinze,
ou vingt an'.
L e g o u a i s b la n c . Vin également mauvais.
Le p in e a u g r i s ou a f e r o t donne le plus excellent
des vins , mais il eft peu multiplié. Il eft remarquable
qu’on en faffe peu de cas dans beaucoup
d’autres départemens.
La p e t it e b lo n d e b la n c h e . Son vin eft bon , mais
on. préfère la mêler avec les raifins rouges.
\ J é r i c ê b la n c donne le plus mauvais vin.
Le f i l d 'a r g e n t . C ’ eft le B a r - f u r -A u b e . ■
Le f a q u a n . Autre variété de chaffelas, rare
dans les v ig n e s .
D é p a r t e m e n t d es V o s g e s .
. Il s’ y trouve environ 3 600 hectares d e v i g n e s 3
toutes à l’expofition du midi ou du levant. J ai
vifité les vignobles de Neufchâteau , d Epinal &
de Saint-Diez. Leur fol eft une argile remplie de
fragmens de pierre, laquelle repofe fur la roche
calcaire primitive dans le premier, & fur des
fehiftes ou des grès rouges dans les autres. Le vin
qu’ils donnent eft lé g e r , agréable , & fe conferve
dix à douze ans. Le meilleur que j’ ai vu provenoit
de la côte de Donremy, patrie de la pucelle
n e a u b la n c , le p in e a u g r i s Sl le f a g a n font rort
rares.
D é p a r t e m e n t d e l a M e u s e .
On attribue 11,000 heflares de v i g n e s à ce département.
J'ai vifité celles des arronoiflemens de
Bar-le-Duc , de Verdun l e de Commercy.
La plupart des v ig n e s des environs de Bar-le- ■
Duc font plantées fur des côtes extrêmement rapides
(jufqu’ à 70 degrés d’ inclinaifon) , dont le
fol eft une argile .rougeâtre furchargeff.de trag-
mens de la. roche calcaire primitive fur laquelle il
.repofe. . 1 „ . .
Le p in e a u n o i r ou f r a n c p i n e a u elt celui qui
donne le meilleur vin & celui qui fait le fond des
v ig n e s . Il y a aufli quelques p in e a u x b l a n c s , beaucoup
de v e r t - p l a n t s ou g r o s - f i l a n t s H t de bourguignons',
qui ne donnent que des vins communs.
Le p in e a u g r i s ou a f f am é eft rare. On ne connoit
pas la qualité de fon vin. ,
Pendant le labour d’hiver , on enlevé le cne-
velu fuperficiel des v ig n e s fortes, & on fait les provins
dans toutes. Ces provins, au contraire des
autres vignobles , fe dirigent perpendiculairement
: à la direction de la pente pour arrêter les terres,
& fe font en zig-zag, c’eft-à-dire, que le cep de
gauche fe couche à. droite , & celui de droite,
à gauche. A , ,
On creufe en ou tre ,'à la meme époque, dans
ce vignoble, au milieu & au bas des coteaux, de
grandes foffes tranfvcrfales deftinées à recevoir
les terres qu’on remonte au fommet pendant 1 automne.
I ( r \ r
La taille .a lieu en février, fur un feul ‘3™ e j l r >
& on en réferve un autre , lorfque le cep eft allez,
fort pour en faire un arc ou un plyon. Cette
taille ne laiffe que deux, ou au plus trois yeux a
: la broche. ■ ' , , , .
Les arcs ou plyons fe font lorfque la feve corn-
mence à monter. Ils font complets ; aufli leurs yeux
s’éteignent ils fouvent. s
! L’échâlaffement a lieu enfuite a travers* 1 arc.
Auffuôt que les bourgeons font affez avances
pour laifler voir les grappes, on procède à la fup-
preflion de tous ceux qui n’en ont point, excepte
lorfqu'il n'y en a fur aucun, auquel cas on referve
les deux plus beaux, foit pour afleoir la taille oc
fournir l'arc de l'année fuivante, fort pour ettec-
tuer le provignement. Puis on attache a 1 echa as
ceux qui font confervés, & de fuite on donne un binage.
Couper l’extrémité des bourgeons & enlever
les entre-feuilles, font deux opérations qui le font
G g g g g à