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frimats. M. Hartig veut encore, pour ces fortes de
taillis, que le nombre des baliveaux de l’âge foie
porté de So à ioo par heétare. Il confeille même
de doubler ce nombre quand le terrain eft maigre
& trè s-expnfé à l’ardeur du foleil, ou qu’il préfente
beaucoup de vides. Par la fuite on en diminue
la quantité, lorfque les places vides font fuffi-
fammenr enfemencées, & que la coupe qui a été
garantie de la féchereffe pendant les premières
années n’a plus befoin d’autant de couvert. Cette
éclaircie a donc pour objet de favorifer la pouffe
du taillis ou le développement des plants de fe-
mences. On peut y procéder vers la fixième ou
huitième année après Y exploitation ,* & il n’en ré-
fultera point de dommages notables pour la jeune
fo r ê t , fî le bûcheron opère avec précaution, & fî
on a l’attention d’enlever à l’inftant les bois-coupés
pour les tranfporter dans les chemins, carrefours
eu places vides.
40. Des taillis et aune,
Lorfque les taillis de cette efpèce font fitués
fur un fol a fiez ferme pour qu’on pui fie en faire
Yexploitation & la vidange au printemps, on procède
comme pour ceux dont nous venons de parler.
Mais fi le fol eft marécageux au point que la coupe
& le débardage ne puiflent s’exécuter que pendant
les gelées, iî faut choifir cette époque & commencer
l’operation dès le mois de janvier, quoique
les Touches de l’aune repouffent mieux lorfqu’on
exploite dans le mois de mars.
Très-fouvent ces fortes de taillis font fi humides
qu’il n’eft point néceffaire de laiffer des baliveaux
pour l’ombrage de la coupe. On n’a alors qu’à s’occuper
de pourvoir au réenfemencement naturel,
en lai fiant un nombre de réferves fuffifant pour
opérer cet effet, & pour obtenir par la fuite les
bois d’oeuvre dont on peut avoir befoin. Cependant
on remarque affez ordinairement que, malgré la
quantité de baliveaux qu’on a réfervés , le réenfemencement
eftincompler,parce que les vides dans
les lieux humides font tellement gazonnés & couverts
de moufle, qu’aucune femence ne peut y
profpérer. Le plus sûr moyen, dans ce cas , d'en
opérer le repeuplement, eft d'y planter, a chaque exploitation
y des jeunes fujtts et aune quon aura élevés en
pépinière. Voyez l’ art. A une.
y°. Des taillis mêlés de futaies-.
Quoique j’aie traité , dans le cours de mes dff-
fertations, des baliveaux fur taillis-, & que j’aie
infifté fur la nécefliré de maintenir ce fyftèmè de
réferves, pour fubvenir aux befoins des conftruerions,
je crois devoir rapporter ici l’opinion entière
& les préceptes de M. Hartig fur cet objet.
On,a déjà vu que cet auteur préfère les futaies & les
taillis purs aux taillis mélangés de futaies, & qu’il I
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confeille, quant aux taillis, de couper à chaque
exploitation la très-grande quantité de baliveaux
qu’il ne réferve que dans la vue de procurer de
l’ombre à la coupe & des femences pour le repeu-
plement naturel. Il convient néanmoins que l'on
eft quelquefois obligé d’élever des futaies furies
taillis j mais il penfe que l’on doit planter fur ces
mêmes taillis, les arbres qu'on deftine à croître
comme futaies. Je fais que cette méthode eft ufitée
dans plufieurs localités. Cependant je crois que
toutes -les fois qu'on trouvera fur un taillis de
beaux brins de femence, ils feront préférables aux
arbres qu’on pourra planter 5 & d’ailleurs on fait
que le cnêne, effence qu’on réferve principalement
pour les conftruétions , ne réuflit que difficilement
lorfqu’on le plante à un certain âge. Je vais, au fur*
| plus, traduire ce que dit M. Hartig.
Il y a beaucoup d’endroits, dit cet auteur, où
l’on n’élève ni futaies pures , ni taillis purs, mais
où l’on réferve dans les taillis, des arbre.s pour la
conftruélion & les ouvrages d’ art. Quoique ce
genre à'exploitation procure moins de bois que les
futaies ou les taillis purs, il eft cependant des cir-
conftances où l’on ne peut le changer, ou du moins
que petit à petit.
Lorfqu’on eft obligé de maintenir cette méthode,
& qu’on fe propofe d'obtenir fur les taillis
de fortes tiges, notamment en chêne , pour les conf
truElions & les grands ouvrages, il faut, autant que
poffible, obférver les règles que nous avons in-
■ diquées pour les exploitations en taillis, borner
le nombre des arbres deftinés à croître en futaies,
parce qu’une grande quantité de gros arbres nui-
roit infiniment à la crue du taillis. De plus il faut
avoir l'attention, à chaque 'exploitation du taillis,
de couper les branches inférieures des gros'arbres,
pour qu’ ils offufqucnt moins le recru, ■ & pour les
faire filer en hauteur.
Mais avant de déterminer le nombre d^s arbres
à élever comme bois de conftruûion, il faut
connoître, 1e. les befoins annuels de la localité}
Z°. l ’âge auquel ces arbres feront propres a. l'objet
quon fe propofe ; 30. la révolution fixée pour l'exploitation
j 40. tétendue de la coupe à exploiter chaque
année.
Suppofé maintenant qu’on ait befoin annuellement
d e . 100 arbres de conftruélion 5 fuppofe
encore que chaque arbre doive être âgé de 150 ans
pour avoir les dimenfions nécèffaires ; fuppofé enfin
que l’a ménagement de la forêtToit fixé à 30 ans,.
& qu’il faille couper chaque année une étendue de
jo arpens ( l’arpent du Rhin contient 40 ares 42 centiares).
D’après ces fuppofitions, il eft évident
qn’il faudra trouver deux arbres à couper par arpent
(environ 5 par heélare ) pour avoir, fur
les yo arpens, les 100 arbres dont on a befoin.
Mais comme Yexploitation fe renouvelle tous les 30
! ans , & que chaque fois il.1 faudra pouvoir couper
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deux arbres, il en réfulte qu’à chaque exploitation '
‘1 fera néceffaire de fe ménager au moins de 10 à 12
nouveaux arbrés par arpent ( i y à 30 par heétare),
afin d’avoir, nonobftant les accidens qui peuvent
arriver pendant l'efpace de 30 ans, au moins deux
baliveaux qu’on puiffe réferver encore.
Ainfi, dans ce genre à!exploitation 3 il fauiroit
à chaque coupe du taillis , trouver par arpent les
quantités d'arbres fuivantes:
2 arbres ( y par heéhre ) de iyo ans.
2 i d . . i d . ) ......... de 120
2 id..... .. - ( :id. ) . ....... de 90
2 id.......... . . . ( i d . ) . . . . . de 60
2 id........ id. ) ...................... de 30
Mais comme les futaies fur taillis font expoiées,
jufqu’à l’âge de 60 ans, à une,foule d’accidens,
par exemple, à êtrerenverfées par les vents, écrafées
par les neiges, ou piliées par- les délinquans, &
qu’on ne peut les remplacer par des arbres de
leur âge, il eft prudent de conferver à chaque ex-
' ploïmion un nombre de jeunes arbres, tel que l’on
puiffe trouver par arpent les quantités fuivantes :
2 arbres.;(y par he&are) de iy g ans.
2 id. , . . . . . . . ( id.'). . . de 120
2 id. . . . . . id ) . .4 de 90
au moins 6 i<j-.. . . . . . . ( 1 y id .) . . de 60
- & 8 id.............. ( 20 id. ) . . de 30 .
Alors on pourra abattre , à chaque coupe,
[ 2 arbres de' ryo ans par arpent ( y par heéhre ),
4 de 60 ans ( 10 par heétare) , fi les derniers
1 ont été bien confervés.
Par conféquent il reliera par coupe exploitée :
I 2 arbres de 120 ans par arpent ( y par heélare).
K i iè:,.; .de 9 0 . . . . . id.. . . . . . . . . . ( id. )
[ 2 id. . . .de 60. . . . .id:-. .. .. . . ;. (id. )
j 6 à 8 .. . de 3 0 .... .id. . . . > .....( 1 y ’ à 20).
I Mais, obferve M. Hartig, pour obtenir fure-
[ mentcé réfultat, il n’ y a point d’autre moyenque de
I planter, après'chaque exploitation, 10 à 12 beaux
I brins de chêne par arpent ( 2y à 30 par hedhre),
I lcfquels doivent avoir 7' à 8 pieds de haut, être
I placés à une diftànce con v en ab le& foutenus par
[ des tuteurs contre l’effort des vents. Dans ce genre
I d’exploitation, il ne faut pas compter que la forêt
I pourra fe repeupler de femences’, foit par les Ternis
I naturels, foit par les femis in iuftrirls 5 ce repeuple-
I ment n’eft jamais complet : ou les jeunes plants ne
I lèvent point dans les endroits convenables , ou ils
F font étouffés par la repouffe du taillis. Ainfi ce genre
■ “ exploitation oit l ’on éléve des futaies fur les taillis,
I P°ur fe procurer des bois d'oeuvre & de conftruftion, ne
K peut avoir lieu qu’autant qu’ à chaque exploitation
I on affurera l’éducation des jeunes arbres de réferve
par la plantation, & qu’à c.et égard on n’abandon -
I nera rien au hafard.
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3°. Des forêts de bois a feuilles , qui ne doivent être
,exploitées que pendant un certain temps en taillis ,
- & qui doivent enfuite croître en futaies. — Obfervalions
de M. Hartig a cet égard.
On voit malheureufement beaucoup de forêts
où les exploitations ont été forcées, & qui font
prefqu’entièrement dépourvues de bois en état
d’être coupés. Souvent h partie la plus âgée de la
forêt n’a que 40 à yo ans j d'où il fuit que fi on
veut les exploiter comme futaies , c ’eft-à-dire, y
faire des éclaircies, & enlever feulement les brins
dépériflans, on né pourra prendre fur la loca ité
que fort peu de bois, les brins dominans devant
être confervés pour n’être exploités que plus tard
en haute futaie.
Si, comme c’eft le cas ordinaire, le peu de
bois que l’ on retire des éclaircies dans les jeunes
futaies ne peut fatisfaire aux befoins de la confom-
macion, il n’y a point d’autre moyen que de combiner
l'exploitation en taillis avec l'éducation en futaie,
fur une partie au moins de la forêt, & pendant un
certain temps. Par ce moyen on fe procurera une
plus grande quantité de bois dans les premières
années. Pour cet effet, on exploite fucceflivemenc
en taillis une portion de la futaie âgée de 30 à 40
ans, & on réferve, lors de Y exploitation 3 un beau
brin tous les 1 y à 16 pieds, de manière qu’il refte
par arpent 1 yo à 200' ba’iveaux ( 37y à yro par
he&are) choilis parmi les tiges les plus fortes ôc
efpacés à une égale diftànce.
Par ce mode d’exploitation on retire prefque
! autant de bois que fi on eût fuivi la manière ordinaire
d’exploiter les taillis > & on a l’avantage de
préparer pour la fuite le rétabli ffe ment de la futaie,
au moyen des nombreufes réferves qu’on a faites.
D’un autre cô té , les fouches des brins qu’on a
coupés donneront un beau recru, qui, à 30 ou 40
ans, fournira une bonne coupe. Après cette fécondé
exploitation, les fouches ne produiront plus, il eft
vrai, un recru bien important, parce que les baliveaux
réfervés lors de h première exploitation
, feront devenus forts & l’étoufferont j mais la forêt
; fera dans l’état d’ une haute futaie , compofée d’âr-
; b res de forte -ftature, & pouvant au befoin être
mife en coupe fombre, & fe repeupler par lés
; Ternis naturels.
Comme le produit annuel en bois d’uff arpent
de taillis eft loin d’être aufii confiderable
que celui d’ un arpent de futaie, quoique tous les
deux bien adminiftrés, ainfi que je l’ai plufieurs
fois prouvé dms mes écrits , il eft important de
ne point perpétuer Yexploitation en taillis. Cependant
je dois faire remarquer que le moyen que je
viens d’indiquer ne fera praticable qu’autant qu’on
fe fera alluré que les baliveaux de 40 ans, à réferver
fur la coupe, ne feront point expofës à
çtre écrafés par les neiges.& l'es frimats.