ans, & qui font aménagés à 8 o& 90 ans. Les bois,
loin d’y croître, dépériffent, fe couronnent,& ,
lorfqu’on les abat» ils ne reproduifent prefque
point de recrus} mais le nouvel aménagement de
cette forêt fera un des bienfaits de l’adminiftration
actuelle, en ce qu'il tend à rapprocher les coupes.
Il n’tft cependant pas exact de dire q ue , dans
les fonds de première qualité de cette forêt, les
bois doivent être coupes à 30 ans ; car M. le con-
fcrvateur m'a fait voiren 1808, dans l'arrondiffe-
m~nt de Fleury, une réferve de 40 ans qui eft de
la plus belle venue. Le fonds en eft bon & paroît
pouvoir nourrir la futaje jufqu'à 120 St 150 ans. De
femblr.bles réferves fe font dans chaque fous-inf-
pe&ion, pour fuppléer aux futaies fur taillis qui
font généralement mauvaifes dans cette forêt.
Quant aux baliveaux, M. Plinguet les regardoit
comme généralement pernicieux pour le taillis.
Cette opinion de la part d’un foreftier, dont la
plupart des obfcrvations avoient porte fur la forêt
d'Orléans, n’cft point étonnante $ car les baliveaux
n’y profpèrent guère. Il rapporte une ob-
fervation qui eft allez importante, concernant les
effets de la gelée fur les arbres} c'eft que ,dans
le s hivers affez rigoureux pour faire geler & fendre
la t ge des arbres, fuit baliveaux , C6it taillis ,
on remarque dans les forêts qu'un ba.iveau ancien
fe rompt plutôt qu'un brin de taillis de 30 ans}'celui
de 30, plutôt que celui de 20, & ce dernier*
plutôt que le brin de dix ans. Il en donne la raifon
un ancitn fe fend plutôt qu'un jeune, parce qu'é-
tar t plus gros, contenant plus de tubes ligneux
convertis en glace, l’effort fe fuifant en raifon de
la maffe de fève congelée & tuméfiée , il doit
rompre plutôt que le jeune arbre, dont la maffe
congelée fe trouve beaucoup moindre. D^un. autre
coté, les tubes ligneux de l'ancien, étant plus
formés, plus durs, il doit fe fendre plusfurement
que le taillis de 30 ans,, dont les tubes font
beaucoup plus éLftiques, & fe piêtent davantage
aux tuméfactions de la gelée.'
Peu de fotlts fe trouvent plus expofees aux effets
de la gelée que celle d'Orléans, parce que le
fol en eft maigre & plat, & que h glaife,, qui
forme la fecor.de ou la troifième couche^s'oppofe
aux infiltrations de l'eau. Àuffi a-t elle beaucoup
fouffert des hivers de 170.9, 1740, 1776 & 178S. !
Mais les foffés eonfidérables, Toit -de défenfe,
foit d affainiifèment, qui y ont été faits depuis
plusieurs années, dimw.uerdnt ces effets, enfournant
les eaux qui entretenoient une trop grande
hun.tdité dans piufieurs parties de cette foré*.
M. Plinguet n'e'toit point d'avis que les particuliers
élevaffent des futaies, & il penfoit que
leur intérêt étoit plutôt de faire cina coupes de
20 en 20ans, que de n'en faire qu une feule à
100 ans. Il appuyoit fen opinion fur les calculs
fui/ans ; ;
Le produit de la première coupe, fuppofé de
ic o livres pour un arpent c,_____________ .._______â_g__é_ _d_e_ _v_i_n_g_t_ _at*n. s*, fera un premier capital de................. 100 liv.
Intérêt de ces 100 livres pendant 80 ans. 400
A 40 ans, la deuxième coupe donnera
un fécond capital de......................... 100
Intérêt de ce fécond capital pendant
•69:' £ns....................................... 300
A 6à ans, la troifième coupe donnera
ftn troifième capital de........................ 100
Intérêt de ce capital pendant 40 ans. 200
A 80 ans, la quatrième coupe donnera
un quatrième capital de...................... ic o
Intérêt pendant 20 ans. ......................... 100
A 100 ans, la cinquième coupe donnera
un capital de. . . . . . . . . . . . . . 1,00
Intérêt .......................................... »
Total en capitaux & intérêts. . . . . iyoo liv.
« Ainft, ajoute M. Plinguet, le père de famille
» qui n’auroit peut-être pas vendu i*fOO livre »
»» Ion arpent de bois à igo ans, aura joui & il
» aura retiré cette fomme },& même fi l’on veut
» calculer & y ajouter les intérêts des intérêts,
» il aura retiré beaucoup au-delà ( 1 ) . »
Il en conctud que le Gouvernement, les prince?,,
les gens de main-morte , les établiffemens publics,
font les feulSqui puiffent élever des futaies} que
même il eft à defirer que ces futaies foient aména*
gées à des âges qui fortent de la proportion donnée
par le plus ou moins de qualité Sç de bonté
du fol.
Aucune de ces obfervations ne contredit ce qui
a été avancé fur l’utilité des aménagemens à longs
termes pour les bois du Gouvernement ,,fitués eu
bon fonds Elles prouvent feulement que le particulier
ne doit pas être guidé par les mêmes vues
que le Gouvernement, & que fon avantage con-
fift ï dans des rentrées de fonds plus fréquent ,s &r
dans l’ intéiêt qu’ils lui rapportent. Àu forplus „
nous ne devons admettre dans 'ces differtations
que les calculs établis fur des expériences} & quoique
ceux qu’on vient de rapporter puiffent erra
exa&s, ils ne pourvoient fervir de règle i.u’autanr
q ue l’auMir auroit fait cohnoître, par d- s expériences
bien faites, les rapports, en matières & en
argent, du produit d’un arpent coupé cinq fois-eo
i©o ans, avec le produit d’ un même arpent coup#
une feule fois en ic© ans.
f i ) M. N o i r o t , arpenteur-vérificateur grès la- Confcr-
vation de Dijon , a publié un ouvrage fur l'aménagement
des fore s des particuliers, qui me paroît contenir d’excellentes
obfervations , des calculs bien établis , & des.
conséquences fort bien déduites. Les obfervations qu’il,
renferme ne font que confirmer les principes que j’ai'
établis fur la différence des vues qui doivent diriger le
Gouvernement 8c les particuliers dans Vamenagepieni de
leurs' forêts.
Quant à la valeur progréffive qu’un taillis peut
acquérir à mefure qu'il avance en âge , M. Plinguet
en donne l’idée fui vante : il établit que; ce
n’eft Qu'à 4 ans que l’on peut compter pour quelque
cnofe la repouffe d’un taillis, & qu'elle dé-
dommageroit des frais de récépage. Suppofant
donc qu'à un an, le récépage coûte 9 livres, il
dit qu’à 2 ans il ne coûtera plus que 6 iivies, à 3
ans que 3 livres, & plus rien à 4 ans, parce que
les brins de 4 feuilles feront du menu liage, qui
indemnifera des frais de récépage. Il fuppofe en-
fuite qu’à f ans le taillis d'un arpent vau ira 10 livres}
à 6 ans, 20 livres} à 7 ans, 30 livres , &
ainfi de fuite jufqu'à 16 ans que l’arpent vau dra
120 livres. Mais il ajoute que tout ceci ne convient
qu'à un bois coupé affez jeune, pour ne point
éprouver de retard dam fonqccroiffement, & qu’il
n'en fera pas de même d’un bois fatigue & d’un
âge outré.
Pour prouver la néceflîté de ne point trop différer
la coupe d'un taillis, fi l'on veut ménager les
Touches, il fait remarquer la quantité de focs fé-
veux qu'il faut à un taillis parvenu à 25, 30 & 60
ans, comparativement à celle qui foffit à un taillis
plus jeune, & les efforts progreffifs que les Touches
doivent fyire à mefure que le bois avance en
âge. Il regarde donc la coupe d'un taillis comme
un moyen de repos que l’on procure aux fouches,
puifque, pendant les premières années de la repouffe,
la dépenfe de la fève fera moins forte. Ces
obfervations 111e paroiffent juftes , & il en réfolte
une nouvelle donnée pour fixer l’époque de la
coupe d'un taillis} il faut donc cafeuler > non-feulement
quels feront les produits en matières & en
argent de tel ou tel âge, mais encore fi à cet âge
la fouche ne fera pas épuifée par les efforts qu’ elle
devra faire dans les dernières années qui précéderont
la coupe du taillis. D'un autre côté, fi on
coupe les bois trop jeunes, on fatigue encore les
fouches, parce que les racines qui ne pouffent
qu'en raifon du développement des tiges & des
branches, relient dans un état de foibîeffe qui ne
promet rien d'avantageux pour la reproduction.
Ces combinaifons de calculs rendent très-difficile
l’art d’aménager les taillis. Aufti y a-t-il autant de
manières de les traiter, qu’il y a de manières de
voir & d’intérêts différens. L’ ufofruitier n'aménagera
pas comme le propriétaire particulier, ni
celui-ci comme le Gouvernement : l’un voudra
des produits fréquens, sans s’occuper de l'avenir
ni des befoins de la confommation} l’autre ne
pourra vifer au maximum des produits en bois,
parce qu’il éprouveroit de la perte du côté des
produits en argent. Il n’y a donc que le Gouvêr-
nement qui ne meurt point & dont les vues em-
braffent l’avenir, qui adoptera le fyftème qui réunira
le plus d'avantagès fous les rapports combinés
des produits en matières & en argent, & de la
reproduction.
fe reviens aux calculs préfentés par M. Plinguet.
11 admet le fait que les bois croiffènr de plus en
plus, jufqu’à un certain âge, & qu’enfoite leur
accroiffemei« fe ralentit & diminue de plus en
plus , jufqù'à ce qu’il ceffe abfoiummt. Puis il
fuppofe que la nature bien repofée, après la coupe
du taillis, reprendra Ion ancienne vigueur, & que
l'arpent dont il a parlé augmentera en va.eur de
10 livres ch j que année, depuis la cinquième jui-
qu’à la feizième; de 20 livres depuis la feizieme
jufqu'à la vingtième} & de 30 livres depuis la
vingt-cinquième jufqu'à la trentième année.
Voici les tableaux qu’il a dreffés for ces fuppo-
fitions :
T a b l e a u figuré de la progrejjîon des bois t depuis
leur âge de 5 ans jufqu'à celui de 16 , dans lequel
on fuppofe qua 5 ans Varpent vaut IG Livres S
q uil profite de lO'livres chaque année , & par
conféquent que la raifon ou différence qui confiitue
cette progrejfion arithmétique, eft le nombre IO.
P R IX S VA L E UR
de l’arpent de la feuille dans
d iv i fe par chacune ^
l’âge des années de l’âge
du bois. du bois.
DIFFÉRENCE
<Ju prix de la
feuille
d’une année
à l'autre.
5 ' ans.
üo liv.
6 ans.
3o liv.
" 7 ans.
4o liv.
8 ans. 5o. liv.
9 ans. ƒ
60 liv. ^
-10 ans.
11 ans*
12 ans. .
9° iï-fj j j i (
t3 ans.
100 liv". æ
4 ans. .
1 to liv.
15 ans. . -
î 20' liv. __
16 ans.
f. d. liv. fe d.
**
. de 5 i 6 »ns I 6 %
6 8
. 7 » ’ »
6 8 f .
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