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trois fortes, qu'on diftingue aifément de loin , à
leur verdure : les méleçes., les fapins & les chênes.
Ces derniers font entremêlés d'autres arbres ; mais
les premiers, qui occupent la région fupérieure,
& les fapins , qui couvrent l'intermédiaire, font
toujours exclufivement de la même efpèce/
» Le mélé^e eft intolérant, fi je puis me fervir
de cette exprefliotij en effet, dans les bois de
ces arbres que j'ai vus, il n’y avoit pas de grandes
herbes ni de brouflailles.
» Mais lé même méLe^e, lorfqu'il eft jeune , eft
un arbre délicat, auquel nuit le voifinage des autres
arbres & même des.grandes plantes.
»j Cela p ofé, il eft aifé de concevoir comment
la graine de mêlent, apportée par les vents, ne
produit pas dans les environs de jeunes pieds.
s» Si ces graines tombent dans les bois de fapins
, qui font les plus voifins, elles ne lèvent
pas , ces arbres étant intolérans comme lui.
• » Si elles tombent plus bas, c'eft-à-dire, dans
les bois de chênes, elles y trouvent tant de brouf-
failles, que le jeune mélèze ne peut s’élever.
33 Quant aux graines que le vent emporte dans
la vallée , elles y trouvent des terres labourées,
& leur plant eft retourné, ou 'des prairies fur
lefquelles elles ne peuvent lever.
33 Cela eft fi vrai que j’ai vu chez le juge Veil-
lon , dans la plaine de Berne, des mélèzes qui
avoient crû naturellement fur la berge des foliés
qui entouroient fa châtaigneraie, parce qu'il n’y
avoit pas de caufe de deftruéliori. >3
Le mele\e , obferv'e Varenne de Fenille,
dans fon excellent ouvrage“'*«! les qualités comparatives
des b ois , femble avoir été difpofé.par
la nature aux plus grands.& aux plus importans
fervices, puifqu’il eft le géant des arbres de
l’Europe. Il eft hors de doute que fon bois eft
incomparablement plus durable que celui du fa-
pin. Sa pefanteur, fe c , eft: de 52 livres 8 onces 2
gros par pied cube. Pline cite une poutre que
Tibère fit tranfporter à Rome , & qui avoit
.22 pouces d’équarriftage à la hauteur de 110
pieds, & 18 pieds un tiers de circonférence à fa
bafe.
De l’aveu de tous ceux qui connoiffent le
bois de méle^e, c ’eft le meilleur pour la charpente
, la menuiferie , les conduites d'eau. Sa
force égale au moins celle du chêne , & on ne
connoît pas de bornes à fa durée. Chez les Gri-
fons, on en fabrique des tonneaux qu’ on peut
appeler éternels , & où le vin ne s’évapore prefo
que pas. Dans toutes les parties des Alpes, où il
croît s on en bâtit des maifons en plaçant des poutres
d’un pied d’équarrifiage les unes fur les autres.
Sa réfine, attirée par la chaleur du foleil, en bouche
tous les intervalles de manière à rendre ces
maifons impénétrables à l'air & à l’humidité. Il
graille l'outil avec lequel on le travaille, & n’eft
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pas propre pour le tour. Il reffemble a du bois de
lapin à couches très-ferrées. Tantôt il eft blanc
tantôt il eft coloré en rouge ou en jaune. 1
L’écorce des jeunes mélèzes. eft aftringente
& s’emploie dans les tanneries, quoiqu’elle donne
aux cuirs une couleur défagréable. On en couvre
les maifons, ce qui donne lieu à de nombreux délits
, & qui caufe la mort d’ une immenfe quantité
de beaux arbres. Au refte, cette écorce a l’avantage
d’être très-légère, prefqu'inaltérable & d’un
facile emploi.
Outre fon bois & fon écorce , le méCè\t fournit
encore une réfine, une manne & une gomme.
La réfine eft fluide, vifqueufe, demi-tranfpa-
rente, de couleur jaunâtre, d’une odeur forte &
agréable. C ’eft la térébenthine de Venife. Elle s’obtient
en faifant une entaille au pied de l’arbre
avec une hache, ou des trous avec une groffe
taière, depuis la fin de mai -jufqu’au commencement
d*octobre. Elle coule dans un baquet que
l’on vide tous les deux ou trois jours. Son abondance
eft d’autant plus grande, que le jour eft
plus chaud & l’ expofition plus méridionale. On
la paffe dans des tamis lorfqu’elle eft mêlée d’impuretés.
Quand elle celle de couler, l’entaille ou
les trous le rafraîchiflent, c’eft-à-dire, s’agran-
diffent. Chaque arbre fournit par an fept ou huit
livres de réfine, & cela pendant un demi-fiècle.
Dans le pays, on croit que cette extraction nuit
à la qualité du bois 5 mais Malus, Annales d*Agriculture
y tome X , prétend que cela n’ eft pas.
L’ ufage de la térébenthine eft fréquent dans la
médecine & dans les arts. Diftillée, elle donne
Yhuile ejfentielle de térébenthine , autrement Yejfenu
de térébenthine y produit d’un fi fréquent emploi
dans la peinture & dans les vernis. Le réfidu de
cette diftillation eft une réfine fèche, connue dans
le commerce fous le nom de C olophane ou
C oulophane, très-employée pour étamer &
fouder les métaux, pour rendre plus mordansles
archets des joueurs de violon, &’c. Voye1 aux
mots Résine, Pin & Sapin.
La manne fuinte des jeunes branches pendant la
n u it, fous la forme de petits grains ronds , blancs
& gluans, qui difparoiffent dès que le foleil a pris
quelque force. On la ramafte le matin : c’eft la
manne de Briançon, qu’on emploie quelquefois
pour purger.
Je n’ai jamais vu la gomme qui fe trouve au
centre de l’arbre, autour de la moelle, & q u ’on
n’obtient qu’en fendant l’arbre. Elle eft analogue
à 1? Gomme arabique. Voye^ ce mot.
11 arrive fréquemment que les mélé^es de nos
jardins font couverts de filamens blancs, qui font
produits par unePsYLE qui vit aux dépens de leur
fève. (Voye^ce mot.) Macquart a publié, à fon
occafion, un fort bon mémoire, inféré dans Je
Recueil de la Société dyagriculture de L ille , année
1819V
m e l o n e e
t a 1 c
MELONÉE. Synonyme de C itrouille mus-
I québ.
MÉRULE. Merula. Genre de champignons dont 1 Je caractère confifte à avoir fous le chapeau des
! James qui fe prolongent plus ou moins bas fur le
■ pédicule. V o y e i A g a r i c .
Une des efpèces de ce genre, le mérule dé-
truifant, vit fur le bois mort, & eft la caufe la plus aCtive de la pourriture des poutres, des
planches & autres objets analogues placés dans
les lieux humides.
I La chaux v ive , gâchée molle & .appliquée fur
les bois affeCtés de mérulest eft le moyen le plus
aifuré d’arrêter fes ravages. Voye% Bois.
MÉSOTAGE. C ’eft la culture à la bêche dans
[le département de la Meurthe.
[ MESSAGE. Les C istes portent ce nom dans
ha ci-devant Provence.
METTR.E A FRUIT. Un arbre fe met à fruit
[lorfqu’il eft arrivé à un certain âg e , que fes ,
[pouffes font devenues moins vigoureufes , & que j
[fes branches font proportionnées à fes racines.
I On met un arbre à fruit en affaibliffant fa force
[végétative, en agiffantloit fur fes racines, foit fur
[fes branches.
[ Un poirier creffane en plein vent, greffé fur
[un Duvageon, ne fe met à fruit naturellement,
ilorfqu’il eft planté dans un bon terrain, qu’à
[douze ou quinze ans. Greffe fur un cognaffier tenu
[en quenouille, & placé dans un terrain maigre &
fec, il donne des fruits dès la troifième année.
Tous les arbres dont on courbe les branches,
ralentiflant leur végétation, fe mettent
mïceffairement à fruit. Voye[ ces mots & le mot
Arbre.
Tout arbre qu’on a forcé de porter des fruits
[s'affoiblit néceffairement & vit moins long-temps.
iVoyet chacun des articles des arbres fruitiers, &
Iles mots Cognassier , Espalier , Franc , .
Nain, Pa r a d is , Pyram id e , Quenouille.
MICOCOULIER. Celtis. Genre de plantes de
| la polygamie pentandrie & de la famille des
amentacées, dans lequel il fe trouve vingt arbres,
dont un croît naturellement dans les parties mé-
fniionales de la France, & f ix autres fe cultivent
dans les jardins des environs de Paris. Il eft figuré
pl. 844 des lllufirations des Genres de Lamarck.
Efpèces.
1. Le Micocoulier auftral.
L Celtis aujlralis. Linn. T> Du midi de l’Europe.
2. Le Micocoulier de Virginie.
Celtis occidentalis. Linn. U De l’Amérique fep-
: tentrionale.
Dicl,' des Arbres 6\ Arbu/ies.
M I C S 7 7
$. Le Micocoulier à fouilles en coeur.
_ Celtis crajjifolia. Lamarck. U De l ’Améri 411e
feptentfionale.
4. Le Micocoulier de Tournefort.
Ce;iis Toumefortii. Lamarck. T) Dtt Levant.
* y. Le Micocoulier de la Louifiane.
Celtis mijftpipienfis. Bofc. U de l’Amérique
feptentrionale.
(y. Le Micocoulier de la Chine.
Celtis ckïnenfis. Bofc. f) De la Chine.
7. Le Micocoulier de l’Inde.
Celtis orientalis. Linn. U De l’Inde.
8. Le Micocoulier à petites fleurs.
Celtis micrantha. Sv/artz. T) Des Antilles.
. 9. Le Micocoulier lime.
Celtis lima. Lamarck. Des Antilles.
10. Le Micocoulier trinerve.
Celtis trinervis. Bfemarck. T) De Saint-Domingue.
11. Le Micocoulier à feuilles entières.
Celtis in>egrifolia. Lamarck. U Du Sénégal.
12. Le Micocoulier du Caucafe.
Celtis caucafica. Willd. T) Du Caucafe.
13. Le Micocoulier ridé.
Celtis rugofa. Willd. T> De Porto-Rico.
14. Le Micocoulier à feuilles molles.
Celtis mollis. Willd.. U De l’Amérique méri»
dionale.
15. Le Micocoulier d’Amboine.
Celtis amboinenfis. Willd. b D ’Amboine.
16. Le MicocouLinR nain.
Celtis pumila. Pursh. f> De l’Amérique feptentrionale.
17. Le Micocoulier blanchâtre.
Celtis canefcens. Kunth. D De l’Amérique méridionale.
18. Le Micocoulier dés rivages.
Celtis riparia. Kunth. De l'Amérique méridionale.
19. Le Micocoulier à grandes feuilles.
Celtis macrophylla. Kunth. f? de l’Amérique
méridionale.
Culture.
Les fept premières efpèces font celles que nous
cultivons.
La première s’ élève à trente ou quarante pieds
dans le midi de l’Europe, où elle n’eft pas auflt
multipliée que l'utilité qu'on peut retirer de
fon bois le fuppofe. En effet, ce bois eft dur,
compacte, fans aubier, très Couple, inaltérable
lorfqu'il eft abrité de la pluie, peu fujet aux gerçures
& nullement à la vermoulure. On en fabrique
d’excellens brancards 8e d'excellens cercles de
cuves & de tonneaux ; il fe polit fort bien, & ,
i coupé obliquement, il imite-le bois fatiné : fon
écorce s’emploie pour tanner ies cuirs & teindre en
noir. Ses feuilles font du goût de tous les bef-
tiaux, fes fruits, aimés de tous les enfans & de
Dd d d