
Première divifion.
Le Griottier franc. II provient du femis
de toutes les variétés. Ses fruits font petits &
acerbes. On ne le cultive que par hafard. C ’eft
à la greffe des variétés qu'on veut tenir naines
qu’on l ’emploie fpécialement, parce qu'il eft plus
roible que le merifier.
Je dois rappeler que cette efpèce ne Ce trouve
fauvage que dans l’eft de l'Europe & dans l’Alîe
moyenne.
Le Griottier nain précoce ne s'élève
qu'à fix ou huit pieds. On le greffe fur le griottier
franc ou fur le mahaleb. Son fruit eft petit, rouge
foncé j a la chair blanchâtre , fortement acide ,
même après fa précoce maturité, qui fait fon plus
grand mérite. Il fe place dans la ferre & en pleine
te r re , en efpalier, en quenouille. On doit en
avoir quelques pieds aux meilleures expoficions
dans tous les jardins bien montés, pour pouvoir
manger de les fruits dès les premiers jours de
mai.
Le Griottier ro yal keryduk, ou May-
duc, ou Royal hatif, ou Cerisier d'A ngleterre.
Son fruit eft gros, un peu comprimé
par fes deux extrémités, avec la queue longue &
pourvue d’une petite feuille. Sa peau eft d'un
rouge-brun ; fa chair rouge , un peu ferme, très-
douce ; fon noyau un peu inégal. Il mûrit à la fin
de mai ou au commencement de juin. On le greffe
fur le griottier franc ou fur mahaleb, & on le
place ou en efpalier, ou en pyramide contre un
mur. En plein vent il s'élève peu, mais charge
beaucoup.
Une autre variété , dont les fruits ne mûriffent
qu'enfeptembre, reffemble tellement à celle-ci,
qu'il en difficile de les diftinguer.
Le Griottier-commun hatif s'élève beaucoup
plus que les deux préeédens. Ses fruits
font d’ un rouge v if ; leur chair eft blanche & fort
acide, leur noyau prefque rond. Ils mûriffent.au
commencement de juin. Ce font'eux- dont on
mange de fi grandes quantités à Paris, fous le nom
fpécial de cerife. Comme il eft plus hâtif dans les
terrains arides, queles fruits précoces fe vendent
mieux que les autres , o'n l’ y planté fréquemment.
Là il ne s’élève qu’à huit à dix pieds, ce
qui donne de plus la facilité de cueillir fes fruits.
On le multiplie-le plus ordinairement par fes drageons
s mais il y auroic à gagner de je greffer fur
mahaleb. .
Le Griottier commun- diffère à peine du
grottier franc y ou mieux, n’en diffère pas. Ses
..fruits mûriffent quelques jours plus tard que ceux
du précédent , dont d’ailleurs ils ont la groffeur
& la couleur. Il eft rare de- trouver le même goût
à ceux de deux arbres voifins , à plus forte rai-
fon à ceux placés dans des terrains & à des afpe&s
différens. O n le m ultiplie com m e le p récéden t,
mais peut ê tre plus fo u v e n t, fans q u ’on le fâche,
par les pieds provenant de fes fruits &; levés fous
les vieux arbres.
Le Griottier a la feuille a, comme le
griottier royal keryduc-3 une petite feuille fur le pétiole
j mais fon fruit eft très-acide, même âpre,
ce qui l’en diftingue très-bien.
Duhamel parle d’ une autre cerife à la feuille,
qui eft groffe & a la forme d’une guigne. Ou ne
la trouve plus dans nos pépinières.
Le Griottier a trochets donne des fruits
de médiocre groffeur, d’ un rouge foncé, d’une
chair délicate, extrêmement abondans, mais très-
acides. -
Le Griottier a bouquet eft une monftruo-
fité produite par la réunion de plufieuts fruits fur
un pédoncule commun. On ne le cultive que par
curiofité.
Le Griottier ordinaire de Montmorency,
ou le gobety a le fruit plus petit & moins
comprimé que ceux du fuivant j on le confond
fouvent avec lu i, mais il mûrit quinze jours plus
tô t , ce qui rend fa culture plus profitable.
Le Griottier de MgntmoRëncy a gros FRUIT, ou gros gob'et, ou gobet a courte queue, ou
cerifier de vilaine , ou cerifer cou-lard, ou cerifier de
Kenty a les fruits très-gros, très-aplatis aux- extrémités,
à queue groffe & courtë, la peau d’un
rouge vif; la chair d’un blanc-jaunâtre, peu acide,
lé noyau petit. Ils mûriffent en juillet, & font préférés
aux autres pour faire du ratafia, des confitures,
pour fécher, &c. ; mais comme ils
font peu abondans, il n’y a; pas autant de bénéfices
à en efpérer que des-autres variétés bien
inferieures en bonté. Ôn n’ en voit prefque plus
dans la vallée qui lui a donné fon nom , mais on
en trouve quelques pieds dans les jardins bien
tenus. C ’eft fur le merifier qu’ il eft le plus avantageux
de le greffer.
Le Griottier a fruit rouge pale , ou le
Griottier de V illennes , a le fruit gros, bien
arrondi , rouge clair j la chair blanche, légère^
ment acide & très-agréable au goût. Il mûrit en
juin. L’ arbre eft très-vigoureux.
Le Griottier de Hollande. C'eff le plus
grand des griottiers, mais fes fleurs font fujettes
à avorter. Ses fruits font gros, prefque ronds,
longuement pédonculés , d’un très-beau rouge »
leur chair eft fine , d’un blanc-rougeâtre; leur
noyau un peu rougeâtre. On né peut trop le multiplier.
Il fe* greffe fur le merifier.
Trois fous-variétés fe rapportent à ce griottier,
favoir, 1 ë griottier à feuilles dé faille ou hintérofe t
le griottier à larges feuilles' & le cou/nrd. Gétte der-
. nière, d o n t le pédoncule eft plus coui.t, fe confond
quelquefois avec la cerife de Montmorency à gros 1
fruir. . l ’ '
Le Griottier a fruit ambré ou succiné,
a les fruits gros, arrondis, de couleur d’ambre
jaune, lavé de rouge du côté du foleilj fa chair
eft croquante, douce & très-fucrée. Il mûrit au
m i lie u de juillet. G’eft-, à mon avis, la meilleure
des cerifes dans les années fè.ches & chaudes , mais
elle produit toujours extrêmement peu & fouvent
rien du tout.
Le Griottier a petit- fruit blanc ambré
eft une fous-variété plus petite & plus
blanche, d’une faveur bien inférieure à celle que
je viens d’indiquer.
Le Griottier royal keryduk tardif ,
ou Holsmanduk , ne diffère prefque du hâtif
que par l’époque de fa maturité , qui ,eft le commencement
de juillet. C ’eft une très-belle variété
dont on doit toujours avoir quelques pieds dans
les jardins bien montés. Quelques perfonnespenfent
qu’il faut diftinguer deux efpèces fous ces deux
noms , dont la première auroit les fruits plus .
acides.
L e 'Griottier guigne. Son fruit eft g ros ,
aplati fur les côtés , fans rainure, & d’un rouge-
brun foncée fa chair eft molle, colorée , d’un
goût agréable ; fon noyau eft ovale, li mûrit à la
fin de juin. C ’eft une belle variété qu’on confond
fouvent avec les précédentes, fous le nom de cerife
d'Angleterre.
Le Griottier royal nouveau, ou nouveau
d’Angleterre, a les fruits un peu plus
arrondis & moins rouges que, ceux du précédent,
dont ils fe rapprochent infiniment d’ ailleurs. Ils
mûriffent beaucoup plus tard.
Le Griottier guindoux eft très- grand , a
les feuilles prefque rondes, les fruits très-gros,
très-fucrés, très-agréables. Ils mûriffent au com-,
mencement de juillet. C ’eft principalement aux
environs d’Aix qu’ il fe cultive.
Le Griottier de la Palimbre , ou belle
de Ch o is y , eft d’une:médiocre grandeur , a les
feuilles prefque rondes, le fruit très-gros, très-
longuement pétiole, d’un beau rouge & excellent.
Il mûrit en juillet. On ne peut trop le multiplier.
Le Griottier de V arennes a les fruits
très-gros, d’une belle couleur & d'un goût agréable.
Il reffemble beaucoup à celui de Montmorency,
mais charge encore moins & mûrit encore
plus tard..
Le Griottier du Nord donne fucceffive-
ment des fruits jufqu’aux gèlées, mais ils font aigres.
On ne le cultive que pour l’ornement des delîerts.
Le Griottier de la T ouçsaint ou de sep-
TEMBRB , ou TARDIF , fe fait remarquer par fe*
branches pendantes & par fes fleurs axillaires, qui
fe développent fucceflivement pendant tout l’été
& l’automne. Une grande parti® d’entr’elîes
avortent. Ses fruits font p etits , ont la chair
acide~& peu agréable. C ’eft uniquement dans les
jardins payfagers qu’il doit être cultivé , & il fauc
,y en planter tous les deux ou trois ans, car il ne
produit tout l’effet dont il eft fuceptible que quand
il eft jeune & qu’il eft rigoureufenunt débarraffé
de fon bois mort. On le greffe fur le merifier.
Deuxième divifion.
Le Griottier proprement dit a le fruit
aplati, gros* la peau fine , unie, noire, luifante >
la chair ferme , d’un rouge-brun , très-douce &
très-agréable. Il mûrit au commencement de juillet.
On le connoît fous le nom de cerife à ratafia ,
parce qu’ il s'emploie plus qu’aucun autre à cet
objet. L ’arbre s'élève peu.
Le Griottier a gros fruit diffère du précédent
par le plus de groffeur de fon fruit. Il fe
rapproche .auffi du fuivant.
Le Griottier de Portugal, ou royal-archi-
duc3 a le fruit très-gros, aplati par les extrémités
& d’un beau rouge-noir î fa çnair eft ferme ,
légèrement amère , excellente. Il mûrit en août.
C ’ eft une des meilleures & des .plus grofles cerifes.
Quelques perforées l’appeltent royal - Hollande ,
: royal-archiduc y & la confondent ave.c le griottier
, de Hollande y dont la chair eft à peine colorée. L’arbre
s’élève peu.
Le Griottier d’Allemagne ou de chaux,
ou du comte de Saint-Maur. Son fruit eft auffi gros
que celui du précédent, prefque n oir } la chair
très-rouge & tiès-acide. Il mûrit à la mi-aoftt.
Le Griottier.a feuilles de pêcher , de
finale y de b al famine, tire fon mérite du peu de .
largeur de fes feuilles. On ne le recherche pas.
Le Griottier a fleurs semi doubles &'Ie
Griottier a flseurs doubles. Le premier
donne des fruits fouvent jumeaux, le fécond-jamais.
Comme ils ont un port différent du merifier
& du cerifier à fleurs doubles, leur effet eft diftinét.
Le Griottier a feuilles panachées eft de
peu d’intérêt, parce qu’il a toujours l’air mourant.
Je pourrois beaucoup étendre cette nomenclature
fi je mentionnois les variétés cultivées en Angleterre
& en Allemagne, iefquelles font décrites
dans les Tranfaélionsde la Société horticulturale de
Londres & dans l’ouvrage de M. le baron de
Truchfefs , ainfi que celles que j’ai cru reconnoître
comme diflinétes, dans mes voyages en Amérique,
en Efpagne, en Italie, en Suiffe, en France > mais
il faut que je m’arrête, & je le fais.
Le C erisier de Pens ylvanie reffemble beau