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Culture.
Le fureau croît ptefque partout, s’élèvera ! ƒ OU
20 pieds, & acquiert jufqu’à un pied de diamètre.
Sa moelle eft plus abondante que dans aucun autre
arbre d'Europe, tic diminue de diamètre par
l’effet de la contraction du bois qui l’entoure,
fouvent au point de difparoître avec l’âge. Toutes
fes parties fervent à la médecine*) lavoir :.fon
écorce tic les feuilles en fomentation pour guérir
la goutte, en décoCtion pour purger j les fleurs
en infulton, comme réfolutives & fudorifiques;
fes baies également très-purgatives, transformées
en rob , dans les dyfFenteries.
On met fes fleurs dans le vinaigre pour leur
communiquer Ion ôdeur, ç’eft le vinaigre Jurât ÿ
dans le moût, pour donner au vin une faveur de
mulcar. On en entoure , dans le même b u t, des
pommes renfermées. Ses fruits, écrafés & fermentés,
forment une liqueur qui, fous le nom de
vin de Fifmes, fert à colorer les vins, qui, diftillée,
fournit une eau-de-vie fufceptible de beaucoup
d’emplois dans les arts. On dit que, dans le pays
des Grifons, on fait enlever la propriété purgative
de ces fruits, tic en fabriquer des confitures tic des
conferves d’un excellent goût.
La décoCtion des feuilles du fureau, feringuée
fur les feuilles des arbres infe&és de pucerons, de
cochenilles, de kermès, de punaifes, de fourmis,
de-chenilles, & c ., fait difparoître ces infeCles,
lorlque l’opération eft bien faite, ou renouvelée.
J’en ai eu plufteurs fois l’expérience perfonnelle.
Les jeunes pouffes du fureau étant remplies de
moelle, on l’extrait pour quelques petits ufages,
& il refte un tube creux, avec lequel les enfans
font des canonnières & des farbacanes. Plus tard,
c ’eft-à-dire, à trois ou quatre ans, *ces mêmes
poulfes s’utilifent comme échalas ou comme tuteurs,
tic durent affez long-temps.
Le bois des très-vieux pieds reffemble beaucoup
à celui du buis , par fa couleur & fa contexture.
On Remploie , à fon défaut, pour le tour,
mais il eft fujet à le tourmenter, &^ne doit être
employé qu’après plulieurs années de defliccation.
Les gras échantillons font rares tic chers.
On trouve dans nos jardins plufieurs variétés de
fur eaux 3 dont une a les fruits blancs, une les feuilles
panachées, une les feuilles laciniées : cette
dernière eft le fureau à feuilles de perfil.
La multiplication du fureau s’exécute par le fe-
. mis de fes graines tic par boutures. On met les premières
en terre auflitôt qu’elles font cueillies, tic
lorfque le fol eft bon tic l'année favorable , elles
donnent du plant de j à 4 pieds de haut, à la fin
de l’année fuivante, plant qu’on peut dès-lors mettre
en place. On enterre les fécondés, qu’il convient
de faire avec une branche de l’année, coupée
avec un talon de l’année précédente, à un pied
de profondeur, pendant l’hiver. Des jets de 4 à
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ƒ pieds fortent quelquefois de ces boutures, pendant
la faifon fuivante. Quelques pieds de fureaux
font aufli le produit de rejetons tic de racines.
L’emploi le plus utile du fureau, eft la formation
de haies, qui croi lient rapidement, qui font
très-ferrées, qui fubfiffènt pendant un fiècle, que
les beftiaux refpeétent, qui peuvent être établies
dans tous les terrains qui ne font pas arides ou marécageux
à l’excès. On les établit ou de plant enraciné,
placé à un pied l*un de l ’autre, fur deux rangs,
ou au moyen des boutures. T rois ans après on les récèpe
rez-terre; au bout de pareil efpace de temps,
on les rapproche à un pied, tic enfin, encore trois
ans après, à deux pieds, après quoi on ne fait plus
que les tondre en hiver. Il réfulte de ce mode de
conduité, trois étages de têtards, dont les branches
font fi rapprochées, que fouvent une poule ne
peut pas paffer entre. Quelquefois il eft bon, au bout
de 20 ou 30 ans, de les récéper de nouveau rez-
I terre, tic recommencer comme il vient d’être dit.
Un pied mort, ne peut pas être remplacé > ainfi il
faut lui fubfiituer un pied d’orme ou d’érable champêtre
, ticc. Voye\ H a i e .
L’inconvénient de la mauvaife odeur des feuilles
du fureau 3 eft compenfé par leur belle forme
tic leur forte coloration } aufli, à ration de ces cir-
conftances tic de la douce odeur de fes fleurs,
cet arbufte eft employé fréquemment a la décoration
des jardins payfagers. On l’y place tantôt en
buiffon , tantôt en tige de médiocre hauteur, au
bord des maflifs, contre les murs, dans tous les-
lieux qu’on veut garnir très-promptement. Quelques
pieds ifolés, au miliêu des gazons, font un très-
bon effet lorfqu’ ils font en fleurs. On peut les tourmenter
à volonté, avec la fermette, mais jamais avec
le croiflant,. parce que c’ eft de leur irrégularité qu ils
tirent leur principal mérite. Les foins qu’ ils exigent
font de les débarraffer de leur bois mort tic de
leurs gourmands.
La variété à feuilles de perfii eft plus recherchée
que Telpèce , tic contrafte à côté d’elle. ^
Le fureau du Canada diffère à peine du précédent
i tic fe confond généralement avec lui au premier
coup d’oeil. On ne le voft, en conféquence,
que dans les écoles de botanique tic dans les collections
des amateurs. *
Le fureau à grappes reffemble encore par fes
feuilles, ainfi que par fa manière de végéter 8c
de fe reproduire, au fureau commun, mais il en
diffère beaucoup par la drfpofition de fes fleurs
en grappes pendanres, tic par la couleur de fes
fruits, d’un rouge éclatant. Il s’élève un peu moins,
tic ne vit peut-être pas aufli long-temps. Les effets
qu’il produit dans les jardins payfagers,pendant
* l’automne, principalement quand il eft difpofe en
arbre , l’y font planter en grande quantité, tic de
préférence au fureau commun. Tout ce que j ar
I dit de ce dernier, lui eft applicable ; cependant il
doit être peu fouvent aflujetti- d la taille, Parce
que plus fes rameaux font vieux, & plus ils fourniffent
de grappes de fruits, tic que c’ eft du nombre
de ces grappes qu’ il tire fa plus grande beauté.
Le fureau hièble croît dans les terrains gras tic
frai#, fur le bord des rivières, dans les champs
cultivés, dans les vignes baffes, & c . Il eft toujours
l’indice d’un bon fonds, tic peut, par fa
feule préfence, guider un acquéreur fur la valeur
de fa mile à l’enchère. Son abondance nuit très-
fouvent au produit des récoltes, tic ce n’eft que
par des labours multipliés tic la culture de plantes
qui exigent un binage d’é té , qu’on peut le détruire
à la longue, car les défoncemens ne font que di-
vifer fes racines, tic le plus petit morceau Iaiffé en
terre, fuffit pour le reproduire.
Quelques pieds d’hièbles ne font pas déplacés
dans les jardins payfagers, en terrain humide, car
fescorymbes de fleurs blanches tic de fruits noirs
fe font voir avec plaifir.
Il eft de l’ intérêt des cultivateurs de pofiter des
pieds d'hièble, qui croiffent autour de fa demeure,
lorfqu’ ils font en quantité fufïifante, pour
augmenter la maffe de leur fumier, ou pour en fabriquer
de la potaffè. Les couper rez-terre, avec
une pioche à large fer, tic les charger fur une petite
charrette, font des opérations qui demandent trop
peu de temps, pour qu’on doive fe refufer à les
faire, d’autant plus qu'on peut choifir l'époque,
pendant au moins deux mois.
SYRINGÀ. Voyé[ S e r i n g a ."
T
T a CHE. Grappe de raifin qui fe deffèche fur :
pied dans le vignoble d’Arbois. \
T a c h e d e m a r s . U l c è r e q u i fe d é v e lo p p e
fur le s O i g n o n s d e s T u l i p e s à la fin d e l 'h i v
e r , 8c q u ’ on g u é r i t en le c e rn a n t fu r le v i f , a v e c
la p o in t e d ’ un c o u te a u tic en l'e n le v a n t .
T A C T O N 1E. Tàfionia. Genre de plantes établi
au x d ép en s d e s G r e n a d i l l e s . Voye^ c e mo t.
TAGUILE. N om d e la N a v e t t e e n B r e ta gn e .
TAILLE . Les B o u r g e o n s d’ un c e p r é fe rv é s
pour la ta ilfè d e l’ an n ée fu iv a n t e , s ’a p p e lle n t ainfi
dans la c i-d e v a n t B o u r g o g n e .
On d it, en Lorraine, que la terre taille, lorf-
qu’ elle eft fortement imbibée d’eau & qu’elle fe lève
en grandes mottes lors des L a b o u r s . Voy. cemot.
TAILLE A TIRER. C ’e ft, dans quelques v ignobles,
la taille à laquelle on affujettitles vignes
deftmées à être arrachées l’hiver fuivant. Ellecon-
lifte à laiffer beaucoup de farmens que l’ on courbe,
& à tailler longs les autres. Voy. A r c e a u , C o u r b
u r e d e s B r a n c h e s , V ig n e .
TAIL LE -G A ZO N.L a r g e P io cH E a v e c laq u e lle
fe fo n t les R ig o l e s d ' i r r i g a t i o n dans les P r é s
de la Haute-Vienne.
TAILLIS. C e mot eft pris adjectivement quand
il eft joint avec le fubftantif bois. Ainfi, on appelle
bois taillis, un bois que l'on taille, que l’on
coupe dé temps en temps.
Hors de ce cas, il eft fubftantif, tic l’ on dit: un
taillis, un jeune taillis , couper un-taillis.
Définition du mot ta i llis .
L ’étymologie de ce mot paroît venir du latin
talea, qui lignifie une branche d’arbre coupée.
Mais les Latins n’employoient pas Te mot talea pour
défigner un taillis ; ils fe fervoienc des mots
csdua filvat bois que l’on coupe, que l ’on taille
fouvent. k
On entend par taillis, les bois de la claffe des
arbres non rélineux qui fe coupent à différens âges,
c’eft-à-dire, depuis cinq à fix ans jufqu’ à trente ans.
Nous difons de la claffe des arbres non rélineux,
parce que les arbres rélineux ne repouffent point,
tic qu’il faut qu’un boispuiffe repouffer de fouches
tic de racines , après avoir été co u p é , pour
être confidéré comme taillis. Silva csdua eft
qus in hoc habetur% ut c&datur 3 vel qu& fuccifa ,
rursus ex flirpibus, aut radicibus renafeitur (Dig.).
Nous a v o n s .déjà d o n n é , dans i ’ à r f id e A m é n a g
e m e n t , t ro i fièm e p a r t i e , c h a p . 1er. , la défini-
n ition du m o t taillis, fo u s le ra p p o r t d e l’ é c o n o mie
fo r e f t i è r e , & n o u s a v o n s r e n v o y é à l ’ a r t ic le
d o n t nous n o u s o c cu p o n s en c e m om e n t , p o u r la
d é fin itio n d e c e m o t fou s le rap p o rt d e la lé g i f -
la tio n .
Il paroît qu’on a toujours été affez généralement
dans l’ufage de cpnfidérer comme taillis, en
ce qui .concerne la propriété , l’ufufruit & les
délits , tous les bois de la claffe de ceux que nous
avons indiqués, qui font au-deffous de trente ans.
En if fe t , Chailland, dans ion Dictionnaire des
eaux & forées, dit que les taillis font des bois 1 réglés en coupes ordinaires, de d ix , quinze,
vingt ou vingticinq ans, fuivant les Coutumes &
les Ordonnances. Jouffe, dans fon Commentaire de
« l’ordonnance de 1669, obferve que l’ on peutcon-
! fidérer dans les bois différens âges; favoir : i° .
I ceux qui fe coupent tous les huit ou d.ix ans, tic
I qu’ on appelle bois tqillis ; 2°. ceux qjii font au-
A a a a a 2