
dent j à de plus grandes pertes. Au refte, chaque
pays a un ufage, à cet égard, qu’on pourvoit difficilement
faire changer par les charbonniers , hommes
fans aucune inftru$ion, & qui tiennent par
.conféquenc obftinément à leurs idées.
Trente cordes de bois de charbonnette entrent
Je plus communément dans la composition d’un
fourneau, & c’ eft la quantité que fournit ordinairement
un arpent de taillis de moyenne qualité.
L’art de conftruire un fourneau à charbon n’ eft
point difficile à apprendre théoriquement, mais il
ne peut bien fe pratiquer que par fuite d’une longue
expérience : auffi les vieux charbonniers,
qu’ on appelle les maîtres, font-ils feuls chargés de
l'arrangement du bois que leur apportent leurs aides
, & j’ en ai vu qui étoient payés le double des
autres, à raifon de leur réputation d’habileté.. En
effet, l'arrangement du bois & la conduite du feu
peuvent influer immenfément fur la quantité 8c la
qualité du charbon , & il n’y a pas de petites pertes
auffi en grand.
Comme tous les arts, celui du charbonnier a fes
dénominations particulières, fes termes techniques.
Ainfi, quand on veut établir le fourneau
fur la Jaulde, on commence par élever Y alumelle,
c’eft-à-dire, par placer contre les fagots, & pref-
.que droits, plufîeurs rangs de charbonnette bien
fèche, en laiffant, du côté oppofé au vent dominant
, une o u v e r tu r e d u mât à l’extérieur,
d’ environ fix pouces de large , deftinée à donner
moyen de tranfporter du feu contre le mât & allumer
les fagots qui l’entourent. Ces rangs font
rechargés d’autres rangs de charbonette moins
fèche, ayant foin de rejeter, comme je l’ ai déjà
obfervé, tous les morceaux tortus ou garnis de
chicots , lefquels laifferoient des vides & déran-
geroientla conduite du feu , jufqu’ à ce que ces
rangs aient formé une maffe circulaire de cinq
à fix pieds de diamètre.
Au-deffus de cette maffe on en forme, en fui -
vant les mêmes procédés, une fécondé qu’on
nomme Yécrijfe, & fur celle-ci une troifîème, appelée
le grand^haut; enfin une quatrième, dénommée
le petit-haut.
Ces aflïfes, qui n’ont point d’ouverture, diminuant
de diamètre à mefure qu’elles s’élèvent, il en
réfulte, non pas un cône régulier, mais une efpèce
de calotte fphériqüe, qui rend à fe rapprocher
d’autant plus du cône que l’ inclinaifon qu’on donne
aux charbonnettes eft moindre.
Chaque pays a une habitude à cet égard , il y
tient beaucoup. J’ai vu des fourneaux à charbon
plus élevés que larges, & d’autres plus larges que
hauts.
Je ne fâche pas qu’il ait été fait des expériences
comparatives propres à faire connoître la
préférence que mérite telle ou telle forme , mais
j'ai cru reconnoître que les furbaiffées étoient .les
meilleures.
La plus grande régularité doit régner dans la
conftruftion d’ un fourneau, & elle y règne ordinairement
par l’habitude qu’ont les maîtres charbonniers
de juger à l’oeil les places où il faut
mettre du gros 8c celles où il faut mettre du petit
bois.
Le fourneau dreffé eft de fuite bougé, c’eft-àr
d ire, couvert d’une épaiffeur de trois à quatre
pouces de terre. Si on retardoit, & que la pluie
vînt à mouiller le bois qui le compofe, il feroijt
plus difficile de bien conduire le feu , & une perte
dans la quantité 8c la qualité du charbon en feroit
la fuite immanquable.
Pour bouger un fourneau, on laboure la terre de
fes environs à la profondeur d’un demi-pied au
moins, on l’ hume&e affez pour lui donner une
confiftance boueufe, puis avec une pelle on l’applique
fur fa furface, excepté au fommet& au
bas , où font des ouvertures pour donner de l’air
au feu. Cette terre eft battue avec le dos de la
pelle ou même avec la main, tant pour lui donner
une épaiffeur uniforme que pour boucher tous
les trous qu’elle pourroit »offrir.
Le feu fe met au fourneau en pouffant, par
l’ouverture laiffée à l’ aflife inférieure, avec une
perche , des brouffailles enflammées qui mettent
le feu aux fagots qui entourent la perche centrale,
& enfuite au bois fec qui eft appliqué fur eux.
| La fumée, très-chargée a humidité, fort par l’ouverture
fupérieure, & quelquefois par des trous
laiffés au bouge, trous qu’alors on bouche en y
mettant de la terre.
Lorfque les progrès du feu ont fait affaiffer le
fommet du fourneau, on le couvre également avec
de la terre, & on ferme en même temps l’ouverture
latérale du bas. C ’eft alors que le feu devient
difficile àrconduire, qu’ il faut que le maître charbonnier
, ou un de fes aides, tourne continuellement
, jour & nuit, autour du fourneau, pu pour
activer le feu dans certaines parties, en fai.fant avec
le manche de Ja pelle des trous dans le bouge, ou
pour boucher les trous trop nombreux ou trop
larges qui s’y forment par l’affaiffement de la
maffe. Il faut que cet affaiffement fe faffe avec la
plus grande régularité, pour que l’opération marr
che bien vers fa terminaifon, qui eft jugée arrivée
lorfqu’il ne fort prefque plus de fumée de$ trous,
& que la maffe eft diminuée de moitié.
Un grand fourneau de charbon refte en feu cinq
à fix jours, plus ou moins, fui vaut la nature du bois,
la faifon, l'habileté du maître charbonnier. On gagne
toujours à retarder la fin de l’opération , en ouvrant
moins de conduites à l’air. Les fortes pluie$
la contrarient fouvent j les petites la favorifent
quelquefois.
Lorfque le maître charbonnier a décidé qu’elle
eft terminée, il fait boucher tous les trous & attend
que le charbon foit refroidi pour détruire fa maffe.
Comme, vers la fin de l’opération, plusieurs fut*
veillans font moins néceffaires, & qu’ on peut avec
moins d’inconyéniens abandonner le fourneau pour
quelques
quelques inftans, on commence à eh établir Un
nouveau vers le troifîèms ou quatrième jour après
la mife en feu de l’ancien.
Jamais on ne doit fe ppeffer, à moins de cir-
conftances particulières , de détruire un fourneau
éteint, car il arrive fouvent qu’il fe rallume par
rintroduélion de l'air dans fon intérieur, & alors
*on en perd une grande partie, même tout, fi on n’eft
pas à la portée de l’eau.
Une couleur grifâtre diftingue le charbon qui
n’eft pas affez cuit. Il brûle-comme le bois, 8c
s’appelle fumerôn dans les villes. Il ne nuit pas à ta
fabrication du fer lorfqu’il eft en petite quantité
dans la maffe, mais il eft repouffé, 8c avec raifon,
de nos cuifines, où il donne le goût‘de fumée aux
alimens qu’ il fert à préparer.
Lorfqü’ on allume de nouveau du charbon, il laiffe
dégager une grande quantité de gaz acide carbonique
, qui eft un de fes principaux élémens ,
lequel n’ eft pas propre à la refpiration: auffi, tous
ceux dont la tête fe trouve plongée dans ce gaz,
tombent-ils en A sphyxie 8c meurent-ils s’ils ne
font pas promptement fecourus. Les perfonnesqui
font des opérations de euifine ou autres avec le
charbon j dans un appartement fermé, éprouvent
immanquablement ce malheur j ainfi il faut toujours
mettre les réchauds-fous une cheminée ou
près d'une fenêtre ouverte.
On a découvert, dans ces derniers temps, deux
qualités prêt ieu fes dans ls charbon : la première, de
conféryer les viandes qu’on enfouit dans fa matfe,
ou de rétablir en partié-celies qu’on fait bouillir
dans de l’eau où on en a mis une certaine quantité.
La fécondé , c’ eft de rendre inodores & in rapides
les eaux les plus infeétes , en les fi'crant à
travers une épaiffeur fuffifante de fon pouffier.
L’économie domeftique peut tirer un grand
parti de ces deux propriétés, car il fe perd, dans
les campagnes principalement, une grande quantité
de viande , faute de pouvoir la confommer à
temps, & il eft des pays où les eaux font toutes
- fi mauva.fes, qu’on ne peut les boire fans dégoût.
Actuellement , en mer, on charbonne l’intérieur
des futailles > ou on y met quelques livres de charbon
concaffé, Sc on conferve l’eau bonne auffi longtemps
qu’on le defire.
Le charbon employé à toutes ces opérations
donne une odeur défagréable quand on lé. brûle $
mais cette odeur paffee, il peut être employé de
nouveau au même objet, ou fervirà la euifine 8c
aux ateliers.
Faire bouillir de la toile écrue , au préalable
leffwéè j avec du charbon , accélère beaucoup
l’opération du blanchiment.
L’air & l'humidité agiffent avec une extrême
lenteur fur le charbon : auffi le regarde-t-on comme
iudcftrn&ibie } auffi le place t-on fous les bornes
qd limitent les champs, à l’effet de témoigner,
.eu ca; d’enlèvement frauduleux de ces bornes,
qu’elles ont exifté dans le lieu indiqué.
T)ici. des Arbres & Arbuftcs.
! Le charbon çonfervé à l’air eft moins bon que
j celui çonfervé fous des hangars, parce que le
premier s’imprègne de l’eau des pluies.8c qu’ il la
lâche difficilement.
Cette dernière propriété le rend propre, réduit
en poudre grolfière, à affurer les récoltes des terrains
fecs 8e expofés aux rayons direéh'du foie i l ,
comme fa couleur noire accélère la germination
des graines ,8c la maturité des fruits.'
CHARBON-BLANC. C ’eft , dans le midi de la
France, l'épi de Maïs dépouillé de fon grain.
CHARGER a la taille. C'efl: tailler de manière
que l’arbre produile le plus poffible de fruits.
Voyei T aille 8c Décharger.
C H A R M E . Carpinus. Genre de plantes de la
monoecie polyandrie 8c de la famille des amenta*
cées , qui renferme cinq efpèces d’ arbres, toutes
fe. cultivant dans nos jardins , dont deux font
propres à I’Europe_ 8c doivent être , par confé-
quent, l’objet de dévcloppemens de quelque
étendue.
Qbfervations.
Deux efpèces de ce genre en ont été féparées
par quelques botàniftes pour en conflituer un particulier
, qu’ ils ontappelé Ostrye. J’en traiterai
à la fuite des autres.
Efpèces.
i . Le C harme commun.
Carpinus betuhi. Linn. {j indigène.
2. Le C harme d’Amérique.
Carpinus ameùcana. Linn. f) De- l'Amérique
feptentiionale.
3. Le C harme oriental.
Carpinus orientais. Lamarck. T? De la Turquie
d’Europe 8c d’ Afie.
4. Le Charme à fruits de houblon.
Carpinus ofirya. Linn. fj Du midi de l’Europe,
y. Le C harme de Virginie.
Carpinus virginiana. Lamarck. Y) De l’Amé*
rique feptentrionale.
Culture.
Le charme commun fait le fond de beaucoup de
forêts de la France, 8c entroit jadis très-fréquemment
, fous le nom de charmille, dans la compofi-
tion de nos jardins. Si, fous tous les rapports, il
cède en utilité 8c en agrément à d’autres efpèces,
il poffède des avantages qui ne permettent pas de
le repouff; r de nos cultures.
La hauteur du charme ne furpaffe prefque jamais
cinquante pieds. Son tronc eft- rarement droit 8ç
cylindrique. Son bois a le grain fin j il eft difficile
à. raboter 8c n’ eft pas fufceptible de poli.
Rarement on peut l’employer à la charpente 8c à
la menuiferie ; mais à raifon de fa grande ténacité
| 8c de fa grande dureté, il eft très-recherché dans
i le charronnage, & pour faire des maffes, des coins,