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croiffint comme les charmilles. G’eft feulement
fous la fin du règne de Louis XIV qu'on a commencé
à les tailler.
C ’eft donc dans les pays tempérés & froids, &
pour les efpèces des pays chauds, comme le
I écher, qu’ils font principalement établis. C e pendant,
autour des grandes villes, où les primeurs
fe vendent conltamment ch e r , on fou-
mec prefque tous les arbres fruitiers à cette dif-
p ifîtion.
Aux environs de Paris, principalement, la plantation
& la conduite des efpalieÿ font un des plus
importans objets de l’art du jardinage. Je devrois;
en conféquence, donner un très-grand développement
à l’article qui les concerne ; mais comme la
plupart des opérations qu’on leur fait fubir, ont été
décrites dans d’autres articles, je le reftreindrai à
un petit nombre de confidérations générales. Voy.
aux mots Mu r, Arbre, Plantation, T aille,
Ebourgeonnement, Palissage, Fr u it , & à
ceux Pêcher, Abricotier, Poirier, Pommier,
C erisier, Prunier, V igne.
Les murs en pierre de caille & en moellon font
les plus durables, mais ils font très-coûteux &
exigent des paliffades également coûteufes. Ceux
en plâtre pur ont l’avantage de fouffrir qu on
donne aux branches toutes les directions convenables
, au moyen d’une Loque & d un C lou ,
mais ils font de peu de durée 8c demandent de
fréquentes réparations. Rarement on leur fubfti-
tue des paliffades en planches, en paille, en ro-
feau, &c. Si les murs en Pis a y n’exîgeoient pas
d’auffi fréquences réparations, ils feroient les meilleurs
de tous, car ils coûtent le moins, & les
fruits y mûriffent plus tôt.
Généralement, Iorfqu’ on n’ eft pas gêné par des
propriétés voifines, on donne une forme carrée
ou parallélogramique aux jardins j cependant
M. Djmont-C.ourfet prétend que celle trapézoïd
ale , le petit côté étant tourné au midi, eft
la plus favorable, parce que les deux grands cotés
reçoivent plus long-temps les rayons du fole.il.
II eft vrai que l’expofition du midi eft, dans certaines
années, trop brûlante pour les efpaliers
dans le climat de Paris, & que par-là elle eft
reftreinte de manière à ne permettre d’y ^placer
que quelques arbres des variétés les plus hâtives.
D’autres écrivains ont même foutenu qu’un cairé
dont deux des angles feroient dans le méridien,
feroit la forme la plus convenable.
Une faillie au fommet du mur , de fîx pouces,
terme moyen » eft utile, en ce qu’elle empêche les
eaux pluviales de dégrader le mur, & , parle défaut
d’air, les bourgeons fupérieurs à s’élever
plus qu’il eft à defîrer-
Au-deffous de cette faillie fe placent, de trois
pieds en trois pieds, des morceaux de bois de
trois à quatre pouces , auxquels s’ attachent les
pailla fions, lorfque leur intervention contre les
geléç s eft devenue indifpenfable.
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Un récrépiffage rigoureux des murs eft très-
utile & pour accélérer la maturité des fruits par
la réflexion de tous les rayons du foleil, & p0Ur
empêcher les loirs & les mulots de fe loger derrière
les groffes branches. La couleur noire étant
celle qui abforbe le plus la chaleur, on devroit
la donner à ce récrépiffage, mais la dépenfe arrête
le plus fouvent.
En Angleterre on fait paffer des tuyaux de cha-,
leur derrière les efpaliers, pour accélérer la maturité
de leurs fruits. Je ne fâche pas que ce moyen,
coûteux & de peu d’effet, ait jamais été employé
en France.
Plufieurs efpèces d’arbres, telles que les amandiers,
les figuiers, ne fouffrent pas d’être difpofées
en efpalier, quoiqu’elles aiment la chaleur & les
abris.
Toutes les variétés des arbres fruitiers ne fe
placent pas indifféremment à chaque expofition. 11
y a à cet égard des différences que l'expérience a
rait connoitre, & qui feront indiquées aux articles
de ces arbres.
Avancer ou retarder la maturité de la même
variété, en la plaçant au levant, au midi ou au couchant,
eft une pratique qu’on luit fouvent, fur-
tout pour les pêchers. L'expofition du nord ne
vaut rien, même pour les poiriers : ainfi il ne faut
pas chercher à vaincre la nature en y plaçant des
efpaliers. .
Le terrain dans lequel on fe propofe d’établir
un efpalier, doit être au préalable défoncé à deux
pieds, & fumé à fond s’il n’ eft pas de bonne
qualité.
S’il y avoit déjà un efpalier dans le terrain &
qu’on voulût le remplacer par des arbres de même
efpèce, il conviendroit d’ enlever toute la terre
dans la profondeur fufdite & dans une largeur de
4 à y pieds pour la remplacer par de la nouvelle,
prife dans une autre partie du jardin ou au milieu
des champs.
Les fondations des .murs exigent qu’on plante
les arbres en efpalier à quelque diftance de ces
murs, fauf à les incliner enfuite contre ces murs
pour pouvoir les y appliquer convenablement.
On a foin de.ne pas enterrer la greffe.
Comme les branches font conftamment en concordance
avec les racines, il eft néceffaire de placer
fur les côtés les plus groffes & les mieux op-
pofées de ces racines, & raccourcir toutes celles
qui rivaliferoient avec elles.
Il fut un temps où on plaçoit, en efpalier, alternativement,
un nain & une demi-tige. Aujourd’hui
on ne met plus guère que des nains en toutes
autres efpècw que le Poirier,, qui préfère la
demi-tige. Voye^ Palmette.
C ’eft pendant L'hiver que fe plantent les efpaliers
; mais il eft cependant poftïbie, avec des
foins, de les planter à toutes les époques de l’année
, principalement à la fève d’août.
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Tl n’eft point rare de planter des efpaliers très-
vieux & de les voir reprendre. Quèlques perfon-
nes même, fous prétexte de l’accélération de leur
iouiflance, ne veulent planter que des efpaliers
faits c’eft-à-dire, des arbres de fix à fept ans,
don/les Branches ont été convenablement difpofées
contre un mur, contre un treillage ou contre
des échalas; cependant je crois qu'il eft mieux
de planter, pour devenir efpaliers , des arbres de
trois ou quatre ans de greffe au plus, & de lès
former en place. .
La diftance a mettre entre les ejpahers doit
être l’objet des méditations de celui qui veut former
un efpalier. Des arbres trop rapprochés fe
nùifent par leurs racines Jk par leurs branches;
d-;s arbres trop éloignés laiffent de l’efpace
perdu fur le mur. Il eft difficile de fixer cette
diftance d’ une manière générale, parce qu’elle
varie Félon lés efpèces , félon lès variétés , félon
les terrains; mais je dois obferver que les incon?-
vèniens de ce dernier cas font moindres que-ceux
du premier. On trouvera aux articles de chaque
efpèce d’arbre les indications que fournit la pratiqué
à cet égard. — •■
Généralement on établit une plate-bande de
cinq à fix pieds de large au pied d’un efpalier,
plate-bande dans laquelle fe cultivent des légumes
de primeurs; mais lès habitans de Montreuil
prétendent qu’elle nuit aux arbres, & en confé-
queiîce on n’ en voit plus chez eux.
De toutes les manières de former un efpalier, la
plûs conforme aux principes de la théorie &r la
plus évidemment appuyée fur l’experience, eft
cèllé de Montreuil. Je dois do ne la développer
ici, & je ne puis mieux le faire qu’en tranferivant
ce qui a été publié'à fon égard par mon célèbre
collaborateur Th ou in.
' « Après que i’arbrè eft planté , & avant que la
fève entre- en mouvement, on coupe la tête de
l’arbre à quatre à cinq yeux au-deffus de fa greffe.
Chacun de ces yeux pouffe ordinairement fon
bourgeon , & dans quelques efpèces d'arbres il
en pouffe de l’écorce fans qu’ il.fe montre des.
yeux. Il eft des perfonnes qui (oppriment, à fur
&à mefure qu’ils croiffent, les bourgeons mal placés,
& qui fe trouvent fur le derrière ou fur je
devant de l’arbre, & qui ne laiffent croître que
ceux deftinés à former l’éventail fur le mur.
D’autres laiffent croître les bourgeons jufqu’ â la
fin’de la ceffation de la fève printanière , fuppri-
ment alors les inutiles & paliflent les autres. Il en
eft quelques-uns qui préfèrent de laiffe r croître
tous les bourgeons, les gourmands.du fauvageon
exceptés, & de ne donner ni coup de fer pet te ni
pincement à leurs arbres jufqu’au moment de la
taille fuivante. Ceux-ci a giflent prudemment, par
la raifon qu’ en diminuant les bourgeons on diminue
le nombre, des feuilles , & par conféquert le
nombre des bouches qui nourriffent les racines j
& comme, dans cette première année , il eft plus
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effentiel de confolider la reprife des arbres & ds
les affurer fur leurs racines, que de leur former U
tê te , cette pratique me paroît préférable, 8c
d’ autant plus que les arbres une fois bien repris,
auront bientôt regagné le temps perdu, 8c
deviendront enfuite plus vigoureux que ceux qui
auront été taillés dès l’année de leur plantation.
Ainfi donc, il eft bon de ne pas toucher la
pouffe des arbres cette première année, & de s’en
tenir à leur adminiftrer la culture à tous les arbres
nouvellement plantés.
>» Pendant les jours doux, n’importé à quelle
époque de l ’h iver, pour les arbres à fruits, à pépin
, & au premier printemps pour les fruits à
noyau, on choifît fur chaque pied les deux bourgeons
les plus favorablement placés ; il faut qu’ils •
(oient, i ° . très-fai ns & tiès-vigoureux ; 2°. en
oppofition des deux côtés de l’ arbre parallèlement
au mur & lé plus près poffible; Ce font ceux qui
doivent fervir de bafe à tout l’édifice. Ce choix
arrêté, on fuppiime, fans diftinétion^ tous les
autres bourgeons, en les coupant, avec un fer-
pette bien acérée, le plus près poffible de la
tige , afin que l’écorce de l'arbre puiffe recouvrir
fans p^ine & promptement ces petites plaies; <
» Refte à opérer les deux branches mères. La
longueur qu’on laiffe à chacune doit être déterminée
parla vigeur de l’arbre qui les a produites
& par la leur particulière. Si l’arbre a pouflé
vigoureufement, on taille tes branches au-deffus
du fixième oeil; s’il n’a pouffé que modérément,
on le raccourcit au quatrième ; enfin, fi la pouffa
eft chétive, on la taille au fécond.
» Lorfque les deux rameaux font d’inégale
force, on laiffe plus de longueur à celui qui elt
le plus vigoureux & on raccourcit davantage, au
contraire, celui qui l’ eft le moins : par ce moyen
très-'Ample on rétablit promptement l’équilibre
de vigueur entre les deux branches. Ces coupes
des deux rameaux doivent être faites fur les'yeux
latéraux, afin que les bourgeons qui en fortiront
fe dirigent naturellement dans le fens des branches
mères. On les fixe enfuite par des attaches, foie
au mur, fort à la paliffade, au moment où ils commencent
à prendre leurs directions,. à l’angle de
quarante-cinq degrés. Si on ne peut arriver à ce
but cette première année, par la crainte de rompre
les branches, on les en approche le plus qu’il
tft poffible, & on remet aux années fuivantes à la
première pouffe de l’arbre, depuis qu’ il a été mis
en place. Viennent enfuite l’ébourgeonage & le
paliffage.
« L’époque la plus favorable a l’ébourgeonne-
rnent du plus grand nombre d’efpèces d’arbres ,
eft celle de la fin de la fève du printemps, lotf-
que les bourgeons, parvenus au maximum de leur
grandeur, s’arrêtent & reftent en repos jufqu’à-
la fève d’automne.
; Va On fupprime d’abord les bourgeons -qui fe.
trouvent placés fur le derrière, & qui fe dirigent