
aujourd’hui il n’eft pas encore forti des écoles de
botanique & des grandes collections.
J'ai déjà parié longuement de la culture des
rofiers dans l’énumération qu’on vient de lire,
mais j’ai encore à mettre quelques confédérations
générales fous les yeux du leéteur.
Jadis on tailloic tous les rofiers en boules, en
pyramides, & c . , avec le croifiant, & on n’ en
obtenoit que peu de fleurs ; aujourd’hui, fi on
gêne leur développement en coupant leurs vieilles
tiges rez-terre pendant l’hiver, leurs branches
fur deux ou trois yeux, après la floraifon , c’eft
pour leur en faire pouffer de nouvelles & obtenir
de plus nombreufes & de plus belles fleurs.
Ainfi que je l’ai déjà obfervé, paliffader les
rofiers contre les murs, en en formant des guirlandes
d’ un arbre à l’autre, en^ en garniffant les
berceaux, & c . , donne des jouiflances plus étendues
lorfqu’on choifît convenablement les efpèces
j \erofier de B :ngale, qui, parmi elles, vient le plus
j facilement de boutures. Il en eft, comme le ro-
i fier mulcade, le eofier cent feuilles, mouffeux, &c.s 5 qui ne peuvent être reproduits avec fuccès qu’au
moyen des marcottes. L’emploi des racines pour
cet objet elt peu pratiqué} cependant il eft un
des plus afliirés & des plus expéditifs , furtout lorfqu’
& les variétés ; cependant on aime toujours à en
revenir à la forme de buiflon, qui eft naturelle.
. Attendre, pour tailler les rofiers , qu'ils foient
entrés en fèv e, eft une précaution à laquelle invite
Dunaont-Courfet, attendu que dans le cas
contraire il fe forme toujours un chicot de bois
mort.
La plus dangereufe des maladies qui attaquent
les rofiers y eft la R o u i l l e . Voye% ce mot.
Ils font fréquemment affe&és de l’efpèce de brûlure
produite par les rayons du foleil für les
gouttes de rofée qui les couvrent. Voye^ Br û l
u r e .
Quelques efpèces ou variétés de rofiers ne peuvent
amener leurs fleurs à épanouiûement complet,
ainlî que je l’ai annoncé plus haut. Le
manque de nourriture , de chaleur , l’excès d'humidité,
font ordinairement les caufes de cet effet.
Parmi lès infedles allez nombreux qui vivent aux
dépens des rofiers , il convient de c ite r , /i°. le di-
plolèpe, qui fait naître les bedéguars cités plus
haut, lefquels, abforbant la feve deflinée aux
branches, font périr ou au-moins empêchent les
fleurs de s’épanouir (voye^ D i p l o l e p e ) j 2°. les
T henthrÈdes, dont les larves dévorent les feuilles,
ce qui empêche également les rofieis de fleurir
(voye% ce mot)} $°. la larve d'une teigne que je
n'ai point vu e , mais q u i, en mangeant la moelle
des bourgeons, produit les mêmes réfultats.
Les femences des rofiers reftent le plus foulent
deux ans en terre avant de lever : ainfi , il faut
favoir attendre, lorfqu’on veut faire ufage de ce
moyen de reproduction ; aufii ne l’emploie t-on
ue pcnr avoir des variétés nouvelles, c’eft-à-
ire, feulement dans les grandes pépinières &
chez les amateurs riches. Voye% G r a i n e . %
Comme je l’ai déjà obfervé plufieurs fois, les
rejetons font le moyen le plus expéditif & le plus
économique de fe procurer des rofiers de chien
pour la greffe, le déchirement des vieux pieds,
pour en multiplier les autres efpèces, excepté
on a une couche à châffis à fa difpofition. Foye^
R e j e t o n , D é c h i r e m e n t , E c l a t s , B o u t u r e ,
M a r c o t t e , R a c i n e . ,
Rarement nos pères greffoient les rofiers. Aujourd'hui
c’eft, du moins dans les pépinières des
environs de Paris, le mode le plus ufité de multiplication.
Il eft des amateurs qui n’en ont pas un feu!
franc de pied dans leur jardin. Cependant, ainfi
f que je l’ ai déjà annoncé, les rofiers greffés ne fub-
fittent pas long-temps, ôc il elt des efpèces & des
variétés qui produifcnt beaucoup plus d’effet
lorfqu’ on les abandonne à leur difpofition naturelle.
Je n’entreprendrai pas de m élever contre
' la mode, que je reconnois-procprer quelques avantages,
mais je voudiois qu’eile fût moins exclufwe.
Les greffes en écuflon à oeil pouffant & à oeil
dormant, font prefque les feules pratiquées fur le
rofier. Tantôt on les exécute fur les pouffes de
l’année précédente, tantôt fur la tige même, quel-
qu’âgée qu’elle foit. Ordinairement on en place
plufieurs à peu de dillance, ou en^oppoficion,
pour qu’elles forment, par leur réunion , une tête
régulière, mais fe refufer à les prendre fur des
efpèces, ou-des variétés différentes, une d’elles
s’ emportant toujours plus que l’ autre, & toutes,
deux, ainfi que l’enfemble, fouffrant de leur
lutte.
Ordinairement les greffes de rofiers font a trois
ou quatre pieds de hauteur, mais j’en ai vu qui
produifoient plus 4’effet lorlqu’elles l’ étoient feulement
à un. ou deux, & Dupont, & autres, ont fait
voir qu’ il étoit poflîble de tirer avantage de celles
qui l’étoient à plus de vingt pieds.
La forme globuleufe eft celle qui fe donne le
plus généralement aux rofiers greffés. Confédérée
ifolément, elle eft prefque toujours- avancageuk }
mais lorfqu’elle eft trop répétée, elle amène la monotonie.
Celle en table, qu’on lui fubftitue quelquefois,
n’en eft pas affez diûinéts pour détruire
le réfultat de cette obfervation.
Lorfqu’on defire conferver un peu plus longtemps
les rofiers greffés, il faut continuellement les
fut veiller, c’eft-à-dire, fupprimer les rejets qui
fortent des tiges & des racines, lefquels ne tardent
pas à faire périr la greffe, la nature voulant qu ils fe
fubftituent fans cefle aux tiges, comme je l ’ai remarqué
plus haut. ( V^oyei G ou rm an d .) Il faut
aufii les affujettir chaque année, après leur floraj-
foa, à une taille plus ou moins alongée, pour qu il
n’y ait pas une difproportion choquante entre la
groffeur de leur tête & celle de leur tig e , & pour
qu’ils donnent l’année fuivante & plus de fleurs (elles
Baifféflt exclufîvemem fur les bourgeons), 8c des
fleurs
fleurs pins groffes ( elles le font d’autant plus
qu’elles font plus près des racines ).
^ Cette dernière confîdération appelle également
la taille, & la taille courte, pour les rofiers francs de
pied. Il y a peu d’années qu’on y affujettit ces derniers:
ainfi on peut, par la comparai fon des jardins
bien conduits, avec ceux dirigés par de vieux
jardiniers, juger combien il eft avantageux de leur
laiffer peu de hauteur, & de fupprimer toutes les
tiges de plus de trois ans d’âge. Ceux en pots réclament
cette taille plus impérieufement que les
autres, à raifon du peu de nôurriture qu’ ils ont à
leur difpofition. v
Pouvoir offrir des rofes aux belles à toutes_les
époques de l’année , eft un avantage que les amateurs
ont dû defirer de tout temps. Aujourd’hui
il leur eft facile de fe fatisfaire, de nouvelles variétés
qui fleurifient à des époques différentes ,
ou plufieurs fois dans l ’été, même perpétuellement,
ayant été introduites dans nos cultures,
& les ferres, les bâches, les châffis, leur four-
niffant, pour quelques efpèces, les moyens de
forcer la nature.
La pofition des rofitrs dans les jardins, & de
petits procédés de culture, viennent encore au
fecours de ces amateurs : ceux qui font au midi
fleurifient plus tôt que ceux qui font au nord, &
ceux qu’on a empêché de fleurir au printemps, par
la fouftraCtion de leurs boutons & de leurs feuilles,
fleurifient en automne.
Si le bois des rofiers étoit plus gros & avoit moins
de moelle, il feroit poffible de le fubftituer au
buis, parce qu’il eft aufii pefant & aufii fufceptible
dépoli. Leurs feuilles, leurs bourgeons, & l’ ex-
croiffance appelée bediguard, font en ufage en
médecine, comme je l’ ai déjà annoncé. On tient
dans les pharmacies une eau diftillée, une huile, un
onguent, un miel, une conferve, un vinaigre, fait
au moyen de leurs fleurs, dont il eft permis de douter
des vertus. Les co'nfifeurs, les liquoriftes &
parfumeurs tirent un parti plus réel des mêmes
fleurs, en fixant leur odeur & leur faveur dans des
paftilles, dans dés crèmes, dans'des glaces, dans
de l’eau-de-vie, dans des effences , dans des huiles,
dans des graiffes, &c. On compofe des fa-
chets odorans avec leurs pétales ,• on en met dans
les armoires pour parfumer les habits & le linge.
En les roulant, en plus ou moins grande quantité,
entre les doigts , on en compofe des colliers, des
pendans d’oreilles, des bracelets eftimés des belles.
J’ai déjà parlé de la pommade de rofe qu’ on
obtienc, aux environs de Paris & à Graffe, des
fleurs de la rofe de Damas & de l’effence de rofe,
lapliv chère de toutes les odeurs, qui fe tire par
<jiltillation 3 ad defeenfum, des fleurs de la rofe
mufcade, fur la côte d’ Afrique. Donal-Mouro nous
apprend que, dans l’ Inde, il. ftiffit de mettre les
pétales des rofes ( il ne dit pas de laquelle) dans
un vafe plein d’eau , expofé au foleil, pour que
Di<3. des Arbres & Arbufies,
l ’huile furnage & puifle s'enlever avec du coton.
Ce qui peut tenir de cette effence à la pointe d’une
épingle, fuffit pour embaumer un appartement tout
un jour.
Le rofiolio rouge & blanc fe compofe en mettant
de la bonrîe eau-de-vie fur des pétales de
rofe pendant quelques heures, en diftillant & en
fucrant en fuite cette eau-de-vie. J'en ai bu, faite
à Paris, d'aufii bonne que celle qu’on tire à fi.grand
frais d’ Italie.
ROSSE. Synonyme de G a r d o n . Poifiôn du
genre Cy prin.
ROUABLE. Ce nom fe donne, dans quelques
lieux, à une lame de fer recourbée & fixée à un long
manche, avec laquelle on tire la braife du four,
lorfqu’on juge qu'il eft affez chaud.
On fupplée au rouable par des perches d’un
bois vert ou mouillé, mais elles rempliffent bien
plus imparfaitement ce b u t, & demandent à être
renouvelées fouvent.
ROUAUNE. Infiniment de fer à trois pointes,
dont une recourbée, avec lequel on marque les
tonneaux, en faifantfur un de leurs fonds, des lignes,
des cercles difpofës d’un grand nombre de
manié r es o
R O U C O U Y E R . Voyt[ R o c o ù y e r .
R O U G EO T , ROUGEAU. Couleur rouge ou
jaune, que prennent toujours les feuilles de la v igne
lorfqu’elles ceffent de végéter. C ’eft quelquefois
une maladie produite par la féchereffe, par
des infeCtes, & c .
ROUGET. Nom généralement donné au pollen
rouge ou jaune des étamines des fleurs, dé-
pofé par les A b e i l l e s dans les A l v é o l e s de leurs
Gateaux de cire, lorfqu’elles en ont plus ramaffé
que leurs L a r v e s ne peuvent en confommer, &T
qui s’y durcit au point qu’elles ne peuvent plus
l'employer.
Le rouget augmentant tous les ans, il diminue le
nombre des alvéoles où les abeilles peuvent élever
leurs larves, ou mettre leur miel, 2>c , ainfi, il
arrive un moment où la ruche périt par la réduction
de fa population.
Lorfqu’ il y a béaucoup de rouget dans une ruche,
elle le vend bien moins, tant parce qu’il prend
la place du miel, que parce qu’ il porte une/aveur
âcre & une couleur défagréable dans ce miel. On
l’empêche affez facilement de fe mêler avec celui
qui eft tiré par fimple écoulement, mais non avec
celui pour lequel on eft forcé d’employer l’expref-
fion.
C ’eft par de bons principes d’éducation des
abeilles, c’eft-à-dire, en ne laifiant jamais les ruches
ou portions de ruches plus de deux ans, fans
en faire la récolte, qu’on peut éviter les mauvais
effets du rouget.
Il fe trouve plus de rouget dans les ruches des
X x x x