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petit nombre de Tes branches & de Tes feuilles.
La tranfplantation de Xamandier doit être faite
à Va fin de l'automne, c'eft-à-dire, dès qu'il a
perdu la plus grande partie de fes feuilles ( il en
eft des variétés qui les gardent prefque tout l'hiver),
attendu que pouvant le premier au printemps,
il faut donner à la terre le temps de fe taffer autour
de fes raci es. On ne le prive, pour cette opération
, ni d'une partie de fes racines, ni d'une
partie de fes branches , comme pour tint d'autres
arbres , ce qui fuppo'e qu’elle n'a lieu que pour
des arbres de deux ou trois ans, ’es feuls qu'il foit
ordinairement utile de planter.
Dans le midi de la France, où il fait un objet
important de revet 11% comme je l'ai déjà ob-
fervé , on place l'amandier en ligne fur la lifière
des champs ou en quinconce, dans les champs
mêmes. Il alterne fouvent avec l'olivier. La distance
entre les pie 1s varie fuivant la bonté du fo l,
cette diftance devant être plus confî iérable dans
le meilleur. On peut arbitrer, fans craindre de fe
tromper, celle de vingt-cinq pieds comme la plus
convenable, terme moyen, parce qu'il eft très-
important que l’ombre des uns ne nuife ni aux
au très, ni aux cultures qu'on peut faire entreux,
C ’eft à la t roi fié me' ou quatrième année que
les amandiers commencent à porter du fruit, 8c
alors il tft peu abondant, mais fort gros. A
huit ans il eft dans toute fa foi ce.
Quelques agriculteurs ont propofé de déchauffer
les amandiers pendant l'hiver pour retarder
leur floraifon, 8c par conféquenc alfurer leurs
récoltes ; d'autres ont cru qu'on pourroir produire
le même réfultat en les greffant fur prunier, arbre
d'une végétation réellement plus tardive j d'autres
en les tenant en buiffon. Comme le terrain, la variété
, l’année, déterminent l’époque de la florai-
fon des amandiers , il n'a pas été poftible de .confia-
ter d'une manière pofitive la valeur de ces moyens;
mais je déclare, après avoir beaucoup obfervé,
que je ne vois de certain que le <h. ix des variétés
réellement tardives dans un terrain donné, variée
tés qui fe montrent toujours dans un fends un peu
confidérabJe, 8c parmi iefquelles il doit s'en trouver
à fruit doux, gros &' abondant.
Une bonne variété -une fois acquife, on la
greffera ; & fi die perd de fa précocité, ce fera
de fi peu, qu'il y aura rarement à s’en plaindre.
J’ai déjà obfervé que les amandiers à fruit à
coque tendre étoient plus foibles 8c plus tardifs
que les autres.
On greffe l ‘amandier prefqu’exelufivement en
écuffon a oeil dormant, c’eit-à-dire,à la fève d’août,
mais on peut lui fubftituer toutes les autres fortes
de greffe s. Ainfi que je l’ai déjà obfervé, ce n’ eft
guère que les variétés à coques tendres qui fe
placent fur lui : aufli en culciveroit-on peu pour
cet.objet, s’il ne fervoit, dans le centre 2c le nord
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de la France, de fujet pour la greffe des pêchers,
deftinés à être plantés dans les terrains, fecs 8c
légers.
Comme cet emploi eft très-confidérable, principalement
aux environs de Paris , je dois entrer
dans quelques détails- à fon égard , après avoir
parlé de la récolte des amandes &. de leur emploi
dans l’économie domeftique.
A l’époque de la maturité, le brou des amandes
s’ouvre naturellement, & celles qui font le mieux
conftituées tombent, mais c’eft le plus petit nombre.
La plupart font retenues , foit parce que leur
brou ne s’ouvre pas allez, foit parce qu'elles
font' collées contre ce brou par de la gomme.
Ainfi, fi on ne veut pas attendre que ce brou
tombe de lui-même, ce. qu’on ne doit jamais
vouloir, parce qu’il ne tombe qu’en hiver, 8c
même quelquefois au printemps, furtout dans
les variétés amères à petit fru it, il faut ou
les cueillir à la .main , ou les faire tomber avec
une gaule ( long bâton mince ). C ’eft prefque
toujours au fécond de ces moyens, comme plus
expéditif, qu’ on s’arrête , quoiqu’ il nuife à l’ arbre
lorfqu’il n’ eft pas employé avec les précautiors
convenables. Monter fur l’arbre eft fouvent dangereux
, à raifo 1 de la f. agilité des branches. Employer
des échelles doubles eft fort coûteux.
Un long bâton, ou fendu par le bout, dans la
fente duquel on introduit l'amande , ou terminé
par un crochet de fer, au moyen duquel on tire
*à foi l’amande, font, dans les petites cultures, d’un
emploi avantageux.
Immédiatement après la récolte des amandes,
on les porte au grenier & on les. y étend jufqu a
ce que leur brou fe foit complètement ouvert,
enfuite on les en fépare' 8c on les laifîe, dans la
même fituatiori, compléter leur deflîccatron. Les
, lâiffer à l’ air libre, comme on le fait dans quelques
lieux, eft moins bien, attendu que toujours la
fraîcheur des nuits, & fouvent la pluie, retarde
leur defficcation. Ce, n’ eft que lorfqu’elles font
: féehées avec excès qu’on peut les mettre dans
des focs ou dans des tonneaux, car elles perdent
de leur bonté. & par conféquent de leur valeur
lorfqu’eiles font moifies.
Les amandes doivent toutes être vendues dans
le coimn encement de l’hiver, parce qu’ elles font
evpofées à ranur au retour des chaleurs, 8c
alors ne font plus marchandes. -
Les amandes douces , foit avant leur complète
! maturité, foit dans les trois mois qui la fuivent,
■ font fort agréables au goût : les enfans furtout
! les aiment avec paftion. Il ne faut cependant pas
; en manger trop, parce qu’elles font fort indi-
! geftes.
Ainfi que je l’ai déjà obfervé, on tire des
amandes, foit douces, foit amères, de l’huile
d’ un ufoge étendu, tant dans la médecine que
dans la parfumerie, & ce , foit naturellement, en
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preffint les amandes réduites en P*“ * f01t
I le s faifont légèrement griller, ou en les arr •
fant d’eau bouillante. Cette huile, furtout: c.elle
obtenue au moyen de la chaleur, rancit
I ment ; en conféquence on ne la retire gene
ment qu’au moment du befoin.
I En Efpagne on fubftitue quelquefois les amandes
douces, en tout ou en partie , dans la fabu-
I cation du chocolat. I . , M 1 Le telle des amandes dont on a tire 1 huile g
I s’appelle pâte d'amande, & fert dans la toilette
des dames comme cofmetique adouciflant, de
forte qu’on en trouve toujours a venlre cnea.
les parfumeurs des grandes villes.
I Lés amandes douces ne fe fervent pas feulement
en nature fur nos tables; on en tait des
dragées, du nougat brun 8c blinc ; on les tait
enrrer dans beaucoup de fortes de patmeries.
Leur émulfion avec de l’eau d’orge 8c du lucre
' ^o iftitue l’orgeat. • _ . . ,
Les amandes amères, outre la fabrication de
l ’huile, férvent à celle des maflfepains 8c de quelques
autres fucreries d’un manger agréable, mais
dangereux, furtout pour les perroquets, les ferms
& autres petits animaux,
f Les feuilles ds l‘amandier {ont une excellente
: nourriture pour les chèvres 8c les moutons, lorsqu'on
les mêle, en petite quantité, avec d’autres
fourrages. Il eft bien des propriétaires, dans le
midi de la France, qui ne tirent aucun parti de
I certaines portions arides & rociilleufes^ de leurs
terres, qui pouiroient en obtenir ,d importans
revenus, feulement en les plantant & amandiers,
qu’ils couperoient rezterre, par moitié, tous les
\ deux ans, au milieu de l'été, pour fervir de founage
I vert dans cette faifon & de fourrage fec pendant
l ’hiver. Ces amandiers donneroient peu, fans doute ;
m ds il eft fi facile d • les entremêler avec des femis
| annuels, qu’ ils protégeroitnt Ae leur ombre,
que cette confidération eft de nulle importance.
F On tire parti du bois de XamAndier dans l’ébér 4 n'fterie & dans la menuiferie. Il eft rouge âcre
& paff.-.blement dur. Sa gomme fe vend comme
celle du cerifier, dont elle différé fort peu.
Les amandes confervées au grenier ranciffant
& fe defféchant pendant l’hiver, 8c celles mifes
én terre avant l’hiver étant dans le cas d’être man-
î gées par les mulots, d’être gelées après leur germination
, il eft indifpenfable de les ftratifiev dans
( une cave, ou fous un gros tas de fumier ou de
feuilles, pour leur conserver leur humidité 8c
empêch* r les inccnvéniens précités. Pour cet
effet on les met dans des vafes, en couche alterna-
; rive avec la même épaiffeur de terre, 8c on en-
,< terre ces vafes à la furface du follorfqu’ ils font
dans l’intérieur, & à deux pieds de cette furface
I lorfqu’ils font à l’extérieur. Au mois d’a v r il,
j. époque où les amandes font prefque toujours toutes
germées, on les ôte 8c on les plante, une à une,
en rangées écartées d’un à deux pieds , félon
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l ’objet qu’on a en vue, après avoir pincé l'extrémité
de leur germe pour empêcher le pivot de fe
former, dans une rigole creuféeavec un plantoir>
rigole qu’on recouvre avec un rateau. La profondeur
de leur enfouiffemeht doit être d’environ
un pouce, car à deux pouces elles font
expofées à pourrir, 8c à moins d’un pouce a fe
deffécher. Par cette pratique on a l'avantage de ne
planter que des amandes dont la végétation cil
a durée, quoique même alors il en manque fouvent
, tandis qu*en les plantant non^ germées,
on eft fondé à craindre qu’il n’en lève jamais
plus que la moitié.
Les amandes nées dans le pays font toujours,
furtout dans le nord , préférables à celles venues
de loin. On doit, d’après ce que j’ai annoncé
plus haut, conftamment repouffer celles qui font
amères.
Des arrofemens pendant les féchereffes du printemps
8c pendant les chaleurs de l’été font fou-
vent néceffaires.
La pouffe des jeunes amandiers eu 11 act v e ,
pour peu que le terrain foit bon 8c la faifon fa-
vordble, que prefque toujours ils ont acquis deux
8c même trois pieds de hauteur avant l’époque
de la greffe en écuffon à oeil dormant : ainfi on les
greffe la même année, lorfque i objet eft de^ les
transformer en pêches pour efpaliers , ce qui eft
un immenfe avantage pour k s pépiniériftes qui
fpéculent fur la vente. C ’eft au plus à deux pouces
de terre qu’ on place cette Greffe.
Au printemps de l’annee fuivante on^ coupe
la tête de X amandier, 8c il eft transformé en un
P é ch er, qu’ on conduit comme il fera dit à l'article
de cet arbre.
Les fujets fur lefquels la greffe n’ a pas repris
font greffés une fécondé fois l’automue fuivant,
foit à la même, élévation de terre, foit, ce qui eft
mieux , à quatre pieds de haut, pour faire des
démi-tiges ou des pkiris-vents. Lorfque cette
fécondé greffe manque encore , il y a lieu de
croire que le fujet porte des amandes amères,
8c il vaut mieux l’arracher que de perfifter à le
regreffer, encore qu’on puiffe efpérer de réuffir.
Outre ces amandiers à fleurs doubles, on voir,
dans nos jardins d'agrément, des amandiers à feuilles
panachées de jaune ou de blanc. Ces deux
j dernières variétés fe grefflnt comme les premières,
8c quoiqu’elles foient de moins d’ effet, on peut
en tirer parti, lorfqu’on foit les placer convenà-
. blement.
Vamandier oriental fe cultive également dans
les jardins d’agrément, 8c s’y fait remarquer,
foit lorfqu’ il eft en fleurs, foit lorfqu’ il eft en fruits,
| par le contraire de la çoukur de fes feu lîes, qui
1 font blanches, avec celle des autres arbres. On
| peut le reproduire de fes graines, dont il donne
; tous les ans,. mais on préfère le faire par la greffe
fur Xamandier commun»
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