
L'Érable pim ne s’élève un peu moins que le
précédent, mais eft plus propre que lu i, par l’é légance
de fes feuilles, à orner les jardins. Il eft
connu fous les noms de plaque, de faux-fycomore ,
A'érable a feuilles de platane, d'érable de Norwége.
Les hautes montagnes du centre de la France &
le nord de l’Europe font les lieux où il croît naturellement.
Lorsqu’on rompt fes feuilles, il fort
de la blelTure une liqueur laiteufe qui ne fe remarque.
dans aucune autre- efpèce, & qui fert à
le diftinguer principalement de Y érable à fucre & de-
l‘érable noir, auxquels il reffembie beaucoup. Son
écorce eft légèrement ftriée de blanc; fon bois,
qui eft blanchâtre, fe travaille avec facilité,
prend toutes, les couleurs, ne perd qu’un vingt-
quatrième de fon volume par la deflîccation , &
p ë fe , fec , 43 livres 4 onces 4 gros par pied cube.
On l'emploie aux mêmes ufages que celui de
l'érable fycomore.
Cette efpèce fe fème, fe conduit dans fa jeuneffe,
fe plante & fe cultive pofitivement comme
la précédente , excepté qu’elle n’eft point propre
à la greffe des autres efpèces, probablement à rai-
fon du fuc laiteux dont elle eft pourvue. Un bon fol
eft le feul où elle profpère. Elle offre deux variétés :
l ’une à feuilles panachées, peu eüimée; l’autre à
feuilles laciniées & crifpées, ayant l’air d’avoir
été frites , appelée érable a feuilles de perfil, érable
griffon, qui frappe tous ceux qui la voient, &
qu’on multiplie beaucoup pour la greffe fur fon
type ou fur Y érable fycomore, mais qui, étant une
monftruofité, ne fleurir jamais & fubfifte peu
longtemps.
L’Érable A feuilles d’obier, appelé
ayart dans les montagnes du Dauphiné, où il
croît naturellement, eft encore rare dans nos jardins,
-malgré la grande quantité de graines que
fai fait venir pour les pépinières de Ver fai lies,
probablement parce qu’ il eft peu connu & inférieur
en beauté aux deux efpèces précédentes.
Sa culture eft pofitivement la même. Son bois
eft plus dur, & fort recherché pourde charronnage
dans les environs de Grenoble. Il pèfe,
fe c , 52'livres 11 onces 1 grain par pied cube.
Sous le nom d’ÉRABLE hybride , fe cultivent
trois efpèces, probablement de l’eft de l’Europe,
dans les pépinières des environs de Paris. Celui
auquel j’ai appliqué ce nom , & qui exifte depuis
longues années a la pépinière du Roule, eft intermédiaire
entre lé précédent & le fuivant.
C ’eft un arbre de moyenne élévation, qui mérite
d’être cultivé, même à côté des auttes, & qui,
quoiqu’ il donne des fruits , n’a encore été multiplié
Tous deux fe multiplient comme le mien.
L’ÉRABLE. OPALE, ou érable a feuilles rondes, eft
inférieur en grandeur à tous les précédens, mais
figure aufli bien qu’eux , à raifon de la beauté de
fes feuilles , dans les jardins payfagers, où on le
place le long des allées ,. à quelque diftance des
maflifs , contre les fabriques, &c. On le multiplie
quelquefois de graines, mais plus généralement
par la greffe fur Y érable fycomore, quoiqu’il fut
mieux de le faire fur Yérable champêtre ou Y érable
de Montpellier, avec lefquels il offre des rapports
plus poütifs.
que par la greffe fur Y érable fycomore.
L’ érable hybride de Cels fe rapproche de celui-ci,
mais eft diftinéh
Celui de Noifette eft plus voifîn de Yérable noir
que d’aucun autre.
L’Érable de Montpellier mérite, par la
beauté de fa tête & la durée de fa foliation, d’être
placé au milieu des gazons ou à quelque diftance
des maflifs, dans tous les jardins payfagers, car peu
d’arbres y produifent plus d’effet de loin, & s’accommodent
d’un aufli mauvais terrain que lui. Il
eft quelquefois frappé de la gelée, dans fa jeuneffe,
à la latitude de Paris , mais rarement il en meurt.
Les haies qu’on en fait font des plus excellentes,
par l’entrelacement & la ténacité de fes rameaux.
On le multiplie de graines , dont il donne im-
menfément, & qu*OB fème ainfi qu’il a été dit plus
haut j mais comme il croît avec beaucoup de lenteur
, il faut doubler le temps qu’il doit refter dans
la pépinière. Il fe multiplie aufli de marcottes &
même de boutures. Sa greffe eft de peu d’utilité.
L’Érable de Crète diffère peu du précédent,
jouit des mêmes avantages & demande la même
culture. Il eft encore plus petit, atteignant rarement
plus de quinze à »vingt pieds de haut. Je
voudrois le voir plus recherché des amis des jardins
& des cultivateurs des montagnes pelées du midi
de la France, dont il favoriferoit le repeuplement
en bois de plus grande ftature, par l’ombre qu’il
projetteroit fur les femis.
L’Érable de T a r ta r ie , au contraire de la
plupart des autres arbres , ne prend point de tête
proportionnée à fa hauteur, mais pouffe des bouquets'de
branches fur fon tronc, qui eft toujours
grêle. Fréquemment il entre dans la compolition
des jardins payfagers , quoiqu’ il y produife fort
peu d’effet, furtout quand il a acquis quelques
années. Les terrains argileux & humides font ceux
où il fe plaît le mieux. Sa hauteur furpaffe rarement
quinze à vingt pieds, & fa groffeur celle du bras.
On le multiplie de graines , dont il donne abondamment,
de rejetons & de marcottes. Je ne l’ai
jamais vu greffer. Peut-être pourroit-on le cultiver
pour fourrage en le coupant, tous les deux ou trois
ans, rez-terre.
L’Érable a feuilles de frêne s’écarte beaucoup
des autres pour i’afpeâ. Il eft toujours
dioique. La forme & la couleur de fon feuillage
le rendent très-propre à L'ornement des jardins,
payfagers ; aufli l’y place-t-on fréquemment, f l.
ins aux environs de Paris. Les avenues qui en J
font cotnpofées fe font également remarquer. Ses
' chées de deux ou trois ans embellilfenr les ga-
tt0 ^ quelqu'endroit qu’elles fe trouvent. C ’eft,
He tous les érables, celui qui pouffe le plus rapidement
dans fa jeuneffe. Les plus fortes gelées ne
lui font point de mal, mais il n en elt point de
même des chaleurs, ou peut-être mieux des féche-
reffes, pendant lefquelles il perd fou vent fes
branches fupérieures. Les grands vents le dégradent
quelquefois, en caftant ou en éclatant fes
Lfles branches, ce qui doit engagera ne pas le
planter dans les Jieux dénués d’abris. Les terrains
égers & humides font ceux qui paroiffent le plus
appropriés à fa nature. Son-bois eft blanc , dur,
excellent pour faire des meubles & des inftrumens
de müfique. - * A
La multiplication de Yerable a feuilles de frene
s’effeêluoit, dans le commencement de fon intro-
i duftion en France , introduétion qui remonte à la
Galiffonnière, par marcottes, par rejetons, par
i racines & par boutures} mais aujourd'hui qu’il
fournit abondamment de bonnes graines, on doit S repouffer ces moyens, qui donnent des arbres
d'une conftitution foible, par conséquent de peu
de beauté & de peu durée. Ces graines fe fèment
comme celles des autrés efpèces, après avoir été
[ Gratifiées pendant l’hiver,'foit en lignes , foit en
[ planches, dans un terrain bien préparé & un peu
ombragé. Il faut en répandre beaucoup, parce
[ qu’il eft commun qu’il y en ait la moitié d’avortées.
Le plant pouffe avec tant de vigueur, qu’ il n’eft
i pas rare d’en voir arriver à trois ou quatre pieds
[ dans le courant de la première année , c ’eft-à-dire,
[ de proprês à être repiqués l’année füivante , à
[ deux pieds de diftance , en tous fens. Du refte, il I fe conduit comme celui de Y érable fycomore.
L’Érable jaspé eft fans contredit, au moins
pendant fa jeuneffe, le plus agréable des érables ,
tant par la forme , la largeur & la grandeur
de fes feuilles, que par les ftries, blanches
dont fon tronc & fes groffes branches font or-
' nées. Son élévation furpaffe rarement vingt pieds,
mais fa tête prend natuçellemént une énorme amplitude
quand il fe trouve dans un terrain convenable
, c’eft-à-dire, léger & chaud. Sa place e ft,
, ouifo.lé au milieu des gazons , ou à quelque dif-
ï tance des maflifs , ou fur le bord des allées, des
r eaux. On ne doit pas ou on doit rarement lui
[ faire fentir le tranchant de la ferpette.
La multiplication de cette efpèce a lieu commp
[ celie des autres, par marcottes, par boutures,
par greffe & par graines.
Les marcottes & les boutures fourniffant de
mauvais pieds, on n’emploie guère aujourd’ hui que
les deux derniers moyens & la greffe fur Y érable
; fycomore, par préférence , comme donnant des
jouiffances plus promptes ; c a r , par une fingularité
qui ne fe montre qu’en cette efpèce, parmi les
Dift. des Arbres & Arbujles,
érables, le plant produit par fes graines pouffe
très-lentement dans fes deux ou trois premières
années, tandis que fes greffes s'élèvent de trois
ou quatre pieds aans une feule.
L’Érable EN ÉPI, ou érable de montagne, a
beaucoup de rapports avec 1^précédent, mais eft
moins ornant, fon écorce étant à peine ftriée :
auffi fe voit-il plus rarement dans nos jardins. Il fe
multiplie pofitivement de même.
L ’ÉRABLE ROUGE, érable to ment eux, érable de
Charles JVager, s’élève à trente ou quarante pieds
dans les bons terrains humides. Ses feuilles, qui
font très-découpées, blanches en deffous, & qui
deviennent rouges en automnè, lui donnent un
aipeft très-élégant. Ses fruits, également rouges,
mûriffent en avril, & , femés de fuite, donnent du
plant qui peut être repiqué , en pépinière, dès le
printemps fuivant. Cet avantage , qu’il partage
avec l’ efpèce füivante & avec I’Or m e , le rend
très-précieux pour les pépiniériftes : aufli le multi-
plie-t-on plutôt par leur moyen que par la greffe
fur Y érable fycomore, quoiqu’elle reuflifle fort bien.
Le plant qu’ ils donnent pouffe affez vîte pour
pouvoir être mis en place à leur troifième ou quatrième
année.
Le bois de cet érable eft fort eftimé dans fon
i pays natal, au rapport de Michaux; mais je n’ ai
pas eu occafion d'en obtenir de forts échantillons,
quoique je l’aie multiplié aufli abondamment que
- pofltble dans les pépinières de Verfailies.
Kalm dit que.les fauvbges fe fervoient de fon
écorce , unie avec du fulfate de cuivre, pour
teindre en bleu.
L’Érable cotonneux ou Érable de V irginie
a été long-temps confondu avec !,e précédent
, & porte encore fon nom dans beaucoup
de pépinières. Il s’élève plus que lui , & s’ il eft
moins élégant, il eft plus majeftueux. On en peut
faire de (uperbes avenues. Son bois eft de peu
d’utilité , au rapport de Michaux. Je l’ai également
très-multiplié : aufli eft-il peu de jardins aux
environs de Paris où il ne fe faffe pas remarquer,
principalement lorfqu’il fait du v ent, par le con-
trafte de la couleur de fes feuilles, qui font blanches
en deffous.
L Érable de la C aroline fe rapproche
infiniment des deux précédens, mais il a les divisons
des feuilles plus obtufes. Tout ce que j'ai
dit à leur fujet s’ y applique. J’en avais apporté
beaucoup de graines à mon retour de fon pays
natal ; mais les pieds qu’elles ont produits fe font
difperfés , de forte que je n’en connois pas^ un
leul dans nos jardins. Il vient de revenir à la
pépinière de Noifette, où il ne fe perdra plus.
L’Érable à sucre eft le plus célèbre des
exotiques. Il reffembie infiniment, par la forme, la
grandeur & la couleur de fes feuilles, ainfi que par
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