
* de l'aubier fur les arêtes, voici en quel état j'ai
» trouvé cet aubier, çe qu'il n’ eft pas inutile de
» connoître; car l’aubier étant un bois impar-
» fait, il femble raifonhable de conclure que ce
»5 qui altère fenlïblement l’aubier & en peu de
» temps, caufera bientôt le même dommage au 1
33 bois, & l'a peut-être déjà caufé d’une’manière
as moins fenfible. 33- .
Nota. Chaque mois préfente une épreuve fur
fix foliveaux. Leur total feroit donc foi.xante-
douze , mais deux d’entr’eux fè trouvèrent égarés*
Abatage de Soliveaux dont l’aubier
s’eft retrouvé en bon
état.
Soliveaux dont l’aubier
s’eft retrouvé en mauvais
état.
Soliveaux qui lors de leur
. équarriflage, n’ ayoient
point d’aubier. 1 2
Soliveaux perdus.
Janvier.............. . . 2 . . . . ............ 2 . . . . .
Février.............. . . 4 . . . .
Mars.................. . . 2 . . . .
Avril..................
Mai.................... . . y . . . .
Juin.. . . . . . . . 6 . . . .
Juillet.. . . . . . . s . . . .
Août..................
Septembre.. . . M 4 ..........
OCtobre............
Novembre. . .
Décembre.. . .
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• Cette expérience prouve certainement que 1
l ’aubier des 24 arbres abattus en mai, juin, juillet
, août, feptembre , octobre , avoit moins
fouffert que l’aubier des 24 autres abattus en
novembre , décembre , janvier , fé v r ie r , mars
& avril.
Il reftoit à découvrir fi lé bois des mêmes
foliveaux donneroit les mêmes réfultats. On fent
-qu’un efpace de quelques années n’auroit pu
l’ altérer comme l'aubier. Pour avancer fa déçom-
pofition, il falloit donc recourir à des moyens
faébces. M. Duhamel fit enfouir à demi plufieu.s
de ces pièces, en ne perdant point de,vue la
date des coupes. Au bout de trois ans il déterra
la portion enfo lie , 8c chaque abatage offrit indistinctement
des pièces gâtées & des pièces, faines.'
« Ce n’ eft donc pas, conclut l’auteur (1) , la
33 faifon dans laquellé les bois ont été coupés
» qui a pu occafionner la prompte pourriture de
33 quelques-uns de ces pieux , mais le tempéra-
33 ment des arbres, dont les uns font de nature à
33 durer long-temps , & les autres ont une difpo-
33 fition prochaine à fe pourrir. J’ai encore (en
33 1763 ) plufieurs de ces pièces au fec 8c dans un
33 lieu frais : tout ce qui n’ eft pas aubiereft bon. »»
Le même obfervateur voulut encore s’ affurer
fi la différence de s faifons choifies pour Y abatage
n’influeroit pas fur la force des bois. Cette nouvelle
épreuve s’exécuta fur feize autres chênes
qu’on coupa fucceflïvemem depuis le 24 décembre
jufqu’au 14 novembre fuivant. Leur circonférence
étoit de 24 à 30 pouces : on leséquarrit àmefure,
ô r , pendant trois ans entiers , on les tint à couvert
fous un toit. On les mit enfuite dans' un four où
la chaleur étoit très-vive. Ils y féjournèrent deux
fois vingt-quatre heures. Alors on les divifa par
barreaux d’un équarriffage abfolumént femblable 5
& les ayant placés tour à tour fur deux tréteaux
écartés , on chargea le milieu jufqu’à ce qu’ils
rompilfent. -
ec On v i t , dit M. Duhamel ( i) ,u n e variété
33 confidérable entre les barreaux qui ont été pris
» de la même pièce de bois ; & de quelque ma - ■
33 nière que l’on combine ces expériences , il n’eft
3> pas poffible de reconnoître de différence conf--
33 tante entre les bois qui ont été abattus, foit
>3 dans le.courant de l’hiver , foit en é té , au prin-
33 temps ou en automne ; ce qui me détermine à
33 conclure que les bois abattus en différentes'
33 faifons ont à peu près une force pareille,
33 pourvu qu’ ils foient également fecs. »
'Examinons maintenant ce qu’on doit penfer
des diverfes lunaifons relativement à Y abatage.
Si l’on interroge les bûcherons , les charpentiers,
la plupart .des architectes & des auteurs
mêmes qui fe font attachés à l’étude dès bois.(2),
tous affûtent que les phafes de la lune font un
point effentiel à confulter. Caron, dont l’ouvrage
eft un des plus eftimés en ce genre, écrit « qu’ il
■ » faut, autant qu’on le peut, obferver que toutes
_3? fortes de bois , & particulièrement le chêne,
33 foient coupés dans le décours ; qu’il en dévient 3o meilleur & fe conferve mieux que s’ il l’étoit
33 depuis la nouvelle lune jufqu’à fon plein, l’au-
33 bier en étant plus ferme. >»
Cette affertion fuppofe néceffairement une influence
bien reconnue de la lune fur les végé-
(1) Exploitation des bois, liy. I I I , chap. V .
(1) Exploitation des bois , liv. I I I ., chap. V .
(2) L e Muer, Jouffe, Gautier, Mélange , &c.
taux. Admettons-la cette influence; mais alors
pourquoi refufer au croiffant les effets qu’on prete
au décours? A l’une comme à l’autre époque , cet
aftre réfléchit pareille quantité de lumière : la
chaleur qui peut en réfulter doit donc etre égalé.
A l ’une comme à l’autre époque, fa diftance de
la terre fe trouve auffi la meme; la compreflion
ou l’ attraéfion qu’il exerce alors, ne diffèrent donc
abfolumént en rien. Quelle eft d’ailleurs pour
nous la chaleur de la lune , fi le thermomètre le
plus fenfible n’en annonce point 1 exiftence ? comment
enfuite fon attraction ou fa compreffion
agiroient- elles fur les bois de manière à conftiiuer
fubitement leur bonne ou leur mauvaife qualité ?
Un arbre qu’ on abat ne meurt pas comme un
animal qu’on égorge; long-temps après fa chute
il conferve encore fon organifation : les plantards
& les greffes en fourniffent la preuve. Coupés
dès l’automne, les plantards, au printemps fui-
vant, pouffent d’excellentes racines. Les greffes
tirées depuis plufieurs mois réuffiffent tout auffi
fûrement que les greffes employées^ à l’inftant.
Enfin les arbres eux-mêmes, lorfqu’on les abat
en hiver j ne manquent guère de reproduire encore
des feuilles & des bourgeons, quand les
chaleurs d’ avril mettent en mouvement la fève
dont ils font abreuvés. O r , fi des troncs ifolés I
confervent auffi long-temps jufqu’ à leur faculté,
végétative, comment concevoir que les bois
abattus, par exemple, le premier jour du croiffant
d’une lune quelconque, feront inférieurs à d’autres
qü’on auroit coupés le dernier jour de la lune
précédente (1 )?
M. Duhamel a fait mieux encore que de rai-
fonner ; il a pefé, à quatre reprifes différentes,
tant pendant le décoürs que pendant le croiffant
, des bois femblables, & qu’on venoit d’ abattre.
Sur trois épreuves, ceux coupés durant
le croiffant l’emportèrent par leur poids. On
mit à couvert les pièces des quatre expériences,
& trois ans.après, c’ eft-à-lire , lorfqu elles furent
complètement fèches, on les fournit à une pefée
nouvelle. Toutes celles des abatages pendant le
croiffant fe trouvèrent alors & fans exception
les plus pefantes, te conféquemment les meilleures.
Nous fommes loin ,, au refte, d’inférer
que l’époque des lunaifons foit la vraie caufe de
cette fupériorité : elle provenoit certainement
plutôt de la qualité des arbres , malgré les foins
qu’on avoit apportés à lés choifir & de même el-
fence & de même bonté. Mais enfin, dans quatre
expériences confécutives, & conduites par un
homme très-éclairé, rien du moins ne s’eft montré ï
favorable aux coupes qui s’opèrent pendant le,
décours (2)*
(1) Exploitation• des bois, même livre & même cha-*
pitre» . . ‘ . ‘ ~
(2) Un auteur très-moderne & très-recommandable
Il nous refte une dernière queftion à difeuter.
Doit-on, pour Y abatage des bois, avoir égard
ou non aux vents qui régnent?
Beaucoup de gens foutiennent l’affirmative. Si _
cependant il eft prouvé que ces grands végétaux ,
quoiqu’enlevés de leur fouche , ne changent d’é tat
que long-temps après, fur quel avantage
pourra-t-on raifonnablement compter en les coupant
même pendant les vents les plus fecs ? Sans
doute leur extérieur alors préfentera moins d’humidité;
mais, abattus, comme lorfqu’ ils font
debout, ils demeureront également fufceptibles
de partager toutes les viciffitudes prochaines de 1’atmofphère. « Je conviens néanmoins, reprend
33 M. Duhamel ( 1 ) , que les arbres qu’on aura
33 coupés dans une année où les vents auront
33 prefque toujours été au fud, ou fud-eft , ou
3,3 fud-oueft, feront plus expofés à s’altérer que
33 ceux qui l’auront été dans une année ou les
>3 vents de nord & de nord-oueft ou de nord eft
33 auront régné plus fréquemment. Mais il me
»a paroît très-inutile de confulter les vents qui
3> pourront fouffler dans les temps précifément
33 qu’on abat, puifqu’on ne peut être fur que tel
ji 33 ou tel vent qui régneroit alors ne changera
>3 pas en peu de temps. Si un vent de fud fucce-
33 doit alors à un vent de nord , il eft certain qu il
33 produiroit fon effet fur les bois nouvellement
33 abattus.
33 J’ai auffi, dit encore M. Duhamel, prêté
33 attention aux fentes & aux gerçures de tous les
33 bois que j’ai fait abattre..... Il m’a paru que ceux
33 qui avoient été abattus au prinremps & en été
33 n'étoient guère plus gercés que les autres. »3
D’après ce que nous venons d’expofer, on fe
croira fans doute exempt de s’ affeivir pour la
coupe des futaies à des époques particulières
ou de faifons, ou de mois , ou de jouis , comme
auffi de confulter la féchereffe ou l’humidité des
vents qui régnent. Toutes ces attentions, même
réunies , ne perfeCtionnèroient point un bois
médiocre , & jamais leur négligence ne diminuera
les qualités d’ un bon.
Si cependant on vouloir obtenir des Touches,
un nouveau recrû je confeillerois d’abattre avant
le pri ’ temps ; car toute fouche qui n’eft pas garnie
de brins , quand les chaleurs furviennent, fe
•d’ailleurs par d’excellentes ©bfervations relatives aux buis,
M. Telles d’Aco fta, grand-maître, des eaux & furets de
France, préfère Y abatage en pleine lune à Yabatage en
décours. Mais M. d’Acofta n’ a fait fur cet objet aucune
expérience particulière. Il préfente fîmplement l’opinion
dès ouvriers & des marchands qu’il a confultés. Air.fî les
fentirnens varient d’une province à l’autre , & cette contrariété
feule prouve allez que les marchands comme les ouvriers
n’ont rien examiné, & que chacun d’eux tient mécaniquement
au préjugé de fon canton. Voyez Injlruclion fur les
bois de la marine, tic. IX , Paris , 1782.
(1) Ouvrage, livre §c chapitre déjà cités.
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