
-deux, trois 8c même quatre courrons fortant de ;
la même Touche, félon la force de cette Touche.
La pratique des arcs ou des Tautelles n'y eft pas
en ufage.
Tous les trois ou quatre ans on fume ces
v ig n e s y & on remonte les terres du bas dans le
haut.
Les é ch al a s font de chêne non refendu, & Tellement
de trois pieds 8c demi de haut. On y accole
les bourgeons avec delà paille.
Il ne m’a pas paru que les opérations de l’ébour-
geonnement 8c du rognement présentent quelque
particularité remarquable.'
Tous les rai fi nsblancs 8c rouges Te mélangent
dans la cuve ^cependant on calcule l’influence que
doit avoir telle variété fur le vin, 8c on la plante
.en conféquence plus ou moins abondamment.
Quelques propriétaires font leur vin dans des
cuves de pierre enduites d’huile.
Les v ig n e s ne durent en pleine valeur que
trente à quarante ans, après quoi on les arrache ,
8c on fait dans leur place, pendant une dizaine d’années
, trois récoltes de céréales 8c une de fainfoin,
qu’on préfère beaucoup à la luzerne & au trèfle.
Autrefois les pineaux noir 8c blanc dominoient
dans toutes les v i g n e s . Il n’en eft plus de même
aujourd’hui, parce qu’on tire à la quantité.
Après ces deux variétés, les meilleures font:
Y é p i c ie r n o i r & b la n c , le b o u r r u b l a n c , le f a in q u în
b l a n c , le p in e a u c o m m u n (noir ) , le m e j ï i e r , \ e p i n
e a u g r i s . Les moins bonnes font : le p l a n t d e r o i ,
le b e a u n o i s ou le g d m e t b l a n c , le d r o y e n , la h o ït c h e
p o u r r ijf a n t e , le v e r r e a u d ‘A i l l e n t .
Le g a m e t 5c le m e u n ie r font heureufement fort
rares.
® J'ai décrit toutes ces variétés.
Le v ig n o b le fi réputé d e C h a b l i s couvre deux coteaux
dirigés, Lun au midi & l’autre au nord, mais
autour desquels on trouve toutes les expofî:ions;
fa terre eft une argile fèche, mêlée de fragmens
de pierres. Quelquefois elle n’ a pas fix pouces
' d’épai fleur, mais les racines pénètrent dans les
fillures.de la roche, analogue à celle de Tonnerre.
•Les meilleurs cantons font ceux de la Grenouillère
, des Clous 8c du Mont du milieu, tous expo-
lés au midi.
Une feule variété eft cultivée dans le vignoble
de Chablis, c’ eft le p in e a u b la n c y qui y eft appelé
b e a u n o i s3 qu’ il , ne faut pas confondre avec la variété
du même nom exiftant à Joigny. C ’eft à ce
choix que font dues la bonté 8c l’égalité qui ca-
raétérifent le vin qu’ il produit. Il eft bien à defirer
que cette excellente pratique foit partout fui vie, car
elleTeule peut fauver les vignobles de France, du
difcrédit qui les menace.
Cependant les vignerons de Chablis cèdent au
torrent général; ils plantent des gamets noirs dans
les parties baffes de leur v i g n e , pour leur ufage
feulement.
La culture des v i g n e s de Chablis ne diffère pas
de celle d e s v ig n e s de Joigny; feulement les ceps
font lai lies un peu plus longs, 8c les labours s’exécutent
avec une pioche recourbée, à pointe très-
aiguë 8c à long manche.
On attribue la belle couleur jaune des vins de
Chablis,à l’argile dans laquelle Üs font plantés;
mais pourquoi les vins blancs de Tonnerre", qui
proviennent de v ig n e s plantées dans la même forte
d’argile, n’ ont-ils pas cette couleur? Je crois que
c’eft à la grande maturité des raifins qu’elle eft due,
car alors la peau du pineau blanc la prend.
Les v ig n o b le s de C o u la n g e & de F r a n c i ne me font
pas encore connus.
Le v ig n o b le d ’A v a l o n n’ eft point auprès de la
Ville, laquelle eft bâtie fur un rocher de granit,
mais à quelque diftance à l’oueft, fur des coteaux
de Calcaire primitif repofant fur le fehifte.
La terre de ce vignoble eft une argile tenace,
remplie de coquilles pélafgiennes.
Je renvoie à l’article du vignoble d’Auxerre
pour la culture de celui-ci, qui ne m’a pas paru tn
différer effentiellement.
On y fait beaucoup de foffes tranfverfales ou
des terraffes en pierres fèches pour retenir les
tenes. Les murs d’enceinte y font très -fré-
quens.* "
Toujours, lorfqu’il pouffe un bourgeon au collet
des racines, on le réferve pour remplacer la
foùche.
Le pineau prédomine beaucoup dans ces v i g n e s t
auflî leur vin eft-il de bonne qualité , & on
l’achète, à Paris, avec plus de confiance qu’aucun
des autres de la baffe Bourgogne.
Le v ig n o b le d e . V e rm a n t o n eft peu étendu, mais
il fe lie avec le précédent & avec celui d’Auxerre,
dans une longueur de huit à dix lieues. Sa culture
eft la même; cependant il a de plus l’avantage
d'être encore plus généralement entouré , par
grandes pièces f d e murs ou dé haies vives, ce que
je voudrois voir établi partout.
Le d é p a r t em e n t d e l à N i è v r e offre 10,000he&ares
de v ig n e s y dont le vin eft très-peu eftimé, excepté
le vin blanc de Pouilly, qui eft fort recherché à
Paris pour boire à déjeuner. Quoique je fois pané
par cette v ille , je ne puis rien dire fur fon vi-^
gnoble.
Il fe cultive 3 3,006 hectares de v ig n e s dans le
d é p a r t em e n t d u L o i r e t y dont les vins font en plus
grande partie de peu de qualité, mais fe vendent
bien à Paris, à raifon de leur couleur foncée 8c
de leur bon marché , pour les mélanger .avec ceux
du Midi. ■ _ f M
D’Orléans à Blois, les v ig n e s font fur une cote
calcaire expoféèau midi, & c’eft elle qui fournie
les meilleurs vins, tels que, en rouge, ceux de
Guisnes, de Saint-Jean de Bray , de Beaugency»
de Meun, de Sandiilon, 8cc. ; tels qu’en blancs ,
ceux deMarigny, de Rabutin , &c.
Dans les parties des arrondiffemens de Montar-
; gis, de Pitfeiviers 8c de Gien,que je connoisles
v ig n e s font prefqu’en plaine, dans des argiles te- ’
races , quelquefois recouvertes de fable & très-
aquariqifes pendant l’hiver. Ce' font elles qui four-
niffent le plus mauvais vin.
V a u v e m a t , forte de pineau, eft la variété la
plus cultivée & la plus eftimée dans le vignoble
d’Orléans proprement dit. Le g o u a i s 8c le f a u -
m o ir e a u font ceux qui donnent le plus mauvais
vin* ' '
On plante la v ig n e en lignes réparées de deux
pieds d’un côté 8c de trois de l’autre. L’ intervalle
le plus étroit fe nomme 'p o u é e , 8c le plus grand,
'o rn e . Ce dernier eft creux 8c l’autre en dos d’âne.
Ce mode fe pratique suffi aux environs de Paris.
Abondamment fumer eft un des principes de la
culture des v ig n e s aux environs d’Orléans , 8c ce
n’eft que par manque de fumier qu’on ne le fait
pas tous les ans.
Quelquefois on donne fix labours par an à ces
v i g n e s i cependant on fe réduit le plus fouvent à
quatre.
La taille varie, félon les variétés, de deux à
quatre'yeux. On fait des arcs, a p p e l é s ( P a n n
e a u x 3 8c des courgées.
Les échalas , qu’on nomme Charniers , fe
mettent en terre après la taille , non-feulement au
pied de chaque cep, mais encore à l’extrémité des
courgées, ce qui augmente leur dépenfe.
L ’ébourgeonnement s’exécute très-rigoureufe-
ment. Il en eft de même de la rognure du fommet
des bourgeons 8c de la fuppreffion des entre-
feuilles ; suffi les v ig n e s ne durent-elles pas plus
de trente à quarante ans.
On en compte environ 12,000 heétares dans le
département du C h e r ; 27,000 dans celui d e L o i r
& C h e r ; 36,000 dans celui d‘ I n d r e & L o i r e ; 1 2,600
dans celui de l’ I n d r e , 8c 31,000. dans celui dë la
L o i r e - I n f é r i e u r e . Cette immenfe quantité de v ig n e s
donne peu de vins dignes d'êtrè exportés ; auffi, \
ce qui n’eft pas confommé dans leur intérieur, fe
diftille-t-il pour être converti en eau-de-vie.
J’ai traverfé quelques-uns de ces départemens,
mais je n’en ai pas étudié les vignobles.
Le d é p a r t em e n t d u J u r a cultive 16,000 heètares
de v i g n e s , dont les vins font généralement bons
8c quelques-uns excellens. Parmi ces derniers , je
citerai ceux de Salins, des Arçures , de Château-
Châlons, d’ Arbois, de Poligny , de l’Etoile, de
Lons-le-Saulnier.
Les montagnes qui entourent L o n s - l e - S a u l n i e r
font compofées par un fehifte , que recouvrent
d’abord un banc de pierre calcaire primitive 8c
enfuite une argile, mêlée des fragmens de. ces
deux roches. La plupart de leurs pentes font tour-,
nées au couchant, mais il y a des v ig n e s à toutes
les expofitions ,, même en plaine. Prefque toutes
font conftamment humides dans leur partie inférieure,
par les fuintemens du fehifte.
Voici , dans l’ordre de leur qualité, la férié
des v i g n e s qui s’y cultivent.
R o u g e s ,
Le p i n e a u f r a n c . Il eft peu commun. On l’appelle
auffi m o r i l lo n 8c f a v a g n in .
Le r a i f i n p e r l é , ou p o u l f a r e , ou p u l f a r e , OU
p a n d o u le a u y ou n o i r ie n . Il eft le plus précieux , en
ce qu’ il a les grains gros comme le doigt, qu’ il
charge beaucoup 8c fe plaît de préférence dans
les argiles humides. On lui donne fans crainte
deux ou trois courgées ou arcs. C ’eft , fait remarquable,
fur les far mens du fécond ordre qu’il fe
taille , fi on veut avoir beaucoup de fruits, parce
que les bourgeons des plus gros pouffent trop vi-
goureufement.
L’intfôdu&ion de cette variété dans les v ignobles
où elle n’ eft pas connue, en changeroit
| avec avantage la nature, puifqu’elie réunit l’abondance
à la qualité.
Le g r o s 8c - le p e t it b a c la n , ou d u r e a u , ou d u r e t .
Il donne abondamment 8c fon vin devient bon
en vieilli fiant.
Le t r e jf e a u , t r o u f fé , g r a n d p i c o t , p l a n t m o d o t . II
fournit beaucoup, mais fon vin eft dur.
Le m e u n ie r ou l ' e n f a r in é 3 8c le g r o s f i t l e p e t i t
g a m e t 3 le t e in t u r ie r , lé g r a n d r o f à i r e , quia un très>-
mauvais goût.
B l a n c s .
Le f a v a g n i e n donne un vin tvès-fpiritueux 8c
charge beaucoup.
Le g u a 'ch e ou f o i r a r d b la n c . Peu different du
g o u a is . Même obfervation.
Le f a u v ig n o n ou f a v a g n in j a u n e . Fournit beaucoup.
Son vin eft potable dès la première année.
La f e u i l l e r o n d e o n f a u v i g n o n b la n c , ou f e u i l l e
r o n d e .
Le m e lo n .
G ris.
Le ƒ r om e n te a u g r i s . C ’eft: le p in e a u g r i s .
Le lo m b a r d i e r ou p u l f a r e g r i s . Son vin eft abondant,
mais médiocre.
Il y a déplus l e ' m u f e a t n o i r , extrêmement
hâtif, le m u f e a t b la n c y le c h a j f e la s b la n c , le m o u r -
l a n b la n c ou B a r - f u r - A u b e , le p u l f a r e b la n c d ’E f -
p a g n e . C e dernier eft le d o t â t .
Le v i g n e s des environs de Lons-le-Saulnier fe
plantent en foffes , en augeîots , ou dans dr-s
trous faits avec un pieu. Cette dernière manière
eft la plus mauvaife.
| Les crocettes prifes fur de vieilles fouches
font placées à trois ou quatre pieds les unes des
autres.
On provigne les vieilles v ig n e s dans le même
temps qu’on plante les nouvelles.
Toute matière animale ou végétale convient
pour améliorer te fol des v i g n e s , mais les gazons
plus que toute autre chofe. La marne fehifteufe
s’emploie auffi avec avantage.