
On procède de même , lorfqu’ on veut faire
du vin blanc avec des raifins rouges.
Il n’eft pas douteux , pour moi , qu'il y auroit
moins de mauvais vin rouge dans le commerce 3
lî on opéroic de même pour le faire ; mais le
préjugé qu'il faut que le vin foit très-foncé, oblige
de le biffer long-temps dans la cuve , afin que la
matière colorante, contenue dans la peau, puifle
être diffoute par la fermentation.
Sans ce préjugé , on pourroit partout, comme
cela a lieu dans '.c département de l ’Aude 3 conduire
de p e t it s p r e jf o ir s à roues dans les vignes , &
y effe&uer la féparation du jus de la grappe , lequel
jus eft mis de fuite dans les tonneaux , où il
doit fermenter , & les réfidus ( la Gêne, v o y e ?
ce mot) biffés pour engrais au pied des ceps. 11
réfulte une grande économie .de temps , & par
conféquent d’argent 3 de cette pratique. V o y e ^
Pressoir.
Je dois dire ici que le v in , blanc ou rouge,
mis à fermenter, en grande maffe , dans des
foudrës , eft toujours meilleur que lorfqu’il l'eft
dans des petites C uves ouvertes. V o y e i ce
mot.
Lorfque le vin eft retiré des cuves ou des tonneaux
, les opérations de la v e n d a n g e font terminées.
V o y . Vendangeoir, Cellier & Cave.
VENDANGEOIR. Bâtiment deftiné à la fabrication
du V in. V o y e \ ce mot.
Les petits propriétaires de vignes n'ont point
de v e n d a n g e o ir . Ils louent l'ufage d'une cuve &
d’un prefloir, 8c conduiront chez eux , de fuite,
le Moût qu’ils ont obtenu de leurs raifins. V o y e ^
ce mot.
Il eft allez rare que les v e n d a n g e o ir s foient dif-
pofes de la manière la plus convenable , parce
qu’ ils ont été bâtis à une époque cù on combi-
noit moins bien qu'aujourd’hui la diftribution des
bâtimens ruraux.
On eftime généralement qu'un v e n d a n g e o ir eft
complet, lorfqu'on y trouve, i° . un logement
pour le propriétaire , ou fon économe, ou fon
vigneron 5 20. une pièce au rez-de-cbauflée, pour
placer le prefloir & contenir le nombre de cuves
néceflaire à la vendange, nombre qui doit toujours
être au-deffus desbefoins les plus élevés; quelquefois
on met le prefloir dans une pièce attenante ; J
30. une autre pièce deftinée à recevoir les ton- J
neaux, après qu'ils ont été remplis de vin, jnfqu'à j
ce que la fermentation tumulrneufe de ce vin foit j
terminée, & qu’ il ait été foutiré une foi.®; 40. des «
caves placées fous les pièces p r é c é d e n t e s & j
fous la maifon d’habitation, $£ affez grandes p^ur 1
contenir au moins deux récoltes fucc*flives ; 1
jQ. des hangars propres à mettre à l’abri de la 1
pluie & des voleurs les objets néceflaires à i'ex* |
ploitation, tels que tonneaux neufs vieux, cer- |
clé s, échalas, b o n n e s , charrettes, & c . |
Les pièces où fe trouvent les cuves, le prefloir 1
& les tonneaux, doivent avoir environ dix à douze
pieds de hauteur , une grande porte charretière
donnant au dehors, & , au plus,.une petite fenêtre
à l’oppofé , mais toutes doivent fe communiquer
par l’intérieur. V o y e \ Pr e s so ir & V inee.
.Deperthuis , dans fon T r a i t é d e s C o n f t ru f t io n s
r u r a l e s , a donné le plan d’un v e n d a n g e o ir projeté
fuivant les bons principes.
V E RD A G E . Les récoltes enterrées pour
engrais fe nomment ainfi dans quelques lieux.
VIEILLE ÉCORCE. Nom des plus anciens
arbres des T ail l is , c ’eft-à-dire, ceux qui ont
atteint quatre-vingts ans. V o y e $ ce mot & ceux
Ba l iv e a u x , F u t a ie , Bois., Ex p l o it a t io n .
VIEILLESSE. Epoque où les animaux & les
végétaux commencent à perdre de leur adtion
vitale. Sa fin eft la Mo r t .
Les beftiaux arrivés à la v i e i l l e j f e ne rèndant
plus les mêmes fervicés & étant plus difficiles à
engraiffer , ne doivent pas êtie gardes %'jù(qu’à
cette époque.
Il eft également utile de couper les arbres avant
la v i e i l l e j f e , parce qu'alors leur coeur eft (ujet
à s’altérer, & qu’ ils ne peuvent plus, en con-
féquence, fervir aux conftruétions civiles & maritimes,
aux menuifiers, & c .
Le goût des Chinois les potte à donner à de
petits arbres l'apparence de la vieilleffe , & pour
cela ils les plantent dans de petits pots remplis
de mauvaife terre, & retranchent de plus fans
cefle leurs racinès , leurs branches , leurs feuilles.
Ces petits arbres font extrêmement chers dans le
pays. Voyez A n n a l e s d ’A g r i c u l t u r e 3 nouvelle férié,
tome X V I I I ..
Il fia i très-facile & très-rapide de faire, en
deux ou trois ans, avec des P ommiers de deux
ans, des arbres qui fe vendroient dix mille francs
en Chine, au moyen du P uceron lanigère.
V o y e \ ces deux mots.
V IE T T E . Portion du Sarm en t qui refte après
la T aille. V o y e \ ces móts & celui V igne.
VIGNE. V i t i s . Genre de plantes de la pentan-
drie monogynie & de la famille dë fon nom, dans
lequel fe placent vingt-une elpèces., la plupart cultivées
dans les jardins de l’Europe, & dont l’une,
celle qui donne le V in , eft l’objet d’ une immenie
culture danâ le midi, l’eft & 1 oueft de l’Europe,
& dans plufieurs parties del’A fie , de l’Afrique &
de l'Amérique. La France principalen*. •* en tire
un grand moyen de richeffe.
O b f e r v a t io n s .
Ce genre a de grands rapports avec les A chits
fie les Lterres. Celui Ampélopsis, qui avoir été
établi à fes dépens, ne parou pas devoir être
adopté.
E f p é c e s . j
1 . La V ig n e com m u n e .
V i t i s v i n î f e r a . Linn. b De la Perfe.
2. La V igne cotonneufe.
V i t i s la b r u f c a . Linn. D De l’Amérique feptentrionale,
3. La V igne finueufe.
V i t i s f în u o f a . Bofc. b De l'Amérique feptentrionale.
4. La V igne des Indes.
V i t i s in d i c a , Linn. T) Des Indes.
j . La V igne flexueufe.
V i t i s f le x u o f a . Thunb. T) Du Japon. 6. La V igne de renard.
V i t i s v u lp i n a . Linn. b De l'Amérique feptentrionale.
7. La V igne d’été. r '
V i t i s s f t i v a l i s . Mich. f) De l'Amérique fep-
tentrion.de.
I H 8. La V igne à feuilles arrondie?.
V i t i s r o t u n d ï f o l i a . Mich. F} De l’Amerique
feptentrionale.
9. La V igne des rivages.
V i t i s r ip a r i a . Mich. f> de l’Amérique feptentrionale.
10. La V igne à feuilles en coeur.
V i t i s c o r d i f o l ia . Mich. I) De l’Amérique feptentrionale.
u . La V ig n e à feuilles deperfil..
V i t i s a r b o r e a . Linn. b De l’Amérique feptentrionale.
12. La V igne orientale.
^ V i t i s o r i e n i a l k . Bofc. b De Perfe.
r 5. La V igne vierge.
V i t i s h e d e r a c e a . Linn. b De l’Amérique feptentrionale.
: s
14. La V igne à fept feuilles.
V i t i s h e p t a p h y l la . Linn. b D.-s Indes.
15. La V igne à feuilles ailées.
V i t i s p i n n a t a . Vahl. ïl De........
16. La V igne à cinq folioles.
V i t i s p e n t a p h i l l a . Thunb. b Du Japon.
17. La V igne du lapon.
V i t i s j a p o n i c à . Thunb. J) Du Japon.
.18. La V igne à trois feuilles.
V i t i s t r i f o l i a . Linn. J) Des Indes.
19. La V igne héterophylle.
V i t i s h e t e r o p h y l ia . Thunb. Jj Du Japon.
20. La V igne du Cap.-
V i t i s c a p en f i s . Thunb. Du Cap de Bonne-
Efpérance.
21. La y igné à mai-n*.
V i t i s c i r r h o f a . Thunb. f> Du Cap de Bonne1
Efpérance.
C u l t u r e .
La v ig n e commune a dû être, parmi les plantes
, une dès premières qui ait été remarquée
pa-r les hommes encore erraos dans les forêts,
puirqu’ elle eft naturelle au plateau de la haute
Afie , pays dont ils paroiffent être defcendus pour
peupler le monde, & que fon excellent fruit s'eft
d’abord prëfenté pour appaîfer en même temps
& leur faim & leur foif. Sans doute, ce n'eft
que bien des fiècles après le moment qu’ ils en
ont gpûté la première fois, qu'ils ont commencé
à en faire du vin; car, pour cette opération, il
faut une demeure, il faut des vafes, & cela fup-
pofe une réunion en famille, un commencement
de civilifation:
Je dois fuppofer que d’abord les hommes fe
bornèrent à cueillir le raifin dans les forêts, où la
v ig n e croiflbit naturellement, & à en exprimer le
jus avec les mains & le boire de fuite. Puis ils
s'aperçurent que fermenté, il jouiffoic d’une faveur
plus relevée; & acquéroit, de plus, la propriété
& d’exciter leurs facultés intellectuelles &
d'augmenter leur vigueur mufculaire. D’où la
paflïon que la plupart des peuples prirent pour le
vin, d’où la transplantation de la v ig n e dans les
contrées qu’ils peuplèrent en s’éloignant du lieu
de leur origine.
Mais bientôt on s’ aperçut qu'elle craignoit
également & la trop grande chaleur & le trop
grand froid, d'c ù les.b rnes fixées à peu près à
fa culture, entre les trentième & cinquantième degrés
de latitude.
Il eft probable que de Perfe, la v ig n e defcen-
dit d’abord dans t’Afie mineure, pays de montagnes,
où elle fe plaît encore beaucoup, car elle
profpère rarement dans les plaines battues de tous
les vents; que de—là elle paffa en Grèce, dans
tout lé refte de l'Europe méridionale & fur la
côte feptentrionale d’Afrique. Mais nous n'avons
•fur ces objets aucuns renfeignemens hiftoriques;
feulement on peut induiie de quelques confidéra-
tions, que ce font les Phocéens qui l’ont apportée
en France, lorfqu’ ils vinrent y fonder Marfeille.
Aujourd'hui, la v ig n e eft une des bafes principales
fur lefquelles s'appuie la profpérité agricole
de la France. Je dois donc lui confacrer un article de
quelqu'étendue, & l'étude particulière que je fais
de fa culture , depuis plufieurs années, me met en
pofition d’en parler avec une certaine affürance.
Quelqu'avantaseufement que foit placée la
France pour la culture de la v i g n e y qu dqu’étendus
que fo.ient les avantages qu'elle lui procure, c e pendant
cette culture eft une de celles de la perfection
de laquelle on s’eft le moins occupé.,11 n’a été
publié, dans le cours du fiècle dernier, que deux à
trois ouvrages qui l’aient pour objet, encore lèule-
ment applicables à des localités, & jufqu’à ces der-
• niers temps , le Gouvernement n’a pas cher , hé à
[Simuler l’ étude de ce qui fe pratique, pour arriver
| à la connoiffance de ce qui doit le pratiquer. C ’eft
; à M. Chaptal, pendant qu’ il étoit miniftre de l’intérieur,
qu'on doit la plantation, à la pépinière du
I Luxembourg, de la première colieélion de toutes
1 les variétés de v ig n e s cultivées en F.ance, dans le
D d d d d 2
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