
200 B O I
que, dit-il, les calculs de M. Hartig font encore '
mal fondés fous ces rapports.il prend, pour le démontrer,
exemple fuivant:««L'auteur, dit-’.!, voulant
déterminer la valeur du chêne rouvre relativement
à celle du hêtre, a fixé, d'après fes expériences,
le degré de chaleur produite par le hêtre
à 62 degrés en 4 y minutes , & le degré de chaleur
produite par le chêne au même nombre de degrés,
mais en 54 minutes. L’auteur, pour établir le prix
du chêne, néglige cependant le temps qui s eft
écoulé pour faire parvenir la chaleur 'de 1 eau à fon
maximum y & il trouve que le chêne & le hêtre ont
fous ce rapport la même valeur, puifque la plus
grande chaleur produite eft la même. Cependant
il eft confiant que le hêtre ayant fourni 6 i degres
en 45 minutes, pendant que le chêne^ n’a donne
la même chaleur qu’ en y 4 minutes, le hêtre a fourni
en y4 minutes un degré au moins déplus de chaleur
que le chêne , & a dû déterminer une plus grande
évaporation, dont l’auteur n a pas tenu compte. »
z°. « L’auteur, continue M. Feburier, a trouvé
queles charbons de chêne s’éteignirent en 3 heures,
& que le thermomètre defcendit à 41 degrés.^ Les
charbons du hêtre au contraire ne s éteignirent
qu’en 3 heures 4 y minutes, & le thermomètre
defcendit également à 42 degrés. Ain fi, 1 auteur
ayant trouvé le même nombre de degrés au moment
de l’extinftion des charbons, n a eu à calculer
que la différence du temps qui eft d’un Cinquième
; ce q u i, dans fon calcul, réduit la valeur
du chêne à 12 fr. 3 — cent, > mais 1 évaporation
produite par le chêne , au lieu d etre d une part
plus foible d’ un neuvième , à raifon du temps que
la combuftion de ce bois a mis a élever le thermomètre
à 62 degrés, & d’ un cinquième à raifon du
temps employé pour l’extinétion des charbons,
époque où le thermomètre a marque 4^ degrés,
ce qui réduifoir ce bois à 10 fr. 37 c en t., a cependant
déterminé une évaporation de 1 eau de 4
livres 8 onces, pendant que le hêtre n’a produit
qu’une évaporation de 4 livres 4 onces ; ce qui
établit les rapports de ico à 94.44 , & donne à la
foli iité du chêne, comparée à celle du hetre , une
valeur de 16 fr. 31 cen t., quand le hêtre n eft
évalué qu’ à iy fr. 40 cent. ' ' ,
» La différence du prix du chêne, calculée par
l'évaporation & par la chaleur produite, eft donc
comme 16 fr. 31 c. eft a ib fr. 37 e, j comme
ICO eft à 6 3 ,y8. Cette différence entre, la chaleur
produite & l’effet de cetté chaleur eft énorme, &
je ne puis l’attribuer qu’à la manière de calculer de
l’auteur, qui n’ a vérifié le thermomètre, pendant
l’opération , qu’au moment où la chaleur étoit au
pUis haut degré , & à l’époque où les charbons fe
font étrints, au lieu de fuivre conftamment/le
thermomètre & de ca’culer la gradation de cërré
chaleur pendant fa réduction jufqu à q i degrés. En
effet, i! eft certain que, puifque le bois de çhene
a déterminé une plus grande évaporation, il a produit
une plus grande chaleur 5 & pour la produire
B O I
dans un temps moins lo n g , il a fallu qu’elle fe
foutïnt plus long-temps à un degré plus élevé.
»» 3°. L’auteur me paroît avoir commis une autre
erreur. Pour avoir la valeur du bois, relativement
à la chaleur, il en a calculé le plus haut degré , en-
fuite la durée de la chaleur, & il a fixé la valeur
de ces bois fous chacun de ces rapports; puis il a
additionné les deux fommes, & en a pris la moitié
comme valeur proportionnelle , au lieu d ajouter
ou de retrancher les différences produites par celle
de la chaleur & de fa durée. Ainfi, en fuppofanc
une ma (Te de bois indiquant conftamment au thermomètre
60 degrés pendant tine heure, & évaluée
100 f r ., & une autre mafTe de bois égale à la première
, donnant 30 degrés de chaleur pendant 30
minutes, dont on cherche la valeur»l’auteur, pour
trouver cette valeur, cherche le rapport des degrés
de chaleur, & ce rapport étant comme l à 1 , il
fixe la valeur de la deuxième maffe (oufolidicé)
de bois à yo fr. ; puis il cherche également le rapport
de la durée de la chaleur, & cette durée étoit
auffi comme.2 à 1. L’auteur, au lieu de réduire
fon premier ré fui ta t de moitié , ce qui porteroit
le prix de la deuxième maffe à 2y fr ., établit fa
valeur à yo fr. fous le rapport de la durée de la
chaleur, & additionnant' cette fomme à celle «le
yo f r . , pour la plus grande chaleur produite,ilia
divife par deux, & il a j o fr. pour la maffe du bois
relativement à la chaleur précédente & à la durée
de cette chaleur 5 d’où il ré fuite qu’il en double
la valeur. Il la diminueroit au contraire, fi fa chaleur
étoit plus durable que celle de la maffe à laquelle
on la compare.
» Quant à l'évaporation , elle peut bien fervir
pour rr étifier lès calculs fur la chaleur produite,
lorfqu’on en a trouvé le réfultat, en comparant ce
réfultat avec l’évaporation, & en établiffant une
moyenne proportionnelle, s’ il n’y a qu’ une légère
différence; mais réunir, comme l’a fait l’auteur,
le produit de l’évaporation aux produits féparës
du degré de chaleur & de fa durée, pour en prendre
le tiers, c’eft fe mettre dans l’impoffibilité d’avoir
un réfultat fondé en raifon, attendu que l’évaporation
étant l'effet de ces deux caufes réunies , ne
peut être en rapport ayec chacune d'elles fe-
parément.
Telles font les principales obfêrvations que
M Féburier a faites contre les calculs employés
par l’auteur pour déterminer la valeur refpedtive
des bois. . , ^ ^ _
Je fais que les phyficiens qui fe font occupes de
déterminer le calorique fpécifique des corps & h
Quantité de caîofiqué dégagé' par les corps en combuftion,
n’ont pas.émployé toutes les données que
M. Hartig a fait' entrer dans fes calculs. Nous
voyons dans les Principes de phyfique de Brijjon,
qu’ ils fe font contentés de calculer la quantité de
glace fondue par le corps mis en combuftion dans
le calorimètre dont ils fe- font fe rv i, pour en déduira
la quantité de calorique dégagée.x pMériaeinsc lees
expériences de M. Hartig n’avoient pas feulement
pour objet de connoîcre cette fomme de calorique ;
l’auteur vouloir auffi apprécier la durée de la combuftion,
qui eft une qualité importante dans les
'bois, & furtout dans les bois de chauffage. D’ailleurs,
fon appareil ne reffembloit point, au calorimètre
dont MM. Lavoifier & Laplace ont fait
ufage pour faire fondre la glace. Dans celui-ci, il
n’y a pas un atome de calorique perdu; tout eft
employé à produire l’effet qu’ on fe propofe, tandis
que dans l ’appareil fimple de M. Hartig, il devoit
y avoir perte, & cette perte devoit être d’autant
plus confidérable,. que la combuftion étoit plus
prompte , parce que le calorique eft un corps auquel
il faut un temps déterminé pour pénétrer les
fubftances foumifes à fon action. O r , s’ il fe dégage
avec une grande promptitude, & fi l’appareil
n’eft pas difpofé de manière à ce qu’ il ne puiffe
pas s’en perdre; fes effets font moins marqués
fur le corps fournis à fon aétion principale, que fi
la même fomme de calorique fe dégageoit par une
combuftion moins rapide. Je crois donc qu’ il
falloit calculer la durée de cette combuftion , &
c’eft ce qu’a fait M. Hartig. Il obferve lui-même ,
dans l’application de fes procédés, que l’opération
qui confifte à ne calculer que d’après l’évaporation
de l’eau, eft inexa&e; qu’i l le favoit par expérience',
& qu’ il 5'en eft encore affuré par fes recherches.
D’un autre côté, les degrés marqués par le thermomètre
étoien t des moyens d’appréciation infuf-
fifans, parce que la durée de la combuftion eft une
qualité effentielle.
Enfin, cette durée feule eût été infignifiante fans
: la réunion des deux autres qualités. Je penfe donc
que M. Hartig étoit fondé à faire concourir les trois
[elémens de calculs dont il s’eft fervi : le degré de
[chaleury la durée de là combuftion & la quantité d'eau ,
b aporiféè. Je ne prétends pas. cependant décider
[cette queftion, dont la folution exige de hautes
connoiffances de phyfique. Je la fourriets aux fa~
vans qui s’occupent habituellement de ces objets.
L’obfervation de M. Féburier, relativement à
l’attention que l’auteur auroit dû avoir de fuivre
conftamment le thermomètre & de calculer la gradation
de la chaleur, foit en montant, foit en descendant,
me paroît jufte. Mais il faut convenir
que dans des expériences auffi longues & auffi multipliées,
que celles faites par M. Hartig, il eft
bien difficile d’obferver & d’apprécier les plus
petites circonftances ; & d’ailleurs, en prenant la
moyenne proportionnelle des trois données qui
entroient dans fes calculs, l’auteur a balancé les
petites différences qui ont pu fe rencontrer.
Enfin, M. Féburier obferve que-M. Hartig a
commis une autre erreur, en ce qu’ayant calculé le
plus haut degré de cette chaleur & enfuite la durée
de cette chaleur, puis fixé la valeur des bois
fous chacun de ces rapports & additionné les deux
fommes, il en a pris la moitié comme valeur pro-
porrionnnelle, au lieu d’ajouter ou de retrancher
les différences produites par celles de la chaleur &
de fa durée. /
J’avoue que je ne comprends pas cette obfer-
vation. Tout ce que je puis dire, c’eft que l’auteur
avoit trois données : le degré de chaleur, la durée
& l’évaporation. Il a fixé pour chaque efpèce de
bois t les valeurs de chacune de ces données; il
les a additionnée’s , enfuite divifées par trois : le
quotient lui a donné la valeur proportionnelle.il
.me femble qu’il n’y avoit pas d’autre manière de
faire ces calculs; & ce qui prouveroit que f-.s
moyens d’appréciation ne font pas tout à fait vfe
eieux, c’ eft que fes réfuîtats concordent affez
bien avec ceux obtenus fur la valeur comparée des
charbons, par M. de Werneck.
Je ne poufferai pas plus loin la difeuffion. J’ai dû
faire connoître les obfêrvations préfentées contre
les calculs de M. Hartig, afin que les phyficiens
qui fë livreront au même genre d’expériences
puiffent profiter de ce qu’elles contiennent de
jufte. Mais je n’en dois pas moins repro luire ici
les- tableaux des réfuîtats obtenus par cet auteur.
Üià, des Arbres & Arbuftes• C e