
où on remarque dans les pâturages des cercles plus
ou moins grands, où l’herbe eft ou plus verte , ou
moins verte qu’ai Heurs. Ces cercles paflènt dans
ces pays pour être l’ouvrage des forciers , des
fées, &c. , & pour être d’ un dangereux abord.
J’ai inutilement cherché , pendant plusieurs
années, à déterminer la caufe de la formation de
ces cercles, qui fubfiftent rarement plus de trois
ans, & qui paroiffent & difparoiffent irrégulièrement
i cependant piufieurs fois ils m’ont offert,
la fécondé année, une récolte de Mousserons
( agaric odorant ).
Davy penfe que ce font des émanations de gaz
acide carbonique fortant d’un trou de la roche &
rayonnansj mais cette explication ne fouffre pas
d’examen, à raifon de leur extrême régularité, &
de ce que la plupart de ces cercles ont fort peu de
largeur, leur centre étant de la même nuance de
verdure que le refte de la peloufe.
Dans cet état d’incertitude, je ne puis qu’inviter
les cultivareurs à multiplier les obfervations fur
ce fingulier phénomène, & à faire part au public
des réfultats de ces obfervations.
CERCLES. Brins de bois refendus, avec lef-
quelson tient réunies les douves des cuves, des
tonneaux, des baquets, des féaux, &c.
La fabrication des cercles a lieu dans les forêts,
& conftitue pour~beaucoup de cantons un état
particulier, celui des C ercliers.
Les meilleurs cercles font ceux de brins dç
chêne de quatorze à dix-huit ans, bien droits;
mais comme ce n’eft que dans les forêts èn excel*
lent fonds qu’on en trouve abondamment de tels,
on en voit en petite quantité dans le commerce, &
ils font fort chers.
Après ceux de chêne, font ceux de châtaignier.
Comme cet arbre pouffe plus vite & plus
droit que le chêne, on peut l’employer à leur
confection dès l’âge de cinq ans dans les bons
fonds, & d e fept dans les autres: aufli en fabrique-
t-on confidérablement aux environs de Paris, dans
les environs de Saint-Brieux, dans les environs de
Périgueux , dans les environs de Briançon, dans
les environs d’Alais , &e.
La forêt d'Orléans fournit immenfément de cer**
des de bouleau que leur écorce garantit de la
pourriture, mais qui, malgré cela, durent peu comparativement
à ceux de chêne & de châtaignier.
C e font les noifetiers & les faules marçeaux qui
fourniffent la maffe des cercles employés en Champagne
& en Bourgogne ; mais comrcfe ils font inférieurs
en force & en durée i ceux dont il vient
d’être queftion, on les intercalle avec quelques-
uns de chêne dans la reliure de tous les tonneaux.
J’ai vu fabriquer des cercles de cuve avec le
Frêne, le Merisier & I’A une, mais jamais des
çercles de tonneaux ; ’cependant je n’ai pas de motifs
pour croire qu’on ne puiffe en faire également.
§i on utilife les autres efpèces d’arbres fous le |
même rapport, c ’eft trop peu fouvent & avec
trop de défaveur pour qu’il foit néceffùre d’en
parler ici. ,
Plus les brins de bois, n’imporre quelle efpèce,
font droits & d’un diamètre égal dans toute leur
longueur, & plus ils font propres à faire de bons
cercles. Tous ceux qui font en zigzag, qui ont
beaucoup de noeuds, dont le pied eft déméfuré-
ment gros, doivent être rejetés. Il en eft de cour«
bés qui font admis, fourniffant au moins un cercle
d’une courbure^ plus facile i & parce qu’on peut,
comme je le dirai plus bas, redreffer l’autre.
On travaille' à la fabrication des cercles pendant
tout le cours de l’année ; mais comme le
bois fe fend & fe coupe incomparablement mieux
lorfqu’ il eft encore v ert, c ’eft prefqu’exclufive-
ment pendant l ’hiver & le printemps qu’on s’y
livre.
Quoique l’art du cerclier foit un des plus (impies
& des plus faciles, il faut de l ’ intelligence &
de l’habitude pour l’exercer convenablement &
en tirer un bénéfice fuffifant. Un bon ouvrier doit
faire, terme moyen , en châtaignier, trois cents
cercles de huit pieds de long par jour, & ne point
en manquer un feul, leur donner toute la force
& l’égalité dont ils font fufceptibles.
Pour monter un atelier de cercles, on . prend un
arbre d’environ fix pouces de diamètre & de douze
a quinze pieds de long, dont le petit bout eft en*
terré obliquement & le gros bout foutenu pac
deux pieds, à deux pieds de diftance de la terre. A
fix ou huit pouces de l’extrémité ds ce gros bout,
qui eft aplati dans une longueur d’ un à deux
pieds, en deffus, avec une faillie antérieure, éga*
îement aplatie, de deux pouces de longueur ; à
fix pouces de diftance du bout, du côté gauche,
eft creufée une mortaife dans laquelle entre la moitié
d’un tronçon de quatre pouces de diamètre,
entaillé jufqu’ à fon millieu, de manière que la portion
entière foit, un peu obliquement, à trois pouces
de la furfaCe de l’arbre : c’ eft la nie. A un pied
plus loin, du côté droit, eft une cheville un peu
oblique, de trois pouces de haut & d’ un- pouce
de diamètre. Cet appareil s'appelle un chevalet
dans la forêt de Montmorency près Paris, forêt
d’où on extrait annuellement pour de groffes
fournies de cercles de châtaigniers, & où j’ai travaillé
quelquefois àieur fabrication, pendant ma
profcription fous Robefpierre.
Lorfqu’on veut opérer, on place un brin de
châtaignier dépouillé de fes. branches, & coupé à
la longueur convenable, fous l’efpace entre l’arbre
du chevalet & le cran de la nie, en difpofanc
latéralement fa ov.rbure, s’ il en a une, & on palfe
deflus un coin, appelé çoignette\ au moins d'un
pied de long, y compris un autre coin qui affu-
jettit très-fortement le brin j enfuite, avec une hachette
à-fer long de huit pouces, large de trois, &
à manche d’un pied, on frappe fur le gros bouc
pour commencer une fente qu’on continue, en le
tifanl
tirant fucceffivement à f o i , jufqu’au petit b ou t,
par un mouvement alternatif de droite & de gauche,
donné au manche de la hachette. Lorfque le
brin eft proportionnellement beaucoup plus gros
par fon gros bouc, on fait une levée, c’eft-à-dire,
qu’on enlève, par la même opération, la partie
excédante de-fon intérieur, partie qui ne peur
fervir qusà brûler. Lorfque le brin eft très-fort, on
refend chaque moitié par le même artifice. Ne
pas faire la fente.exaétc.ment au milieu, ne pas
la conduire jufqu’au petit bout, font des acci îens
que les bons ouvriers évitent prefque toujours,
& qu’on n’attribue jamais à la malveillance lorf-
qu’ils arrivent aux mauvais.
Les brins fendus font placés fur une traverfe établie
près du chevalet, à droite ; puis , lorfqu’il y
en a à/peu près autant qu’il elt pofiibie d’en planer
dans la matinée, on lesireprend, un à un, les place
de nouveau furie chevalet, à peu près au milieu de
leur longueur, en les affujetiiffant encore avec le
coin à main, & , avec un inftrument qu’on appelle
plane, on diminue affez l’épaiffeur de cette moitié
pour la rendre égale à l’autre, puis on donne
un pept coup de plane, en deffous, à l'extrémité,
& fi la fente a été régulière, la baguette eft terminée.
Il arrive cependant fouvent que le petit
bout ne s’eft pas fendu dans la dire&ion du gros ,
ce qui oblige de le planer comme le petit. On le
fait toujours lorfque les brins ont été fendus en
quatre, parce qu’alors chaque morceau offre un
angle faillant dans toute fa longueur.
On n’enlève jamais l’écorce aux cercles dans les
forêts. Lorfqu’on leur fait fubir cette opération
dans les villes, c’eû qu’on eft dans l ’intention de
les peindre.
La plane eft un couteau à dèux manches, dont
la lame eft courbée & a environ un pied de long
fur deux pouces de large j cette lame doit toujours
être très-finement tranchante: en confequence on
la fait fréquemment paffer fur la pierre pendant le
travail, & on la fait aiguifer fur la meule dès que
la pierre ne fuffit plus.
Les baguettes terminées font placées fur une traverfe,
fixée fur des fourches, à gauche du cerc.ier.
Lorfqu’il y en a cinquante fur cette traverfe, on
les lie fortement enfemble, à trois ou quatre endroits,
pour forcer à fe redreffer celles qui ont
une courbure défe&ueufe. On appelle ce nombre,
une botte.
C ’eft dans cette difpofition queN les baguettes
relient jufqu’à ce qu’elles foient fèches & qu’on
les tranfporte chez les propriétaires ou chez les
acquéreurs.
Une botte de baguettes fe vend en ce moment
'(1820) ƒ fr. & a coûté 60 cent, de fabrication. Le
propriétaire a de plus les branches & les planures,
dont on forme d’autres bottes qui fervent à cuire
le plâtre ou à chauffer le four.
Lorfqu’on veut transformer les baguettes en cer-
des, on met tremper les bottes dans l’eau pendant au
Dift. des Arbres & Arbujies.
moins deux jours, puis on les contourne, une à
une, dans des enceintes de pieux, longs de deux
pieds, gros de deux pouces, écartés de trois à
quatre pouces, enfoncés à moitié en terre. C s
cercles relient dans ce moule jufqu’à ce qu’ils foient
redevenus parfaitement fecs, après quoi on les
réunit vingt-cinq par vingt cinq, au moyen de trois
ou quatre liens d’ofier, réunion qu’on appelle couronne.
Il arrive quelquefois, lorfqu’on fabrique des
cercles avec le chêne, le coudrier, & c . , que les
brins ne fe fendent pas bien ; alors on n’en fait
qu’un avec chacun d’eux, ce qui fait moitié perte.
CERCODÉENNES. Famille de plantes qui ne
diffère pas de celles appelées Hygrobiées &
Halloragées.
CERCOPE. Cercopis. Genre d’infeéles de l’ordre
des hémiptères ydont les larves fe font remarquer
des cultivateurs, dans les prairies naturelles
& artificielles, furtout dans les luzernes, au mois
de m û , époque où elles font arrivées à toute leur
croiffance & où elles fe recouvrent, de la manière
la plus apparente, d’un amas de véficules écùmeu-
fes qui reffembîent à un crachat, d’où leur nom
vulgaire d'écume printanière, de crachat de coucou.
Comme les larves de cercopes vivent de la
fève des plantes, elles nuifent néceffiirement à la
bonne croiffance de ces dernières. Cependant il
eft rare qu’elles foient affez abondantes, hors des
terrains arides, pour diminuer d’ une manière fen-
fîble la quantité & la qualité des récoltes.
La plupart des cultivateurs attribuent aux larves
des cercopes mangées parleursbeftiaux, les maladies
que ces beftiaux éprouvent au printemps ;
mais rien ne prouve que leur aeçufation à cec
égard foit fondée. Ainfi je ne crois pas devoir
adopter leur opinion.
On peut diminuer le nombre des cercopes pour
les années fuivantes, en coupant les luzernes un
peu avant l’époque ordinaire, parce que toutes
les larves, qui alors ne font pas arrivées à leur
dernier degré d’accroiffement, meurent immanquablement
faute de nourriture, les tiges fanées
ne leur en fourniffant plus.
Les infeéles parfaits des cercopes font fort du
goût des poules & des canards. On les emploie
avantageufement à la pêche à la ligne.
CERDANE. Cerdana. Grand arbre du Pérou
qui conftitue un genre dans la pentandrie monogy-
n ie , fort peu différent de celui des Sêbestiers.
Cet arbre qui, lorfqu’on le coupe, exhale une
odeur très-fétide, en offre.une très-agréable lorfqu’il
eft defféché. On emploie alors fes feuilles
dans la préparation des aliraens.
On ne le poffède pas dans les jardins de l’Europe.
CÉRÉOXYLE. C'.reoxylum. Genre de la polygamie
momreie, qui ne renferme qu'une efpèce,
originaire du fonimet des Cordilières. Cette efl
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