
mielles des futaies dont le repeuplement fe fait par
le réenfemencement naturel, ne feroic d'aucune
utilité, & que celle par exploitation décennale
doit lui être préférée.
Il n'en eft pas de même dans les taillis ; au contraire,
ladivifion en coupe annuelle leur convient
très-bien, fi toutefois leur étendue eft allez con-
fidérable pour qu'on puilfe y faire une vente chaque
année.
Plufieurs'auteurs qui tiennent beaucoup à éga-
lifer les produits annuels, règlent cette divifîon
d’après la qualité du fol. Cette mefure peut être
néce flaire dans un petit pays, où l’emploi de chaque
reffource eft calculé avec une précifion qui
feroit minuticufe dans un grand Etat. On n’entrevoit
pas d’ailUurs le but d’une telle précaution
dans une forêt dont une partie eft en nature de
futaie & l’autre en nature de taillis ; car, en fup-
pofant que dans une année le produit des taillis
fait de la moitié plus faible que celui de l’année
fuivante, rien n’empêchera , dans ce cas, de renforcer
le produit du taiilis par une plus farte exploitation
de la futaie. Le contraire auroit lieu
Tannée fuivante,
§ ■ V. De t accro'ffement des bois d’ une forêt, & de
la nécejjité de les conftater.
Le moment où il conviendra d’abattre un? forêt
ne peut être trouvé, ni le produit de fa révolution
déterminé, fi l’accroiffement des bois dans les
différentes époques de leur v ie , n’eft pas connu.
Il eft donc nécefiaire, avant de fixer le terme de
la maturité des futaies & des taillis , & avant de
faire un état des produits des diftrîéts, de s’occuper
de cet objet important, & de conftater à
différentes époques de la vie végétale,, la force de
l’accroiffement.
Veut-on favoir, par exemple, à quel âgé une
jeune futaie de 60 ans fera exploitable, & quel
fera fon produit au bout de la révolution donnée?
On voit d’abord que cette double connoiffance ne
peut être bafée que fur fon analogie avec une
forêt ferr.blable, parvenue au moment de fon exploitation
& dont le produit eft connu; & que,
par conféquent, il eft indifpenfable que les agens
chargés de cette opération apportent beaucoup
de foins à établir une comparaifon entre des dif-
triéts différens en â g e , mais fournis' aux n ê nés
influences locales & portant l’empreinte du même
cara&ère.
Des tables d’ expérience, dans lefquelles on
aura porté le produit de plufieurs exploitations,
avec des obfervations fur la confiftance, le fo !,& c .
de la partie de forêt exploitée, feront à cet égard
de la plus grande utilité 5 elles foulagent beaucoup
le travail de l’efprit.
On fait bien que ces fortes de calculs, qui re- !
pofent fur des fuppofitjons plus, ou moins exaéhs.
n’approchent jamais delà précifion mathématique*
mais on fait aufli qu’on s’écartera d’autant moins
de la vérité, que les parties qu’on comparera entre
elles, feront plus homogènes. C’eft à la fagacité &
à l’expérience du fareftier, qu’il appartient d’établir
de pareilles analogies.
Le calcul de l’accroiffement des bois exploita-
blés3 n’elt pas à beaucoup prèsafîujetti aux mê nés
difficultés : les couches concentriques & annuelles
d un arbre parvenu à un certain âge, font fi marquées,
les augmentations en volume fi vifibles, &
l ’efpace de temps fur lequel il s'agit de juger fi
bien déterminé, qu’on peut compter fur l’exa&i-
tude defirable dans les ré lui cars.
Rien, en effet, n’eft: plus facile que de parvenir
à la connoiffance parfaire des accroiffèmens périodiques
d’un arbre, depuis fon âge adulte jufqu’ à fa
décrépitude. C ’eft principalement fur les expériences
& obfervations faites fur raccr-oiffémênt
d un bois parvenu à un certain dégré de maturité,
que nous fommes obligés de bafer les calculs des
produits en bois des exploitations.
Toute recherche faite antérieurement à cette
époque , quelque favante que foit l’hypothèfe fur
laquelle elle s’ appuie, peut être illufoire; qu’on
ait compté les plants ou les perches d’ un jeune
bois ; que leur hauteur , leur groffeur nous foient
parfaitement connues; il ne nous fera certainement
pas permis d’établir un calcul fur ces faibles indices;
car, n’avons-nous pas l’expérience que les jeunes
bois d’un fonds très-riche ne font ordinairement
pas aufli peuplés vers l’âge de $0 à 40 ans, que
d’autres parties de forêt d'un fol moins bon, & ne
voyons-nous pas fouvent qu'une jeune futaie de
la plus belle venue trompe nos efpérances dans un
âge plus avancé ? Des phénomènes femblables fe
paflent tous les jours fous nos yeux, & nous apprennent
qu’on ne peut jimiais être trop circonf*
pèél ou trop févère dans le choix & l'ufage de ces
fortes d’obfervations. L’expérience & l’infpeétion
de l’enfemble, c’eft-à-dire, de tout ce qui peut
influer fur la profpérité d’une forêt, nous paroif-
fentdonc des garans plus furs de l’exadtitude des
réfuîtats, que ces calculs purement hypothétiques.
§. V I . De Vexploitabilité d’une forêt & de la révolu.-
lion a déterminer.
Un des objets les plus importans dont s’occupe
Y aménagement des forêts,, c’ eft la durée de leurs
révolutions. 11 y a autant de danger à en précipiter
l’époque, qu’il y en a à la trop reculer.
L’exploitabilité des bois dépend de leur maturité
de leur accroiffement ; la révolution doit |
fe régler d’après le même prir.cipe ; ceps ndant, des ■
circonftances particulières donnenr quelquefois
lieu à une modification indifpenfable.
La futaie eft parvenue à fa maturité, lorsqu’elle
eft en état de fe repeupler par le réenfemen*
cerner?t naturel ; le taillis eft toujours exploit
gable, en ne confidérantque la maturité, pourvu j
hue le repeuplement par les rejets & par les ra- hines foit affalé.
B Le plus fart accroiffement d’une futaie n’a jamais
lieu avant l ’âge de la fécondité , de manière" !
®ue ces deux principes, qui conllituent fon exploitabilité
, ne fe faut jamais oppofition.
H II n’en eft pas de même des bois taillis; il y en a qui
fort placés dans un fonds riche, & qu’on poüvroit
jaiffer furpied jufqu'à l’âge de 50 à 60 an>, fi on
ne devoit pas pré(umer avec raifon que leur repeuplement
fouffriroit beaucoup de ce retard; il
•eü donc plus fage , en ce dernier cas, de faire un •
•petit facrifice en produit pour affurer la repro-
fpüdtion & l 'intérêt permanent de la foiêt.
B On peut donc dire que l’exploitabilité d’une forêt
, fe détermine par le maximum des produits
«onfécutifs de plufieurs ré vol ut io: s.
■ Mais on s’aperçoit que la connoiffance du
maximum des pioduits ne peut être acquife , fans
'pofléder celle de l’accroiflèment ; que par confe-
æuent il importe beau et up de .connaître, avant
f e déterminer l’exploitabilité, l’âge où la force
végétative fe prononce le plus’ vigoureufemént,
Je comparer les produits refpedtifs de la même
forêt, exploitée en différentes époques, d e ' -d e
•fixer ainfi l’âge auquel la forêt peut & d' ic è re
exploitée, afin de réunir le plus d’avantages , tant
pour les propriétaires adhiels que pour ceux qui
B u r fuccéderont.
B Obfervons encore que l’époque de l'exploitabilité
d’une fo rê t, qui nous promet le maximum
d s produits en bois, n’eft pas toujours celle du
maximum en argent. Le particulier, qui ne confi-
llère pas fa fa êc dans G.s rapports avec l’ utilité
puHique, mais qui la regarde, au contraire,
jCpinme un objet de commerce, ne la traitera pas
» ’après- les n ê.nes principes que le Gouvernement,
qui ne s’arrête pas à ces idées mercantiles , "
P? qui s'occupe de conferver aux générations futures
le dépôt qui lui a été légué.
§ • V11. De la defcrip don des diftriBs & de l'eftima- j
don de leurs produits préfens & futurs. ■
■ La divifion d’ une forêt en diftridis , divifions &
Bous-divifions, & les expériences fur l’accroiffe-
gment étant faites, & la révolution de la futaie &
i .u taillis dét rminée, on procède à la deferip-
.\ticn des diftriéls, en s’ occupant en n ê.ne temps
P® I état des produits qui doit l’accompagner.
B L’état des produits d’un diftridt, fans la deferip-
,|tii>n qui doit renfermer toutes les notes & obfer-
vâtiors qui peuvent intéreffer l’économie faref-
ptere,ne feroit intelligible que pour celui qui l’au-
|roit fait, & la defeription d’un diftridt, fans l’état
■ des produirs , ne rempliroit pas l’objet qu’on fe
|pfopofe de faire connoître , c ’eft-à-dire, les ref-
BüUrces auxquelles on peut prétendre a 8c ne metj
troit pas à même d’établir une balance entre les
•
produits de chaque décennie de la révolution.
I Le premier tableau ci après eft celui qui avoit
J été adopté dans les forêts de la rive gauche du
I Rhin pour modèle des deferiptions des d.ftricls.
Ce,s defciiprions doivent être au fil brieves que
pofiifl3, & ne comprendre qûe les caractères principaux
de la fa êt,
Le mode d’exploitation d’ une farê t.fe règle
fui vaut la révolution & les principes de culture
adoptés : l'eftimation dès bois fur pied , combinée
avec les lois de l’ accroiffement, fert de baie à la
recherche des produits des différentes exploitations.
Divers moyens s’emploient pour parvenir à une
connoiffance exadte de la confiftance & du produit
adtuel des faiêîs.
L ’eftimation des bois, au moyen des afpens d 't f
fa is, eft employée avec avantage, tandis que quelquefois,
furtout dans les parties de forêts uniformes,
le comptage 8c l’eftimation par claffes lui eft
préféré.
L’eftimation par pied d’ aibres n’eft préférable
que dans certains cas, 8c lorfque les d>.ux premières
méthodes ne peuvent-être appliquées.
Plufieurs taxateurs (eftimateurs) fe fervent de
ce dernier moyen pour faire une eHimation de la
réferve définitive .des jeunes futaies. M Lintz dit
qu il n’entrevoit pas la néceflité ni le but de cette
-opération, qui ne contribue en rien à l’évaluation
des exploitations futures, dont le produit eft bafé
fur la confifiarce plus ou moins pleine 8c l’ac-
croiflèmènr plus ou moins rapide des jeunes bois.
Il ajoute que l’expérience qu’ il a acquife dans
ce travail, lui a prouvé que, fi d’ un côté il eft in-
di penfabie qu’ori s’éraye des principes d’ une faine
théorie, il ne faut pas non plus s’en rendre efclave.
Ainfi, en apportant aux opérations de Y aménagement
tous les foins 8c la précifion qui doivent
les cara&érifer, il ne s’agit pas de vouloir fuivre à
la lettre tous les- procédés recommandés par tel ou
tel auteur : ce feroit fouvent perdre le temps en
minuties dont l’application ne rendroit le travail,
ni plus parfait, ni plus intéreffant; car ce q ui,
dans une forêt, paroît mériter une attention particulière,
n’ eft d’aucune utilité dans telle autre.
La théorie s’occupe à donner des principes généraux
qui embraffent tous les cas qui peuvent fe
préfenter dens la pratique; mais ce feroit fe. donner
beaucoup de peine pour rien, que de recourir
à des moyens compliqués, lorsqu’un jugement
fain & un certain tact acquis par l’ expérience y
peuvent fuppléer.
§• V I I I . De Vétat général de l ’aménagement
des forêts.
Lorfque la defeription d’un triage ou d’une forêt
eft faite, on réunit les différens états des produits
particuliers pour en compofer l’état général.