
Avant de faire ce travail, purement mécanique,
on fera bien de faire les totaux des produits de
chaque décennie, S' de les comparer entr’eux ;
car nous favons que la fuccejfion confiante des produits
eft une des premières obligations de Y aménagement
, qui doit toujours ê:re rempli, fi toutefois
le produit total de la foiêt n’ eft pas diminué
par cette répartition uniforme dans les époques
l'ucfertives de la révolution.
Suppofant que , d'après l'exploitabilité d'une futaie
réglée à t 20 ans, la coupe de réenfemence-
ment d’un diftvséf quelconque dût êcre affife da* s
la fixième décennie; fuppofant encore qu'il fût
vrai , d’après le réfumé 11 s produi ts , que la iixième
décennie donnera 20 ggo ftères, & la feptième
1 2,030, & que le produit de l'exploitation du
diüriét dont s’agit, s'élève à 5000hères, pendant
la Iixième décennie ; alors il n’ y aura aucun inconvénient
de reculer cette exploitation de quelques
années , fi toutefois la confit! an ce ou d’autres rai-
fons importantes ne s’oppofent pas à cet ajournement.
On aura, par ce moyen, fans porter préjudice
à l’ intérêt de la forêt, rapproché les produits
des deux décennies.
Les extr. étions des bois dé péri fia ns donnent à
cet égard de grandes fu i lices.
Souvent il importe peu que ces nettoiemens
foient faits 10 ans plus tôt ou plus tard qu’on
l’avoït 4’ abord fixé , de forte qu’on eft alors libre
de renforcer les décennies foibles par le tranf-
port de ces exploitations des décennies plus fortes.
Mais on aura l’attention de ne jamais faire un
changement femblab’e lorfqu’ il pourroit pécher
contre les principes & devenir défavantageux à la
forêt; car alors il vaut infiniment mieux que'ia répartition
des produits foit inégale, qu’une partie
de forêt foit coupée avant fa maturité ou réfervée
jufqu’à fa décrépitude.
Le leéieur qui voudra fe donner la peine d’ examiner
les tabléaux ci-aprés, fera à ifê.ne de juger,
en comparant l’état A'aménagement avec la deicrip-
tion, comment on s’acquitte de la double obligation
de ne pas s’ écarter des principes de l’exploitabilité,
fans nuire ou déroger à la fucceflion
confiante des produits.
Il eft difficile d’atteindre ce doublé but dans une
foiêt qui a été" autrefois irrégifi èrement traitée ,-
& il elt prefqu’impoffible de parfaitement remplir
l'une de ces deux conditions, fans'porter quel-
qu’atteinte à l ’autre.
§. IX. Des moyens d’ajfurer F exécution des travaux
de F aménagement.
L*aménagement d’ une fo rê t, quelque parfait &
achevé qu’ il puiffe être, ne fera pas cependant
couronné de tout lefuccès qu’on a le droit d’en-
atcendre, fi les conditions fuivantes ne font pas
remplie'.
1?. Les forêts aménagées doivent être traitées
fuivant les principes établis dansjes defcriptîons,
& être exploitées aux époques indiquées dans les
états d’aménagement.
i° . Les améliorations propifées & arrêtées
I’ad Muiftrarion générale des forêts, doivent ère
ponébiellement exécutées à l’époque indiquée dans
l’état d’amélioration.
$-°. Une vérification fera faite , au moins tous
les dix ans, à l’effet de s’affurer de la .conformité
des cahiers avec l ’état des forêts.
Quant au i cr. article concernant la flriéle exé-J
ctition des principes-établis par i’aménagement, j[
eft ai je de voir qu’elle repofe entièrement fur le
zèle & l’intelligence des agens locaux ; il eft donc
e fïentjël que ceux-ci foierït non-ieulement des ;
hommes entièrement dévoués à leur état, mais[
encore qu’ ils aient les connofiTmces requifes,l
pour remplir les ob.Égarions qui leur font impofees.l
Il el! également certain que le produit de plu-
fieurs dftiiéts n’approchera pas de celui qui figurel
fur les états, fi les améliorations ne font pas faites,
ou même fi elles le font trop tard.
C ’eft donc un devoir des agens locaux de fixer!
en temps utile l’attention des chefs fupérieursl
fur cet objet."
Quant à la vérification à faire de temps en temps!
dans les parties de bois exploitées, elle aura e{T=n«l
tiellemenc. pour objet dé conftater fixes diftriftsl
ont été traités d’après les principes adoptés, fi les!
produits ettimacifs des états coïncident avec ceuxI
des exploitations, & enfin, fi aucune anticipation!
n’a été faite fur le produit réel de la forêt. Il feroitl
très-avantageux que les èmpibyés forefiiers, cha-l
cunençe qui concernefon arrondiffemenc, f11 fient
tenus d’inferire, dans-un regiftre particulier, des!
notes fur l’exploitation des ventes annuelles, en
îaifant mention de leur étendue & des produits!
qui en proviennent, des amélioration^ faites, cken
général de tout ce qui peut fe,rapporter à la milfionl
de l’agent vérificateur, & de l’éclairer dans fesl
recherches.
M. Lintz propofoic, pour affiner l’ exécution
des travaux de l ’aménagement, de nommer des
agens dans chaque confervation où Y aménagements
des forêts au mit eu. iir ii. pour y exercer une fur-,
vaillance permanente, faire de temps en temps lai
vérification dont il parle, & de rabaiffer ou re-
haufltr, fùivant les circonftances, la quantité dèl
bois à exploiter annuellement. Mais ces fonctions
entrent dans les' attributions d,es infpc&eurs-gé«l
néraux,
C H A P I T R E II.
Application des principes ci-dejfus.
M. Lintz a donné pour exemple l’application I
des principes qui viennent d’être rappelés, Yamt‘%
nagement qu’ il avoit exécuté dans la forêt de Kir-■
kel, qui fai foit partie de l’ infpeétion deSarrebruck,
département de la Sarre. Nous en extrairons qu^'l
ffueî|
TF
lues tableaux, avec les détails qui en font connoî-
|re les objets.
§, Ier. Obfervations générales fur la- Jieuation, les B limites et F étendue de Fa forêt de Kirkel.
I La forêt de Kirkel, divifée en 14 diftriéls, eft
Étuée fur le ban des communes de Kirkel & de
Biêrbach. . . B Les nos. 1 , 2, 3 , 4 & ƒ , la plus grande partie
àun°. u & les nos. 12, 13 & 14 font enclavés
dans le ban de la première commune, & les nos.
6, 7 * 8 ,9 > 10 & une partie du n°. 1 1 , dans celui
|e la dernière.
B Les limites font ; favoir : B Au nord', les terres des communes de Limbach
&de Woeifchweiler ; B A l’eft, des terres de la commune de Biêrbach;
Au fud, la forêt domaniale de Biêrbach ;
B A l’oueft. des terres des communes de Kirkel,
Keuhaeufel & de Limbach. B Cette forêt contient 666 hectares 52 ares 86
centiares. Prefque tous les diftriéls qui la compo- ;
lent font très-montueux & occupent une pofîtion
élevée.
§. II. Sur F état & la confifiance de ce triage en
général.
■ Jufqu’à préfent ce triage entier, provenant du
duc de Deux-Ponts, a été traité en futaie. La médiocrité
du fol & de la confiftance de plufieurs
.diftriéts nous a conduit à faire un changement
flans ce mode de culture, & j’ai propofé d’en exploiter
une partie comme taillis & d’enfemencer 1
■ une autre en graine de pins.
■ La grande quantité de gibier de tout genre qui
fe nourrifloit autrefois dans cette forêt, étoit la
çaufe principale de fa dégradation.
B Aucune coupe réglée n’a pu y être faite; les
fuites du furetage, dont l’application étoit ici en
yogue, font trop connues.pour ne pas s’apercevoir
bue ce triage n’eft pas, à beaucoup près, dans le
meilleur état.
B II n’ y exifte pas un feul diftrid exploité dans ce
temps, qui ne foit peuplé de bois venus en différentes
époques; cependant la confiftance de ces
Jbois y eft affez forte, & la plus grande partie de
la forêt offre encore un vieux maffif duquel pourra
fenaître un jour une belle futaie, dont fans doute
Je produit fera plus fort du double que celui des
exploitations actuelles.
R L’effence dominante dans ce triage eft le hêtre;
le chêne & le charme y font plus ou moins mêlés.
§. III. Des plantes foreftiéres quon trouve dans ce
triage.
B En jetant un coup d’oeil fur cette forêt, en remarquant
qu’aux changemens fréquens de l'expo-
fition des diftri&s, elle réunit la diverfité' de la
pofition, quelquefois baffe, plus fouvent élevée,
DiS. des Arbres & Arbufies.
tantôt en plaine, tantôt montagneufe; en obfer-
vant que le fol même admet des variétés infinies
pour fa qualité', on eft tenté de crojre que la
Flore foreftiére de cette forêt eft très-riche. Cepend
a n t, fi on fait des recherches fur cet objet, on
eft furpris de s ’apercevoir que, non-feulement la
plupart des arbuftes ordinaires, tels que le néflier,
i’amelanchier, le genêt épineux & celui des teinturiers,
l’épine-vinette, le fufain, le bourgué-
pine, & c ., ne s’y trouvent pas, mais encore
qu’une quantité d’arbreis très-communs dans les
autres forêts, comme le tilleul, les érables, l’orme,
le frêne, l’alifier blanc & terminai, y manquent.
Il eft vrai que le fol (qui en général a le fable
pour terre dominante ) , quoiqu’ il varie fouvent
pour la qualité, eft néanmoins toujours le même
quant à, la nature des principes conftituans.
Je fuis loin cependant, dit M. Lintz, de vouloir
en conclure que cette nature conftante du
fol foit la caufe unique de cette difette en eflences
foreftiéres ; mais il feroit poflible quelle y eût
contribué.
Deux efpèces de bois affez communes dans les
parties marécageufes du triage de Limbach fe
rencontrent auffi dans cette forêt, mais plus rarement
: c’ eft le betula tomentofa & le vaccinium
uliginofum de Linné. Ces deux effences font affez
rares dans les autres forêts de la 28e. confervation;
c ’eft pourquoi j’ en fais ici mention.
§. IV. Du terrain de la forêt, des mines & carrières.
Le fable eft la terre dominante dans tous les
diftri&s de ce triage; il eft plus ou moins allié
de terre glaife, mais jamais en affez grande quantité
pour pouvoir le nommer fable gras. Souvent
on voit la roche de fable à jour, fans être couverte
d’ une couche de terre végétale : tel eft
l’état du fol des divifîons B des nos. 8 & 14; il
eft au contraire fort bon dans une grande partie
du n°. 1 & dans les nos. 9, 10 & 11.
Le fo l, qui eft en général très-montueux, préfente
le tableau d’ une infinité de collines & de
côtes , fouvent très-rapides , coupées par des
valions très-profonds. Il eft hériflë, fur plufieurs
points, de rochers immenfes, & partage les in-
convéniens & les avantages des forêts placées dans
un fonds de cette nature. Des veines de terre
excellente alternent avec d’autres terrains impropres
à la culture des bois, & à côté des fous-t
bois on voit des arbres fuperbes qui s’élèvent fort
haut. Plufièurs diftriéls ont été arrêtés dans leur
végétation par l’enlèvement continuel des feuilles
qui auroient amendé le fol.
Une furveillance févère, pour prévenir cet abus,
produira le meilleur effet.
Aucune mine n’a été exploitée jufqu’ à préfent
dans ce triage; plufieurs diftri&s fourniffent un
grès de bon grain , propre à la bâtifle.M