
des planches ou fur des claiesj qu'on expofe à la
plus grande chaleur du foleil lur un toit ou contre
un mur, & qu'on rentre pendant la nuit, ou , lorsque
le temps menace de pluie, dans une chambre
dont les fenêtres relient ouvertes. Dans les com-
mencemens, on les retourne deux fois par jour,
& enfuite une fois. Alors on les aplatit.
Comme toutes les variétés ne fe dellèchent pas
également vite , il faut avoir foin de les placer fur
des planches ou des claies différentes.
Les figues altérées fur Larbi e ne doivent jamais
être mifes en defliccation, & celles qui s’altèrent
pendant la defliccation, doivent être foigneufement
enlevées pour être mangées de fuite, ou données
aux beftiaux ou aux volailles.
Quelquefois un temps conftamment couvert y
& encore plus un temps pluvieux , s’oppofe à la
defliccation des figues en plein air : alors on a recours
au F o u r , mais la chaleur du feu aitère
leur faveur au point d’en diminuer la valeur mercantile
au moins d’un tiers. C ’ert probablement
cette influence nuifible det la chaleur artificielle
qui empêche d’établir des Etuves , où il Tenable-
que l’opération pourroit s’exécuter plus rapidement
& plus parfaitement. Dans le four, les figues
font privées d’ air, & je foupçonne que c’eft à
cette privation qu’eft due leur moindre faveur.
Dans l’étuve on peut leur en donner autant qu’on
le déliré.
Je crois que des amis éclairés de la profpérité
agricole de la France devroient tenter de nouvelles
expériences fur la defliccation au moyen des
étuves, car la quantité de figues qui fe perdent
par celle en plein air eft immenfe, même dans les !
années où le temps eft favorable. La perte eft
prefque complète dans les autres.
Dès que les figues font fèches, on les met, ou
pêle-mêle dans des facs qu’on expofe dans un grenier
à un courant d’ air perpétuel, ou dans des ,
cailles où elles font régulièrement ftratifiées avec
de la longue paille. Cette dernière pratique eft la
meilleure fous tous les rapports.
La m a r f e i l l a i f e feule exceptée, à raifon de fa
fupériorite, les figues blanches font les plus efti-
mées dans le commerce ; en conféquence celles
des autres couleurs font Confommées dans les ménages
de la campagne.
Les figues fèches prolongent pendant lix mois,
dans le pays où elles font produite--, l’utilité qu’on
retire du f ig u i e r , en ce que tous les habitans aifés
en mangent journellement pendant cet efpace de
temps. Ainfi que je l’ ai déjà obfervé, leur vente
eft un objet important de revenu pour eux. On
les expédie jufque fous le cercle polaire. On en
fait partout un fréquent ufage en médecine ,
commeadouciffantes, expectorantes & calmantes.-
Une chenille ■, dont je poffèd'e l’infeâe parfait
dans ma collection, mange les figues fèches. Les
mettre au four eft le moyen le plus prompt & le
plus certain de s’en débarraffer.
Il eft poffiblè, en pilant les figues, foit fraîches
foit fèches, dans une fuffifante quantité d’eau
d’en obtenir du vin, du vinaigre, de l ’eau-dt.
vie } mais on ne les emploie jamais à cet ufage en
France. Je ne connois même que l’ile de S cio qui
en confacre à ces objets.
Tous les beftiaux, toutes les volailles aiment
avec paflion les figues, foit fraîches, foit fèches.
On ne leur donne, en France, que celles qui
font gâtées} mais dans les îles de l’Archipel on en
cultive, exprès pour eux, des variétés qui chargent
immenfément & qui fèchént facilement.
Quelques propriétaires du département du Var ré-
fervent cependant une variété appelée b r ia f q u e , qui
poffède.les deux qualités ci-deflus, pour les donner
aux chevaux malades & aux boeufs à l’engrais.
Une fois que les poules fe font accoutumées à
voler fur les f ig u i e r s pour en manger les fruits, il
n’y a d’autre moyen, pour les en empêcher, que
de les tuer, tant elles en font friandes.
La culture des f ig u i e r s dans le nord de l’Europe
étant bien plus difficile que dans le midi, & demandant
des foins particuliers, j’ai dû n’en pas
parler jufqu’à préfent. il eft temps que j'en entretienne
le leCteur.
On peut divifèr en trois modes, en concordance
avec les climats , la culture des f ig u ie r s y fa-
voir : i ° . au nord du 44e degré de latitude; 20.au
nord du yoe; 30. au nord du 55e 5 & ces trois modes
font pratiqués aux environs de Paris.
Le premier confifte à p'anter les f ig u i e r s contre
un mur expofé au midi, à couper les vieilles tiges
lorfqu’elles s’élèvent au-deftiis du mur, & à entourer
de longue paille, à l’entrée de l’hiver,
celles qui font confervées, dans une affez grande
épaiflsur pour que les fortes gelées ne puiffent pas
les atteindre.
Je dois rappeler qu’ il a été annoncé plus haut
que les f i g u i c s ne fupportoiéne pas la gêne du pa-
liflage 5 qu’ainfi il falloir que leurs tiges fuffent
laiflees libres.
Rarement É dans ce mode, on laifle monter le
f ig u i e r fur une feule tige, mais très-fréquemmert
on le laifle fe garnir de trop de tiges, qui, d’un
cô té , épuifeut promptement le fol, & de l’autre
projettent trop d’ombre fur celles qui font fur
le derrière & empêchent les fruits de mûrir. Je
‘ voudrois donc que chaque pied ne confervât que
trois à quatre tiges en ligne parallèle au mur,
lefquelles 11e s’éleveroient pas au-deflus de 0 à
10 pieds. On rempÜroit par-là toutes les données,
& l’empaillement feroit beaucoup plus facile &
beaucoup moins difpendieux.
Lorfque les gelées ne font plus à craindre, on
dépouille les • f ig û ie r s par un temps couvert &
même pluvieux, parce qu’ il faut craindre Leffet
du fo.leil fur leurs pouffes alors étiolées. Si ce
temps n’exifte pas, on les garantit par des toiles ou
des paillaffons & on les arrofe. C'eft alors qu'on
enlève tout le bois mort, toutes les branches
trop fortement contournées, qu'on fupprime les
tiges trop vieilles. .
Des labours annuels & des engrais tous les
trois ou quatre ans favorifent beaucoup l’abondance
des figues, mais il ne faut pas mettre trop
de ces derniers à la fois, vu que les figues en pren-
droient le goût. , ,
Les figues-fleurs ou d été étant les plus productives
, ainfi que je l’ai obfervé plus haut, parce
qu’elles mûriflent toujours, tandis que celles d’automne
font fréquemment frappées par les premières
gelées de cette faifon, on doit chercher à
fe procurer les variétés qui donnent le plus de
ces figues-fleurs:. Je les ai indiquées au commencement
de la férié des variétés. Il eft cependarir
des variétés à figues d’automne qui mûriflent plus
fonvent que d’autres dans le climat de Paris, &
je mets au premier rang la m a r f e i l l a i f e , telle petite
qu’elle foit, parce qu’elle eft prefque toujours
bonne.1 ■ ' ■ •- 1 y , !
On accélère, au refte, la maturité des figues ?
de printemps par les moyens cités plus haut,
&, en outre, ce qui n’altère nullement leur faveur
& augmente leur groffeur, en pinçant l’extrémité
des rameaux de l’année lorfqu’ils font arrivés
à leur croifl'ance. -
■ Lés figues-fleurs crues aux environs de Paris!
font quelquefois paflabks ; mais , excepté celles
dites marfeilLaifts, je n’ai jamais trouvé man- .
geables celles d’automne ; il n’en n’eft pas de •
j même à Lyon, même à Dijon , à Nantes. Il eft
des années, ce font les très-chaudes, où ceux '
t qui font habitués à celles d’Efpagne ou d’Italie,
; les trouvent bonnes. Jamais elles ne méritent cependant
la peine d’être de fléchée s.
Le fécond mode de culture des f ig u i e r s , celui
que j’ai annoncé devoir être adopté au nord du
[ 50e. degré de latitude ,lfe pratique dans la partie
lupérieure du vignoble d’Argenteuil, à deux lieues
| au nord de Paris, à une expofition-complètement
méridienne, & dans un fol fablonneux. On donne
L aux touffes des f ig u i e r s la forme d’un vafe très-ouvert
( v o y e ç Arbre en b u is so n ), & on les.tient
I très-courts, c’eft-à dire, de quatre à cinq pieds.
1 Tous les ans on retranche les tiges de plus de
trois ans, & on coupe le fommet des autres vers
le milieu de mai. L’important eft d’avoir des figues
hâtives & groffes , qui fe vendent trois fous,
[ terme moyen. Aux approches des gelées on cou-
l che toutes les tiges de la moitié des pieds dans.
I des foffes creüfées en rayons, en les courbant
| fortement du dedans au dehors, comme fi on vou-
[ doit les marcotter , & on les recouvre d’abord de
paille & enfuite de terre. L’autre moitié des pieds
I eh empaillée à l’ordinaire. Si l’hiver eft fec &
! froid, les propriétaires font allures de confer'er
[ en bon état, les tiges enterrées ; s’ il eft pluvieux ,
j les autres fe trouvent dans la même fituation. Al-
I ternativement chaque pied eft traité-de ces deux
| manières, parce qu’ il a été reconnu , ce qui eft
conforme aux principes, de la théorie , que plus
les figues font proches de terre, 8c plus elles munirent
de bonne heure. Comme la pente du vignoble
d’Argenteuil eft très-rapide, près de la moitié des
tiges de ces f ig u i e r s font parallèles au fol & n en
font éloignées que de fix à huit pouces. ;
J’ignore fi cette favante culture eft ufitee en Allemagne;
mais il eft certain que c’eft celle qui
convient le mieux au climat de ce pays, lorfqu on
peut: l’appliquer à un fol fe c , très en pente &
expofé au midi. . .
Enfin le troifième mode de culture du f ig u i e r eit
celui qui a lieu dans des caifles ou dans des pots
qu’on peut rentrer dans une orangerie pendant
l’hiver. ■ & placer au printemps, ou contre un mur
expofé au midi, ou dans une ferre, ou fous une
bâche. fortement chauffée.
Dans ce mode, les f ig u i e r s doivent être tenus
prefque nains , par l’effet de tailles rigôureufes ,
faites immédiatement après la récolte des fruits,
& ces fruits être peu nombreux, pour parvenir à
quelque groffeur. 1
Le choix dé la variété eft encore plus important
ici que dans la cùlture précédente. Il m a paru
què la figue m a r f e i l ' à i j è devoir avoir la préférence
à Paris; mais il fe peut qu'il en exifte de,plus côt-
venàblès. ' - ; I : ,, , . a
Les f ig u i e r s en caiffe ou eh pots.né doivent.êi re
mis en ferre ou fous bâche que tous les deux ans ,
lo.rfqü’on vêUtles cÔhferver vigoureux , car la, végétation.
forcée qu’on ,exigé d’eux eft très-propre
à -les epuifer. ' ,
Une terre franche , mêlée de terreau , éft celle
qu’ il convient de mettre dans les .caifles ou dans
les pots à f i g u i e r s . -O n renouvelle cette terre tous
les deux ans, en automne.-
Il eft une autre manière de cultiver les f ig u ie r s
dans les, pays froids, que je ne puis me difpenfer de
c ite r , parce qu’elle eft annueUement pratiquée
'en Ëcofle & en Suède. C ’eft de lever les pieds de
la pleine terre, aux approches des gelées , avec
leur motte, & de les defeendre à la cave , pour
les remettre en place au printemps. M.Vanieviiie a
pratiqué cettè Culture à Paris avec le plus grand
fuceès' plufieurs années confécutives. Je ne la re-
! ga.rde cependant ici que comme.un amufement.
Dans les pays où fe cultive 1 e f ig u i e r en grand,
& même plus au ‘nord, à Paris , par exemple, il
a à craindre les grandes fécher.effes qui le font
périr au milieu de l’é t é , lorfqu’on ne peut l’ ar-
rofer,. & deux infeétes* favoir^un du genre Kermès
& l’autre du genre Psy lle , qui font tomber
fés feuilles & fes fruits , ou au moins empêchent
ces derniers de mûrir. Le feul moyen qui
Trie paroiffe propre à*'déttuiré le premier, qui
fe tient fous les pouffes de l’année précédente ,
c’eft de frotter ces brandies avec un linge rude.
Ce qui produit le plus d’ e ffet !ur le fécond, c’eft ce
frapper de petits •coups.fecs fur les branches, lef