
eux. On les entend fouvent dire : nos enfans feront
comme nous.
[/influence des inftitutions & des moeurs fur le
travail de l'agriculture fe fait fouvent remarquer
dans les campagnes. Le territoire de tel village eft
bien cultivé, & ceux de tous les villages voifins
le font ma!. En Suilfe , les cantons proteftans font
riches, & les cantons catholiques font pauvres.
A quoi l’ Angleterre & l’Amérique feptentrionale
doivent-»elles leur fortune aétuelle ? Au travail.
TR 1PLARIS. Triplaris. Genre de plantes établi
par Correa de Serra, pour placer un arbufte qui
avoir été confondu avec le limonellier trifolié. Poi-
tcau l’a figuré dans fon bel ouvrage qui traite des
orangers, il faut le diftînguer du triplaris de La-
niartk.
TRIPOUX. Terrains communaux des Vofges ,
qui font divifés tous les huit à dix ans, & donnés
aux habitans pour les cultiver pendant le même
elpace de temps. Ce mode de jouiffance devroit
è r e profcrit par la lo i, comme nui faut au perfectionnement
de la culture.
TROCHET. Affemblage irrégulier de fruits
partant d’ un même point de l’arbre.
TROENE. Liguftrum. Genre de plantes de la
diandrie monogynie & de la famille des jafminées,
qui n’eft compofé que de cinq efpèces ^ toutes au-
j ourd’Uui cultivées dans nos jardins.
Efpècesi
1. Le T roène vulgaire.
Liguftrum vulgare. Linn. fl» Indigène.
2. Le T roène d’Italie. -
Liguftrum italieuml Miller, fl) D’Italie.
3. Le T roène du Japon.
Liguftrum japonicum. Thuub. Du Japon.
4. Le T roène de la Chine.
Liguftrum ckinenfe. Lour. De la Chine.
5. Le T roène à feuilles luifantes.
Liguftrum lucidum. Ait. fl) Dfcla Chine.
Culture.
Le troène vulgaire eft excefîivemenr- abondant
dans nos bois, dans nos buiffons, dans nos haies.
Sa hauteur furpaffe rarement dix à douze pieds, &
fa groffeur deux à trois pouces de diamètre. Ses
fbu rs, légèrement odorantes, blanches & dif-
pofées en grappes droites à l’extrémité des rameaux
, le rendent fort agréable au commencement
de l’é té , époque de fa floraifon. Ses feuilles , qui
f- confervent bien avant dans l’hiver, & fes jeunes
pouffes, font fort du goût des vaches & des mourons
> aufli le plante-t-on fréquemment dans les
jardins payfagers, en compofe-t-on des paliffades
dans ceux dits français. Ses rameaux fervent à
la re des liens, des corbeilles 5 fon bois s’emploie
à de petits ouvrages de tour & à brûler. Frais, il ,
} exhale, lorfqu’on le travaille, ainfî que les feuilles
& l'écorce, une odeur défagreable, qui difparoït
par la.defliccation. Oh retire de fes baies une couleur
rouge propre à augmenter fans danger celle
du vin.
Les pays qui manquent de bois peuvent trouver
dans le troène un moyen , d’abord de fuppléer à
leur difette , enfuite d’ en favorifer les femis. En
effet, il s’accommode de tous les terrains & de
toutes les expofitions ; il fe multiplie avec la plus
grande facilité par graines, par marcottes, par
racines, par boutures. Qui empêche les cultivateurs
de ces pays d’ en faire venir de la graine & de
la femer, pendant l’hiver, fur un coup de charrue?
Qui les empêche d’ en faire venir des pieds, & de
les planter à cinq ou fix toifes Les uns des autres
pour en marcotter les pouffes dès l’année fuivante ?
Par ces moyens, on aura un fourré qu’on pourra
couper y pour en obtenir des fagots tou* les quatre
à cinq ans , & dans lequel on Sèmera des giands,
des faînes, des noyaux dem e rife s, des graines
de pin, de fa pin , & c . , graines qui lèveront à
l ’abri de fon, ombre, & qui finiront par garnir le
terrain des efpèces d’arbres qui les ont fournies.
Les haies où le troène eft abandonné à lui-même
font d’ une foible.défenfe 3 mais lorfqu’ on greffe,
par approche, les rameaux d'un pied, avec ceux
aun autre, on en obtient qui font impénétrables
aux animaux, & aux hommes qui ne font pas armés
d’une ferpe. Il eft extrêmement propre à fermer
les trouées de celles d'épines, parce qu’ il croît
fort bien entre les racines de ces épines.
Dans les jardins payfagers,-dans lefquels il fe
place quelquefois en trop grande abondance , le
troène doit être abandonné à lui-même} car le
tailler en boule, en paliffade, & c . , ne fert qu’à
nuire à fa beauté, puifque ces difpofitions l’empêchent
de fleurir. Il en occupe toutes les parties
avec avantage.
Les variétés de troène a fruits blancs , a feuilles
ter nées 3 à feuilles panachées de jaurte & de blanc ,
font, à mon avis, de peu d’agrément*
Ôn greffe avec fuccès les diverfes variétés de
lilas , furtout le lilas varin, fut le troène.
Le troène d’ Italie a toutes fes parties deux fois
plus grandes que celles dont il vient d’être quef-
tion 3 mais du refte, tout ce que j’ai dit lui eft
applicable. ,
On peut en dire autant des trois autres efpèces,
encore rares dans nos collections, & qu’on y con-
ferve & multiplie en ferre tempérée. Il n’eft pas
de doute, pour moi^ que bientôt elles feront plantées
dans nos jardins payfagers, fans abris contre
la gelée.
TUILE. Plaques d’argile peu épaiffes, fortement
cuites, de diverfes formes, qui fervent à
recouvrir les maifons & empêcher la pluie d’y pénétrer.
y~oyei C onstructions rurales.
Les objets qui entrent en concurrence avec les
tuiles ,
titiles, pour recouvrir les maifons des cultivateurs, I
font les Laves calcaires, les Essentes, le I
C haume, &,dans le voifinage des carrièresd’AR- *
COiSE, la pierre de ce nom. v
Les formes les plus communes des tuiles font la
parallélogrammique & plate, d’environ dix pouces
de long fur fix de large, appelées tuiles plat es, &
la courbée dans la longueur, appelées tuiles creufes.
La qualité de l’argile influe beaucoup fur celle
des tuiles y il faut donc (avoir de quelle fabrique
proviennent celles dont on veut faire ufage. Il eft
des argiles qui contiennent beaucoup de petites
pierres calcaires , lefqueiles fe transforment en
chaux par la cuiffon, & font déliter les tuiles un
ou deux ans après qu’ elles font employées. On
prévient ce grave inconvénient en les trempant
dans l’eau froide, au.fortir du four, c'eft-à-dire,
avant qu’elles foient refroidies.
Plus les tuiles font fortement cuites , & plus
elles durent long-temps. On reconnoît leur bonté
au fon clair qu’ elles rendent lorfqu’on les frappe
avec un morceau de fer..
Lorfqu’on lie les tuiles, placées fur le to it,le s
unes avec les autres > au moyen de la chaux ou du
plâtre , on leur affure une durée plus que double.
Le C iment fe fait en pilant les débris des vieilles
tuiles.
Pour économifer les frais de réparations, un
cultivateur prudent a toujours des tuiles en ré-
ferve, pour remplacer, à mefure du befoin, celles
qui fe détachent.
Les tuiles 3 (dit plates, foit creufes, fervent encore
à faire des conduites d’eau fort économiques. .
T U L IP IE R . Liriodendron. Grand arbre de
l’Amérique feprentriona!e , du plus fuperbe feuillage,
dont les fl.-urs fe font remarquer, non par
leur couleur & leur odeur, mais par leur belle
forme & leur abondance.
Culture.
Les premières graines de tulipier qui aient été
femées en Fr c e , furent apportées en 1732 par
l’amiral de la Galiffonière, & un des trois pieds
qu'elles ont fournis, exifte encore , à VerDilles,
dans un jardin près de la grille du Dragon, qui a appartenu
à M. deCubières. Les voyages de Michaux
dans l’Amérique feptentrionale nous en ont valu
des tonneaux qui, ainfî que celles produites par les
arbres qui ont été plantés les premiers, dans les
jardins de la même v ille, femées dans fes pépinières
, ont permis d’en diftnbuer des milliers de
plants , de forte qu’il eft peu de jardins de quel-
qu'importance en France, où il ne s’en trouve
pas quelques pieds.
La forme & la couleur des feuilles du tulipier,
la gran te étendue de l’ombre qu’elles donnent, le
rendent très-piopre à orner les jardins. La difpofi-
tion & la grandeur de fes fleurs augmenteroient
beaucoup fa beauté, fi ces dernières, étoient plus
Did. des Arbres 6? Arbuftes* -
colorées, c'efl-à-dire, contraftoient davantage
avec les feuilles. .
Les plus fortes gelées du climat de Paris ne
nuifent point au tulipier adu'te, mais fon plant a
befoin d’en être garanti par des C ouvertures.
Voyez ce mot. _. .
Un fol argileux, profond & frais, eft celui ou;
profpère le mieux le tulipier. Il pouffe foible-
ment & ne vit pas long-temps dans ceux qui font
fablonneux & fecs. C ’eft principalement fur le>
bord des rivières qu’il fe plaît, ainfî que j ai eu
occafion de l’obferver dans fon pay-» natal, .où il
parvient à 18 pieds de tour, Catesby dit même de
30, mais aujourd’ hui on n’en trouve plus guère de
cette grofleur, du moins en Caroline. Son b.ois
eft blanc, veiné de fauve. On en fait peu de cas,
parce qu’il eft trop tendre & pourrit facilement^
: Il pèfe, vert, environ 34 livres par pied cube. Son
écorce, & furtout celle de fes racines, eft odorante,
& entre dans la coropofirion des liqueurs
de 1a Martinique. J’en ai fait fabriquer, à Verfail-
le s, qui pouvoient être mi fes au nombre des
'meilleures qu’ il fût poifible de boire. _
La multiplication du tulipier ne peut s’effeCtuer
que par graines, qu’on lème ordinairement au
printemps, dans une planche recouverte de terre
de bruyère , à l’expofition du nord 5 mais j’ ai acquis
la preuve, par une expérience de quinze années,
qu’ ii falloir la placer au midi, la recouvrir
d ’une claie-, & abriter le plant de l’ardeur^ du
foleil. Cette graine lève en moindre partie la même
année, & en majeure partie la (uivante, quelquefois
même la troifième. Elle demande à être ar-
rofée fréquemmment pendant les chaleurs.
Le plant peut être relevé dès l’hiver qui fuit fon
femis, mais il vaut mieux, lorfqu’il n’eft pas trop
épais, le laiffer deux ans dans fa planche. Il (è repique
d’abord à un pied de diftance, dans une autre
partie de la pépinière ,puis, deux ans après, on le
relève de nouveau pour le placer autre part à deux
pieds. Par ce double repiquage, on augmente la vigueur
de fa végétation & on affure fa reprife lors
de fa tranfpkncation définitive, à 6 , 7 & 8 ans,
laquelle ne réuffit pas* toujours lorfqu’ejle s'exécute
fur un pied de fix ans, à la fuite d’un feul repiquage.
Voy. Repiquage & T ransplantation.
Il eft plus nuifible qu’utile de faire feutir le
tranchant de la ferpette»aux branches des tulipiers,
pendant leur féjour dans la pépinière. A peine peut-
on fe permettre de pincer l'extremité des bourgeons
qui rivalifent avec la flèche, ou qui s’ alon-
gent trop au-delà des autres. Ce n’ eft que pendant
l’été qui précède leur enlèvement, qu’on doit les
élaguer, mais modérément, car leurs plaies fe recouvrent
très-difficilement. Un pied qui a perdu
fa flèche en fait fort rarement une autre, & n’ eft plus
bon qu’ à mettre au feu, puifqu’il ne pourra plus
s’élever.
Les difpofitions en avenue, en allée, en falle
de verdure > groupe , ifolé, conviennent toute s au
C c e c c