
gue, & on ne fe rappelle fon ancienne fplendeur,
que par le nom qu'on lui a confervé.
M. Laprade parlant enfuite des taillis , ob-
fv’rve que fi la difpofition de l'ordonnance qui
l*s concerne eût toujours été exécutée, ils pré-
f nteroient un plus grand nombre de brins de tige
propres à croître en futaie j mais qu'eile a été fi
peu exécutée dans quelques localités, qu'il ell
îouvent impoffible de trouver dans un heétare le
nombre de baliveaux de .l'âge exigé par l'ordonnance
s & que beaucoup de cépées fe trouvent
fur de nouveaux étocs , venus eux-mêmes fur des
milliers de noeuds q u i, par leur réunion, donnent
à la Touche une circonférence d’un à deux
mètres, & une élévation au-deffus de terre de
deux décimètres au moins.
Il rappelle aufli l’obfervation de M. Clauffe j
que la nature fait bien plus par les racines qüe par
les femences 3 pour la prompte régénération des forêts,
& il cite pour exemple cette multitude de drageons
qui fortent des foffés que l’on ouvre dans
lis endroits où il fe trouve des racines ( i) . Puis
il fait le rapprochement des différens procédés
propofés par Guyot, Clauffe & Douette-Richar-
dot. Nous avons vu ceux de Guyot.
Quant à la méthode de M. Clauffe, elle confifte,
relativement aux futaies, à faire couper les racines
à cinq ou lix pieds de la Touche & dans terre,
en obfervant de faire cette coupe nette & en bec
de flûte , & de ne point laiffer les racines à l’air.
Celle de M. Richardot confifte à ouvrir la terre
autour de l'arbre, à un pied ou moins de profondeur,
à couper très-net les racines que l’on
trouve tout autour du tronc, à la diftance de
trois décimètres ( u pouces), à couvrir la louche
ou la culée de l'arbre coupé par Ton pivot,
d’un peu de terre & de moufle. Quant aux taillis.,
on en coupe les cépées fous terre, de manière
qu’il ne refte aucun ancien noeud à la réunion des
pouffes (2).
M. Laprade, après avoir comparé les procédés
ci-a e ffu s, qui font fondés fur les mêmes
principes, fe prononce en faveur de ce que pref-
crit M. Douette-Richardot, fur l'abattage des
futaies, & en faveur de ce que recommande
Guyot, pour ce qui concerne la coupe des taillis.
Il infifte fortement pour qu’on mette en pratique,
dans les forêts royales, ces procédés qu’il regarde
comme le moyen le plus fur & le plus éco(
1 ) C ’ é to ir p ou r cetse raifo ii que D u h am e l a v o it co n -
feillé’, dans la vue de renouveler les futaies d ’o rm e s , d’o u v
r ir des folles i quelque diftance du tronc de l’arbre & de
couper les racines. C e procédé s’ emploie aufli pour m u lt iplier
les brins d’a c a c ia , & former ain/i des pépinières en
quelque forte perpétuelles. Mais les plants provenus de ra cines
q u ’ on appelle crojfeites , ne donnent jamais d’ aufli
b eaux arbres que les plants de femences.
(2) M . de Perthuis a v o it confeiüé de recouv rir de terre
la fauche coupée.
nomique de régénérer nos forêts, & comme ren-
trant d'ailleurs dans l’efpric de l’ordonnance.
Nous ne fommes point furpris de la bonne opinion
que M. Guyet-Laprade a conçue de la coupe
entre deux terres, puisqu'il l’a expérimentée dans
un pays chaud, ou le defféchement des Touches
fait le plus grand tort à la reproduction. Mais
nous fommes perfuadés que fi des expériences
femblables étoient faites dans les forêts humides
du nord de la France, elles auroierît des réfultats
moins avantageux.
Un agronome du département de la Haute«
Marne , membre de la Société d’agriculture de ce
département, & collègue, par conféquent, des
commiffaires qui ont f.<it un rapport favorable fur
les expériences de M. Douette-Richardot, a pu«
blié en l’an 12 une brochure contre c'ette méthode.
M. Petit contefte les avantages qu’on s'en
promet, & il appuie fes affections fur des confi-
| dérations de phyfique végétale plus ou moins fondées.
Il penfe que la coupe entre deux terres dérange
le mécanifme de végétation5 que, dans les
terrains fecs & pierreux, on mutile la fouche;
que ,dans les.terrains humides, cette fouche coupée
fous terre fera bientôt atteinte par la pourriture
; qu'on s'eft bien trouvé de couper à 14 décimètres
(5 pouces) au-deffus du fol dans les terrains
fecs j qu'il eft de la plus grande importance,
n’importe les localités où l’on exploite, de ne
point enlever le collet de la racine , & de ne jamais
offenfer les racines Taillantes de la fouche;
qu’en un mot le collet de la racine eft l’organe de
la reproduction.
Il nous femble que fi la coupe au-deffus de terre
pouvoit être utile, ce feroit plutôt dans les terrains
humides & mouillés, que dans les terrains
fecs. Il eft certain que dans des bois de l'arrondif-
fement de Verfailles, on voit des taillis de châtaigniers
coupés à plufieurs pouces au-deffus de
terre, & que lorfqu’on a voulu ravaler les fou-
ches, elles n’ont plus rien produit. Mais nous n’en
concluons pas qu’on doive s’écarter de la règle
générale, parce que fouvent on eft obligé de continuer
une mauvaife pratique, par cela feul qu’elle
eft établie, & qu'en voulant réparer le mal, on
l’aggrave. Nous ne partageons pas l'opinion de
M. Petit, fur l’importance qu'il donne au collet de
la racine : la vie végétale & la faculté reproductive
exiftent dans toutes les parties des plantes, dans les
branches comme dans les racines : témoins les boutu
r e s , les plançons, les marcottes,les plantations
par racines, la greffe.
M, Petit s’attache enfuite à combattre, article
par article, toutes les obfervations -favorables à
la coupe entre deux terres, qu’avoient préfentées
les commiffaires nommés par la Société d’agriculture
de la Haute-Marne. Voici en abrégé ce
qu’avoient dit ces commiffaires.
i° . Les rejets fortis des Touches coupées entre
deux terres, ne fe détacheront pas auffi facileaue
ceux qui adhèrent faiblement à des
érocs coupés au-deffus du fol, .... ,
Pour exécuter rigoureufement les dilpo.i-
rions de l’ordonnance, il faut déjà exploiter en-
redeux terres, puifque la leûion circulaire devant
former un plan incliné pour l’écoulement
,« eaux, il eft néceffaire que la bafe de 1 etoc
fe trouve en terre, fi la partie fupérieure fe
trouve au niveau du fol.
o. Le brin fotti obliquement au-dellous de la
feftion de la racine pivotante, femble, par 1 ac-
croiffement vertical qu'il a pris, rie former qu'un
feul corps avec cette racine.
,o Dans les exploitations où les Touches coupées
au - deffus du fol ne font point de production,
la coupe entre deux terres a au moins l'a-
■ vantage d’enlever un tronc inutile. |
-o. Le chêne & le hêtre coupés de même a
ï deux'ou trois pieds de hauteur, ne reproduiroieht
que de ttès-foibles pouffes, ou n’ en produiroient
[ niêfriè aucune, .
6°.rLorfque les Touches font faines, il eit re-
coiitil qu'elles Te confervent bien mieux en terre
qu’au-deffus du fol, où elles s'altèrent ordinaire-
[ mentpar la pourriture.
7°.'S'il eft vrai que les racines & les femences
1 ne produifent rien, lorfqu'elles font trop enfoncées,
il eft également exaét que la végétation
| eft bien moins aâive , lorfqu'au lieu d'être, en
terre, ces racines ou femences fe trouvent à la
[ furface $ témoins ces drageons robuftes produits
par des racines qui tracent à 4 ou 5 pouces de
t profondeur.
8“. Le développement, l'accroiffement des
I racines & des tiges fe fait fimultanément dans
I. l’ordre de la nature j-ainfi, mieux que l’ ancienne
I méthode, la nouvelle favorife la reproduétion
I des arbres coupés. .
9°. La coupe entre deux terres feroit efficace K ment employée dans plufieurs cas pour garnir de
j taillis ces maffifs de futaie, qui fe repeuplent fi I rarement, après que Yexploitation en a été faite,
10°. Le moyen indiqué dans le Diftionnaire en-
entre deux terres avec la valeur de l'excédant des
bois qu’on retire par l’application de cette méthode,
I cyclopédique, pour rétablir les hautes futaies en I taillis, & qui confifte à couvrir le tronc de poix
I préparée, a de l’analogie avec celui de M. de
j Perthuis, qui confifte à recouvrir les fouches de
1 terre ; mais il eft d’ une application difficile dans
I les grandes forêts.
i l 1 2. Lotfque le collet eft à fleur de terre, lorf-
I que des racines partent du niveau du fo l , on peut
I les ifoler. Il en reftera d’autres au-deffous qui fe-
j ront liées entr’elles. Dans le même cas, on a
j encore la reffource de ne former la feétion qu à
deux ou trois pouces de profondeur, 5c de n’augmenter
ainfi que très-légèrement les frais ordi-
I naires d‘exploitation. Il y a très-peu de pofitions
où la coupe entre deux terres ne foit pas praticable.
il en réfulte qu’ il y a du bénéfice a employer
cette méthode, furtout dans les pays ou le
bois a de la valeur. Mais le plus grand avantage de
la coupe entre deux terres eft pour 'avenir.
Telles font les obfervations de MM. leé commiffaires
fur cette nouvelle méthode.
M. Petit répond : Ie . que les rejets nouvellement
fortis des fouches coupées entre deux terres,
étant herbacés, Teront plutôt endommages
par les gelées ( objection qui ne nous paroit pas
fondée) j 1°. que rien ne doit détourner de 1 execution
de l’ordonnance, 5c qu'il faut continuer
à exploiter les bois, de manière que la feètion de
la fouche forme un plan incliné pour l’ecoulement
des eaux ; avantage que n'offrira jamais la coupe
entre deux terres; 50. qu’il eft douteux que la méthode
de M. Douette ptoduife des rejets vigoureux
propres à fournir de beaux baliveaux;
4°. que fi le hêtre furvit rarement à Y exploitation
à fleur de terre, on ne doit pas efpérer plus de
fuccès de la coupe entre deux terres; qu il n eft
pas exaft, au furplus, de dire qu’il meurt toujours
dans les coupes à fleur de terre, 8c qu on rencontre
foiivent dès cepees de cette effence placées
fur d’anciennes fouches élevées de deux à trois
pieds au-délias du fol ; que ce qu il y a de mieux
a faire c’ elt de le couper de. manière a faciliter
l’écoulement des eaux; f . que de l’obfervation,
que le chêne 8c le hêtre coupés à deux ou trois
pieds au-deffus du fol ne repouffent pas bien, il
ne réfulte pas qu'on doive les couper dans les entrailles
de la terre ; 6°. que l'ancienne méthode
n'eft pas auffi deftruètive qu'on voudroit le faire
entendre; témoin l'exiftence des 15,100,691 ar-
pens de bois qui couvrent en ce moment le fol de
la France (1) ; 70. que les drageons qui peuvent
fortir des racines coupées au-deffous du fo l, ne
prolongeront pas leur exiftence au-delà du terme
de la vie de la fouche, qui eft toujours menacée
d'une mort prochaine, lorfque fes racines font
offenfées ; 8°. qu'il n’eft pas raifonnable d'admettre
qu'un brin forti d'une racine latérale, devienne
plus vigoureux que celui qui naîtra de la
fouche à laquelle toutes les racines apportent le
tribut de leur fève ; 90. que la nouvelle méthode
n'opérera pas.le repeuplement des vieilles futaies,
furtout fi elles font compofées de hêtres ; io r . que
la méthode enfeignée dans YEncyclopédie ne
prouve rien en faveur de celte de M. Douette ;
que cette dernière aggrave même les inconvémens
qu’on vouloit prévenir , puifqu'elle laiffe aux fou-
ches coupées une furface concave propre au fé-
jour des eaux; i iQ. que, loin d ifoler les racines ,
il "faut les laiffer unies à la fouche, puifque les
( 1 ) D ’ après l’expofe de la fituatio n de la F r a n c e , en
1 8 i 3 époque de la publication du mémoire de M . D o u e tte ,