
fubftintiel. C*eft un fable maigre, dénué de terre ] places vides qu’ en rochers, plus de 12,000 ai
pens. En 1754, végétale, mêlé de beaucoup de grès, & qui re- M. D u v a u c e l , grand-maître a
pôle à peu de profondeur fur une grève froide fie
ferrée que les racines des arbres ne peuvent pénétrer.
Audi, dans la plupart des cantons de cette
f o r ê t , les baliveaux réfervés fur les coupes, les
bords des routes & les lifîères des ventes, s’y couronnent
ils de bonne heure, & fouvent à 40 & 50
ans.
La f o r ê t de Fontainebleau, confacrée depuis des
fiècles aux ptaifirs de la chatte, fut pendant longtemps
adminiftrée pour cet unique objet. Il ne s’y
fit d'abord que peu ou point de coupes productiv
e s, & lorfqu’on s’ occupa de la foumettre à un
aménagement, on en régla les coupes à des époques
très-éloignées, pour lui conferver fon caractère
impofant de vieille futaie & fa deltination
pour les chalfes royales. Il paroît que l’âge de 250
à 300 ans fut le terme auquel on détermina la
coupe de plufieurs parties de futaie ; mais un aménagement
auffi peu approprié à la nature du fo l,
entraîna la dépopulation de la f o r ê t j les futaies,
abattues laiffèrent à leur place des terrains im-
menfes fans reproduction ; les rochers qu’ombra-
geoient autrefois des maffifs de verdure, fe dégarnirent
fucceflîvement, & préfentèrent, au lieu des
arbres qui les couronnoient, un front chauve &
dépouillé de toute efpèce de terre végétale.
A c e vice d’aménagement, vinrent fe joindre
d’autres caufes de deftru&ion : la multiplicité du
gros & du menu gibier, le pâturage de quelques
milliers de beftiaux, les délits, les défrichernens
& les ufurpations; enfin, les coupes anticipées
qu’exigèrent les approvifionnemens de Paris.
. Cependant les reftes de la f o r ê t de Fontainebleau
forment encore une propriété d’un grand intérêt.
»O n y trouve en quantité des chênes qui exif-
toient fous Henri IV. De belles futaies s’offrent
auffi à la vue. Des repeuplemens de 1000 à n e o
heCtares, âgés de 60 à 80 ans, récréent la vue par
leur beauté. Des taillis vifs & abondans confolent
des défaftres paffés, & offrent pour l’avenir de
précieufes reffources (1). »
Examinons ce qu’étoit c e t t e f o r ê t il y a un fiècle,
& ce qu’elle eft aujourd’hui.
M. Noël, qui l’adminiftroit en 1801, rapporte
l’extrait d’ un procès verbal dreffé en 1658 , par
M a u r i c e D t f c h a m p s , premier arpenteur du département
de Paris, duquel il réfulte qu’ à cette époque
, la f o r ê t préfentoit déjà toutes les diverfités
même département, conftata, dans fon procès-
verbal de bornage, qu’ il y exiftoit encore 9149
arpens de ces mêmes places vaines, vagues & rochers.
d’âges, de qualités & de valeûr de bois dont nous
avons parlé, & qu’ il y exiftoit de 4 à y000 places
vaines &r vagues. En 1664, lors de la rëformation
de M. B a r i l l o n <£ A m o n c o u r t , elle étoit en proie à des
abus & malverfations de tout genre. En ,1718,
M. d e l a F a lu 'e r e , grand-maître des eaux <& f o r ê t s
II annonçoit que cette f o r ê t étoit dans un
état de dépériffement dont les caufes étoient les
coupes faites dans un âge trop avancé, le grand
nombre des maifonsufagères qui, fuivant les états
de la réformation de 1664, fe montoient à 286,
ayant droit, chacune, d’y mener leurs beftiaux,
au nombre de 3 vaches & leurs fuivans ( 3 veaux
au-deffous d’un an); ce qui pouvoit former par
jour une quantité de 13,716 vaches ou veaux; le
ravage caufé par le gibier; le droit accordé à un
grand nombre de maifons , & ufurpé par un plus
grand nombre encore, de ramaffer les bois fecs &
traînans, & de couper l’herbe, ce^qui étoit devenu
une fource d’abus. II eftimoit a 2000 cordes
de bois les enlèvemens faits en délits chaque année
dans la f o r ê t de Fontainebleau.
Cependant on s’ occupoit de faire des plantations
& de regarnir les nombreufes clairières qui
s’écoient,formée s par fuite des vices & des excès
qui viennent d’être cités. Autrement la f o r ê t eût
été anéantie.
En 1796, les foreftiers de Fontainebleau firent
le tableau de tous les cantons & triages de cètte
forêt, dont voici le réfumé :
Rochers. . . . . . . . . . . . . $,871 arp.
Vides à planter.............. 4 , 3 7 4 id .
Taillis jufqu’ à 140 ans.. 7367)' id.
Gaulis ............................ 7,497
Demi-futaie.. . . . . . . . . 598 i d .
Vieille fu ta ie ...'......... 2,074
.91 perch,
Contenance totale» „ . 3 2,657 arp 84 perch.
ou environ 16,635 hectares, dont 4210 hectares
de vides, c ’eft-à-dire, plus du quart de toute la
f o r ê t . . ....................
Depuis la formation de ce tableau, la fo r ê t de
Fontainebleau a été l’objet des plus importantes
améliorations ; & comme elle fait partie de la lifte
civile de S. M ., qui conferve & améliore fes domaines
avec un grand foin, elle ne peut qu’être
amenée à un bel état de profpéricé.
F o r ê t d e V o i lie r s C o t t e r e t s . C ette f o r ê t , connue I
auffi fous le nom de f o r ê t d e R e t ç , eft, comme celle
que nous venons de citer, d’une très-grande importance
par fa fîtuation à 20 lieues de la capitale,
par fon étendue d’environ 12*60© hectares, & les
belles futaies dont elle eft peuplée. Elle préfente |
par l ’irrégularité dé fa figure un pourtour de j®
lieues. Son fol eft en général montueux & de difficile
accès ; il fe compofe, pour un tiers de fon
du département dVParis, y reconnoiffoit, tant en étendue, de fables plus ou moins mélangés, &
_____„______ _____ - ! prefque toujours couverts de grès; pour le le-|
■ (,) M ém o ir e f u r la fo rêt de fo n ta in e b le a u , par M. Koïl, ! cond tiers, de terre calcaire & rocailleufe, ay»
imprimé en l’an 9. ï très-peu de profondeur, & pour 1 autre tiers, a*
.e forte ou humide. L’aménagement de cette :
f ’êt eft fixé à 150 ans ; mais lorfque le terme de la ]
évolution arrive, les bois qui recouvrent le ter- !
rainne font fouvent âgés que de 120 à 130 ans, :
narce que les 20 ou 30 premières années ne pro-
duifent que des genêts, des ronces, épines & bois
blancs & que ce n ’eft que lorfque ces derniers s’élèvent,
que le bois dur, tel que le chêne & le hêtre,
commence à croître ; inconvénient de notre fyftème
d'exploitation pour les futaies, & qui n’a pas lieu
dans celui des exploitations par éclaircie, tel qu’ il
eft pratiqué en Allemagne. Auffi les vides fe multiplient
ils chaque année, & ce n’eft qu’ en multipliant
, dans la même proportion, les femis & les
plantations, que l’on parvient à conferver la f o r ê t .
Elle préfentoit en l’ an 9, environ 700 hectares de
terrains vagues, y compris les bruyères dites de
G c n d r e v ille , c’eft-à-diré , environ le feizième de fa
contenance. Ces vides avoient eu pour caufes le
fyftème d’exploitation dont nous venons de^ parler,
les abus du pâturage & l’ abondance du gibier.
La fo r ê t de Villers-Cotterets a reçu de grandes
améliorations, parfaitement exécutées par M De-
viblaine , infpe&eur de cette f o r ê t / & comme elle
fait partie de l’apanage d’un prince qui aime la
confervation, elle fe maintiendra en bon état.
Mais on fent que les mêmes travaux n'ont pu
être faits dans toutes les f o r é e s du royaume, &
que fi des améliorations y ont eu lieu pendant
quelques années, elles font loin de celles qui.ont
j été faites dans des f o r ê t s où les produits récupèrent
bientôt les dépenfes.
Nous -pourrions étendre nos obfetvations fur
un bien plus grand nombre de f o r ê t s ; mais nous
verrions partout les mêmes caufes produifant les
I mêmes effets, & une diminution toujours croif- ^
1 fante dans l’étendue des f o r ê t s & dans la quantité
& la qualité de leurs produits en matières.
L’une des caufes les plus adtives & les plus gé-
| nérales de la dépopulation des f o r ê t s 3 eft fans con-
l tredit le pâturage. Voici le tableau que M. Mal- I Jet, confervateur des f o r ê t s à Poitiers, préfentoit
1 en j 809 , pour les arrondiffemens de Montmoril-
I Ion & de Civray, département de la Vienne. Il fe
I tranfportoit, par la penfée , dans ces arrondiffe-
I mens , & s’adr: fiant aux partiians du parcours
I dans les f o r ê t s , il leur difoit : « Vous voyez cette
1 étendue de bruyères, dont vous ne pouvez aper-
I cevoir les limites; eh bien , ici exiftoit la f o r ê t ,
I du Laus; là , celle de la Chavaigne.; plus loin,
I celle de la Douttièrë ; de ce côté , celle appelée
I la petite f o r ê t d u R o i ; de cet autre, celles de
I Guilemans, de Jean, d’Hatton & de la Gatine,
| qui uniffoie nt, pour, ainfi dire, la f o r ê t A e Chauvi-
K gny à celle de Plumartin ; eh un m o t, toute
I cette contrée étoit couverte A e f o r ê t s appartenant,
j fqjt à l'État, fc>it aux particuliers. Elles ont toutes
I difparu fous la dent des beftiiux; il ne 'ïefte plus
K que cette mer immeufe de bruyères, ou 1 oeil
I n aperçoit aucun arbre pour fe repofer. Si nous
pénétrions dans quelques-unes de ces chaumières
qu’on aperçoit à de très-grandes dmances les
unes des autres, nous y trouverions des liabirans
dont le teint pâle & livide annonce la protontte
mifère , 8e qui Semblent avoir dégénéré de le f-
pèce humaine, comme les animaux qu ils eniretiennent
dans les landes femblent avoir dégénéré
de la leur. » -, ,
Les obfervations que nous prefentons fur les
grandes maffes de f o / ê t s dans plufieurs parties du
royaume, établifTent cette vérité inconuftable,
qu’ il y a une puiffance toujours aéiive , toujours
croiffante, qui tend à ruiner le fol foreftier, &
q ue , fans la févérité des anciens reglemens, la
France ne feroit plus qu’un vafte défert, comparable
à ce que font aujourd’hui l’Afie mineure,
la Judée, l ’Egypte, la Grèce, & tant d autres pays
jadis florifïans, fie qui ne font reconno.ffablcs
que par leurs ruines..
Récapitulons les pertes que les grandes malles
A e f o r ê t s ont faites dans les derniers temps, pour
en tirer une moyenne proportionnelle pour toute
la France.
Les f o r ê t s des Pyrénées ont perdu , dans I ef-
pace de 140 ans, les deux tiers de leur contenance
; celle de Château - Régnault, dans les
Ardennes, a perdu le tiers de la Tienne en 1 yo ans;
celle d’Orléans le quart en 50 ans ; celle de Fontainebleau
préfentoit plus d’ un quart de fon étendue
en vides au commencement de la révolution;
celle de Villers-Cotterets environ le feizième;
& ies f o r ê t s du département de la Vienne, que
nous avons citées d’après M. Mallet, avoient été
entièrement détruites dans l’efpace d environ un
fièçlè. D’après ces données on peut, fans exagé^
ration, admettre que, dans le cours de deux
fiècles, le fol boifé de la France a perdu les deux
tiers de fon étendue.
Il fe préfente cependant une réflexion importante
: c’eft que , dès le feizième fiècle , on avoit
conçu des inquiétudes fur les approvifionnemens
en bois de chauffage & de conftru&ion , ainfi
qu’on lé voit par les repréfentatioris qui furent
faites aux Etats de Blois par le tiers-états > &
que ces craintes ne. furent point réali fées, du
moins auffi promptement qu’ôn le penfoit. A quoi
doit-on l’attribuer? au meilleur régime que les
ordonnances introduifirent dans l’exploitation des
bois, & furtout aux époques ries coupes, qui furent
généralement réglées à 25 ans pour les taillis
des bois du Roi de ceux des communes & des
gens de main-morte. On reconnut dès-lors que
cette révolution de 2.5 ans pour les taillis étoit
celle qui donnoir communément la plus grande
quantité & la meilleure qualité de bois, tandis
que le s coupes faites à 9 3 10 011 I2- ans etoient a la
fois les moins favorables aux produits en matières
& à la reproduction, bien que, fous le rapport
pécuniaire, ces époques foient fouvent préférées
par les particuliers.