
p è c e , qui eft au rang des plus grands a rb re s,
laiffe tran flud er de Ton éco rce un m élange de
deux tiers de réfine & d ’un tiers de c ire , m élange
qui s’em ploie à faire des b o u g ies, des torches 8cc.
C e g en re ne diffère pas d e I’Iriartée.
C om b ien les amis d e la pro fp érité de la F rance
d o iv ent d cfirer de v o ir un arbre aufli u tile , qui y
p rofpéreroic p a rto u t en pleine te r r e , in tro d u it
dans nos jardins !
C E R E S IE . Cerejia, G en re de plantes graminées,
établi pour placer la Paspale membraneuse.
C E R IN T A . L e Sa pin pesse s’appelle ainfi dans
le dép artem en t des A lpes m aritim es.
C E R IO N . Cérium. P lante annuelle de la C o -
chinchine, qui conftitue u u g enre dans la pentati-
d rie m onogynie & dans la fam ille des folanées.
N o u s ne la cultivons pas en E u ro p e.
C E R IS IE R . Cerafus. G en re de plantes d e l’ico-
fandrie m onogynie & d e la fam ille des ro fa c é e s,
dans lequel fe p lacen t plus d e qu ato rze efpèces
d arbres , d o n t plufieurs fe cultiv en t p o ur leurs
fru its excellens à m a n g e r, 8c d o n t plufieurs font
rech erchés dans nos jardins, à raifon de leurs agré-
m ens ou pour leu r b o is, applicable à plufieurs genres
d e fervices.
Observations.
Linnaeus a réuni les cerifiers avec les Pruniers
& avec les Abricotiers ; mais la plupart des
botaniftes m o d e rn e s, ainfi que tous les cu ltiv ate
u rs , les en féparent. Je ferai de m êm e. Il n e fera
d o nc ici q u eftio n q u e des cerifiers p ro p rem ent d its.
Efpeces.
i. Le C erisier merifier.
Cerafus avium. "fr Indigène.
2. L e C erisier dom eftique.
Cerafus domeflica. Jy D e l’A fîe m ineure.
3 . L e C erisier f a u x - c e r i f i e r .
Cerafus cham&cerafus. f> D e Sibérie*
4. L e C erisier d e P enfylvanie.
Prunus penfylvanica. f> D e l’A m érique fep ten -
trionale.
5. L e C er is ie rmabaleb.
Cerafus .mahaleb, f? Indigène.
6. L e C erisier à grappes.
Cerafuspadus. 1? Indigène.
7. Le Cerisier de V irginie.
Cerafus virginiana. D e l’A m érique feptentrionale.
8. Le C erisier tardif.
Cerafus ferotina. D e l’A m érique fepten-
trio naie.
?: Le C erisier d e la C aroline.
Cerafus caroliniana. T) D e l’A m érique fep ten -
trionale.
10. Le C erisier laurier-cerife.
Cerafus lauro-cerafus. J) D u midi de l’E u ro p e.
11. Le C erisier aza-ero.
Cerafus lufitanica. D u midi de l’E urope.
12. L e C erisier elliptique.
Cerafus elliptica. T h . J? D u Japon.
13. Le C erisier o ccidental.
Cerafus occidentalis. S w artz. D es A ntilles.
14. Le C erisier paniculé.
Cerafus paniculata. T h . f> D u Jap o n. '
Culture.
L o n g -tem p s on a c ru , ta n tô t que le cerifier do-
meffique é to it u n e v a rié té du cerifier m erifier, tantôt.^
que le cerifier m erifier é to it le ty p e du prem ier,
quoique to u t le m onde ait fu qu’il a é té apporté
de C erafo n te par L u c u llu s, 8c q u e le m erifier eft
n aturel à nos co n trées. A u jo u rd ’hui les idées fe
font fixées, & on les reconnoîc pour d es efpèces
diftinétes.
L e cerifier m erifier c ro ît n atu rellem en t dans
nos fo rêts. Il eft exceflivem ent co m m u n , furtout
dans celles des m ontagnes de l’eft de la France.
Son bois pèfe v e r t, par p ied c u b e , 61 livres
13 o n c e s, 8c f e c , 54 livres 15 onces. Là couleur
ro u g e qui lui eft p ro p re , p ren d de i’intenfîté
par un féjour d e plufieurs m ois dans l’eau p u re ,
ou quelques jours dans l’eau de chaux. 11 prend
un beau poli : aufli eft-il re c h e rc h é par les tourneurs
& par les ébéniftes p o ur faire des chai-
fe s , des arm o ires, des lits , des ta b le s; & c ., qui
ne le cèd en t qu’à l’a c a jo u , en core pas conftam-
m en t. R arem ent l'em ploie-t-on à la charpente &
au c h a rro n n a g e , parce qu’il eft très-caflant& pourrit
facilem ent à l’air St dans l’eau. O n le recherche
pour le feu 8c pour la fabrication du charbon.
La fabrique d e m eubles de Paris fait une im-
m enfe confom m ation de m erifier : aufli eft-ce le
bois indigène q u ’il eft le plus avantageux d ’y app
o rte r 5 cependant nulle p a r t, à ma connoiflance,
on ne plante le m erifier, q u oiq ue la rap id ité de fa
croilfance y invite. P arto u t on fe c o n te n te de
m e ttre de c ô té les pieds qui fe co upent annuellem
ent dans les fo rêts ou dans les haies. J ’ofe croire
que ce fero it une bonne fpéculation que d ’en plante
r des lignes le long d e s ro u tes , dans tous, les
terrains de bonne nature ; car quoiqu’il s’accomm
ode de to u s , il ne vient bien que dans ceux-ci.
L e m e rifie r, q u oiq ue fau v age, offre plufieurs
v ariétés plus ou m oins groffes, plus ou m oins amère
s , plus ou m oins coforées. O n ne diftingue ord
inairem ent que ceux qui do nn en t des merifes
rouges 8c des m erifes noires.
S oit en fe u ille s, foit en fleurs,. f o ite n fruits,,
le m erifier eft d ’un afpeét fo rt agréable : aufli eft-il
fréquem m ent em ployé dans la com pofition des
jardins payfagers. O n eft parvenu à en obtenir
deux à trois variétés à fleurs doubles qui fe greffen
t fur l’e fp è c e , & qui fo n t un fuperbe effet îorf-
qu’elles font convenablem ent placées, c’eft-à-dire,
fo it ifo lé e s, foit en p etits g ro u p e s, à quelque distan
ce des maflifs.
'C’eft des v ariétés fauvages des m erifîers q u e ■.
proviennent to u te s les v ariétés cultivées des ce-
rifesà c h a ir.fe rm e , telles que les b ig arreau x , les
•griottes ; les g u ig n e s} mais c om m e, parm i ces varié
té s, il y én a qu’on p eu t çonfidérer com m e des
hybrides du m erifier & du cerifier com m u n , je les
anendonnerai à la fuite les unes des au tres.
Q uoique petit 8c peu fourni de c h a ir , le fru it
du m erilïer (le s merifes) eft fo rt rech erché pour
la no urritu re. L a p ointe d’am ertum e d o n t il eft
pourvu, laide dans la bouche un arrière-goût agréable.
C ’eft une manne que la nature en v oie aux o i-
feaux qui o n t des p e tits , 8c à ces petits. D es confitu
res, des ratafias, 8 c c ., fe fab riq u en t avec lui.
O n le fèche au foleil ou au four pour le conferver
pendant l’h iv e r. Les foupes au b eu rre dans le squelles
on le fait e n tre r en certaine a b o n d an ce, à
c e tte é p o q u e , font très-bonnes & très-faines. Ecrafé
dans l’e a u , il ferm ente 8c donne un vin duquel on
retire une eau -d e-v ie fo rt re c h e rc h é e , appelée
kirchwajfe3 du m ot allem and kircken-wajfer (e a u de
cerifé1).
G lairëgoule eft le village de F ra n ce qui paffe
pour faire le m eilleur kirchw affe. L à , on ne cu ltive
que la v a rié té n o ire , on ne la ré c flte que
quand elle eft m ûre à l’e x c ès, ce qu i o blige de
m onter tro is fois fur le m êm e a rb re , Sc on ne
diftille qu’un m ois a p rè s la ferm en tatio n . L’efp rit
retiré eft d ’un fixièm e en poids de celui des merifes.
P our'faire d u vin de m erifes, on les m et dans un
tonneau d éfoncé ; on les écrafe & on les co u vre
avec un double drap ou une co u v e rtu re . La fe rm
entation s’éta b lit 8c on rem ue pour la rendre
plus égale. L orfqu’il fait c h a u d , on p eu t tranfvafer
le liquide dès le cinquièm e jo u r dans un to n n e a u ,
où il achève d e fe perfectionner. C e vin eft1 agréab
le , mais foible. O n p eu t difficilem ent le g a rd e r,
même' en b o u te ille , jufqu’à la réco lte fuivante :
aufli, depuis que les vignes font devenues furabon-
dantes, n’en m et-on plus nulle p art en F rance
dans le com m erce. T o u t celui qui fe fabrique eft
deftiné à ê tre diftille & faire du kirchw affe.
La diftillation du kirchw affe a lieu dès que la
ferm entation eft effectuée, 8c rarem ent très en
grand, parce que chaque p ro p riétaire v eu t o p érer
par lui-m êm e : aufli a rriv e -t-il fo u v en t que la liqueur
fent l’em p y reum e, g o ût que les marchands
foutiennent lui ê tre in h éren t. O n concaffe une p etite
partie des noyaux, pour que leurs amandes lui
donnent leur faveur 8c leur o deur agréable.
C ’eft en S uiffe, en S o u a b e , & fur les bords du
Rhin dans les V ofges, qu’on fabrique le plus de
kirchwaffe. E n F ra n c e , on le vend toujours plus
cher que la m eilleure eau-de-vie de l’an n ée, quoiq u ’il
d u t,être m eilleur m arch é, puifque les m erifîers ne
dem andent pas de frais de culture. C om m e p arto u t
on peut en fa b riq u e r, puifque p arto u t o n p e u t
avoir des m erifîers , ce n ’eft q u 'à l’ignorance des
cultivateurs que ce h au t prix eft d û .
O n p e u t faire du kirchw affe avec to u te s les
efpèces & les variétés de c e rife s, mais il eft inférieu
r à celui des m erifes fauvages.
P o ur term iner d e fu ite ce qui a rap p ort à c e t
o b je t, j'obferverai que le marafquin, c e tte liqueur,
certain em en t la m eilleure faite avec les fruits de
l’E u ro p e , d o n t la feule véritab le fe fab riq u e à
Z ara de autres villes d e l’ancienne M acéd o in e,
p ro v ien t de la diftillation des fru its du cerifier d o m
e ftiq u e , ou g rio ttie r, qui eft fauvage dans ce
pays com m e dans l’Afîe m in e u re , ainfi que je m ’en
fuis afluré fur un arb re p rovenant de noyaux envo
yés de Z ara 8c cultivé chez C e ls, 8c par les ren-
feignem ens pris p endant mon féjour à V e n ife , auprès
des naturaliftes d e c e tte v ille , qui fait un
grand com m erce d e m arafquin.
O n tire des m erifes fra îch e s, par la d iftillatio n ,
une eau balsamique très-avantageufe à em ployer
c o n tre la to u x , la co q u e lu c h e ,d e s in fo m n ie s, &c
(font on ne fait pas a fiez ufàge. Elle fe garde d eux
o u trois ans~en bouteille dans la cave.
Les m erifes fèches 8c b o uillies à grande e a u ,
do nn en t la m em e p ro p rié té à c e tte e a u , ainfi que
j’ai eu occafîon de m ’en affurer.
L a cu ltu re du m erifier eft trè s-fa c ile , 8c d ’après
c e tte circonftance 8c les avanrages d o n t je viens
de donner une lé g è re i ié e , il fem ble qu’elle d è-
v ro it ê tre trè s-éte n d u e ; mais le vrai eft qu’elle
n’eft fu iv ieq u e dans les grandes pépinières p u bliques
8c m archandes des environs de Paris. R a re m
en t on plante des merifîers dans les b o is, p arce
q u e , d it-o n , les oifeaux en fèmenx to u jo u rs affez;
8c lorfque les p etits pépiniériftes des déparcem ens,
ou lorfque des p articuliers en o n t befoin p o u r
greffer des v ariétés de c e rife s, foit à chair ferm e,
foit à chair m olle, ils v o nt en lev er dans les bo is.
O n p o u rro it tirer p arti d u noyau des m erifes
p o ur faire d e l’h u ile , p o u r fabriquer des ém u l-
fîô n s, p o ur fervir de baies aux d ra g é es, 8cc. ;
mais la len teu r de le u r extra& ion s’y oppofe.
L e m erifier dès bois à fru it ro u g e pouffe beaucoup
plus v ig oureufem ent que celui à fru it n o ir;
mais ce d ern ier eft bien plus p ro p re à la greffe ,
de fo rte q u e c’eft lui- q u ’on eft d éterm iné à
m ultiplier de p référen ce. La caufe de c e tte différen
ce n ’eft pas en core connue.
Q uand on v eu t fem er des m e rife s, il faut les
m e ttre en te rr é peu après q u ’elles font m û re s,
o u en lig n e s, à un pouce de p ro fo n deu r, ou en
m affe, -à un pied dé p ro fo n deu r. C ’eft ce d ern ier
p ro cédé qu’on fuit o rd in airem en t, 8c parce q u ’o n
n e perd pas un terrain pen dan t fix m o is, 8c p arce
qu’on ne red o u te pas les ravages des m u lo ts , des
cam pagnols, 8cc.
A u p rin tem p s, dans ce d ern ier c a s , on tire
les noyaux de te r r e , 8c on les fèm e com m e il
a é té d it plus haut.
L e fçmis des m erifes à la v o lée ne d o it pas
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