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tôt prcfque rondes, tantôt ovales, qui fe forment 1
pendant les deux fèves, principalement pendant I
la première, fous l'épiderme de 'l'écorce des
jeunes arbres. Pour l’obtenir, un homme monte
fur les arbres , & avec une corne de boeuf percée
à fon petit b out, ou avec un cornet de fer-blanc
difpofé de même, il crève les veffies & reçoic la
liqueur qu’ elles contiennent, dans une bouteille
attachée à fa ceinture.
Lorfque l’écorce du tronc des/iprnj a acquis
environ trois lignes d’épaiffeur, elle celle d'of-
fiirdes veffies, & il faudroit les aller chercher à
leur fommet & fur leurs branches , ce qui devient
plus difficile & plus dangereux. Il ne paroît pas
que lAttradlion de la térébenthine nuife à l’arbre,
quoiqu'il foit probable que cette réfîne , qui ne
s’épanche pas naturellement, ferve à fon accroif-
fenient. Malus a même prouvé, par des expériences
rigoureufes, que le bois des arbres épuifés
par cette opération eft auffi dur, aulfi fort & plus léger
que celui de ceux qui n’y ont pas été affujèttis.
La térébenthine apportée à la maifon eft palîéè
à travers un groflier canevas & eli livrée au commerce.
Elle jaunit & s’épaiflit avec le temps;
alors, on la mêle avec de l’eau.& on la diftille
pour en obtenir Yejfence de térébenthine, d’ un fi
fréquent emploi dans la médecine & dans plufieurs
arts, furtout dans ceux des pêintres 8c des ver-
nilfeurs. Cette huile effentïéllé éft un des plus
puiffans des diurétiques 8c des déterlifs. Lorf-
qu’on l’unit à de l'acide muriatique furoxigéné,
il fe précipite du camphre , fort difficile à difliti-
guer de celui de l’ Inde,
Le réfidu de la diflillafion.de la térébenthine
eft une réfîne compacte, q u i, fous le nom de
colophone ou colophane, s’émploie par les joueurs
de violon, pour, en en frottant leur archet, tes
mettre en état de tirer des fons plùs forts de leur
inftrument.
Il fe montre quelquefois naturellement une réfine
analogue fur le tronc des fapins , mais il eft
rare qu’ on la récolte. C ’ eft l’épicêa qui fournit
celle qu’on conncît fous le nom de poix de B out-
gognc.
On peut multiplier Ie fapin par M a r c o t t e s ,
par B o u t u r e s & par G r e f f e s , mais ces
moyens font d'un réfultat incertain & ne donnent
jamais de beaux arbres : ce n’ eft donc que faftte
de graines qu’ on lés emploie. V o ye\ les mots ci-
defius.
J’ai déjà dit que pour que te fdpih fe multiplié
naturellement, il lui fallôit de l’ombre & de
l'humidité. Lorfqu'on veut le cultiver en grand,
on doit donc d’abord difpofer le lieu en con-
féquence, s’il ne l’eft pas déjà , enfuite gratter la
terre avéc une pioche à large f e r , puis répandre
Ja femencë immédiatement après la fonte des neiges.
Cette femence n’a pas befoin d’êrre enterrée,
les pluies la recouvrant fùfBfàmment j mais il faut
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v e i lle r p o u r en é lo ig n e r le s o ife a u x & le s mu lots ,
q u i en fo n t t r è s - f r ia n d s , pa r d es ép ou v an ta ils ou
d e s ap pâ ts em p o ifo n n é s .
Une manière de cultiver le fapin , qui eft peu
connue hors de la ci-devant Normandie, c’eft d’en
répandre les graines dans les haies &: fort clair.
Le plant, protégé par les arbuftes qui forment
cette haie, s’élève promptement & forme des
arbres d’un fuperbe afpeél & d’ un grand produit.
On devroit procéder de même dans toutes les
parties de la France où l’humidité du climat le
permet, & même dans les jardins payfagers &
les grands bois pourvus de clairières.
Pour avoir de la graine de fapin, il faut cueillir,
à la fin de l’automne, leurs cônes ou à la main,
ou en coupant les branches qui les portent avec
un long croilfant, & les conferver dans un grenier
jufqu’à l’époque des femailles. Si on tardoit
jufqu'au prb temps , qn-rifqueroit d’avoir moins
de graines & même point du tout,, les gelées &
lès temps fecs les Faifant tomber. Les écailles de
ces cônes s’ouvrent par leur deflïccation dans le
grenier, & , en les fecouant, la plus grande
partie tombe. Le refte s’obtient en expolànt les
cônes au foteil, ou en les mettant dans une étuve,
dans un four dont on a ôté le pain depuis deux
hëures , & en lés y laiffant jusqu’au lendemain.
Ces graines fé corifervènt bonnes pendant deux à
trois ans.
Le ferhis du fa p i ri, dans les pépinières, s’effectue
lorfqu’ il n”y a plus de gelées à craindre, dans
des plates-bandes expofées au nord, convenablement
labourées & recouvertes de quelques
pouces dë terre dé bruyère. On fuperpofe de la
mouffe, où de la menue paille , ou des feuilles
fèches, fur cette graine , & on i’arrofe lorfque .l’air
eft: fec. Le plant qui réfuhe de ce femis n’ atteint
guère qu’ un pouce de hauteur pendant fa première
année, mais il ne fe repique pas moins dès
le printemps de la fécondé, dans une autre place,
i à la rrême expofîtion , à quatre ou cinq pouces
de diftancé en tous fens. Là , il refte deux ans &
fe biné deux ou trois fois.par an, après quoi on
i le trarifporte eh pleine terre, autant que poftible
j dans une terre fraîche & abritée , pour y refter
j encore deux ans & y recevoir les mêmes foins. A
| certe époque, il a ordinairement deux pieds de
| haut & eft dans le cas.d’être planté à demeure,
avec affurance de reprifé , car plus on attend , &
moins on doit avoir de fécurité à cet égard.
Quelques pépiniériftes repiquent leurs fapins à
la fécondé année dans des pots qu’ ils enterrent,
& les vendent dans ces pots, qui conféfvent une
partie de leurs racines intactes lors de leur levée.
Ce procédé a l’meortvévient de fournir de moins
beaux arbres & d’augméntèr la dépenfe.
D’autres fép iq u e r it à féur tfoiftèmè an née leurs
faptni dans des' pàn ie fs : a p p e lé s M a n NeQUiNS à
Paris (-voyeice mot), & les livrent) deux ans après,
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à leurs pratiques, dans ces mêmes mannéquins qui ,
ne font pas encore entièrement pourris.
Ai’flfi que les autres arbres verts, le fapin de-
mande à être tranfplanté lorfqu’il commence à
entrer en végétation, car il eft èxtrêmement fen-
fible au haie, & fe ddTèche facilement fi une fève
abondante ne contre-balance l ’effet de ce H a l e .
yoyei fon article.
Plus que bien d’autres, le fapin fouffre de la
mutilation de fes racines j on doit donc être très*
réfervé lors de fa levée & de fa plantation. 11 en
eft de même de la fuppreiïion de fes branches} ce
n’eft qu’à la dernière extrémité qu’ il faut fe permettre
d ’y toucher. D’ailleurs, L-ur élagage diminué
immanquablement fa beauté Sc retarde fon
accroiffement en groffeur.
La place des fapins dans les jardins payfagers ,
eft, ou ifolé , ou groupé au milieu des maf-
fifs, principalement aux angles faillans qu’ils for-,
ment. En former des avenues n’eft pas facile, parce ;
qu’il y en a toujours quelques pieds qui meurent. ;
J’ai déjà parlé de fon placement dans les haies.;
La C o u r t i l i è r e & la larve du H a n n e t o n •
font les feuls infeétes qui niÿfent aux fapins dans;
les pépinières. /
Le fa p in baumier diffère extrêmement peu du
précédent, mais s’en diftingue cependant, principalement
parce que fes rameaux font beaucoup :
plus garnis de feuilles, & parce que toutes fes parties
offrent de moindres dimenfions. Sa hauteur eft ],
au plus de quarante pieds. Il fournit une réfine fluide ]
analogue à celle du fa p in , mais d’une odeur plus:
agréable , qui fe recueille de même, & qui fe met ;
dans le commerce fous le nom de baume.de G i-
ieadj quoiqu’elle s’éloigne beaucoup de ce baume
par fon odeur. ( Voye^ B a u m i e r . ) Son bcfis eft;
également analogue à celui du fa p in , & s’ il eft ;
moins eftimé en Amérique, c'eft qu’ il en eftd’au-:
très qui rivalifent de bonté avec lui, & qui font:
plus communs.
Il y a déjà long-temps que nous poffédons cet]
arbre dans nos jardins, où il donne des graines en
abondance, maisouje ne l'ai jamais vu s’élever à la
hauteur indiquée plus haut. Généralement il meurt ;
vers fa dixième ou douzième année, après avoir,
donné des cônes en furabondance pendant deux
ou trois ans.
La multiplication & la culture du fapin baumier
ne diffèrent pas de celles du fapin commun.
Il fe place de la même manière dans les jardins payfagers,
qu’il orne peut-être plus, parce que fes
rameaux font plus nombreux & qu’ il s’élève
moins.
Les fapins à feuilles d’ if & de Frafer ne font
pas, à ma connoiffance, cultivés dans nos jardins.
Ü y a eu chez M. Lemonnier & chez M. de La-
foitelle, à Verfailles, pendant un affez grand
nombre d’années, en p ot, plufieurs pieds du fapin
nain. Le dernier que j’y ai vu avoit près de vingt
ans , & fa hauteur ne furpaffoit pas quinze pouces*
S A ?
Les fapins à feuilles lancéolées & Dammar fe
cultivent dans quelques-unes de nos ferres, & s’y
multiplient, ou par boutures,ou par la greffe. Ce
font, dit-on, de fort beaux arbres dans leur pays
natal, & je n’ai pas de la peine à le croire} mais
jamais ils ne pourront jouir de tous leurs avantages
dans le climat de Paris, & ce n’eft que lorfqu’il
y aura des pieds porte-graines dans les parties
chaudes de l’Europe, qu’on pourra les y
multiplier avec fuccès.
Le S a p i n PESSE , ou épicéa , ou fapin de-N or-
■ wege3 ou fa u x fa p in , croît abondamment dans le
nord de l’Europe, & fe trouve fur quelques-unes
des montagnes les plus éleyées des Alpes & des
Vofges. Il diffère beaucoup du fapin commun par
fes feuilles tétragones courtes & éparfes, par fes
branches courbées, par fes rameaux & fes cônes
pend ans. Son élévation moyenne eft de foixante
pieds. C ’eft lui qui fournit la p o ix ordinaire, ou
poix grajfe, ou poix de Bourgogne , fi employée dans \
\ la médecine & dans les arts. Son écorce eft plus
propre que celle du fapin pour le tannage des
cuirs. Un peu plus de blancheur & un peu moins
de ténacité, font tout ce qui différencie fon bois
de celui de ce dernier. Dii refte, il s’utilrfe abfo-
lument pour les mêmes objets.
Il a été remarqué que la neige fe confervoit
moins long-temps dans les bois .d’épicea qu’ail-
leurs, ce qu’on peut expliquer par robfer_vation,
que cette neige eft en grande partie arrêtée fur
les rameaux de cet arbre, & qu’elle y trouve, a
rai fon de la rëfine,.une température plus douce.
Au refte, cette propriété leur eft commune avec
tous les arbres réjineux. V o y e \ Pin .
L’aménagement des bois d’épicea fe dirige d’après
les mêmes principes que celui des bois de
fapin. Il en eft de même de fa multiplication en
grand. Je ne répéterai donc pas ce que j’ai dit a
l’égard dece dernier. D ’ailleurs , j’ai vu beaucoup
de forêts de fa p in s, &r je ne me rappelle pas en
-avoir vu d’épiceas, de forte que je n’ ai aucune
obfervation perfonnelie qui leur foit propre.
Il a été remarqué que le bois des épicéas des
hautes montagnes eft plus réfiftant que celui des
plaines , ce qui eft très-important à confidérer
pour la charpente, & ce qui eft en concordance
avec la théorie.
Ce n’ eft pàs d?ns des veffies fuperficielles que
fe trouve la réfine de L’ épicéa, mais elle fort de
l’aubier, à travers des fentes naturelles de l’écorce.
Il en fournil pendant toute fa vie. Pour en
avoir davantage, on lui fait, du côté du midi,
des entailles qu’ on rafraîchit tous les quinze jours,
aux époques dès fèves du printemps & de l’automne.
Lorfqu’on veut ménager l’arbre, on n’opère
qu’ à cette dernière époque, & on ceffe lorfqu’il
eft arrivé à un certain âge.
Cette réfme, détachée de l’atbre, eft apportée à