
8c à tous les âges de taillis ou de futaie. Elle a »
furtout pour objet , l'enlèvement des vieilles J
Touches recouvertes de noeuds, & où la lève j
éprouve mille obftades dans fa marche & dans
fes effets. Pour mettre nos leéteui s à portée de
juger dans quel efprit eft préfentée la méthode
de Guyot j nous allons la rapporter textuellement.
« Abattage des bais taillis. Il eft furprenant, dit
fauteur, que les bois taillis fe coupent encore
communément .affez mal, malgré la difpofition
précife de toutes les ordonnances foreftières même
les plus anciennes. Dès les années 1376, 1388,
1402 & 1515 , on avoit ordonné le récepage des
bois mal coupés. L'ordonnance de 1669 s’explique
là - deffus de manière à ne laiffer aucun
"doute : l’article 42 du titre XV dit : les futaies
feront coupées le plus prés de terre que faire fe pourra ,
& les taillis, &c. Les foreftiers qui ont rédigé
cet article, étoient intimement perfuadés de
quelle conféquence il eft pour le bon aménagement
de ne laiffer paroïtre aucune fouche fur
terre j car pour ne laiffer aucun ancien noeud, il
faut certainement emporter la plus grande partie
d’ une vieille fouche , & quelquefois la totalité,
lorfqu’elle eft confidérable & pourrie feulement
dans l ’intérieur : une pareille fouche recouverte
d’ écorce v iv e , eft une vraie loupe, qui, en grof-
fîffant tous les ans, occupe une grande partie de
la fève qui doit nourrir & élever toute la famille.
» J’ai fait les plus grandes expériences fur les
différentes manières de couper les bois taillis , 8c
enfin, depuis plufieurs années^ je fuis parvenu à
les faire abattre, de Lçon à multiplier beaucoup
de brins-pieds & à renouveler toutes les ancien,
nés cépées. La beauté de ces taillis que je puis
faire voir, prouve fi parfaitement la bonté de cette
méthode, que je me contenterai de l’expofer,.
fans m’occuper de ia réfutation des autres.
» Il faut , i ° . que le bûcheron ôte avec la
main, les feuilles & les mouffes qui couvrent
une partie des vieilles fouches 5 2°. qu’il frappe
la terre tout à l’entour avec la tête de la cognée,
pour découvrir les principales racines latérales >
5°. qu’il coupe avec la cognée ces groffes racines,
en s’avançant de chaque côté dans le deffous
de la fouche, qui fouver.t s’enlève comme un
fromage, lorfqu’il ne fe trouve point de pivot,
ou lorfque ce pivot eft pourri ; 4°. fi la fouche
eft garnie d’un pivot, il fuffit, après en avoir fé-.
pare les racines dans le contour, de la blanchir en
©tant toute l’écoice dont elle fe trouve recouverte
: toute communication étant rompue avec
b s racines, cela fera le même effet pour le renouvellement
du bois, que fi elle étoit enlevée.
» En abattant les taillis de cette manière, on
multiplie & on rajeunit toutes les cépées fans
aucune dépenfe.-J’ ai vu des fouches anciennes,
groffes comme des rondelles, bien enlevées de
cette façon > toutes les racines latérales étant féparées
les unes des autres > ont produit iufqu’à
vingt maîtres brins de pied, droits comme c;es
cierges, qui, à la première exploitation, feront
autant de cépées nouvelles. Ces racines forment
un chevelu nouveau à mefure que les jets s’élèvent
j l’organifation n’ en eft point interrompue
par la corruption d’une vieille fouche ; & toute
la fève eft employée à nourrir & à vêtir le nouveau
né de chacune, qui ne communique plus
avec les autres; Cette méthode revient à celle
que M. Duhamel donne pour le renouvellement
d’ une ormoie. Quand on laiffe futfifier ces. anciennes"
fouches, même les plus jeunes, la fève
que les racines produifent en abondance, eft obligée
de paffer par des tours & des détours li multipliés
dans la partie intérieure de cette efpèce de
loupe, qui fe corrom; t toujours, qu’elle fe détruit
en grande partie avant de monter dans les
tiges 5 auffi cette fouche groffit, tandis que fes
enfans Ianguiffent. En effet, que-l’on examine
avec attention les morceaux d’ une.fouche enlevée
à la cognée, on découvrira tous les plis & replis
des filamèns ligneux, femblables à des .pelotons
de f il, & on fera feulement furpris qu’un pareil
entrelacement ait pu faire ou permettre aucune
* production.
» Comme l’enlèvement d’ une vieille fouche
exige quelquefois autant de peine que l’abattage
d’un arbre , il faut en abandonner le profit au bii-
' cheron; autrement on ne viendra jamais à bout de
bien faire couper des bois taillis.......................
; Le marchand adjudicataire y gagne confidéra-
! blement par le pied de chaque brin qui fe trouve
avoir, indépendamment de la fouche, fix pouces
de longueur de plus dans la partie la plus fiche
cela peut aller à une corde & demie par arpent:
le propriétaire profite leplus; il voit toutes les
parties de fes bois qui étoient prêtes à finir, fe
renouveler comme s’ il eut fait une plantation nouvelle
ou un ancien femis i & il peut fe paffer de
la germination des graines pour fe procurer, (oit
des cépées neuves, foit des baliveaux, dont il
trouvera un nombre fuffifant dans ces brins de
pied qui groflîffent toujours plus vivement que
ceux de femence.s.
» Il eft donc de la plus grande utilité dé faire
bien couper les bois , comme l’ordonnance le
preferit; c a r , pour faire difparoître les anciens
noeuds, il faut néceffairement couper plutôt en
terre , que près de terre au niveau du terrain ; il
n’y a rien à craindre quand le bourgeon auroit
deux ou trois pouces de terre à -.percer 5 il n en
fera que mieux ; une afperge en pénètre bien davantage.
Lorfqu'ij furvient une gelée forte, il faut
ceffer l’abattage, car alors la terre fe gonfle, &
l’on ne peut parvenir à la feélion- des racines latérales
: au refte, l’ouvrier ne demande pas mieux,
car dans ces temps durs, leurs cognées fe brifent
comme du verre. ' , ‘ ,
»■ Abattage des futaies. L’ordonnance veut ega*
.^ent que l’on coupe les futaies le plus près de
L que faire fe pourrai c’eft même un tres-
tei 4 lucre pour l’adjudicataire. Il faut queTou-
8 -,r commence par couper les groffes racines,
ii' excèdent le niveau du fo l, & continue fa
raille jufque dans le coeur de l’arbre, en fuivant j
le même horizon, en forte que l’on puiffe mar- j
heràpieû 8c à cheval, fans trouver aucun ref- j
faut Pour cela, quand l’arbre eft une fois abattu , !
o n récèpe la Bordure de la fouche, après en avoir
ôté les feuilles & les mouffes, & appuyé la terre
avec la tête de la cognée, comme pour les brins
^J^Les marchands intelligens choififfent des ouvriers
entendus qu’ ils paient plus que les autres,
& ils les chargent d’aller d’atelier en atelier, abattre
tous les chênes qui font partie de leur adjuration.
Ces maîtres bûcherons déterrent le pied
de l’arbre environ de douze à dix-hüit pouces , &
le mettent à terre comme s’ ils avoient donné un
feulcoup de rafoir. Ces arbres ainfi abattus, tout
vieux qu’ils font, repouffent prefque tous des
cépées merveilleufes, qui.fe trouvent quelquefois
à quelques pieds de la fouche fur des racines latérales
> mais le plus fouvent à l’infertion de l’ écorce
coupée, dans terre. Je n’ ai vu nulle part
abattre auffi bien qu’on le fait depuis peu » dans
la forêt de Rambçuillet; on ne peut faire mieux ,
à moins qu’on ne déracine les arbres, comme cela
fe pratique dans la forêt de Soignes, près Bruxelles;
mais le déracinement qui convient dans cette
forêt, à caufe de l’effence des hêtres qui ne pr.o-
duifent pas après l’ abattage, feroit très-mauvais
pour li’elfénce des chênes, qui donnent de très-
belles cépées quand .ils font bien abattus . »
Il eft évident que Guyot entendoit parler de ces
vieilles fouches ufées, ou recouvertes de noeuds,
& qui:ne.donnent, en effet., que de foibles rejets.
Sa méthode toute entière eft renfermée dans ce
peu de mots : Sépareç les racines latérales des vieil-
les fouches , & etileve\ tout, ou partie de ces vieilles
fouches. On ne peut nier que cette méthode ne
doive avoir de bons réfultats dans le plus^ grand
nombre de cas ; mais il feroit defirable qu’on f ît
encore des expériences à cet égard. Voici celles
qu’a bien voulu nous faire connoître M. Guyet-
Laprade, ex-confervateur des forêts à Bordeaux.
d’après la méthode de Guyot & de Richardot.
« Le réfultat de cette expérience, dit M. Guyet-
Laprade, a été que tous les arbres coupés fuivant
la dernière méthode, fe^ trouvent remplaces par
de très-belles cépées qui repréfentent des arbres
de tig e , tandis que les fouches des arbres coupes
au-deffus de terre ont péri_ prefqu’en totalité,
puifqu’il en eft à peine un dixième qui aient donne
quelques cépées, la plupart languiffantes, lorlque
les autres font de la plus belle venue,
a, C ’eft d’après.ces expériences que nous avons
acquis l’intime conviction, que la coupe d une
futaie par fon pivot eft le feul moyen efficace de
régénérer les bois, & d’obtenir de très-belles tiges
La première expérience qu’ il a faite, remonte
à 1780. Elle fut exécutée fur un bois taillis
en côte, anciennement établi, dont les fouches
étoient .de quatre décimètres au-deffus de terre
& avoient deux mètres de-tour.,
La deuxième fut faite en 1788, fur un bois
taillis appartenant à la eommanderie de Malte,
commune, de V a y re s .L a troifième eut lieu en
l’an 4, fur un taillis dépendant d’un bois national
en Médoc. La.quatrième, enfin, fu t exécutée en
1808, fur une partie .de futaie dépendante de.la
forêt royale de Cabanac, dont on fit exploiter
- les arbres, partie d’après l’ancien mode, & partie
propres à être élevées en futaie, moyen bien
préférable aux femis, toujours difpendieux & infiniment
moins fûrs. »
M. Laprade, fort de trente ans d obferva-
tions & d’expériences-pratiques, s’élève contre
la manière deftrudtive de couper les taillis &
les futaies au-deffus de terre, & il ne fait aucun
doute que lorfque les avantages de la méthode de
Guyot feront connus, on ne s’empreffe de la mettre
en pratique dans toutes les forêts, foit de
l’Etat, foit des particuliers.
Il fait confifter les avantages de cette méthode
dans l ’addition donnée à la longueur de s pièces
abattues, dans la fupériorité des brins de recru ,
dans la multiplication & le rajeuniffement des ce-
pées, dans la faculté qu’ auront des racines devenues
racines principales de fecondaires quelles
étoient, de produire & nourrir des brins de chene
propres à être élevés en futaie, puifque ces brins
ne feront point adhérens à de vieilles foüches, &
quelles préfenteront les mêmes effets que des
brins de femences. .
I Il loue l’ intention des rédacteurs de 1 ordonnance
dans la difpofition qui preferit de couper
les futaies le plus près de terre poffible;
penfe que cette difpofition laiffe troj) a 1 arbitraire
de l’ouvrier & du marchand. Si 1 interet de
celui ci eft d’exécuter l’ordonnance celui de
l’ouvrier eft de s’ en écarter; d’ou il refulte que
n’ étant pas toujours fuvveillé, cet ouvrier abat
le plus d’ arbres qu’il peut dans le moins de temps
poffible. Alors les fouches qu’il a mutilées 8c
coupées en cul de lampe ou pied de bûche , a un
décimètre & plus au-deffus de terre, deviennent
le féjour des eaux pluviales qui pourriflent le
coeur de ces fouches, 8c portent la mort dans
toutes les parties de la végétation. S’ il arrive que
quelques - unes . repouffent, elles ne produisent
que de frêles drageons adhérans à l’écorce, lujets
à être féparés de leur tronc par le moindre troil-
fement ou par les vents; & qui ne prefentent jamais
que de mauvaifes cépées peu propres a fournir
un bon taillis,. A la deuxième g p trotlierne
révolution, la fouche finit par périr, oc le, p us
fouvent une fur face qui naguère étoit couverte
d’ une belle futaie, ne préfente qu’ une-terre va-
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