
& dont les branches confidérables'( des anciens 8c
des modernes) offufqnent le taillis.
Gn ne peut contefter l’èxaâitude de ces obfcr-
vations, en ce qu’elles portent fur les rëferves faites
dans les jeunes taillis de io à 12ans; cependant
il eft àobferver que l’ordonnance de 1669 a prévu
le cas où les baliveaux pourroient empêcher les
tailhs de croître , & qu’alors elle permet de les
faire abattre. A la vérité il vaudroit mieux en diminuer
le nombre dans les taillis que la mauvaife
qualité du fol oblige de couper à des époques rapprochées,
& même n’ en laifferque pour produire
des femences, puifque dans ces fortes de taillis il
eft rare d’obtenir de beaux arbres. On devroit
aufti diminuer de beaucoup le nombre des réferves
dans les taillis, quoiquefitués en bon fonds, lorf-
que ces taillis font compôfés d’efïences telles que
le châtaignier, le bouleau, le marceau, le coudrier,
& c . , qu’on exploite allez fréquemment
pour faire des échalas, des cercles & autres menus
ouvrages ; parce que la fréquence des coupes
ameneroit un balivage lî nombreux qu’ il n’y auroit
bientôt plus de taillis.
Après avoir établi que les réferves'font du tort
aux taillis, Duhamel alfure que, de leur côté, les
taillis nuifent aux arbres de réferve par la quantité
de fucs qu ils tirent de la terre, & par S’abondante
tranfpiration qui entretient un air humidè au-delfus
d’eux, & qui peut rendre les bourgeons plus eft-
dommageables par la gelée. Cependant il met ces
inconvéniens au-deffous de celui qui réfulte de la
préfence de baliveaux qui empêchent que le vent
ne diflipe ces exhalaiforts, & font que les taillis
qu’ils couvrent font très-fréquemment endommagés
par les gelées. Nous avons déjà rapporté l’opinion
conforme de Buffon, & l’expérience, faite
fur deux taillis femblables, dont celui débarraffé
de baliveaux avoit devancé l’autre de cinq ans fur
douze. Ce phyficien, qui regardoit la gelée du
'printemps comme le fléau des taillis, avoir taché
d’en prévenir les mauvais effets en étüdiant la manière
dont elle agit. Il réfulte des expériences
qu’il a faites à cet égard, que la gelée agitbienplus
violemment à l’expofition du nord, qu’elle fait
tout périr à l’abri du vent, tandis qu’elle épargne
tout dans les endroits où il peut paffer librement.
Un moyen, dit-il, de préferver quelques endroits
des taillis, feroit, quand on les abat, de commencer
la coupe du côté du nord.
Les mauvais effets que Réaumur, Duhamel &
Buffon ont attribués aux nombreufes réferves qui
furchargent les taillis, font vrais dans les endroits
humides par eux-mêmes & privés de courant d’air :
plusieurs forêts en offrent l’exemple , & je l’ai vérifié
furtout dans la forêt d’Orléans , où des efpa-
-ces considérables de taillis fitués en bas fonds ■ &
cffafqués par les réferves qui retenoient l’humidité
, avoient été vi élimés des grandes gelées. C ’eft
dans des fîîuaüons femblables qu’on doit diminuer
le balivage, 8c procurer aux taillis un air libre &
fec par tous les moyens poflibles. Mais, dans les
endroits plus élevés , plus à découvert & plus ex-
pôles à l’aétion du vent, on n’aura pas à craindre
les inconvéniens de la gelée, ou du moins ils y feront
beaucoup plus rares. Quant au précepte que
donne Buffon de commencer les coupes du côté du
nord, il élt fufceprible de modifications fuivant
les localités 5 car dans les forêts expofées aux vents
de mer, dans celles où les vents du nord & du
nord-oueft foufflent avec violence, il faut leur
eonferver des abris de ces côtés -là, ainfi que le
prouve l’obfervation faite dans la forêt de Villers-
Cotterets.
Duhamel trouve encore que les baliveaux qu’ on
réferve dans les hautes futaies font expofés à un
inconvénient de plus que les autres : comme on
c h o if itd it - il, par préférence les arbres qui font
venus dé femenee, fouvent leurs racines s’étant
étendues dans le terreau des feuilles de la fuper-
ficie , elles font foibles & tiennent à un fol léger*
ce qui fait que le vent les renverfe aifément.
Cette^ obfervation eft jufte , & je l’ai vérifiée
dans la forêt de Villers-Cotterets, où les chablis
font très-fréquens dans les jeunes ventes..Mais indépendamment
de la caufe aflîgnée par Duhamel,
il en eft encore d’autres qui font : le peu de profondeur
du fol , la hauteur confidérable des baliveaux,
qui eft hors de toute proportion avec leur
foible diamètre, & l’état ferré où étoient ces
arbres avant l’exploitation , état qui n’a pas permis
aux racines de s’étendre allez pour former à l’arbre
une aflîetre folide; car on fait que les racines
ne s’étendent & ne groflïffent que dans la proportion
de l’accroiffement des branches. Le mode
d’exploitation des futaies pleines par coupes fuc-
ceffives préviendroit ces pertes énormes, puifque
les douze ou quinze réferves par heétare. qu’ on
laifferoit fur la coupe après les différentes exploitations
, n’auroient été mifes à découvert que par
gradation, & qu’elles fe trouveroient ainfi préparées
à fupporter les intempéries & affermies contre
les ouragans.
M. Hartig, grand-maître des forêts de la Pruffe,
dans un ouvrage publié en 1808, qu’ il a bien
voulu m’envoyer, a donné un fort bon traité de
l’ aménagement des taillis. Il obferve auflt que, dans
les coupes furchargées de baliveaux, larecrue des
taillis ne peut profpérer, parce quelle eft privée
de l’air, du foleil & de la pluie; mais que dans les
coupes à blanc étoc, l’inconvénient contraire fait
périr la repouffe, parce que le foleil,en de fléchant
Ja terre, enlève l’humidité’ néceffaire à la nourriture
des fouches, inconvénient qui fe fait d’autant
plus remarquer que les terrains font plus maigres
& plus expofés aux grandies chaleurs; d’où il
conclut qu’ il eft très-utile de eonferver des abris
contre l’ardeur du foleil, & quelle nombre des
baliveaux doit être calculé d’après leur f rce &
1 l’amplettr de leur tête, de manière que l’ombre
qu’ ils projettent recouvre la vingtième & même
la féizième partie de Ja (urface du fol. Cependant
il ne veut pas qu’on réferve de trop fortes tiges,
attendu qu’elles donnent une ombre qui féjourne
trop long-temps à là même place, qu’elles retien-’
mnt les eaux pluviales, & qu’elles étouffent bien
plus le taillis que ne; feroit une quantité plus con-
ii.iérable de plus petits brins q u i, pris enfemble,
ombragent la même furface, mais donc l’ombre
eft plus divifée.
I! diftingue en général deux efpèces de taillis,
\çs taillis purs & les taillis avec réferve de futaies.
Par taillis purs, il entend ceux dans lefquels on
n’élève point d’arbres pour les conftruétions. C e pendant,
pour fournir.de l’ombre à la coupe 8c
des fementés pour le repeuplement, il confeilie
d’y réferver à chaque exploitation, lorfque le taillis
eft aménagé à 30 ou 40 ans, de 75 à. 100 brins
par heétare, choifis parmi les plus beaux. Mais à-
la coupe fuivante on enlève tous ces baliveaux
pour en réferver un pareil nombre de l’âge du
taillis.
■ Quant aux taillis fur lefquels on élève des arbres
pour les conflruétions, M. Hartig penfe qu’f s ne
produifent pas la même quantité de bois que les
futaies pleines ou les taillis purs, & il recommande
de ne point faire une réferve trop force des gros
arbres, parce qu'elle nuiroit trop à la croiffance
du taillis. Il veut même qu’ à chaque coupe on
ébranche un peu les baliveaux, pour empêcher
qu’ils n’étouffent le taillis & pour les faire monter.
Le nombre d_- baliveaux à réferver à chaque coupe
feroit, fuivant lui, de 2y à 30. par heélare. Je reviendrai
fur les propositions de cet auteur.
Enfin, on a reproché aux baliveaux fur taillis
de produire de mauvaifes piècés de conftruétion.
Varenne de Fenille, qui ne veut point de baliveaux
fur taillis, convient que le bois d’un baliveau
eft plus dur & plus denfo que celui d’un arbre
femblàble crû en maflîf, dans le cas où celui
ci auroit été gêné dans-fa croiffance ; mais il
penfe que le baliveau n’ eft pas plus fort, parce
qu’il eft tiès-chargé de noeuds, & que les noeuds
affoibliffent le bois de plus d’ un quart, comme le
remarque Buffon. Il ajoute que les coups fubits de
foleil après une violente gelée, les alternatives de .
fo id & de chaud & les violens orages produifent
des gelivures, des chancres, des gouttières, des
roulures, des brifures, des accideus enfin qui dé *
truifent la plus grande partie de nos baliveaux, &
il psnfe que les arbres de futaies qu’on éclairciroit
fuivar.t fa méthode feroi- nt exempts de ces défauts,
comme auflv de ceux qu’ on reproche aux
arbres des ma fil fs de futaie non éclaircis. M, Plin-
quet va plus loin: il affirme d’une manière générale
que la charpente qui provient des futaies
pleines eft infiniment fuperieure à celle qui provient
des baliveaux fur taillis.
On voit qu’il y a dans ces reproches l’exagération
qui accompagne toujours l ’elpric de- fyfterne.
Nous ne difconvéflb’ns'pas que les baliveaux
fur taillis ne foient quelquefois expofés
aux inconvéniens dont on vient de parler; mais
l ’expérience prouve qu’on tire, de ces arbres un
parti très-avantageux pour les conflruétions , 8c ,
qu’ ils fourniffent prefqu’exclufivemént des bois
courbes à la marine. Cet avantage feul contre--
balance tous les reproches qu’on fait à cette méthode.
D’ailleurs il-eft inconteftablë que , comme
bois de chaafflige, celui des baliveaux fur taillis
eft bien préférable au bois des arbres crûs en
maflif.
C h AP, VII. Des bordures & bouquets d.e futaie qui-
0-n été propefés comme moyens propres a. remplacer
les baliveaux fur taillis.
Pour remédier à tous les inconvéniens dont
on vient de parler, Duhamel a propofé, i° . de
réferver, comme le veut l’ordonnance, les parois
& les arbres de lifière, qui forviroisnt à
marquer les limités des coupes & à répandre du
gland pour le repeuplement du taillis ; 2°. de ne
réferver que fixbaliveaux par arpent, qu’on laifferoit
fubfifter à toutes les coupes du taillis ,
fins en laiffer un plus grand nombre ; on les-
choifiroit vers le milieu de la pièce , qu’il fuppofe
de douze arpens, loin des parois, & aux endroits
qui paroïtroient les moins garnis; 30. de réferver,
au bord de la pièce & dans le meilleur terrain,
une quantité équivalente à foize baliveaux par
arpent-, qu’on prendront parmi les plus beaux
brins & qu’ on efpaceroit de fïx à.neu f pieds,
en abattant, comme taillis, les plus'foibles &
ceux de médiocre effènee ; 40. de faire cette
réferve, autant que poflible, du côté du midi &
de l’eft, afin qu’ au printemps les-vents du nord
& d’oueft puiffent diflîper l’humidité & préfer'ver
le taillis de la gelée.; y°. de permettre, à chaque
coupe de taillis , d’abattre dans cette réferve les
arbres foibles qui feroient étouffés par les autres,'
& d’augmenter'la réferve d’une quantité de bail-'
veaux pareille à celle précédemment réfervée ;
6°. de faire cette réferve en maflif ou en lifière ;
fuivant les circo-'fiances particulières qui pourroient
déterminer à prendre l ’un ou l’autre parti ;
70. enfin, d’abattre ces réferves lorfqu’elles com-
menceroient à donner des lignes de dépériffe-
ment, ici plus tô t , là plus tard, fuivant la différente
qualité du terrain.
Parmi les avantages que Duhamel fait réfulter
de la méthode qu’ il propofe , il place en première
ligne celui d’obtenir des bois tors pour la marine,
tant du pourtour de ces réferves que des
fïx baliveaux du milieu de chaque arpent, ainfi
que des" pieds corniers, des parois & des tour-
*nans , _& enfuite celui d’ affurer le repeuplement
des coupes par les baliveaux réfervés dans le milieu
de ces coupes & par les. arbres de lifière.
Ces moyens de remplacer le balivage ordinaire
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