
longue durée , & on ne fait d’ exception qu’ à l’égard
de l'épi cia , lorsqu’ on veut en écorcer les
jeunes arbres aufl.itôt après la coupe , pour en
tirer le tan. » '
Il eft aflez fingulier que M. de Burgfdorf admette
que l’abattage, en é té , -des arbres réfine ux,
peut leur être nuifible 3 & qu’ il le regarde comme
indifférent pour les bois à feuilles. Il nous femble
que fi cet abattage nuit à des arbres dont le tiffu
eft rempli d’une matière aufli effentiellement con-
fervatrice que la réfine, il devroit être bien plus
nuifible à ceux qui font imprégnés de fluides fer-
mentefcibles, comme les bois à feuilles. M. Har-
tig penfe, à l’égard des pins & fapins, qu’ils durent
bien plus long- temps quand on les coupe
hors fève5 mais que fi on les coupe en é té , il faut
les mettre dans l’eau auflitôt après l’abattage.
M. Wund, capitaine des chaffes à Ofthcim, Ce
prononce dans Y Indicateur de l’Empire de 1800,
n°. 183 , tout-à-fait en faveur de la coupe en
pleine fèv e, & il foutient (contre toutes les observations)
, que le bois rempli de fève à l’époque
de la coupe, eft bien meilleur pour le chauffage
, que celui qu’on abat en hiver, parce que la
fève qui s’épaiflir, forme la matière combuftib.Ie,
& produit la plus grande chaleur.
M. Wund croit, par conféquent, que la fève
fe diffipe lorfqu’on laiffe l’ arbre fur pied jufqu’à
l’hiver, & cependant il eft reconnu que cette fève
refte dans l’arbre, & s’y durcit bien davantage
pour fe convertir en bois, que lorfqu’on la fait
évaporer au moment de fa raréfaction.
M. le profeffeur Walther, dans fon Inftrultion
fur la fcience foreftiere, Gieffen, 1795, page 83,
conclut des différentes opinions émifes fur cet obje
t, qu’il faut avoir égard à la nature de chaque
efpèce de bois, à i’ufage qu’on veut en faire, au
mode & exploitation praticable dans chaque forêt,
& au but qu’on fe propofe.
Cette opinion vague n’éclaircit point la quef-
tionj car perfonne n’ignore que telle efpèce de
bois éprouvera moins d’altération par la coupe
d’été , que telle autre efpèce ; qu’ il y a des localités,
comme dans les Alpes, par exemple, où
l’on eft forcé, à caufe des neiges, de couper les
bois fort avant dans le printemps, & que s’il s’agit
de conftruétions fous l’eau, on peut y employer
des bois abattus en fève. Mais ces exceptions
n’empêchent point qu’il n’y ait une règle générale
à fuivre pour l’abattage des Bois.
M. Becker, infpe&eur foreftier de la ville de
Roftock, duché de Mecklembourg, dans fon ouvrage
couronné par l’amirauté de Copenhague,
Leipfick, 1S04, après avoir paffé en revue les opinions
dont nous venons de donner la traduction,
émet la fienne de la manière fuivante :
ce Deux confidérations doivent déterminer le
choix de la fai fon dans laquelle il faut abattre les
bois j favoir : la durée du Dois que l’ on coupe, &
la reproduction de la fouche.
» Comme l ’entretien des forêts exige que l’on
favorife le plus poffible la repouffe des bois, j[
importe de les couper à l ’époque de l ’année qui
puiffe le mieux faire atteindre ce but. D'après les
expériences fjue j’ai faites à cet égard, on doit
à moins que des circonftances importantes ne s’y
oppofentj comme, par exemple, des terrains
marécageux, & c . , procéder à la coupe du bois
au printemps, & Surtout à l’époque où les boutons
commencent à fe développer, ce qui eft déjà
le commencement de la fève (1).
» L’expérience apprend que la reproduction
des fouches n’a lieu que dans les jeunes bois, tandis
qu’elle n’a pas lieu, ou du moins qu’elle a peu
de valeur dans les arbres d’un certain âge. Ainfi,
quand on coupe des arbres, on doit s’attacher
principalement à la confidération qui doit leur
procurer la plus longue durée.
» Pour avoir des idées juftes à cet égard, il faut
confulter d’ un côté l’organifation & la végétation
du bois, & de l'a u tr e J ’expérience.
» On a fait, à la vérité, des obfervations précieu-
fes fur la végétation, mais il refte encore bien des
chofes dans l’obfcurité. Nous connoiffons foible-
ment la ftruCturedes parties conftituantes du bois,
moins encore les opérations mécaniques de l’ac-
croiffement, & très-peu les matières de cet ac-
croiffement. Les parties extérieures des arbres
font les racines, la tige, les branches, les feuilles,
les fleurs, les fruits, &c. Si nous les décomposons,
nous trouvons des parties fluides, graf-
fes, aqueufes, fpiritueufes, gazeufes, favonneu-
fes, & c . , & des parties folides, telles que les
fibres ligneufes, les pores, les cellules, les membranes,
la moelle, &.c. Mais fi nous cherchons à
expliquer le mouvement de la fèv e, la formation
du bois & des différentes productions de l’arbre,
nous fommes forcés de reconnoître notre ignorance
fur les opérations particulières de la nature
à cet égard, & fur les fondions de chaque partie
fépàrément.
» Les bois à feuilles éprouvent des changemens
remarquables fuivant les faifons \ ils fe dépouillent
de leurs feuilles en automne 5 ils reftent dans
cet état pendant l’hiver ^ & au printemps ils en
prennent de nouvelles. Quel eft donc le but de
ces changemens ? N ’eft-ce qu’un repos qui eft
donné à la vie végétale de l’arbre ? ou bien l’entrée
des fluides qui provoquent la fortie des feuilles,
eft-elle interdite pendant l’hiver, afin que la
fève pompée pendantl’été puiffe fe durcir & reconvertir
en bois ? Ce qu’ il y à de certâin, c’eft que,
pendant l’hiver, le degré de fluidité de la fève dans
les arbres eft fenfiblement diminué, & que le mouvement
en eft comme fufpendu. Au printemps,
(1) Gerce obfervation revient à ce que nous avons dit
précédemment, que dans les pays froids, les coupes dévoient
fe.faire plus tard ; 5c il s'agit, en effet, d'un pays ficué par le
54e- degré de latitude nord.
au contraire, la chaleur & l'humidité .q u i agif-
ftnt avec aftivité,opèrent laliquefaûion de la fève
& la mettent en mouvement j de nouvel les feuilles
fe développent, de nouvelles pouffes s’alongentj
il s’établit de nouvelles couches de liber 5 les anciennes
fe changent en aubier} enfin, la vie ve-
eétale eft dans toute fa vigueur. A cette époque,
ainfi que pendant le cours de l’été, tous les vaif-
feaux de l’arbre font remplis de fève, & les parties
déliées qui entrent dans la conftitution de ces
vaiffeaux & des fibres, font alors extrêmement
délicates & foupies. Mais dans l’hiver, l’ accroif-
fement de ces parties femble s’arrêter & être terminé.
Il eft donc certain que les parties ligneufes,
qui dans l’automne , ont terminé leur accroiffe-
ment, doivent avoir bien plus de folidité, & par
conféquent de durée, que celles qui ne font que
fe former pendant l’été , au moyen de fubftances
fluides. Comme, i c i , il eft permis de conclure de
la partie au tout, avec d’autant plus de raifon,
que l’agent qui opère la deftru'&ion du bois (l air
avec le fecours de l’humidité & de la chaleur) ,
finit par en détruire la maffe totale , en déforga-
nifant fucceflivement toutes les parties qui la com-
pofent, je fuis perfuadé que le bois préfente à cet
agent une réfiftance toujours proportionnée au
plus ou moins de perfection dans fa formation,
c’eft-à-dire, que le bois aura plus ou moins de
durée fuivant qu’ il fera plus ou moins formé.
,, Comme je fuis aufli dans l'opinion, que les
nouvelles couches de bois formées pendant l’été
prennent de la confiftançe^pendant l’hiver, je,
penCe que la plus longue durée poffible fera le par-
tage des bois quon ne coupera que fur la fin de
Ihiver. ' ' ^ ,
» Cette époque dépend de la température j
eliepeut être fixée-ici ( à Roftock dans le Mecklembourg).,
vers la fin de janvier & le commencement
de février. Ordinairement, la chaleur
plutôt attaqué par les vers, que le bois coupé
en hiver, . , r
W Dans les bois réfineux, qui cependant conler-
vent leurs feuilles pendant l'hiver, à l'exception
du mélèze , on remarque aufli un changement
fenfible quant à la fluidité de la fève. La partie
aqueufe femble difparoître pendant 1 hiver & fe
convertie en léfine. , _
commence à fe faire fentir dans les derniers jours
de février & à agir fur la fève.
» Si on vouloit prolonger la duree des coupes,
ce qu’on eft obligé de faire quand on na pas
affez d’ouvriers dans les forêts d’une certaine
étendue, il faudroit alors fuivre l’indication de
la nature, en n’abattant que les arbres non encore
en feuilles.
» Des expériences multipliées que j ai faites
dans des réparations de bâtimens avec des bois
coupés en féve^ m’ont appris depuis long-temps
que ces bois, tant ceux à feuilles que ceux réfi-
neux, font d’un très-mauvais ufage & d’une très-
courte durée lorfqu’ ils font expofés à l’air.
» L’examen des parties extérieures du bois fait
apercevoir une différence notable entre celui qui
eft coupé en hiver & celui coupé en été.^ Ce
dernier a les pores plus ouverts j il eft plus fpon-
gieux, & fi on le fait fécher, ^devient plus léger
; il fe tourmente davantage 5 l’aubier fe gerce ;
les couches de l’ année font plus larges, & il eft
,» Quant à la qualité des bois pour le chaumage,
M. Hartig a conltaté par fes expériences, que
ceux qui étoient coupés en hiver donnaient
beaucoup plus de chaleur j duroient bien plus
long-temps au feu, & fourniffoient un .meilleur
charbon que ceux coupés en fève.
?» Pour les conftrufiions dans l'êau & fous terre,
o n e m p l o i e ordinairement, furtout- en bois réfineux,
celui qui a été coupé en été, & l'on penfe
qu'il dure plus long-temps. C’ eft l'opinion que
M. Klippftein, maître des forêts à Hohenzolm,
a émife en ces termes dans [‘Indicateur de l'Empire
de 1800., n°. 162 : _ ^
« Tous-les bois qu'on emploté étant fecs, a
„ des conftru Étions dans des endroits humides,
„ & particulièrement dans l’eau, admettent dans
leurs vaiffeaux féveux qui fe- trouvent alors
?» ouverts, des fluides étrangers comme leur
■ », propre fève a beaucoup moins d’effet fur la dé-
33 térioration du bois que ces fluides etrangers,
„ il en-réTulte la nécelïité de couper en fève les
bois qu'on defiine à cet ufage & de les employer
3> de fuite.>!
« Je ne puis admettre-cette opinion, car je
crois que la fève fluide, qui de fa-nature eft mu-
cilagineufe, fe corrompt bien plus vîte & détériore
bien plus promptement les parties délicates
qui commencent à fe former en b ois , que l’eau
pure qui s'introduit dans les parties folides du
bois coupé en hiver. Cependant je penfe qu'il eft
néceffaire de dégroflir de fuite le bois que l'on
coupe en hiver, & de le plonger dans 1 eau, pour
éviter qu'il ne foit defféché par l'air, que je regarde
comme l'agenr de la deftruction du bois. Si
on obferve cette pratique, & fi on plonge dans
l'eau le bois coupé en hiver, je fuis pstfuadé qu'il
durera plus long-temps que s'il eût été coupé en
fève. En général, le bois qui a été privé de l’air,
& jeté dans l’eau, eft d'une durée fi confidérable,
qu'il eft difficile de faite fur la comparaifon dont
il s'agît, ■ des expériences & des recherches
exaéfësf» — , « ,
« D'après tout ce qui vient d’ etre d it, je demeure
convaincu que le bois coupe en hiver
aura une durée beaucoup plus confiderable
que celui que l'on coupera en é té , ail printemps
ou - en automne. ’» j
« Les bois de marine pour lefquels on n emploie
que des arbres, doivent donc indifpenfable-
ment le couper en hiver, fans en excepter les
chênes qu'on abat ordinairement dans le mois de
mai, pour fc procures du tan, parce que 1 avait