
mais que , quoique permife dans celles-ci , elle n’exclut
» que la moitié ou le tiers des arbres alternative-.
ment, c’eft-à-dirè, éclaircir feulement le bois.
33 d’un tiers ou de moitié, ayant foin d e la if f e r les
33 a r b r e s q u i p o r t e n t l e p l u s d e g r a in e s p tous les fix
33 ans on fera, pour ainfi dire, une demi-coupe,
33 ou même on pourra tous les ans prendre dans ce
33 taillis le bois dont on aura befoin : cette dernière
»s manière, par laquelle on jouit d’ une partie du
>3 produit de fon fonds, eft de toutes la plus avan-
« tageûfè. 33
pourtant pas les autres modes qui pourroient '
être jugés préférables par l ’autorité fupérieure.
En effet, le cahier des charges pour les adjudications
des coupes de bois dit que Y e x p lo it a t io n des
arbres réfineux fera faite f u i v a n t V u f a g e d e s l ie u x ,
G’ f a n s d o m m a g e s .
O r , nous eiperons prouver que Y e x p lo it a t io n en
j a r d i n a n t leur caufe beaucoup d î dommages, & que
les mêmes raifons qui ont fait profer ire ce genre
d‘ e x p lo i t a t io n des forêts de bois à feuilles, doivent
ëgaLment le faire bannir des forêts réfineufes.
Nous allons d’abord rapporter les diverfes opinions
émifes fur la manière de traiter ces fortes de forêts.
Les détails dans lefquels nous entrerons à cet
égard, mettront le leéteur à portée de fixer fon jugement,
& de reconnoître à quel mode on doit
réellement donner la préférence-
Duhamel dit, en parlant des f a p i n s & é p i c i a s ,
que comme ils fe trouvent ordinairement dans les
pays de montagnes, il arrive affez fréquemment
que les ouragans rompent, déracinent & couchent
fur le côté trente & quarante arpens de bois ; que
ces efpaces fe repeuplent très-difficilement^ fi on
néglige d’en écarter le pâturage, parce que l’herbe
l'ert d’abri aux jeunes plantes, qui fans cela péri-
roient infailliblement, & que d’ailleurs les beftiaux
les fouleroient avec leurs pieds. Il ajoute qu’à mesure
que les fapins groffiffent, les plus forts étouffent
les foibles; qu’ alors on peut a b a t t r e c e u x q u i
l a n g u i j f e n t y que cet éclairciffement fera avantageux
aux beaux fapins, pourvu toutefois que ce retranchement
ne fe taife que peu à peu, & fans trop
éclaircir la forêt. Il eft évident que ce moded’ex-
p l o i t a t i o n , où l’onenlèveroit les b r in s é to u ffé s & l a n g
u i f f a n s 3 & que Duhamel indique comme fort avantageux
aux forêts de fapins, n’eft autre chofe que
Y e x p lo it a t io n p a r é c l a i r c i e , qu’ il ne faut pas confondre
avec Y e x p lo it a t io n e n j a r d i n a n t , ou l’on
n’ enlève que les p l u s f o r t s a r b r e s . Il recommande
du refte, avec tous les bons auteurs, d’entamer la
forêt du côté où le vent eft lé moins violent (o r dinairement
dans la partie de l’eft) , afin, dit-il,
que les lifières qui fubfiftent du côté de l’oueft &
du nord-oueft continuent de protéger la futaie,
qui fans cela courroit rifque d’être renverfée. Les
ravages que les vents occafionnent dans les forêts
d’épicias viennent en effet de ce qu’ on néglige ces
précautions, & en outre des vides multipliés que
laiflent les arbres exploités par ja r d in a g e .
Il eft bien important de ne point confondre la
méthode propofée par Buffon avec Y e x p lo it a t io n ' \
en jardinant. Ce qui prouve que ce n’étoit point j
cette dernière méthode qu’il confeilloit, c eft ce ' j
qu’ il dit plus loin, en parlant des taillis qu’on ja r - ;
d i n o i t dans plufieurs cantons de fa province : il explique
Buffon confeille aufli de faire dans les bois de
pins une forte d’éclaircie, mais qui n’eft pas pré-
cifément celle qui doit avoir lieu. « Comme cette
ao efpèce d’arbre, d i t - i l , ne fe propage & ne
» multiplie que par les graines qu’il produit tous
„ les ans, qui tombent au pied, ou font tranfpor-
» tées par le vent, aux environs de chaque arbre ,
„ ce feroit détruire ce bois que d’en faire coupe
» nette ; il faut y laifl'er jo ou 6o arbres par ar-
•» peut j ou pour mieux faire encorev ne couper
„que cette manière de couper les taillis ( p a r !
j a r d i n a g e ) diffère de celle qu il vient de propofer
pour les pins, en ce qu’au lieu d e la i f f e r U s grands
a r b r e s , on ne laifle que le s p e t it s dans cette e xp lo i-■ j
t a t io n en jardinant. Il eft donc certain que Buffon
avoir auffi indiqué le mode à 'e x p lo it a t io n par
| é c la i r c ie pour les forêts réfineufes. La réferve qu’il
confeille de faire de yo à 6o-arbres par arpent, ou
du tiers & même de moitié des arbres les plus
propres à fournir des graines, pour les enlever
enfuice , fe rapproche beaucoup de celle1
que l’on fait dans l a co u p e dite d e ré en fem e n c em è n t,
qui fe pratique dans les forêts foumifes aux éclaircies
périodiques. C ’étoit donc, je le répète, des
é c la i r c ie s qu’ il propofoit, & non d e s c o u p e s p a r ja r d
in a g e . Il eft effentiel de ne pas perdre de vue
qu’il y a cette différence notable entre Y e xp lo ita t
io n en jardinant & celle par éclaircie, que dans la
première ce font les plus forts arbres qu’on enlève,-
tandis que dans l’autre on n’extrait que les bois
morts, étouffés ou dépériflans fur chaque’coupe,
jufqu’à l’époque de Y e x p lo it a t io n fixée par J aménagement.
Il eft facile de fentir que les' réfultats
de ces deux modes font auffi différens que les deux
modes entr’eux. Nous expoferons dans le deuxième
paragraphe de ce Mémoire les incShvéniens de
l’ un & les avantages de l ’autre.
Varenne de Fenille, en répondant à la critique
qui avoit été faite de fa propofition d’éclaircir les
bois, affure qu’ à moins de vouloir tout détruire,
il eft impoffible d * e x p lo it e r a u t r em e n t l e s f o r e t s d arb
re s r é f in e u x . Mais comme cet auteur ne diftingue
pas toujours d’ une manière précife Y exploitation
par éclaircie de celle en jardinant , je ne tirerai de
fon affertion aucune conséquence pour combattre
le jardinage de ces fortes de Forêts. ^
M. de Perthuis qui, fuivant mon opinion, elt
l’auteur français qui connoiffoit le mieux\ e s e xp lo it
a t io n s , & qui par fes feules obfervations eft arrive
à fonder une méthode très-rapprochée de celle
que l’expérience avoit confacrée en Allemagne,
s’eft prononcé contre Y e x p lo it a t io n par jardinage
des bois réfineux- Il reproche à celte manière de
couper les bois des inconvéniens réels, dont je
e x P
ferai mention lorfque je récapitulerai les vices de
cette mauvaife méthode. Cependant, comme cet
auteur avoir moins pratiqué les forêts réfineufes
que celles des bois à feuilles, il dit qu’il n’a pas
furie régime de ces forêts la même expérience, &
qu’il ne préfente pas fon opinion avec la même af-
furance que fur l’aménagement des autres efpèces
de forêts. La méthode qu’il propofe confifte à fou-
lettre les bois réfineux à un aménagement périodique
comme les autres bois; à laiffer par arpent ,
à chaque coupe, 24 baliveaux choifis parmi les
:ets les plus foibles, afin que les baliveaux ne
[oient pas dans un trop grand état de dépériffe-
ment à la coupe fuivante ; à interdire l’enlèvement
des graines deux ans avant & deux ans après
chaque coupe; à ne laifl'er entrer les beftiaux dans
les forêts réfineufes en aucun temps 6e fous aucun
prétextes à fixer l'aménagement des mélèzes &
des fapins à 100 ans, & celui des pins à 80 ans,
parce que c’eft à ces âges,qu’ il les regarde comme
fufceptibles des plus grands produits. ^
Cette e x p lo it a t io n ne pourroit recevoir d’application
qu’autant qu’ il s’agiroit de forêts d’ épicias;
queles coupes fe feroient par bandes étroites pour
être repeuplées par les femences du maflîf reftant,
& qu’elles feroient dirigées de manière à prévenir
les ravages des vents dominans ; car on ne pourroit
guère efpérer que les 24 baliveaux par arpent
que M. de Perthuis cpnfeille de réferver parmi l e s
jets les p lu s f o ib l e s puiffent aider au repeuplement,
puifqu’ils feroient trop jeunes ; que d’ ailleurs l’é-
pician’ayant que des racines latérales, ces réferves
feroient bientôt renverfées par les vents. Cette
méthode eft donc incomplète, même pour l’épicia.
M. de Perthuis ne la donnoit pas non plus
comme la meilleure poflible;il avoit reconnu les
vices de T e x p lo it a t io n par jardinage des forêts ré-
fineufes, & il émettoit plutôt le voeu qu’elle fut
changée, qu’une opinion pôfitive fur le mode à y
fubftituer.
M. pumont rappelle dans fon D i c t io n n a i r e f o -
reftier} que la coupe des fapins fe fait quand une
partie des arbres commence à mûrir par la cime;
qu’elle s’exécute en jardinant & en commençant
Y e x p lo it a t io n du côté du levant, afin que les lifières
de l’ oueft & du nord-oueft puiffent garantir la
futaie; mais que cette e x p lo it a t io n n’a pas lieu en
coupes réglées, comme pour les autres arbres.
Cependant,ajoute t il, quelques expériences font
penfer qu’il ne feroit pas impoffible que des portions
de forêts coupées a b la n c fe repeuplaffent
par les femis naturels des graines tombées des anciens
arbres. •
Pour que les co,upes à blanc puiffent fe repeupler,
il faudrait la réunion de toutes les circonf-
tances dont nous venons de parler > & encore ce
repeuplement feroit bien incertain. 11 paroît qu’en
Allemagne on avoit d’ abord remplacé Y e x p lo it a t io n
en jardinant des forêts réfineufes par la coupe à
hlanc, mais que les mauvais effets de ces coupes
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les ont fait promptement abandonner pour toutes
les efpèces réfineufes, à l’exception pourtant de
l ’épicia, que l’on exploite encore à blanc dans
quelques pays, en prenant les précautions que
nous avons déjà indiquées.
V e x p l o i t a t io n à blanc a été vivement & très-
juftement combattue par M. Bofc, dans fon excellent
article fur le genre fapin, du nouveau
C o u r s d ‘ A g r i c u l t u r e , & ce naturalise a penfé que
Y e x p lo i t a t io n en jardinant étoit préférable. Nul
doute que, tout vicieux que foit le jardinage des
forêts réfineufes, il ne foit encore préférable aux
coupes blanches ; mais ces deux modes doivent
faire place aux coupes périodiques par éclaircie ,
dont la fupériorité à tous égards fera démontrée
dans le paragraphe fuivant. Enfin, M. Dralet, qui
n’avoit auffi comparé que les deux premières méthodes,
s ’eft prononcé en faveur de 1 e x p lo it a t io n
en jardinant, & il a propofé dans un projet de loi
fur l’aménagement des forêts, de ne permettre que
ce feul mode d ‘e x p lo i t a t io n pour les bois réfineux,
en citant à l’appui de fa propofition les
bons effets de cette e x p lo i t a t io n dans la foret de
Belefta, fi tuée dans le département de l’Ar-
riége.
Telles font les différentes opinions de nos auteurs
fur Y e x p lo it a t io n des forets d arbres refinéux.
On voit que la plupart avoient confeillé les éclaircies,
comme le moyen le plus avantageux d eiever
des futaies. Quant à ceux qui ont paru adopter la
méthode du jardinage, ils fe font fondés fur ce
que les arbres réfineux ne fe reproduifant que de
graines , & fur ce qu’étant d’ ailleurs fujets à être
renverfés par les vents, on ne pouvoir les exploiter
par contenance, ni faire dans les coupes des-
réftrves de baliveaux. Ces motifs font réels, & il
11’y a point de doute que les e x p lo it a t io n s à tire &
aire ; relies qu’elles fe font dans nos bois à feuilles,
ne foient impraticables dans les forêts réfineufes.
Mais de ce que ces e x p lo i t a t io n s doivent en être
profentes, il ne fuit pas qu'on ne puiffe les exploiter
autrement qu'en jardinant. En effet , s’il exsfte
des forêts où il foit particulièrement utile de mettre
en pratique le fyftème des éclaircies, ce font
fans contredit celles des bois réfineux. On n’objectera
pas pour celles-ci la multiplicité des coupes
qu’exigent les éclaircies périodiques^ puifque par
le jardinage ces coupes font bien plus multipliées.
On-.n’obje&era pas non plus la difficulté de la fur-
vei! lance, puifqu’elle fera encore plus facile que-
dans Y 'e x p lo it a t io n par jardinage. Nous le répétons
donc , c’ eft par é c la i r c ie s , e x p u rg e d e s en faifanc
l’ inverfe du jardinage, qu'il faut traiter les forêts
de pins, fapins & mélèzes; c’eft-à-dire, qu’au
lieu d’y couper chaque année les' plus forts arbres
fur toute, leur fur-face, il faut les divifer par coupes,
foumettre et s coupes à cWs éclaircies périodiques
dans lesquelles on enlèvera les bois étouffés
x morts ou languifiLns* Jk en fuite à d e s e x p ia i* -