
L e p e u p l ie r d’ Athènes a encore quelques rapports
avec le tremble. C e feroic un très-bel arbre
s ’il étoit plus garni de branches Êk de feuilles.
Il fe fait cependant remarquer dans les jardins
payfagers, c ù , air.fi que le précéd ent, il fe place
au troifième rang des raaififs. On le multiplie po-
fitivement comme lui. Il croît avec une grande
rapidité. J’ ignore quelles font les qualités de Ion
b o is , quoique j’ en connoilfe quelques gros pieds
dans les jardins des environs de Paris.
L e p e u p lie r argenté a encore quelques rapports
a v ec les précédens. J’en ai vu de tor t beaux pieds
en C a ro lin e , mais il profpère difficilement dans
les jardins des enviions de Paris. Je l’ai multiplié
fans grand fuccès dans les pépinières de V e r -
failles , par la greffe fur le grifard 6 c le p e u p lie r
d ’Italie. On ne doit pas le rebuter.
L e p e u p lie r noir eft extrêmement commun dans
quelques-uns de nos départemens ; cependant je
ne l’ ai jamais vu croître naturellement dans les forêts.
Ç ’eft lui qui conftitue l’arbre le plus gros que
je connoilfe en F ran c e , lequel fe trouve dans le
jardin de l’Arquebufe de D ijo n , & a lept pieds
de diamètre. On le plante lur le bord des rivières
, des étan g s , le long des c h em in s a u to u r
des p r é s , & c . Il s ’é lè v e à cinquante ou foixante
p ie d s , cro ît rapidement & acquiert toute fa valeur
à quarante ans. Quelquefois on le tient en tê ta rd ,
pour nourrir les beftiaux avec fes feu ille s , 6c pour
fuppléer l’ ofier. Dans ce cas , fon bois eft marbré
& très-propre à faire de petits meubles d’ébénif-
te r ie , qui n'ont contre eux que leur peu de dureté.
C e bois eft plus dur 6c plus difficile à fendre
que celui du g iifa rd , & s'emploie-fouvént p 'C r
faire des charpentes légères , des voliges propres
à garnir les armoires, *à faire de , ca ftes
d emballage , des fabots , & c . Frais, il pèfe 68 livres
3 onces, & f e c , 29 liv ie s le pied cu b e , d’après
l’ obfervation de V a renne de Fenille, Il perd
par la defticcation un vingtième de fon volume.
C e p e u p lie r fe multiplie naturellement par fes
femences, garnies de c o to n , & que le vent emporte
au loin. La vo ie des plançons de quatre ou
cinq pieds de h a u t , eft prefque la feule iiiitée dans
les campagnes > celle des boutures, av- c des pouffes
de l'année p réc éd en te, prefque la feule ulrcée
dans les pépinières, quoique les m arcottes & les racines
en offrent également qui ne manquent jamais.
Aujourd’ hui ce t arbre fe recherche peu autour
des grandes villes 5 les p e u p lie r s du Canada & de
V i r g in ie , qui lui reffemblenc infiniment, étant
p ré fé ré s , comme çroiffans plus rapidement.
Le p eu p lie r à 'U z Y ie a été importé dans ce pays ,
du centre de l 'A f ie , à la fin du feizième fiècle. J'ai
vu près de Pavie , les reftes de la première avenue
qu'il ait formée. Là difpofition montante de fes
branches, lui donne naturellement une forme pyramidale
d’ un très-bel afpeéf ; auflî fait-il décoration
plus qu’aucun autre arbre , le cyprès excepté.
Il fut d'abord un objet d'enthoûfiafme en F ia n c e ,
&r, en con féqu en c e, multiplié outre mefure. Au,
jourd’ fiui on pretere , & avec rai I o n , foui le rap.
port du p ro d u it , le p e u p l ie r du Canada , qui croît
plus v i t e , donne de meilleur bois 6c plus de bran,
ches pour le chauffage ou la nourriture des. bef.
riaux j mais il ne peut être remplacé pour la décoration
des campagnes. & des jardins. e
C ’ eft ai **..r des prairie^, des champs, fur |a
berge des to llé s , le long des ruiffeaux 8c'en ave-
n u es , qu’ on plante le plus communément le
p l i e r d’ Italie. On le groupe auflî quelquefois dans
les lies des r iv iè re s , dans des petits terrains vagues
qu’on ne peut cultiver. Il fe met en place
pendant tout le cours de l’hiver. On ne doit jamais
l'e lagu e r , cela retardant le groffiffement de
Ion t ro n c , & la valeur de fes branches étant peu
de chofe. Dans un terrain léger & f ra is , qui eft
ce lu i où il profpère le mieux , on. p eu t , lorfqu’ il
eft en b o rdu re, n'efpacer fes pieds que d'une toife,
V o y e \ Pl a n t a t io n .
Le bois du p eu p lie r d ’Italie eft blanchâtre, fuf.
ceptible d ’ un beau p o li, ttès-propre à la feuipture,
à U faboterie , au tour. Il eft employé dans les
charpentes rurales. On en fait des planches & ‘des
volige s d’un bon fervice dans l’ intérieur , & fur-
tout des cailles d’emballage, q u i , à raifon de leur
légèreté 8c de leur bas p r ix , font lès meilleures
de toutes. Il pèfe v e r t , 63 livres 8 onces 4 gros,
6c f i e , 25 livres 2 onces 7 gros par pied cube,au
dire de . Va renne de Fo-mlle. Sa diminution,
par fon expofiticn à l’ a i r , eft d’ environ un vingt-
quatrième. C e lu i d’ un arbre éco rcé fur pied une
année à l’a v an ce, a plus de force 6c de dureté
que celui d’un arbre abattu fans avoir fubi cette
opération.
C \ f t dans l’ intervalle de la trentième à la quarantième
année qu’il eft le plus avantageux de
couper le p e u p lie r d’I ta lie , parce qu’alors fon bois
eft dans toute fa b o n té , 6c qu'aiors il ralentit la
croiflance. On peut cep en d an t, lorfqu’ il fait ornement,
& que le fol où il eft planté n'eft ni
trop f t c ni trop aquatique , le laiffer un fièèle fut
pied. J ’en connois de tels dont la hauteur eft de
près de cen t, & la grofleu rde près de trois pieds.
Alors fon tronc ..eft chargé de f.ii:lies.longitudinales
qui produifent un fingulier effet. On doit
laiflér deux ans entiers les troncs expofés'à l'air,
fans toucher le fol , avant de les débiter en planches
, parce que. leur fève s'évapore lentement ,
6c que lorfqu’ ils r.e font pas complètement délié-
chés , les planches qu’ on en tire fe fendent avec
excè s.
On tire un tel parti du p eu p lie r d’ Italie dans
les jardins payfagers , qu’ il feroic aujourd’hui
impoifible de s'en paffer. La rapidité de fa croil-
fance , le contrafte d e fa manière de pouflVr les
btanches avec, celles des autres arbres, fes effets,
loir ifolé , foit g rou p é ,, foit en rideau . & c . , Im
donnent d’ immenfes avantages. 11 s’y prodigue
dans CiUX des environs .de Paris.
j a multiplication par boutures eft la feule employée
pour 1 q p e u p l ie r d’ Italie , qui ne donne
point de graines , puifque nous ne poflëdons que le
iriâle j & qui pouffe peu de rejetons j mais elle a
lieu de deux manières, c’ eft-à-dire, par des plan-
cons de fix pieds de haut ,• ou par des pouffes
J| l’ année précédente. Les plançons fe mettent
directement en p la c e , mais ils v égètent foible-
nient. Les pouffas fe plantent en p ép in iè re, 8c
leurs produits l’ emportent b ientôt fur les plançons.
Je les préfère donc. • • ' ' ' ' . . >
A cet effet, dans un en c lo s , pour les garantir de
la dent des beftiaux , on labourera ou même défoncera,
l’ é té p réc éd en t, un efpàce luffilant p o -r
le nombre de boutures qü’on fe propofe de fa ir e ,
eti calculant fur quinze à dix-huit pouces de diftance
)es unes des autres. Les b o u tu fe s , coupées avec
un talon 6c en te r ré e s , y feront placées au printemps,
au moyen d’un p lan to ir , ou mieux dans
des rigoles de fix pouces de largeur 6c de profondeur.
Peu de ces boutures manquent lorlque le
terrain eft bon & l’ année humide. On bine deux
fois la première ann ée, 6c une feule les autres.
Jamais la ferpette ne doit toucher aux branches,
à moins .que le bourgeon qui doit continuer le
tronc n’ait péri , auquel cas , ou on en difpof^ un
autre, en fupprimanc fes voifiris, ou on técèpe le
pied pour lui faire poufier de nouveaux je t s ,
qu’on réduit à un l’année fui vante. V o y e ^ Pé p i nière.
On peut commencer à lever des p e u p lie r s d’ Ita
lie dès la troifième année , dans une pépinière
bien c o n d u ite , pour les mettre en p la c e , &
il n’en doit plus relier à la fixième , quoique
cette efpèce ne craigne pas d ’être tranfpiantee à
douze ou quinze an s , parce que les jeunes reprennent
8c profitent mieux , & qu’ il y a peu
de bénéfice à vendre les vieux.
Le p eu p lie r du Canada eft l’arbre par e x ce llence
pour les plantations faites dans la vue de
l’utilité, parce qu’il croît plus rapidement qu'aucun
autre, 6c que fon bois eft plus dur. C ’eft donc Jui
qu’on doit préférer lorfqu’on veut faire des plantations
en grand dans les' terrains humides, qu’on
veut garnir d ’une ceinture le bord des étangs,
couvrir la furface des marais à moitié defféchés.
Tout terrain, pourvu qu’ il ne foit pas trop fec ou
trop argileux , lui convient. Sa hauteur fuipaflè
celle des autres efpèces. Le feul reproche qu'on
peut lui fa ire , eft que fa greffeur eft moindre au'
même â g e , ce qui fait qu’il eft quelquefois cafte
par les vents lorfqu’ il eft ifo lé . J’ai la fatisfaéfion
d’avoir concouru à le multiplier en France par
l’immenfe quantité de boutures que j’ ai diftribuéès
de tous côtés pendant que j’étois à la tête des pépinières
de Verfa illes. Il n’eft pas d’un afpeét
aullî pittorefque que le p eu p lie r b lan c , & il n’orne
pas autant que le p e u p lie r de Virginie , reflem-
bje j à s’ y méprendre, a u p eu p lie r noir ; mais i!
n’en trouve pas moins bien fa place dans les jardins
p a yfa g ers, où il eft en ce. moment prodigué.
Nous ne poflédons que la femelle de c e p e u p lie r ;
en conséquence, comme le p ré c éd en t, il né fe
multiplie que de boutures ,. le plus louvent faites
avec les pouffes de l’année p ré c éd en te , 6c traitées
comme il a été dit plus h a u t , ex cepté que ,
Te cultivant principalement pour fon bois , il
eft bon de lui faire un tronc dégarni de branches ,
& qu’ aiiifi on le taille en crochet dans les pépinières
, 6 c on l’élague au moment de le planter,
ainfi que quelques années après fa plantation j
mais, dans c e dernier c a s , avec modération.
Je doiso b fe rve r que le plant d ç "deux ans de ce
p e u p lie r eft toujours courbé à fon pied , c e qui
le tait reconnoïtre de loin clans les pépinières.
C e tte courbure difparoft avec l'â ge .
Le p e u p lie r de la baie d’Hudfon relïeir.ble beaucoup
au précédent 6c au p eu p lie r n o ir , mais il eft
diftinéh Je ne connois pas encore les quaTtes
de fon bois , que je crois cependant ég a le s , fi ce
n’eft fupérieures , à celies des autres. Des qus je
l’ ai con n u , je l’ ai multiplié le plus que j’ ai pu dans
les pépinières de V e r fa ille s , 8c j’en ai diliribue
des boutures à tous v en an s , ce qui l’ a répandu i
mais c o n in e il fe confond avec plufieurs au tre s,
j ’ignore s’ il y en a de gros pieds aux environs
id e Paris ou a ileu r s. Il fe diftingue extrêmement
de tous autres par fa manière de croître pendant
les deux 6c trois premières années de la v i e ,
fes rameaux inférieurs étant alors rigoureufemtnt
parallèles au f o l , difpofition qui difparolt avec
les progrès de l'â ge .
Le p e u p lie r de V irg in ie , appelé p e u p l ie r fu 'J J e 9
je ne fais pourquoi , reffemble encore beaucoup
au p e u p lie r du Canada : feulement fes feuilles font
plus g rand es, plus en coe u r > fes bourgeons plus
anguleux 6c fes branches plus écartées du troue.
II eft perpétuellement confondu avec ce de rn ie r ,
6c porte fon nom dans le bel ouvrage de Michaux
fils fur les arbres de l’ Amérique feptentrionale.
Nous n’ avons que le mâle. Il s’élèv e moins , mais
groflit davantage que lu i , & doir être préféré pour
les avenues d’ agrement 6c fo rn a n en t des jaroi: s
payfagers. Son bois paroît inférieur au fieu en qualité
, 6c fa croiflance eft moins rapide ,ce qui doit l’ e -
loigner des plantations faites dans le but d’en profiter.
A jo u te z à ce la ,que la vafle étendue de 1a cime
6 c la largeur de fes feuilles donnent plus de prife au
vent & caufent fréquemment la rupture de fis
branches.
Le p eu p lie r du Maryland eft r : r e dans les pépinières.
J’en ai vu un très-gros pied au Jardin du
Muféurn, lequel m’a. fourni des boutures plantées
dans les pépinières de Verfailles , mais que leur
reffrmblance avec celles de l 'efp èce précédente
a fait mélanger & difparoïtte.
Le p eu p lie r de Caroline craint les gelées du
climat de Paris. La grande largeur de fes feuilles
& fa forte a n g u la r ité de fes bourgeons le font r s -