
ARBRES.
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annuelle
prife fur
la circonférence.
mi i l'un erres.
Plane................................................. i 5
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76
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27
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§ . I I. De la pefanteur fpécifique des bois.
On entend par pefanteur fpécifique des bois, la
comparaifon dé leur poids à leur volume , ou le
rapport de leur poids fous un même volume.
La pefanteur dans les bois eft en général confi-
déi ;e comme une qualité importante. On attribue
aux bois les plus pefans plus, de force & de durée
dans les conftrusions 3 la faculté de recevoir un
poli plus brillant dans les ouvrages délicats 3 celle
de donner par la combuftion une chaleur plus in-
tenfe & plus durable, & de produire un charbon
de meilleure qualité. Cette règle, vraie en général
, n’ eft pourtant point fans exception 5 car il
y a des bois plus lourds qui n’ont pas la même force
de réfiftance que des bois moins pefans, & l’ on
fait d’après les expériences de M. Hartig, que
l’ordre de la pefanteur des bois ne règle pas toujours
celui de leurs qualités pour le chauffage.
Quoi qu^il en foit, le principe eft fondé, & les
exceptions ne le détruifent pas.
Quant aux caufes qui influent fur la pefanteur
des bois & qui produifent les différences qu’on
remarque à cet égard entre les bois de même ef-
p è c e , elles font très-variées. Ce font le climat,
la nature, la fituation & l’expofition du terrain,
l ’état libre ou ferré dans lequel les arbres croif-
fent, le degré de deflechément ou d’humidité de
ces bois, la partie de l’arbre où le bois eft pris,
l ’âge & l’état de vigueur ou de dépériflement de
l’arbre, la faifon à laquelle il eft abattu, l’état
de l’atqiofphère au moment où Ton fait ufage du
bois, fkc, &rc. En effet., les arbres crûs dans les
pays chauds, dans les terrains fecs, dans les fi:
tuations.aérées, & ceux qui font arrivés au maxi*
mum de leur accroiffement, produifent généralement
un bois plus denfe & plus pefant que celui
des arbres qui fe trouvent dans des circonflances
oppofées.
Les chênes de Provence & d’Ëfpagne, pefés
par Duhamel, fe font trouvés plus lourds que
leurs analogues dans l'intérieur de la France. On
fait d’ailleurs que dans les arbres fains & vigou-
reux, le bois eft plus pefant au coeur qu’à la circonférences
qu’ il eft aufli plus pefant près des
racines qu’au fommet de l’ arbre, par la raifon
qu’ il y eft plus âgé ; qu’ enfin le bois du corps de
l’arbre pèfe plus que celui des branches , parla
même raifon. Ce font des vérités démontrées pat
les belles expériences de Duhamel, de Buffon, de
Muffembrotk & de- Hartig. Mais lorfque l’arbre
eft fur le retour, lorfque le coeur commence à fe
gâter,1 à fe corrompre, le_bois eft plus pefant à la
circonférence qu’au centre, parce qu’en fe gâtant,
en fe pourriffant, une partie de la matière propre
s’évapore, fans pourtant que fon volume éprouve
de diminution.
Toutes ces caufes rendent les expériences comparatives
fur la pefanteur des bois bien incertaines/
Aufli rien de plus difficile que de tirer de
toutes celles qui ont été faites, des données! fatii-
faifantes.
Nous avons publié, en 181 y , un Mémoire dans
lequel nous avons analyfé & comparé ces expériences.
Nous avons fouvent trouvé des différences
confidérables entre les réfultats préfentés par
un auteur & ceux d’ un autre. Mais comme nous
avons réuni un très-grand nombre d’expériences
& que nous avons pris la moyenne proportionnelle
de leurs réfultats, lesNdifférences du fort au
foible fe font en quelque forte compenfées.
Voici l’extrait de ce Mémoire.
1°. Des auteurs qui fe font occupés de conjlater lu
pefanteur fpécifique des bois.
Plufîeiirs phyficiens français & étrangers, parmi I
Iefquels font Duhamel, Buffon, Muflembrock, I
Cofligny, Varenne de Fenilie, Haffenfratz, Har-1
tig & Werneck, fe font occupés de ces fortes de I
recherches.
L’ un d’eux, M. Haffenfratz,' a réuni dans uni
tableau de fon Traité de VArt du charpentier, les I
réfultats obtenus par lui & par Tes prédéceffeurs. I
Il a réduit les poids & mefures employés par eux
en milliftères & en grammes. J’ai cru devoir m’é-
carter de cet exemple, parce que je fuis perfuade I
que la maffe de chiffres que néceffite le fyftème I
décimal nuit à la clarté, & que, quand il s’agit de I
préfenter une grande quantité de calculs compa-1
ratifs, il faut employer le moins de chiffres pof* I
fible. C ’eft encore par cette raifon que j’ai ']e; I
icligé dans les trois premières colonnes de mon
tableau les fractions au-deffous de l’once. J’ai réduit
en poids & mefures de France les calculs de
M. Hartig, qui font préfentés dans fon ouvrage
îen poids de Francfort & en mefures du Rhin.
| 2°. Des méthodes employées pour déterminer la
pefanteur des bois.
K Diverfes méthodes ont été employées pour dé-
jterminer la pefanteur des bois. L’une, celle de
M. Muflembrock, confifte à enduire je bois d’une
légère couche de réfine qui le rend imperméable
à l’eau, à pefer enfuite le bois dans l’air, puis
•dans l’eau : la perte de poids qu’ il éprouve dans
cette fécondé opération eft exa&ement le poids
ïd’un volume d’ eau déplacé égal au volume du
{corps fubmergé, & par la ^pmparaifon du poids
d’un même volume de bois & d’eau , c’eft-à-dire,
:du bois pefé dans l’air & de fa perte de poids
dans l’eau, on conclut fa denfité ou fa pefanteur
Ifpécifique ; la denfité des bois comparée donne leur
Rapport de pefanteur. ( Voye^ le Traité de l 'Art
•du Charpentier par M. Haffenfratz. ) Cette méthode
a été aufli employée quelquefois par Du-
tnmel. ( Voye[ fes Expériences hydroftatiques y
{Exploitation des Bois , liv. I I I , page 346.)
B La fécondé méthode, plus fimple & plus facile,
jconfifte à couper & équarrir un morceau de bois ,
jde manière à lui donner un volume déterminé}
ionnoiffant le volume d’une part, & le poids de
J’autre, on peut comparer la pefanteur de tous
les bois9 en les rapportant à un feul même
qvolume. C ’eft la méthode que Duhamel a le plus
généralement employée, ainfi que Buffon, Cof-
figny, Varenne de Fenilie & Hartig.
K Une troilïème méthode a été employée en
grand par Hartig pour déterminer la pefanteur
d’une corde de bois. Elle confifte à mefurer une
jborde de bois, à la pefer dans l’air, à plonger les
•bûches dans un grand vafe à moitié plein d’eau,
dont la capacité foit connue , & à les retirer auffi-
|ôt que l’eau a atteint les bords du vafe. On remplace
l’eau qui a été enlevée en forçant le bois,
& on continue l’opération jufqü’ à ce qu’on ait
mefuré toute la corde. Par ce moyen on connoît
la folidité ou la cubature des bois qu’on a plongés
dans l’eau ; & comme on en connoît aufli le poids
par la pefée qui en a été faite dans l’air, on détermine
facilement la pefanteur par pied cube &
‘telle de la corde. Cette opération fe fait en petit
comme en grand.
H Chacune de ces méthodes a fes avantages & fes
înconvéniens, ainfi que l’obferve M. Haffenfratz.
La première méthode permet de faire ufage des
bois fous quelque forme qu’ils fe préfentent ; mais
la néceflité doter à l’eau tout moyen de pénétrer
dans le bois t oblige de donner à la couche de ré-
B n e une épaifleur qui porte quelques différences
dans les réfultats-
ï DiH. des Arbres & Arbujles.
La fécondé préfente l’avantage de comparer
enfemble des poids de volume femblable, ou qui
peuvent y être ramenés par un calcul fimple &
facile; mais elle exige aufli que les bois foienc
réduits dans des dimenfions parfaitement exactes :
la plus-légère différence donne des variations en
plus ou en moins, qui font quelquefois très-con-
fidérables, furtout fi les échantillons font très-
petits.
Le troilïème procédé donne, comme le premier,
la facilité d ’employer des bois de toutes
fortes de formes; mais comme rien ne s’oppofe à
l’inrrodu&ion de l’eau dans les vaifleaux des bois ,
il en réfulte que le déplacement de l’eau opéré
par l’immerfion des morceaux de bois, ne donne
pas exa&ement la cubature de ces morceaux, &
que la différence en moins eft d’autant plus forte »
que le bois eft plus poreux, ou que fon féjour
dans l’eau eft plus prolongé. Cependant, je crois
que cette dernière méthode eft encore celle M o n
doit préférer, d’autant qu’ elle peut fervir a des
pièces d’une forte dimenfion, & qu’elle évite le
travail de l’équarriflage employé dans la fécondé
méthode, & l’enduit réfineux de la première.
J’ai réuni dans le tableau fuivant les réfultats
obtenus par les divers obfervateurs que je viens le
citer. On y voit des différences aftez remaf^ua-
bles, & cela n’eft pas étonnant quand on réfléchit
à la différence des procédés employés, & aux caufes
fi nombreufes qui influent fur la pefanteur des
bois de même efpèce. .
30. Des différences dans les réfultats obtenus par
divers auteurs , & de leurs caufes.
Indépendamment des caufes ci-deffus, qui ont
dû apporter des différences dans les réfultats que
j’ ai comparés, il ën exifte encore dans l’état où
fe trouvoient les bois fur Iefquels les expériences
ont été faites.
Duhamel obferve que les bois qu’ il a pefés dans
l’ arfenal de Marfeille, & qu’ il a regardés comme
verts, avoient été abattus depuis quelques mois;
qu’il ne pouvoir par conféquent connoître la quantité
de fève qu’ils avoient perdue ; que d’un autre
c ô té , il les a pefés une fécondé fois, un an après,
pour déterminer leur poids comme bois fecs ,
mais qu’ à cette époque ils n’avoient pas encore
tous atteint le degré de deflechement convenable;
qu’enfin il n’a pas toujours été poffible de
prendre le bois vert & le bois fec dans la même
qfièce-', & que tout ce qu’on a pu faire a été de
choifir dans l’ arfenal des bois qui ont paru être de
même qualité. Toutes ces circonftances ont dû
influer fur l’exa&itude des réfultats qu’ il a préfentés.
Les expériences faites par Cofligny ont eu lieu
fur des bois qui avoient déjà fervi à la conftruc-
tion des vaifleaux, & qui étoient extrêmement
fe c s , ou fur des bois de l’I le -d e -F ran ce ; ce
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