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plus de deux pieds de diamètre à fa bafe, qui eft
toujours conique (i) .
Le bois du nyjfa aquatique eft très-blanc &
très-tendre ; celui de fes racines eft encore plus
blanc & plus léger.' J'en ai rapporté quelques
tronçons pour garnir mes boîtes à infedfces , ce
à quoi il eft plus propre que le liège , en ce
-que fa confiftance eft uniforme; du refteil abforbe
trop l’eau pour être employé à boucher les bouteilles
, même à faire des allèges aux filets des
pêcheurs : aufli pourrit-il avec la plus grande
rapidité ; aufti tons les troncs qui ne s’emploient
pas à faire des fébiles pour les nègres, font-ils
brûlés ou abandonnés fur place.
Les o u ïs , les écureuils, les perroquets, les
pigeons , la grive émigrante & autres animaux
mangent fes fruits , qui font folitaires , violets &
de la grofieur du petit doigt. Leur faveur eft
fade.
fl y a déjà long-temps que le tupélo a été femé
avec fuccès dans nos jardins. J’en ai eu , en belle
venue, plufieurs centaines de pieds fous ma direction,
provenant de graines envoyées par Michaux,
dans les pépinières de Verfailles j'mais faute
d’avoir été plantés en lieux convenables , au fonir
de ces pépinières , ils font tous morts. Je n’en
conr ois que quelques pieds rabougris & difficiles à
reconnoître dans les jardins des environs de Paris ;
au refte , je fuis convaincu que cet arbre ne peut
pas profpérer dans ce climat, devant toujours être
dans l’eau > aufli eft-ce dans le midi de la France ,
err Efpagne & en Italie, que je confeille de le
cultiver exclufivement.
Le nyjfa des bois croît dans le milieu le
midi de l’Amérique feptemrionale , aux lieux
humides & ombragés , mais non fubmergés. La
bafe de fon tronc eft pyramidale, & fes racines
pouffent des nodofités analogues à celles du cyprès
diftique. Il s’élève plus haut que le précédent,
( i) L ’ augmenration de grofîsur du pied des arbres aquatiques
, à bois mou , eft certainement du à la plus grande
diftenfîoa de leur écorce produite par Peau , diftenfion
qui favorife une plus grande formation de cambium , a in fi
que je l’ai fréquemment conftaré, non-fciilement dans
l'arbre qui fait l'objet de cet article , mais encore dans
le cyprès diftique, dans le gordon à feuilles glabres, ôcc.
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& fon bois eft beaucoup plus dur. Il peut i
raifon de cette circotiftance, & de ce qu’il fe
fend très-difficilement, être employé à faire des
moyeux de roues , des formes de chapeaux, des
arbres de moulins, &c. Sis fruits font de la grof.
feur & de la forme d’un grain de café, de couleur
noire, & portés, deux par deux, à l’extrémité
de longs pédoncules axillaires. Les animaux précités
les mangent également.
J’ai femé des tonneaux de ces graines, envoyées
par Michaux père & fils * dans les pépinières
de Verfailles , & elles y ont fort bien
levé ; mais, faute d’avoir placé les pieds qu’elles
ont produits dans un terrain convenable, il s'en
eft fort peu confervé, & ceux qui reftent dans
le jardin du Petit-Trianon , à la Malmaifon, &c.,
font grêles & ne donnent point de graines. Sa
multiplication par marcottes , qui s’exécute dans
les jardins des pépiniériftes, ne fournit pas de
beaux pieds, de forte que cet arbre n’ eft jamais
parvenu ici à la beauté dont je l’ ai vu en Amérique
; au refte, il ne craint pas les gelées du climat
oe Paris.
Le nyjfa biflore fe rapproche infiniment du
précédent , & eft généralement confondu avec
lui. Ses feuilles font feulement plus courtes,
plus arrondies, plus coriaces, & fes fruits plus
petits & plus noirs. Michaux fils l’a figuré fous le
nom de nyjfa aquatique. Tout ce'que j’ai dit du
précédent lui convient entièrement.
Le nyjfa ogeché ne s’élève pas autant que les
précédens. Ses fruits font aufli gros que ceux delà
première efpèce & également folitaires ; les fleurs
mâles font feules difpofées en tête. Ils font rougeâtres
& ont un goût acide affez agréable > aii.fi
que j’ ai pu le conftaier en Amérique, où j’en
ai eu plufieurs pieds à ma difpofition. Ceux qui ont
été introduits en France ne s’y font pas con-
fervés ; du moins je ne connois, aujourd’hui fub-
fiftant, aucun des pieds que j’ai vus jeunes dansks
jardins de Verfailles & de Paris.
D ’après ce q u e ie viens d’obferver, ces arbres
ne pourront être naturalifés en Europe qu’au*
tant qu’on commencera à les multiplier dans les
pays chauds & dans les lieux très-marécageux,
& n'y feront jamais que d’une utilité très-leçon-
daire*
O
O E lL ÉVENTÉ. Synonyme d'CEiL étetnt .
OEILLETONS. Ce nom s’applique affez généralement
aux poulies qui forrent du collet des
racines des plantes vivaces & bilannuelles, à la
fin de l’automne , & qui s’emploient , en les
fép3rant de leur fouche, pour multiplier l’ef-
pèce. On les Appelle aufli Filets.
C’eft principalement l’artichaut que les jardiniers
multiplient par oeilletons , parce qu’il perd
fa principale racine après la floraison de fa tige,
& , qu'avant de mourir, elle pouffe des yeux
(boutons), qui eux-mêmes pouffent de nouvelles
racines avant l’hiver.
Dans cette plante , les oeilletons fe réparent
au printemps, foit en arrachant la touffe & en
les en tirant en dehors avec la main, foit en
les laiffant en place, au moyen d’une ferpette
qui les cerne. Ils fe mettent de fuite en place.
Yoyt\ Artichaut.
Les plantes vivaces à fleurs, comme les af-
tères & les renoncules, fourniffent fouvent une
îmmenfe quantité d’oeilletons, qu’ on emploie également
à leur multiplication ; mais comme on
gagne du temps à divifer leurs touffes, foit avec
la bêche, foie avec les mains, on dit qu’on les
reproduit par la divifion ou le déchirement des
vieux pieds, & alors on les appelle Accrus,
Rejetons.
Ces derniers mots s’appliquent également aux
arbres & arbuftes.
OLIVETTE. Terrain planté en Oliviers.
Voyeç ce mot.
OLIVIER. Olea. Genre de plantes de la dian-
drie monogynie & de la famiile des jafminées,
qui raffemble dix-fept efpèces, dont une eft
l’objet d’une culture de premièré importance
dans nos départemens des bords de là Méditerranée
& autres parties méridionales de l’Europe ,
a raifon de fes fruits , qui fourniffent une excellente
huile à manger , à brûler , à faire du favon ,
& dont neuf autres fe voient dans nos orangeries.
Efpeces,
i. L’Olivier commun.
Olea europ&a. Linn. b De l’Afie mineure.
2. L'Olivier à feuilles obtufes.
Olea obtujifolia. Lam. b De ITle-Bourbon.
3- L’Olivier d’Amérique.
Olea americana. Lina. T} De l'Amérique fep-
tentrionale.
4. L'Olivier odorant.
Olea fragrans. Thunb. b Du Japon.
y. L’Olivier chryfophvlle.
Olea chryfophylla. Lam. b De l’J le-Bourbon.
6. L’Olivier à feuilles en lance.
Olea lancea. Lam. b De l'Ile-de-France.
7. L’Olivier à feuilles de laurier.
Olea laurifalia. Lam. b . Du Cap de Bonne-
Efpérance.
8. L’Olivier du Cap.
Olea capenjis. Linn. b Du Cap de Bonne-
Efpérance.
9. L’Olivier ondulé.
Olea undu/ata, Willd. b Du Cap de Bonne*
Efpérance.
10. L’Olivier échancré.
Olea emarginata. Lam. b De Madagafcar.
1 j| L’Olivier à fleurs pendantes.
Olea cernua. Vahl. b De Madagafcar.
12. L’Olivier élevé.
Olea excelfa. Vahl. b De Madère.
13. L’Olivier apétale.
Oleaapetala. Vahl. b De la Nouvelle-Zélande.
14. L’Olivier à petits fruits.
Olea microcarpa. Vahl. b De la Cochinchine»
15. L’Olivier raboteux.
Olea exafperata. Jacq. b Du Cap de Bonne*
Efpérance.
16. L’Olivier paniculé.
Olea paniculata. Brown, b De la Nouvelle-
Hollande.
17. L’O livier à feuilles de faule.
Olea falicifolia. Dumont-Courfet. b Du Cap
de Bonne-Efpérance.
Je vais d’ abord parler de la culture des oliviers
dans le climat de Paris, où tous exigent l’orangerie
pendant l’hiver, à raifon de ce que fon expofé
fera tiès-courc, & que celui de celle de \’olivier
d’Europe, dans le midi de la Fiance, fera, comparativement,
fort long.
Les efpèces des nos. 1, 3, 4 ,8 , 9 , 12 , 13 , 1 y
& 17 font celles qui fe voient dans nos oranre-
ries. Parmi elles , la feule qui foit de quelqu’in-
térêt pour ceux qui ne font pas botaniftes, à raifon
de l’excellente odeur de fes fleurs &r de l’ u-
fage qu’on en fait à la Chine & au Japon pour
exalter l’arôme du th é , eft l’olivier odorant.
On dit que les fruits de la dixième fe mangent
dans fon pays natal.
Aucune n’en donne dans nos orangeries.
La culture de ces plantes fe borne à leur donner
de la nouvelle terre tous les ans, en automne.,
de les arroftr au befoin, de les rentrer & fortir
de l’orangerie en temps opportun, & de les multiplier.
La multiplication de ces efpèces n’a guère lieu