
talion, le piétinement des hommes qui fréquentent
la coupe, & l’extra&ion hors de la forêt des
bois coupés, fervent à enterrer ces femences fous
les feuilles & la moufle, où elles lèvent fouvent
mieux que dans une culture entière. On favorife
encore ce moyen de repeuplement, en faifant arracher
, avant [’exploitation, les plantes inutiles, telles
que le houx, le genêt, la bruyère & les ronces>
ou en introduifant des porcs dans cette coupe,
pour en préparer la terre. Les bons effets de la
méthode que nous rappelons, font atteftés par
tous ceux qui la pratiquent. C ’eft une culture ef-
fentiellement foreftière, puifqu’elle n’exige que
des moyens Amples & peu difpendieux, que
des reffources qui fe trouvent fur les lie u x , &
que la nature elle-même la réclame & en allure
le fuceès.
§. 6. De la nêctjfttê d'opérer promptement la vidange
des coupes.
de ne point laifler féjourner fur les coupes les
bois abattus, de les enlever, foit àTinftant même
pour les dépofer dans les chemins & les endroits
vides, foit pendant l’hiver même de Vexploitation,
& par un temps de neige autant que poffible, &
de ne jamais attendre la fin de mai pour faire cette
extraction, parce que, dit-il, les jeunes pouffes
étant très-tendres & remplies de moelle, feroient
facilement rompues par le pafîage des bois coupés.
Ainfi, & à moins de circonftances extraordinaires
, la vidange fe fait avant la repouffe des
taillis} & quant aux futaies exploitées par éclaircie,
elle s’exécute à l’ inftant même & avant le développement
des jeunes plants. ( Voye% ce que nous
avons déjà dit à cet égard au mot Amenagement.)
Cette pratique eft excellente, & fon exécution
éprouve d’autant moins de difficulté en Allemagne,
que très- ordinairement ce font les officiers foreftiers
qui font chargés des coupes &c de la vente des
bois exploités.
Il eft de la plus grande importance de ne
point laifler trop long-temps dans les coupes, le
bois abattu & gifantj il empêcheroit une partie
des nouveaux jets de pouiîer j & le paffage des
hommes, des beftiaux & des charrettes nuiroit
infenfiblementà ceux qui feroient nés. Sous ces deux
rapports, il eft effentiel que la vidange fe faffe
peu de temps après la coupe} mais il eft impoflible
de fixer d’ une manière générale l’ époque à laquelle
les coupes doivent être vidées. Cette époque doit
varier fuivant l’étendue des coupes, la rareté des
ouvriers, la difficulté des débouchés & des moyens
de tranfport} aufli les anciennes ordonnances
ont-elles laifle à l’arbitraire des officiers fupérieurs
des eaux & forêts le pouvoir de fixer aux adjudicataires
le temps de la vidange (ordonnance de
François Ie*. du mois de mars i ç i6, art. 8. — Ord.
de 1669', titre X V , art. 40)} mais elles défendent
à ces officiers d’accorder aucune prorogation du
délai fixé par le cahier des charges. ( Ord. de Charles
I X , de I 576, art. 385 de Charles V I , en mars
1388, art. 38, & en feptembre 1402} de François 2cr.
en 1515, nrt. 53 de Louis X IV , en 1669, fit. JLVt
art. 40. ( Dralet, Régime forejlier. )
C ’eft dans l’efprit de ces lois que l ’adminif-
tration indique d’une manière générale le 15 fep-
tembre de l’ année qui fuit l’adjudication , pour le
terme auquel doivent être faites la traite & la
vidange des taillis au-deffous de 25 ans, & celui
du 15 avril fuivant, pour les autres} mais l’admi-
niftration autorife les confervateurs à fixer d’autres
délais, par une claufe particulière du cahier des
charges, dans les endroits où le commerce du fa-
bottage & des cerclés, ou d’autres circonftances
locales, en font fentir la néceflité. .{[Ibid.)
Les délais que l’on accorde en Allemagne pour
Ja vidange des coupes font bien moins longs
q^e ceux-là. M, Hartig recommande expreffément
C hap. 'V. — De l'exploitation de plufieurs efpèces
de taillis en particulier. — Observations importantes
fur cet objet.
La plupart des taillis font compofés d’effences
mélangées, mais dons l’une domine ordinairement
affez pour être prife en confidération lorsqu’il
-s’agit de déterminer l’âge de l’aménagement & le
mode d'exploitation.
M. Hartig, dont nous allons traduire les principes
à l’égard des taillis de chêne, de hêtre^&
d’eflences mélangées, nous a déjà dit que l’on
ne pouvoit gdère compter fur un bon repeuplement
par la voie des femis naturels, qu’autant
que les arbres réfervés fur la coupe des taillis feroient
de la nature de ceux dont les graines légères
fe répandent facilement, & qu’ à 1 égard des autres,
tels que le chêne, le hêtre, ils procuroient rarement
un repeuplement complet dans les taillis,
parce que leurs femences tomboient direélement
fous l’arbre. Il ne confeille donc de réferver des
baliveaux de ces effences que dans la vue de procurer
de l’ombre au jeune recru, & il veut qu’on
■ les abatte lorfqu’ils offufquent ce recru. Nous verrons
qu’il n’ eft pas non plus très-pàrtifan des baliveaux
qu’on laifle croître pour en obtenir des
bois de conftru&ion.
1°. Des taillis de chêne.
Le chêne , qui occupe le premier rang parmi
es bois propres à croître en maffif de futaie, eu
mcore l’efpècé dç bois qui réuflit le mieux en
aillis. On peut ^exploiter pendant des fiècles,
ans: avoir à, craindre le^dépériflemènt des fouches
ii l’affoibliflement de la repouffe. Les rejets
,’élevent avec rapidité, & fi Y exploitation n elt
>as trop rapprochée, on obtient des produits
:rès-impprtans en bois de chauffage d'excellente
qualité,
lité en cercles, en douves, en bois de charbonnage,
en charbon, en écorce, & même fous i
lé rapport du panage dans les années qui précèdent
a coupe. Les âges les plus avantageux pour 1 ex-
\lStation de cette efpèce de bois dans les bons
fonds font depuis 30 jufqu’à 60 ans. On ne nfque
rien dé laifler un très-grand nombre .de baliveaux
fur de femblables taillis, parce que les brins y ont
beaucoup d’élévation & peu d’ampleur de tête-..
M. Hartig confeille d’en biffer de 80 jufqu’ à 100
par he&arej mais il veut qu’ on les abatte lors de la-
coupe fuivante, pour qu’ils n’offufquent point le
taillis, & qu’on.en réferve un pareil nombre. Il
elt certain que,lorfqu’ on n’a pas befoin de forts bois
de conftruétion , la coupe de la totalité de ces baliveaux,
à chaque exploitation , eft une bonne me-
furej mais il elt indilpenfable d’en conferver quelques
uns dans les localités, où il eft néceffaire
d’avoir de belles pièces de charpente.
Si on exploite cette effence en faifon convenable
& avec lés foins requis, on peut compter que les mêmes fouches repoufferont pendant 150 ans &
plus, & fourniront un bon taillis. Mais iorfque les
fouches font épuifées, il faut rajeunir la forêt par
des femis ou plantations, à moins que les arbres réfervés
ne répandent allez de glands pour opérer
un repeuplement naturel. Voye^^pour le furplus
de\‘exploitation de cette effence, l’article C hêne.
2°. Des taillis de hêtre.
Le hêtre ne repouffe pas aufli longtemps de
fauché que je chêne. Ordinairement l’écorce de
cetarbre devient fi dure à 44 01150 ans, que lesbour-
geons ne peuvent plus la pénétrer, & on voit à
[ cet âge une grande quantité de fouches qui ne
ï donnent plus de rejets. C ’eft donc un motif d a-
; ménageries taillis de hêtre à un âge qui ne,dépaf-
1 fera pas 40 à 45 ans. Mais quand le taillis fe dégarnit
& qu’on ne peut pas compter fur les fouches pour
affurér la reproduction, M. Hartig confeille de
J favorifer le réenfemencement naturel par l’établif-
[ feuient d’une coupe fombre, comme pour les futaies
s de cette effence} puis on abat ces arbres comme
il a été dit en parlant des coupes par éclaircies,
[ & fi on le juge à propos, on continue par la fuite
ï à exploiter en taillis la forêt qu’on eft ainfi par-
I venu à rajeunir.
Du refte on doit laifler à chaque exploitation les
mêmes réferves que dans les taillis de chêne, tant
pour procurer de l’omhre à la coupe, que pour y
I répandre des femences.
L’expérience apprend que les taillis de hêtre
s’éclairciffent de plus en plus à chaque exploitation
t & qu’à 90 ans les fouches ne produi-
fent qu’un foible recru : il n’eft donc pas avantageux
nière fuivante : fi le bois provient de femences,
il faut le couper comme taillis à 30 ans, & réferver
de 80 à 100 baliveaux par heêtare, choifis parmi
les plus forts brins} 30 ans après, on éclaicit ce
taillis, en y référvant jufqu’a 2000 beaux brins par
heétare} enfin, 30 ans encore après, on procède
à la coupe de réenfemencement d’apres les règles
que nous avons indiquées} puis on reprend 1
ploitation en taillis aux révolutions fuivantes. De
cette manière on obtiendra, de 30 en 30 ans, des
produits confidérabies, & en général beaucoup
alus de bois que fi on eût fuivi fans interruption
* exploitation en taillis. D’ un autre coté, la foret
a’eft point expofée à fe dégarnir de l’eflence de
hêtre, & à fe convertir petit à petit en bois blancs,
comme cela arrive toujours dans d’autres cas.
de continuer fans interruption la coupe
f des hêtres en taillis} il eft bien plus utile, pour affûter
la durée de la fo rê t, de procéder de la ma-
Diôt. des Arbres & Arbufies.
Mais lorfqu’ une forêt de hêtre eft trop de-
garnie pour qu’on puiffe en efpérer le repeuplement
par l’enfemencement naturel, il faut en changer
la nature & y introduire d’autres efpèces de bois
propres à l'exploitation en taillis. Pour cet effet on
y répandra , peu de temps avant l'exploitation , des
femences de bouleau, d’orme, de frêne, de charme,
& c . , fuivant la nature du fol , & on doit même y
repiquer des glands dans l’automne. Le travail de
l’exploitation fuffira pour enterrer les autres femences
fous les feuilles & la moufle.
M. Hartig fait deux autres obfervations fur les
taillis de hêtre : il a remarqué que ce bois repouf-
foit mieux de fouche dans les terrains maigres que
dansïes bons terrains} ce qu’il attribue à la fura-
bondance de la fève qui noie les yeux cachés fous
l’écorce & deftinés à la reproduction j & il.a ob-
fervé, ainfi que cela eft conforme à l’expérience,
que beaucoup de fouches ne repoufloient ^que la
deuxième année de l'exploitation. Voye[ l’article
Hêtre.
30. Des taillis de charme, de bouleau , d'érable, de
frêne & (Corme.
Les taillis de ces efpèces de bois, foit pures, foit
mélangées , font très-produCtifs, & occupent le
premier rang après ceux de chêne. Ils repouflent
parfaitement de fouches, lorfqu’on les exploite
convenablement, produifent d’excellent bois de
chiuffage, & fe conferventen bon é ta t, parce que
leurs femences fe répandent facilement ftir toute
L’ étendue des coupes, & donnent naiffance à une
quantité de plants qui remplacent les fouches
à mefure qu’elles périffent. Il faut fuivre, pour Y exploitation
de ces fortes de taillis, les règles qu’on
vient de rappeler dans les paragraphes précédents,
& lors du.martelage des baliveaux deftinés
à procurer des femences & de l’ombre à la coupe ,
choifir les efpèces les plus précieufes comme bois
d’oeuvre, comme aufli les brins les plus forts, les
plus propres à donner de la femence , & les moins
fuiets à fe rompre fous le poids des neiges 8c des
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