
Les connoiflances d’hiftoire naturelle que nous
venons d ’indiquer font celles que l’ on exige en
Allemagne des (impies gardes, & que la plupart
d’entr’ eux poflèdent jufqu’à un certain degré de
perfection. Elles ne font pas en effet fi difficiles a
acquérir qu'on pourroit fe l’imaginer, car nous
voyons tous les jours de (impies jardiniers qui con-
noiffent les noms botaniques de plufieurs centaines
de plantes, leurs defcriprions, cultures & ufages.
§. y. — D e s c o n n o if f a n c e s n é c e f f a ir e l a u x o f f ic ie r s
f o r e j i ie r s .
Les officiers fupérieurs doivent poffeder des
connoiflances beaucoup plus étendues, ainfi qu on
va le voir par l’expo fé .ci-après des fçiences qui
concourent, dans quelques-unes de leurs parues,
à former la fcience foreftière.
I. I l i f t o i r e n a t u r e l le .
L ’hiftoire naturelle eft la dcfcription des cho-
fes naturelles, c’eft-à-dire, de tous les corps dans
leur état naturel. Cette fcience, la première dans
l'ordre des fciences phyfiques, n’à d’autres bornes
què celles de la nature elle-même. C eft dans
fon vafte domaine que s’exercent tous les genres
c’e connoiflances & d’induftrie. Elle eft nécefîaire
dans différens degrés, fuivant que^ les corps &
les productions qu'il s’agit de connoltre, de favo-
rifer & d’exploiter, font plus ou moins varies.
L’enfemble des objets qui frappent nos fens ,
conftitue l a n a t u r e . Ces objets fe divifent en deux
clafles \ le s c o r p s é lé m e n t a ir e s ou l a m a t iè r e , & l e s
. c o rp s o r g a n if é s .
Ces derniers fe partagent,' à leur tour, en c o rp s
in a n im é s & en c o r p s a n im é s .
Les premiers font les m in é r a u x .
Les corps animés font les p l a n t e s & les a n im a u x .
Enfin, tous les objets v i f ib le s de la nature fe divifent
en trois règnes : le ré g n e m i n é r a l , le ré g n e
a n im a l & le r é g n e v é g é t a l .
Cette divifion eft fuffifante pour 1 objet dont il
s’ agit ic i, quoiqu’elle ait etereconnue defeétueufe
par les naturaliftes, à canfe de la difficulté de tracer
une ligne de démarcation entre chique régné,
t e de clafler plufieurs corps de la nature, comme
l’eau, l’air & la lumière, & d’afligner un règne aux
polypes de mer & aux lythophites, qui femblent
appartenir aux trois règnes. Mais nous devons nous
contentér des divifîons les plus (impies. Dans les
trois règnes de la nature, la matière eft toujours
en 'mouvement5 elle s’agite, ainfi que tous les
corps , dans un cercle continuel de reproduction
& de décompofîtion. Les corps fe forment de la
matière, fuivant les lois qui leur font propres, &
la matière fe reconftitue par la décompofîtion des
corps, fans que la quantité primitive foit jamais
diminuée, bien que les proportions de la matière
organifée & de la matière inorganifée rie foient
pas les mêmes dans tous les temps.
Il n’entre pas dans le plan de cet ouvrage d examiner
les divers élémens de la matière, que les
phyficiens ont découverts & décrits. Il nous fuffit
de remarquer que les plantes & les animaux reçoivent
directement ou indirectement de la matière,
leur nourriture & leur accroiffement, & qu'ils fe
décompofent enfuite par les changémens que l'art
ou la nature opère dans la matière dont ils fe font
nourris & fortifiés. _
Quant aux é lém e n s in v if tb le s - de la matière, ils
n’ ont d'intér êt pour le f o r e f t ie r qu’en ce qu’ils contribuent
à la nourriture des arbres dont l’éducation
& l’exploitation lut font confiées.
L’hiftoire naturelle des forêts, fi elleembraffoit
.a defcription de tous les êtres qu’elle renferme,
feroit immenfe. Mais le f o r e f t ie r doit borner
fes études aux matières & aux productions
dont la connoiflance intéreffe particulièrement
l’économie foreftière.
Nous ne donnerons donc que des explications
générales fur les trois règnes de la nature.
i°. L e r é g n e m in é r a l c o m p r e n d to u te s le s efpecesdt
p ie r r e s & d e m é t a u x .
Quant aux f o f f i l e s , qui font des fubftances am- 1
males ou végétales, altérées par leur fejour dans
la terre, elles forment une claffe particulière j
qu’on peut confidérer auflï comme appartenant au
règne minéral.
Les objets de ce règne les plus importans a con* I
noître par 1 q f o r e f t ie r y font les terres & les pierres
qui forment la couche fupérieure du fol. C eft
dans cette couche de'terre que les femences fe
dépofent, que les racines, fe développent , s appuient
pour foutenir le végétal, & Pourv *ran ’
mettre une partie des fucs néceffaires. a fa nout*
riture. . ,
La nature de la terre & l’aCfion des agens, tels
que l’air, la chaleur i k l’eau , qui la modifient, ont
une grande influence fur la végétation, & ce nelt
qu’en les étudiant que l’on parvient à connoître
les cultures qui conviennent dans les différens cas.
L’argile, la craie, la marne & le fable font les
élémens qui entrent dans la compofition ordinaire
des terres, & c’ eft de leur mélange , plus ou moins
parfait, que dépend la fertilité du terrain.
Il faut qu’ un f o r e f t ie r difbngue ces differentes
terres, coilnoilfe leurs propriétés & les effets de
j leur mélange fur les diverfes efpèces d arbres,
î pour y faire des plantations avec fuccès. 1 La connoiflance des métaux & des combulli-
blés renfermés dans le fein de la terre, lui feroit en-
I core utile, pour apprécier les reffources que les j
j forêts peuvent préfent'er en ce genre.
I Tels font les objets de la m in é r a lo g i e fo re jh t re .
I • 20. L e r é g n e a n im a l comprend tous les animaux,
! dont plufieurs fe'' retirent dans les forêts pour s y
| nourrir & s’y propager. Parmi ceux-ci, il y en
| qu’il eft très-important de connoltre. • .
j On appelle a n im a u x lés corps qui font orga11. j fés d’ après des lois confiantes & immuables, <)
! prennent leur nourriture par la bouche, qul>
illS fouvent, fe propagent par l’accouplement,
ii font ovipares ou vivipares,- qui e roi fient par le
f eloppement des parties toutes formées qui fe
trouvent en eux-mêmes, qui, prefque toujours,
1 la faculté de fe locomouvoir, & qui font
doués d’une fer.fibilké plus ou moins parfaite.
Les animaux qui habitent les forêts , furtoutles
•pfe&cs, font, pour la plupart, nui fi blés à la re-
oroduétion & à la culture des bois 5 nous en exceptons
les oifeaux qui font la guerre aux infectes
0, qui propagent les femences foreftières.
Il faut que le f o r e f t ie r connoiffe ces animaux,
leurs moeurs & leurs habitudes, pour détruire
ceux qui font nuifibles, & protéger ceux qui font
^L’étude des infeCtes nuifibles eft d’une grande
importance pour apporter du remède aux ravages
» qu’ils exercent, ou pour en arrêter les progrès. On
' fait que les forêts réfineufes font particulièrement
[ fujettes à ces caufes de deftruétion* & qu il ar-
| rive fouvent que des étendues confidérables de
bois font ravagées, parce que la caufe du mal n’a
point été connue des f o r e j i i e r s lo c a i ix . V o y e j In-
[ SECTES.
Des connoiflances exaCtes & détaillées fur les
- principaux quadrupèdes, oifeaux & infeCtes qui
[ habitent les forêts, font l’objet de la ço o lo g ie f o -
I reftiére. j '- - ’ /• . • .
[ 30. L e r é g n e v é g é t a l renferme toutes les plan-
1 tes, par conféquent toutes celles qui compofent
I les forêts.
[ On appelle p l a n t e s , tous les corps de la nature
I qui font organifés d’après des lois confiantes, qui
| fe nouniffent par un grand nombre d’organes ,
I qui ont la faculté de fe reproduire, faculté qui ré-
i nie dans lès organes de la fruCfification , qui por-
I tent des femences, qui croillènt d après dés lois
1 fixes, & qui font privés de la faculté de changer
I de place.
I Ainfi la différence qu’il y a entre les végétaux
| & les animaux, eft, en général, très-fenfible. Ce-
I pendant, il y a des animaux qui, fous plufieurs
I rapports, fe rapprochent des plantes, comme il y
I a des plantes qui participent des caractères propres
I aux animaux. On les appelle ^ o o p h it e s , mot qui
I flgnifie a n im a l - p l a n t e , ou p l a n t e a n im a l e . Mais
K nous n’aurons point à nous en occuper.
Les plantes fe diftinguent par des organes qui
I les ont fait ranger p z x c la f f e s , o r d r e s , g e n r e s , e fp é -
| ces & v a r ié t é s .
les graines. La connoiflance de ces caraCteres dif-
t in Cf ifs forme l’objet de la b o t a n iq u e .
Le genre comprend tous les arbres, ou toutes
les plantes qui préfentent des caraétères communs
dans les principales parties delà fructification j les
efpèces font renfermées dans le genre & fe distinguent
entr’elles par des caractères plus particu-
lietsj enfin , les variétés ne font que des dégénérions
Mais il ne fuffit pas de connoître les caractères
extérieurs des plantes & de pouvoir Içs clafler
fuivant- tel ou tel fyftème, il faut encore etudier
leur organifation, la nature & les fonaions des
diverfes parties qui les conftituent, les moyens
que la nature emploie pour fournir aux végétaux
la matière qui leur fert de nourriture, les vaifleaux
qui châtient la fève dans toutes les parties de la
plante, & les autres organes néceffaires à la vie
végétale* la manière dont s’opère l’accroiffement
en grofleur & en hauteur* les diverfes maladies
des plantes & leurs caufes, la manière dont fe fait
la reproduction * les fubftances renfermées dans
les végétaux, celles qu’on en tire pour les arts tx
la nourriture des hommes* en un mot, ce qui
conftitue la p h y f iq u e v é g é t a le . ü
de flefpèce, qui ne fe reproduifenr pas
toujours par les femences , tandis que le caraCtère
de l’efpèce eft de fe teproduire conftamment par
Ces connoiflances, appliquées aux forets, forment
la b o t a n iq u e f o r e f t iè r e . Elles fontnéc effair e S
par les réfultats qu’elles peuvent avoir fur l ’économie
foreftière,& principalement fur le fucces
des cultures.
II. Phyfique.
La phyfique eft la fcience des chofes naturelles.
Elle a pour objet de. faire connoître les propriétés
générales de tous les corps de la nature, les
lois du mouvement, la mécanique, & c . &c. Cette
fcience reçoit fo,n application dans tous les arts,
& elle eft particulièrement utile ppur les opérations
où il s’agit d’ apprécier les propriétés des
corps, leurs aCtions les unes fur les autres, S t l’emploi
des machines. Ces connoiflances font néceffaires
dans l’économie foreftière, par exemple,
en ce qui concerne, les effets des elemens & des
climats fur la végétation des arbres , la qualité des
bois fous les rapports de leur pefanteur, de leur
élafticité, de leur dureté & denfité, de leur com-
buftibilité & des fubftances intérieures qu’ils renferment.
, , r , .
i°. Les climats, la température réfultant de la
fituation & de l’expofition des terrains, la nature
de ces terrains, l’air & la lumière , exercent une
puiffante influence fur la végétation des arbres &
fur la qualité des bois, & c’ eft parce que les f o r e f -
t i e r s ne calculent pas affez les degrés de cette influence,
qu’ ils commettent des fautes dansées exploitations
& la culture des bois, & dans l’appréciation
de leurs qualités. 11 leur importe auflï de
connoître la dire&ion & la force des, vents, pour
fe conduire dans les exploitations , & pour ne pas
planter des arbres à racines traçantes fur les montagnes
expofées aux ouragans. ^
20. L’élafticité des corps en dirige 1 emploi
dans tous les arts. Ceci s'applique furtout aux
bois. La pefanteur 8c la dureté font fouvent des
qualités, tuais quelquefois aulfi des défauts dans
les b o i s . L e f o r e f t ie r doit favoir les apprécier fuivant
les ufages auxquels on les deftine.
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