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dans lequel fe place une’ bouture; Cependant,
quelques vignerons font cette opération dans des-
toiles de trois pieds de long , un de large & un de
profondeur. On appelle cette manière, bien préférable
, mais très - coûteufe, p l a n t e r a p i e d de
b x u f . I
Dins les deux méthodes, les ceps font rigou-
rrufement en quinconce & écartés de quatre à cinq
pieds; robfervation ayant conduit à reconnoître
que quand ils font trop rapprochés, ils vivent moins
long-temps.
On remplace les ceps morts par le marcottage
d ’un farment du cep le plus voilin, ou par le pro-
vignement d ’un cep entier, lorfque la v i g n e n’eft
pas trop âgée.
Généralement une pelletée de fumier eft placée
fur le provin.
Toujours on doit préférer arracher un cep mal
portant, à chercher à le rétablir, parce qu’on iéufïit
rarement à le mettre en bon état de végétation.
Les labours ont lieu à l ’araire ou à la bêche ;
ces derniers font les meilleurs, mais les premiers
font plus économiques.
Les labours à l ’araire fe croifent, ce qui oblige
de dégarnir le pied des ceps avec la pioche, en
formant un creux.
La taille fe pratique tout l’hiver. Celle exécutée
avant, donne lieu à plus de raifin & à du meilleur
v in , mais elle fait craindre les gelées du printemps.
Pour fixer le nombre de bras ou courfons qu’il
convient de laifïer fur chaque' cep, on fe guide
fur la vigueur du cep & la fertilité du terrain : if
eft de quatre à fix. Les farmens qui les furmonrent
font taillés à fix yeux. Les deux Ai péri e il rs donnent
naitfance à des bourgeons à fruit, & c ’eft fur l’inférieur
que la taille s’établir l’année fuivante,
remarquable pratique dont je n’avois pas encore
eu connoiffance.
Les v ig n e s font en rapport à dix ans pour la
quantité, & à vingt pour la qualité ; obfervatîon
bonne à noter pour appuyer celle rapportée plus
haut. Elles durent un fiècle iorfqu’ellcs font bien
conduites. Les plus produ&ives font les plus tôt
dans le cas d’être replantées.
On donne un binage du io au i j mai, avec une
araire plus petite que celle qui a fait le labour
d’hiver, laquelle n’ eft attelée que d’une mule.
Rarement les v ig n e s de ce canton font fumées ;
mais quand on peut fe procurer des herbes de marais
, on les enterre par le premier binage.
L’égrappage qui avoit lieu dans ce vignoble , a
été abandonné parce qu’ il diminue la couleur, &
par cela même la valeur des vins qu’il produit,
attendu qu’ils fervent à couper les vins foibles du
Nord.
Les troupeaux font mis dans les v ig n e s immédiatement
après la vendange.
Les vins les plus connus de la cô te d u R h ô n e ,
font ceux de R o q u e m a u r e , de T a v e l , de C h u f e l a n ,
V I G
de S a i n t - G e n i e ç , de S a in t - L a u r e n t de L i r a c , de
M o n t f a u c o 'n . Les v i g n e s qui les donnent font plantées
fur des coteaux caillouteux expofes au levant.
Elles produifent peu. Les variétés qui s’y cultivent,
font : en rouge , le t e r r e t , le p é t a r a o u s 3 le
m o u t a r d ie r y le m a r o q u in & le g r e n a c h e : cette dernière
eft celle qui donne le meilleur vin. Le te r re t
v e r d a o u doit être arraché des v ig n e s où il s’eft con-
fervé. En blanc , la c la ir e t t e , le p i c a ' d a n , le b o u r -
b o u le ^ y ou m o n n a in b l a n c , le q u a l i t o r , enfin le
c h e r e s , dont le fruit eft aufli excellent à manger
que le vin eft agréable à boire.
La plantation de ces variétés s’exécute comme
dans le vignoble précédent, excepté qu’on écarte
lès ceps du double. On enlève auffi les boutons de
la partie des boutures qui doit être enterrée , fous
le prétexte que cela fait fortifier les plants. Je
n’ai point de motifs pour admettre ou rejeter
cette pratique.
Les v ig n e s de la côte du Rhône ne font point
échaiaffees, & font cependant très-expofées aux
vents. Il eft donc néceffaire de les tenir baffes
& de réduire le nombre de leurs, bourgeons ;
c’eft pourquoi on fupprime la plus grande partie
de leurs farmens, & on recourbe ceux qu’on
laiffe, ce que les vignerons appellent e n f e lle r u n
p l a n t i e r . Du refte, on n’ébourgeonne & ne rogne
pas plus que dans les vignobles précédens. La
taille fe fait à un ou deux yeux, fuivant la force
du cep & le terrain où il fe-trouve. :.
La luire des travaux de leur culture ne diff.-re
pas de ceux cités plus haut.
Quelquefois on effeuille quinze jours avant la
vendange, qui ne fe fait jamais qu’ à la parfaite
matutité du raifin. .
Le vin de ces v ig n e s fe garde jufqu’à douze ans.
If y a 73,000 hedtares de v ig n e s dans le d é p a r tem
e n t d e r H é r a u l t , les unes fur des coteaux ,
les autres dans la plaine. Leurs produits fervent
en grande partie à faire de l’eau-de-vie. Quelques
uns d’eux font excellens,’ tels que, en rouge,
les vins de Saint-Georges, de Vérargue , de
S ùnt-Chriftol ; en blanc, ceux de Marfeillan & de
Pommérol ; en mufeat, ceux de Frontignan &
de Lunel.
J’ai traverfé ces vignobles, & il m’a paru
qu’ ils étoient cultivés comme ceux des environs
de Nîmes. Je ne connois aucun écrit qui les ait
pour objet.
Le d é p a r t em e n t d u T a r n cultive environ 30,000
hedtares v i g n e s , tant fur les coteaux que dans la
plaine ; les unes baffes, les autres élevées, plantées
à la broche, cultivées à la charrue ou à la houe}'
échaiaffees, lorfqu’elles le font, à des baguettes de
houx, qui durent très-long-temps : elles fubfifterit
pendant un fiècle.
La quantité eft ce qu’on demande à ces v i g n e s ,
| comme dans tant d’autres endroits; cependant
elles fourniffent quelques vins, tels que ceux de
1 CufTac, de Caifagnel > de Sabin , d’Ineti, de
Saint*
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Saint-Amarans, de Cahufagnel , 'de Gaillac, & c .,
mais qui fortent rarement du pays.
Environ 33,000 hedtares de v ig n e s font plantés
dans le département de l’Aude, dont les produits
font transformés, pour la majeure partie, en eau-
de-vie. Les feuls crûs remarquables font, en rouge,
ceux des environs de Narbonne, & en blanc,
ceux des environs de Limoux : ces derniers proviennent
d’ une variété appelée c l a ir e t t e y dont le
grain eft alongé & pulpeux, & qui charge extrêmement
, mais qui a befoin d’ une grande chaleur
pour mûrir.
La culture de ces v ig n e s eft la même que celle
des v ig n e s du département du Gard , mais ce font'
des boeufs qu’on emploie pour les labourer.
Le d é p a r t em e n t d e 1‘ A r r ié g e , placé fi favorablement
, femblcroit devoir produire de bons vins
dans les 16,000.hectares de v ig n e s qu’il poflede ;
cependant il n’en eft rien, à raifon de ce qu’on n’y
cultive que de mauvaifes variétés, & qu’on y tient
les ceps en hautins, ce qui empêche le raifin de
mûrir. Les feuls environs de Pamiers , où ils fe
tiennent en treilles' baffes, donnent du vin de
qualité.
Je n’ ai aucun renfeignement fur les v ig n e s du
d é p a r t em e n t fd e l a H a u t e G a r o n n e , quoiqu’il contienne
5 y ,000 hedtares de terres qui en font plantés
: ce font celles des environs de Touloufe qui
donnent le meilleur vin.
Le d é p a r t em e t d u G e r s poffède 72,000 hedtares
dé v ig n e s , dont les produits fe convertiffenc pref-
qu’en entier en eau-de-vie. Les meilleurs vins
rouges proviennent des environs de Mirande :
rl s’en fait peu de blancs.
Les terrains fecs & graveleux, qui ne peuvent
fervir à la culture du froment, font préférés
, dans ce département comme partout ailleurs,
pour la culture de la v i g n e , lorfqu’ ils font
au midi ou à l’eft. On les entoure d’ une-haie ou
d’ un foffé,& on les divife en carreaux de trois ares
chacun, par des chemins fufceptibles de laiffer
paffer les\voitures , chemins dont la terre eft enlevée
& portée fur les carreaux.
Tantôt on préfère les v ig n e s baffes, tantôt les
v ig n e s hautes.
. Les premières fe plantent, après labour, en
rangées efpacées de deux mètres, tantôt dans des
foffes carrées, tantôt dans des trous formés par
une fiche ou une tarière, chaque cep féparé
d’un mètre de fes voifins. On eft dans l’opinion
que les ceps mis dans les foffes croiffent plus rapidement*.
& ceux mis dans les trous durent plus
lpng-temps, ce qui eft difficile à croire pour le
dernier cas.
Les v i g n e s hautes fe divifent en efpaliers & en
hautins.
Les ceps deftinés à devenir des efpaliers fe
plantent en lignes écartées de deux mètres &
plus, dans des foffes éloignées d’ un mètre.
Chaque cep a fon échalas. On fait ufage, & des
D i c l , d e s A r b r e s & A r b u f i e s .
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chevelus, & des crocettes, & des boutures. Les
premiers pouffent plus v îte , mais languifïènt en-
fuite. Les dernières font le plus en ufage.
On plante avant l’hiver les terrains les plus fecs.
Le nombre des variétés eft confidérable. On
les mêle enfemble dans la même v i g n e , pour que,
dit-on, la qualité ou l’abondance des unes com-
penfe ce qui manque aux autres; mais il en ré-
fulte qu’on vendange quand les raifîns des unes
font trop mûrs'& ceux des autres pas affez. Les
variétés blanches font toujours pour un quart ou
un cinquième dans■ ce mélange.
La taille s’exécute au* commencement ou à la
fin de l’hiver. On la retarde le plus poflîble dans
les v ig n e s baffes, humides & fujettes aux brouillards,
ainfi que pour les variétés qui ont beaucoup
de moelle. Elle fe fonde fur le plus ou moins
de vigueur des ceps. On laiffe ordinairement les
deux, trois & quatre brins qui font le mieux
d â p s la direction des rangées, & à chaque brin
deux ou trois yeux.
Qn tient les ceps à un demi-mètre de hauteur,
& on leur donne deux têtes.
Le premier labour fe fait à là charrue, & de
manière à /amener la terre au milieu des lignes;
le féconda bras, pour déchauffer les ceps; le
troifième, contraire au premier, à la charrue,
pour recouvrir le pied des ceps. C ’eft avant ce
dernier qu’on fume ou terre la v ig n e .
L’enlèvement des racines fuperficielles, l’é-
bourgeonnement, la rognure, l’effeuillement,
font des opérations qui fe pratiquent rarement
dans le-département du Gers.
Les ceps manquons font remplacés, ou par
d’autres à cet effet confervés en pépinière, ou
par le marcottage d’un farment fourni par un cep
voifîn, farment qui eft féparé de fa mère au bout
de deux ans.
11 eft des vignerons qui coupent les ceps des
vieilles v ig n e s entre deux terres pour les rajeunir.
La greffe de la v ig n e fe pratique quelquefois
dans ce département, ou en fente, ou en bro.che,
c ’eft-à-dire , en perçant le cep avec une vrille,
&. en y introduifant un morceau de farment dans
le trou. V o y e i G refi^E.
Les hautins fe plantent dans des foffes éloignées
de. deux mètres & demi , foffes où les
ceps font accouplés de manière qu’un échalas
ferve pour deuxT Tantôt ces échalas font de
groffes perches de bois mort, tantôt- un cormier,
un pommier fauvage, un érable. Leurs fouches
s’élèvent à un mètre & demi fur quatre bras ou
courfdhs , dont on taille les farmens, les uns à.
huit ou dix yeux, les autres à deux yeux feulement.
C ’eft fur les farmens que produifent ces
derniers, que s’établida taille de l’année fuivante.
On accole les bras avec de l’ofier, 8c IqLfôpur-
geons avec de- la paille , à mefure que cefir devient
néceffaire.
, Le d é p a r t em e n t d e s H a u t e s - P y r é n é e s , poflede
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