
oeufs & les mangent. Les premières peuvent être facilement
forcées à couver, en les ptaçmt dans une
boîte ouverte, où elles entrent jufte, de en leur attachant
au cou une petite planche qui pèle fur leur
dos. Çe moyen eft plus Ample que tous ceux qui.
ont été propofés, &rje ne lui ai jamais vu manquer
fon effet. Les fécondés doivent être tuées & mangées
de fuite.
Les petits dindonneaux éclofent généralement
le trentième jour; cependant il y a quelquefois
avance ou retard, foie total, foit partiel, d'un à.
deux jours-, fans qu’ on puiffe dite pofiti ventent
pourquoi : dans ces cas, il arrive quelquefois
que la mère abandonne les oeufs en retard. C ’eft
alors qu’il eft néceffaire d’ employer le moyen de
force cité plus haut.
Ainfi que j’en ai déjà prévenu , il eft des lieux
où on réunit deux & même trois couvées en une
feule. Cette réunion s’efteétue, tantôt un, deux
ou trois jours avant la naiflance des petits, tantôt
un , deux ou trois jours après. Il y a des inconvé-
niens des deux côtés. Je crois, en principe général,
qu’iLne faut réunir les couvées que lorfqu’elles font
au-deffous de douze, eu par fuite des accidens,
ou par fuite du défaut de fécondation des oeufs,
d’abord parce que les mères ne peuvent pas réchauffer
pendant la nuit, ou garantir de la pluie
pendant le jour, plus de trente petits; enfuite
parce que, dans les trop grandes réunions, les plus
foi blés font devancés parles plus forts & font privés
de la nourriture éventuelle qu’ ils euffent trouvée
s’ils euffent eu. moins de concurrens.
Souvent ces réunions s’effeétuent pour faire j
faire une nouvelle couvée d’oeufs de dindes, -j
d’oeufs de poules, d’oeufs d’oies, d’ oeufs de
canards à la couveufe, ce qui l’epuife excefli-
vement. Quelquefois c’ eft pour la manger, mais
jamais couveufe n’eut une chair graffe & favou-
reufe t aufli vaut-ii beaucoup mieux, à mon avis,
avoir plus de dindes que la quantité de d in d o n s
qu’on veut élever le comporte, pour en employer
une partie au remplacement des autres volailles,
remplacement qui a des avantages réels, au.moins
relativement au nombre des oeufs & à la précocité
de l’envie de couver.
Il eft extrêmement important, dans ma manière
de concevoir l’éducation des d i n d o n s , afin delà
rendre économique, qu’il y ait peu de différence
entre l'âge de tous les dindonneaux * ainfi,. fi j'a-
vois encore, comme je l’ai eu autrefois, l’occafior*
de fpéculer fur eux, je voudrois q le toutes les
couveufes fuffent mifes, de gré ou der force , fur
leurs oeufs,.dans l’efpaced’ une femaine au plus.'
Quelque fois la température de l’atmofphère eft
très-baffe au moment oùT les dindonneaux éclofent,
& ils paffent,. en conféquence, fubitement
d’une chaleur de trente degrés,& peut-être plus,,
dent ils jouiffoient dans la coquille, à une de cinq
à fïx ; à' quoi il faut ajouter 1 humidité dont leurs
plumes font imbibées suffi.en meurt-il fouvent
de très-grandes quantités dans les deux ou trois;
premiers jours de leur naiflance, malgré le foin
qu'a la mère de les réchauffer fous fes ailes, foin
qui eft de peu d’effet pour quelques petits, lorfque
ces couvées ne font que de vingt, & encore
moins lorfqu’ il y a eu réunion, de deux ou trois.
Cette conlidération.me fait croire que, non-feulement,
il faut les laiffer renfeimés dans ce cas,
ce qu'on fait prefque partout, mais encore les
placer dans-le deflïis du four ou autre étuve dont
la chaleur feroit entre quinze 8c vingt degrés. H
en coûte fi peu dans les campagnes, de placer un
po.êle mitoyen à deux chambres , qu'il femble
qu'il doive y avoir de ces étuves partout où on..
élève des d in d o n s u n peu en grand,.
Affrz généralement on offre pour nourriture
aux dindonneaux qui viennent de naître, de la
mie de pain trempée de vin , ce que je n’aime pas,
car le vin eft trop tonique pour des eftomacs aufli
; délicats. Le lendemain on leur préfente de la. mie
•de pain mêlée avec des oeufs durs écrafés ; c’eft
: mieux. Plus tard on Cubftitue à ces ali mens,, de la.
farine d’orge mouillée, mêlés avec des orties ou
des chardons hachés. C en ’effpas trop mal, mais ou
jpeut faire mieux. •
Dans 1 état de nature', ainfi que je l’ai, obfe.rvé
’ en Caroline, les dindonneaux ne mangent à cette
ijépoque de leur vie que des baies & des infeétes. 1 Je voudrois donc qu’ à défaut de bries & d’in-
; feéles, qui.ne fe trouvent pas en fuffifante quant
i t é en France au moment de la naiflance des din-
i donneaux, on leur donnât, plus généralement &
plus exclulivement qu'on le fait, une pâtée d’un
1 tiers de viande hacnée, d’un tiers ou de farine
j d’orge , deFarr.afin, de maïs, ou de pommes de
j terre, ou de carottes., ou de raves cuites, & d’un
'tiers de feuilles, ou d’orties , ou de chardons, ou
Jdè luzerne, ou de choux, ou d’ épinards, &c. ,
| également hachés.. Peut-être dira-t-on que cette
I nourriture eft coûteufe & embarraffante à préparer,
j’en conviendrai; mais lorfque par ces moyens
on peut empêcher la mortalité fi habituelle des
| dindonneaux avant & à l’époque de la pouffée du
: rouge,, on ne doit pas fe refufer à la compofer,,
| car elle affure les bénéfices qu’on en attend. D’ai.-
j leurs, ce n’ efl pas en excès qu’il faut donner cette
nourriture; au contraire, on doit la ménagery
; furtout les jours ou les dindonneaux fortent de
lia cour avec leur mère pour aller chercher leur
; nourriture dans les champs voifins de la- mai fon.
Tous les jeunes oifeaux demandent .à manger
fouvent,mais mangent peu. à- la. fois, parce que
leur eftomac, encore foible, ne digère pas lorfqu’il
eft furchargé, & encore moins lorfqu’il
l'eft de nourriture fèehe. Emboquer les dindonneaux
& leur donner des graines d’orge,,
d’avoine, de vefee, & c ., font donc des pratiques
très-nuifibles.
La mère dinde ayant befoih de fe refaire lorfque
* l'incubation eft finie* doit être, abondamment
nourrie i mais il convient de l\mpêcher de priver
fe petits de leur nourriture de choix, en plaçant
cette nourriture fous une cage dont les barreaux
foient aflez écartés pour le paffsge de ces derniers
, mais pas aflez pour quelle puiffe y
entrer* . . . « . » «
Toute grande variation dans la température elt
nnifible aux dindonneaux tant qu’ ils n’ont pas
pouffé leur rouge, & furtout dans les quinze
premiers jours de leur vie. On ne doit donc ni les
laiffer au grand foleil dans les jours chauds , ni
rentrer trop tard dans les jours froids. Il eft fur-
tout indifpenfable de faire-en forte qu’ ils ne foient
mouillés ni par la pluie ni par la rofée, ces deux
dernières caufes, qui leur donnent la diarrhée, en
faifant plus périr qu’aucune autre. Leur donner
du vin pour les réchauffer & les'fortifier, eft habituel
dans ces cas, quoiqu’il m’ait femblé qu’il j
en réfulte fort peu de bons effets.
. Au bout de quinze jours on doit déjà commencer
à faire conduire les dindonneaux dans les
champs avec leurs mères, par de jeunes garçons
ou de jeunes filles d’un cara&ère exadt & patient :
deux longues baguettes, une<à chaque main , fuf-
fifent pour les forcer à refte* réunis & à fe diriger
vers tel ou tel point ; leur marche doit être très-
lènte, tant parce qu’ ils font encore foibles, que
par la néceffité de leur donner le temps de voir &
i. de faifir les infedies, les vers, les graines, les
feuilles d’herbes dont ils fe nourriffent. Les mener
deux fois par jour à la pâture, vaut mieux qu’une,
fût-elle trois fois plus prolongée. Il faut changer
chaque Fois de lieu pour donner le temps aux infectes
de s’y reproduire. On évitera les grands bois,
crainte des renards, des fouines, des putois, & c .,
dans tous les pays où il exifte de ces animaux.
! C’eft, je le répète, dans les landes, les friches &
i autres lieux découverts où il fe trouve beaucoup
! de grillons, de fauterelles, de mouches de tontes
fortes, qu’ils trouvent Hne plus abondante pâ-
[ ture. Ils tuent même, lorfqu’ils ont acquis une
[ certaine force, lès taupes , les mulots, les cam-
I pagnols, les lézards, les ferpens, à la fuite d’une
I manoeuvre dont j'ai été plufieurs fois-témoin &
que je dois rapporter. Dès qu’un dindonneau aperçoit
ur. de ces animaux, il jette un cri particulier
qui attire l’attention de tous les autres & les fait
I accourir; auffitôt ils forment autour de l’animal
| un cercle qui fe refferre jufqu’à ce que cet animal
foit à la portée du bec des dindonneaux, qui alors
le tuent, s’il refte en place, & qui l’ empêchent, à
[ c°ups de bec, de fortir s’ il tente de le faire. Ce
font principalement les ferpens dont la peau écail-
leufo eft plus difficile à entamer, & dont les re- J p|is ondoyans trompent plus facilement l’oeil des
| dindonneaux , qui rendent le fpeétacle agréable ,
I parce qu’ ils traverfent fouvent plufieurs fois le
[ cerd e, & que chaque fois il s’en forme un nou-
1 V5au avec une. rapidité inconcevable dans des animaux
auffi lourds.
Environ deux mois après leur naiflance, plus
tôt ou plus tard, félon que le printemps a été
chaud ou froid, les dindonneaux deviennent trif-
te s , ceffent de manger avec avidité : c’eft la crife
de la p o u jfé e d u r o u g e dont j’ai parlé, crife à laquelle
beaucoup fuccombent fi on ne prend pas
les précautions convenables. Elle dure environ
huit jours; on doit la regarder comme terminée
pour chaque individu, lorfque les caroncules
charnues de fa tête & de fon cou font devenues
rouges.
Pendant ces huit jours,les dindonneaux-doivent
être,finon renfermés, au moins furveillés de manière
qu'ils Réprouvent les effets ni de la pluie ,
ni de la rofée, ni du froid , ni du chaud. On leur
donnera exclufivement la pâtée indiquée plus haut,
qu’on rendra plus liquide au moyen d’ un peu d’eau
lalée. S’ils refufent de manger, on ne les forcera
pas de le faire; on leur introduira quelques gorgées,
de vin chaud dans.le b e c , mais nul aliment
folide.
La crife de la pouffée du rouge terminée, les
dindonneaux prennent rapidement une conftitutîon
des plus robuftes, ne craignent plus aucune intempérie
, s’accommodent de toutes les fortes de nourriture
; c’eft alors qu'on peut fe difpenfer de leur
donner à manger à la maifon , qu’ils peuvent, &
même doivent refter toute la journée aux champs,
conduits comme il a été dit plus haut.
Les dindonneaux qui ont paffé l’époque critique
mangent exceflivement, & fi on vouloit fatisfaire
leur appétit à leur retour des champs, ils reyien-
droient à un prix plus élevé que celui auquel on
peut les vendre ; cependant plus ils mangent, plus
ils grofliffent, plus ils acquièrent de valeur.'Ceux
qui en élèvent doivent donc toujours calculer le
point.où il eft convenable qu’ils s’arrêtent. Com--
bien de cultivateurs fe font trouvés & fe trouvent
encore chaque année en déficit, pour n’avoir pas
pris cette circonftance en fuffifanteconfidération !
C ’eft feulement après cette époque qu’on pour?
roit châtrer les d in d o n s , comme on châtre les coqs ;
mais d’un côté cette opération, aflez affurée fur
ces derniers, fait fréquemment périr les premiers ;
de l’autre part, fi elle favorife leur engrais, elle
affoiblit'la faveur de leur chair, tous les dindonneaux
, hors ceux réfervés peur la reproduction
, devant être , fous le rapport de l ’économie
& de la bonté, mangés avant le printemps fuivanr,
on fe difpenfe avec rai fon de la faire au x mâles, &
à plus forte raifon aux femelles.
On commence à manger les dindonneaux immédiatement
.après la pouffée du rouge ; mais comme,
ils n’ont pas encore acquis la moitié de la groffeur
â laquelle ils doivent parvenir , & que leur faveur
n’a pas encore pris toute fon- incenfîté , cela n’eft
pas avantageux, & il faut par conféquent attendre
au moins qu’ils aient quatre mois. C ’eft à fix mois,
c ’eft-à- d ire, en feptembre & en octobre , qu'ils
font les meilleurs. Ainfi que je l'ai déjà annoncé,