
les terrains fecs & expofés aux rayons brdlans du
foîeil. J ai vu des v i g n e s entières perdre leur*
feuilles , & par conféquenc ne point donner de récolte,
par fuite d'une incor.fideration à cet égaid.
C ’eft pendant le labour d'hiver qu'on creufe les
folïés ou les trous deftinés à recevoir la terre qui
eft entraînée par les pluies, & qu on doit de loin
en loin reporter au Commet des v i g n e s , ces trous
diminuant la diftance à p courir , & par confé-
quent la dépenfe de fon tranfpovt, qui fe fait le
plus Couvent ’ pendant la même faifon, à dos
d’homme, à raifon de la rapidité des pentes, qui
ne permet pas l’emploi des animaux.
Dans beaucoup de vignobles , c eft encore
alors qu’on provigne , & dans les v ig n e s où cette
opération eft régulièrement eft. 6tuee tous les
deux , trois , quatre & cinq ans, & dans celles ou
on ne l’ exécute que lorfqu’il eft necefiaire de regarnir
une place rendue vide .par la mort d'un ou
piufieurs ceps.
On ne devroit appeler Pr o v in s que les ceps
complètement couchés en terre.5 mais on donne
auifi alllz généralement ce nom aux farmens d’ un
cep deftiné à faire des Ma r co t t e s , foit pour
regarnir, comme je viens de le dire, foit pour
tranfporter ailleurs les jeunes pieds qui en résultent.
V oye\ ces mots.
Lt s avantages du provignage font d augmenter
le nombre des racines de la v i g n e , de mettre les
nouvelles dans une terre neuve, & d’abamer fa
fauche. , .
Les provins deftinés à perpétuer -les jeunes
v i g n e s , en leur laiftantconftamment l’apparence
de la jeunefle, font le plus Couvent dirigés dans
le même Cens, & en montant. Ceux dont l’ objet
eft feulement un regarni, fe font en tous feus.,
mais alors on les fépare Couvent de leur Mer e.
V o y e \ ce mot.
11 eft cependant des lieux, furtout lorfque la
pente eft très-rapide, où on les dirige tranfverfa-
Icment pour arrêter la terre, foit d un feul coté ,
foit alternativement à droite & à gauche.
Dans ce dernier cas il eft très avantageux ,
comme l’a p r o u v é Cabanis, de faire les marcottes à
la fin de juin, avec les bourgeons latéraux , pour
cela réfervés lors de l’ébourgeonnement.
Je crois, par analogie » qu’ it feroit mieux de
regarnir les v ig n e s avec de s boutures ou avec du
plant enraciné, cultivé autre part, qu'avec des
provins; mais l’ ufage général eft oppoie a mon
opinion.
11 eft a (fez rire qu’ on Lifte provigner unè
vieille',v/gne en entier, parce que cette opération
eft très - coûteufe, & que fes refui tais font inférieurs
, relativement aux produits , à une tranf-
plantab on après arrachis & repos pendant quel-
ques années.
Ii eft des vignobles où on ne: plante que la moitié
, même le quart des ceps uéceffaires pour garnir
le terrain, où on le couvre enfuit5 en entier
par des f rovins faits avec leurs farmens.
Mettre une poignée de fumier fur la courbure
des provins, eft un moyen a (Ttiré de les faire s enraciner
plus promptement & de les faire pouffer
plus vigoureulement ; aufti cela fe pratique-t-il
fréquemment.
Allez Couvent les provins périff-nt par fuite de
la polition forcée ou on ' les met, furtout fi le
terrain eft fec & le printemps fans p luie, encore ,
furtout, fi les farmens ne font pas bien A oûtés.
V o y e ^ ce-n10t.
Les foffes dans lefquelles on place les provins ,
doivent être d’autant plus profondes.que le terrain
eft plus fec & plus expofé au foie il. PYefque toujours
on ne les remplît pas de terre, pour que
celle qui eft entraînée par les eaux pluviales s’y
déo/vfe à mefure du befoin des-nouveaux ceps.
Ces nouveaux ceps ne demandent pas de culture
particulière.
La fin de ces opérations , c’ eft-à-dire, lor.que
la v ig n e commence à entrer en fev e, eft le moment
de greffer la v ig n e . ■
Les Anciens ont pratiqué l i greffe ; quelques
Modernes l’ont beaucoup préconifée. Le vrai
eft qu’elle n’eft utile que ' lorlqu’on veut cham-
ger promptement les variétés cultivées dans un
vignoble , ou les rendre uniformes., car la v ig n e
vie. t fi facilement de boutures & de marcottes ,
qu’ il n’y a pas à gagner pour le temps. L’opinion
que la greffe, en-diminuant 1 aétivité de
la fève, améliore la qualité du vin, quoique fondée
en théorie, eft de nu de valeur dans la pratique,
puifque, dès h fécondé année, le bourreiet
eit oblitère. -
N’ayant point d’écorce permanente, la v ig n e ne
peut pas fe greffer e« écuffon; mais en la greff-nt
en f.-nte, on eft affuré de réuifir, à quelqu’ endroit
de la fente qu’on place la gr* ffe , parce qu’ il n’ eft
pas néceffiire de faire attention, a la concordance
des libers, qui n’exiftent pas non p’us. Cependant
le défaut d’humidité fait quelquefois manquer ces
greffes; en conféquence , on doit les eff. éluer,
autant que polfible, en terre:, ou les entourer
d’une grofle poupée louvent arrofée. ^ ■ •
Une bonne précaution à prendre , c’ eft de couper,
quinze jours d’avance, lcs.gr ffes, de les eon-
fervér en terre , &r de ne les employer que lorfque
la fève eft dans tome fa force. V o y e 1 G reffe.
Le fol des v ig n e s s’épuife comme celui des
champs où on cultive des céréal ;s_, des plantes à
graines huleufes, 8tc .; & quoique cet é pu il ciment
, ainfi que-je l’ai déjà oblervé , en diminuant
la q u a l i t é , augmente la quantité du vin, il arrive u'n
moment où on ne peut fe refufer d’abord a favori
fer la folubilité de l’humus, qui réfifte aux influences
atmolphériques', emuite à lui en fournir
du nouveau, en plus ou m o i n s grande quantité.
V o y e i A ssolement , Amendement &
E n g r â is .
T.es amendemens qui s’emploient le plus fr é - 1
quemment pour .ranimer la vigueur des v ig n e s I
épuiféës, font la C haux , la Marne , la C r a ie ,
les recoupes C a l c a ir e s ., les C en d r e s , tant
de bois que les Py-rite use s , les Lig n it e s ,
ï’A mpelite , 1’ Argile , le Sable , le Pl â t r e ,
ce dernier répandu au printemps furies feuilles,
J’ai traité avec les développemens convenables
la minière d’agir de tous ces avnandemens,aux arti- '
clés qui lès concernent, & j’ v renvoie le' k é l ur.
Déjà, dans les temps les plus reculés, on avoit
remarqué que les engrais, furtout les engrais animaux,
ai té 1 oient la qualité des produits de la v ig r ie ,
auifi tou-> les écrivains, généralement amateurs
du bon vin, ont-ils tous t - mé contre l’ufage.de
les fumer qui exifte dans tant de lieux; mais les ;
vignerons qui, tout en profitant de la célébrité’
de leur vignoble, trouvent plus d’avantages dans
la quantité que dans la qualité, les lai (lent dire
& fument leurs v i g n e s quelquefois à outrance.
Quel moyen d’empêcher ce réfultat des calculs
de l’intéiêt perfonnel , lorfque les mauvais
vins fe vendent partout ? Je n’en connois pas
d’autre que I’ In’s tRüction mile à la portée des •
plus pauvres. V o y e q ce mot.
Il eft bon de rappeler ici que Pengrais nuit à la
qualité du vm, feulement en en-augmentant la
quantité, & qu’il lui nuit auifi, & d’une manière 1
plus prononcée , en lui tranÉmettant fa faveur
& fon odeur.
Certains engrais animaux font cependint excelle
ns pour les v i g n e s , mais ils font rares. Ce font
les Po i l s ,, les On gle s, les C ornes , qu’on
enterré au pied des ceps, qui le üécompofent lentement,
6c par conféque* t durent plu fleurs années,
& qui ne donnent, dit-on, aucun goût au vin.
J’ai déjà dit qu’on fumoit les v ig n e s au moment
de leur plantation ; alors il y a des avantages réels
& aucun inconvénient, relati\ ement à la qualité
du vin.
On les fume pendant toute la durée de leur
exiftence, foit avec du fumier long , foit avec du
fumier confommé, foit avec des végétaux verts,
foit avec de la terre neuve, & c . , & c e , de
diverfes manières.
Pour diminuer les inconvéniens du fumier, il
doit paroître bon d’en répandre plutôt fouvent
qne beaucoup à la fois.
Généralement c’ eft l’hiver qu’ on choifit pour
fumer les v ig n e s , car alors les vignerons en ont le
temps, 6c il y a'un peu moins d’inconvéniens.
Le fumier long agit peu d’abord, mais fon action
fe prolonge deux à trois ans.
Le fumier confommé produit de fuite fon effet,
parce qu’ il eft à l’état d’humus, en partie foluble.
Tous deux portent, félon qu’ ils furabondënt
en matières fécales, plus ou moins de leur mauvais
goût dans le vin.
On juge,a fiez bien, à fon odeur, fi un fumier
qu’on fe aifpofe à employer produira ce réfultat.
Les E xcrém en s humains jouiffent au premier
degré de cette nuifible faculté. Après eux, ce font
les Boues de Paris & autres grandes villes. Voye%
ces mots.
Le fumier s’enterre tantôt en ma ffe, au pied
des ceps, tantôt en ligne, au milieu de leurs intervalles.
Cette dernière difpofition , quoique diminuant
& retardant Ion effet, eit à prélever,
parce qu’elle l’empêche de nuire d’une manière
auifi marquée.
Il n’y a pas deux vignobles où on procède de
même dans le mode de fumer la v i g n e , mais tous
ces modes rentrent dans le même, en définitif.
La terre amenée par les pluies, du fommet des
vignes en pente, à leur pied, & reportée, l’hiv^ r,
de leur pied à leur Commet, eft en même temps
un excellent engrais & un excellent amendement.
Il en eft de même des terres des champs, des prairies,
des pâturages, des C u-Ru.res des rivières, des
étangs, des folles, des Boues de routes. Voye[ ces
mots.
Mais les opérations de l’extraéfion 8c du tranf-
port de ces. objets font d’une grande dépenfe ;
auifi ne les emploie-t-on pas autant qu’ il feroit à
délirer. Voici deux moyens économiques de les
fuppléer, toujours à la portée des vignerons les
moins aifés , parce qu’ ils n’exigent que du travail.
Le premier, c’eft de faire, dans un trou., au
Commet de la v i g n e , un comooft avec les terres
entraînées par les eaux, & arrêtées par des barrages
fur les bords des chemins , ou même priles
dans, la v i g n e , avec les pian res inutiles, ligneufes
ou herbacées , qui c roi fient dans les environs, qui
proviennent de l’élagage des arbres , de la tonte
des haies, avec de la marne, des recoupes calcaires,
s’il y en a dans les environs. V o y e [ C ompo
s t , .
Les terres provenant de ces compofts feront
bonnes à être mifes au pied des ceps deux ou trois
ans après.
Aujourd’hui on voit de pareils compofts.dans
toutes les v ig n e s de la côre de Reims, dans celles
d’A y , d’Epernay, &c. V o y e ^ Mag a s in .
Le fécond, c’ eft de femer, immédiatement après
la vendange , fur un (impie ratiffage, dés plantes
annuelles d’une contexture aqueufe & d’une végétation
rapide, telles que le Sa r r a z in , la Na v
e t t e , la V esce 3 la Fev e de m a r a is , le L up
in , fi préconifé par Columelle pour cet ob jet,
& d’enterrer ces plantes par un labour d'hiver, à
cet effet un peu retardé. V o y e \_ Récoltes ent
e r r é e s .'
Dans les environs de la Rochelle, de Saint-Jean-
d’Angely, de Rochefoit, on fume les v ig n e s avec
les V â r e c s 0.11 Goîmons , qui produifent beaucoup
d’effet, mais qui portent leur mauvaife odeur
dans le v in , & même dans l’eau-de-vie qu’on ré-
tire de ce vin. V ^ o y e ç ces mots.
La T angue, qui fe trouve à l’embouchure des