
état jufq.u’ en a v r il, époque où il convient de les
retirer pour les femer, qu’ils foient germés ou
non.
Les glands qui tombent les premiers fontprefque
tous verreux , & ceux qui tombent les derniers
font généralement affedtes de vices organiques.
Les gauler pour rendre la récolte plus rapide, ne
peut être approuvé j puifque non-feulement ceux
ci-delfus s ’y mêlent, mais encore tous ceux qui
n’avoient pas encore terminé leur évolution, lef-
que ls fe rangent dans la même catégorie.
Les glands à envoyer au loin doivent être encore
plus rigoureufemem ftratifiés ; mais peur évite r de
trop grands fîais de tranfport, on les alterne dans
des cailles avec de la moulTe ou du bois pourri,
tenus légèrement humides. C ’eft par ce moyen
que les Michaux ont envoyé tant de millions de
glands, eh parfait état de germination, de la Caroline
& autres contrées de l’Amérique fepten-
trionde.
Ce que je viens de mettre fous les yeux du lecteur,
indique que les femisde glands, en automne,-
font dans le cas. de -réuflir rarement. Ainlï je n’en
ferai pas l’objet d'un paragraphe.
Trois buts déterminent principalement le femis
des glands, faveir : ou la formation d’une forêt,
ou la multiplication des arbres i fol es , ou le defir
d'aveir du plant de pépinière, ' Je vais fuccefiive-
ment prendre en confidération ces trois fortes de
femis.
. Il y a plusieurs modes de plantations des bois :
tous s’appliquent au chêne. Ainlï en peut femer
le gland à la volée, fur une terre entièrement labourée
, & l’enterrer enfuite , foit avec la charrue
légère , foit avec la herfe; ainfi on peut cii(famine
r le gland dans le lïilon que foi me la charrue,
pour le recouvrir en formant le fîllon fuivant j
ainfi on peut fe conten’er de labourer des bandes
de deux ou trois pieds de large,.dans lefqudles on
placera un rang de petits Aü gilots, le plus également
efpacés pofllble , faits à la houe, écartés
defix pieds, dans lcfquels en répandra trois à quatre
glands qu’on recouvrira de terre avec la même
houe.
Quelque (oit le mode employé, on opérera pendant
le mois d’avril, c’ eft-à-dire, quand il n’y aura
p’us de" gelées à craindre, & lorlque le temps fera
à la pluie.
il arrive très-fréquemment qu’on plante d’aufres
efpèces d’arbres, alternativement avec le chê/te,
principalement le châtaignier dans les terrains argileux,
le bouleau dans ceux qui font fablonnt ux,
le charme dans ceux qui font calcaires, le frêne
dans ceux qui font humides, l’aune dans ceux qui
font marécageux : ce mél nge tft très dans le cas
d être approuvé par le principe fur lequel font
fondés les affolemens. Il en fera queftion plus en
détail à l'article des Plantations.
Quelques auteurs ont recommandé de placer les
glands à la main, pour pouvoir les affeoîr far le gros
b o i t , afin que leur radicule pénètre plus directement
dans la terre} mais l’expérience preuve
que la plus grande dépenfe qu’amène ce foinn’tft
pas compenféè par la meilleure cioi-ffance des
pieds. Dans le forêts, les glands germent prefque
tous couchés à plat, &• c’efi ainfi qu’ils fe trouvert
prefque tous lov(qu’ on les jette fur la terre. La radicule
& la plant.de favent fort bien fe retourner
pour aller chercher, la première la terre, & la
fécondé l ’air.
Semer de l’orge, de l’avoine, fur la terre qui
vient de recevoir des glands , eft toujours avantageux
, en ce que les fannes de ces céréales garan-
tiffent le jeune plant dss effets de la féchere.ffe, qui,
je ne puis trop lé répéter , eli la circonfiance la
plus à craindre pour empêcher fa bonne venue.
Quoique les ravages des lapins, des n ulot1, des
'corbeaux , & c . , foient moins à redouter dans les
femis du printemps que dams ceux d’aufomre, il
n’en faut pas moins veiller fur eux pendant un mois,
au moins, en s’y promenant chaque jour avec un
chien, & en mettant des boulettes empoifonnées
dans les trous qui s’ y trouveront.
La première année , la tige du plant s’élève au
plus à fix pouces, mais fon pivot a le double de
cette longueur. On donne à ce plant un binage
pendant les hivers fuivans , jufqu’à ce qu'il ait acquis
trois ou quatre pieds de hauteur, après quoi
on l’abandonne à lui-même , à moins qu’ayant été
brouté par les beftiaux, ou affrété par les gelées du
printemps, il fe foit Rabougri au point de ne
plus former de tiges; auquel cas il faut le couper
rez-terie.-Voye^ Recépage.
Le femis des chênes deftinés à refter ifolés , foit
au milieu , foit-au bord des champs, ou à former
des avenues, ou à entrer dans la compofition des
H a u S, & c . , peut avoir lieu , ou au moyen d’angelots
faits fur le labour, ou fur un fimple coup
de houe, ou avec un plantoir. On doit multiplier
les femis de cette forte, carrant de eau fis
les empêc-hent de réuflir, tant d’accidens attendent
les pieds qu’ ils ont donnés , qu’ un arbre
fur cent vient à peine à bien. C ’eft la raifon pour
laquelle on voit fi peu de chênes fur les routes , en
avenues, autour des champs, lorfque tout invite à
les y multiplier. Beaucoup de foins & beaucoup de
patience peuvent cependant amener des réuflïtes.
J’invite donc les propriétaires à ne pas fe décourager
par les mauvais fuccès.
Comme, ainfi qu’on l’a vu plus haut, le pivot
des chênes s’approfondit beaucoup dès fa première
année & qu’ il n’a de racines qu’à fon extrémité,
il faut lever la totalité de ce pivot fi on
veut affurer la reprife du pied; mais dans combien
de cas la tranfplantation d’un chêne peut-elle
fupporter la dépenfe de deux trous de fix pieds
& plus, l’un pour le lever , l’autre pour le placer ?
On a donc dû être déterminé à faire en forte
que tous tes chênes difpofés à être tranfplantés,
fuflent dépourvus de ce précieux p iv o t, dont la
nature les a pourvus pour pouvoir réfilter pendant
des fiècles, malgré la vafte étendue de leur
têce, à la fureur des vents. O r , il y a plufieurs
moyens d’arriver à ce but, moyens qu’on doit
employer lorfqu’ cn fème des glands dans les pépinières.
'
Le premier de ces moyens eft de caffer le bout
de la plant,ule dans les glands germés avant de les
planter ; alors il fe forme plufieurs racines à fa
bafe qui pouffent plus lentement qu’elle auroic
pouffé. Le fécond 4 c’ tff de femer les glands
non germés-dans des p o ts , des caiffrs, & ç . ,
qui n’ont que quelques pouces de profondeur ,
& qui, par conféquent, arrêteront le pivot à
cette longueur. Le tro’ifième, qui rentre dans
le précédent, c’ tft de choifir , pour faire lec
femis, un terrain où l’argile infertile, & encore
mieux la roche, foie à une petite diftance de la
(urface* " _ _
Le femis, dans le premier cas, doit fe faire à la
main, parce qu’ il eft alors important de tenir les
relies du pivot dans la poficion qu’il doit avoir,
& il eft beaucoup de glands qui périffent, malgré
cette précaution.
Il eft des pépiniériftes qui fèment les glands en
lignes écartées d’un pièd, Sc qui, la fécondé année,
au moment où . la végétation commence à fe développer,
c’eft-à-dire, en avril, coupent toutes
les racines du plant, entre deux terres, à fix ou
huit pouces de la furface, & même plus bas, s’ il
eft poffible au moyen d’une bêche ou d'uné
pioche. Cette opération eft.quelquefois fuivie de
liucès, c’ eft-à-dire, que"la plus grande partie
des pieds continue de végéter •> mais aulfi quelquefois
elle les fait tous périr, ce qui n’engage
pas à la tenter.
Au reftè, le femis des glands dans une pépinière
ne différé pas de celui en plein champ.
Certains chênes du midi de l’Europe , de
l’Afie & de l’Amérique , font extrêmement fen-
fibles.à la gelée , & il faut, par conféquent, les
laiffer co.nftamment dans des pots ou dans des
caiffes, pour pouvoir les rentrer dans l’orangerie
aux approches de l’hiver. Je n’en connois pas qui
exigent la (erre chaude ; car les efpèces de ce genre
ne croiffent pas naturellement entre les tr piques.
Au moyen des précautions ci-dcffus & de
deux tranlplantations dans la pépinière, l’une
à deux ans & l’autre à quatre, les chênes acquièrent
un empâtement de racines te l, qu’on
peut efpérer de les mett-e en place avec certitude
de , reprife , lôrfqu’ iis font devenus dé-
fenfables, c’ eft-à-dire, ont acquis d ’un à deux
pouces de diamètre & dé huit à dix pieds de
hauteur j tandis qu’avec leur pivot il y auroit
a craindre d’en perdre deux fur trois, dans ce
cas, après l’âge de trois ans, & fix fur fept à
1 âge de cinq ans, perte qui ne peut être fup-
porcée que par les cultures de luxe.
Ç e n’eft donc que du plant des chênes d'un
à deux ans qu’on peut tirer des pépinières pour
planter des bois d’ une certaine étendue avec
(ûrecé & économie , encore faut-il que la dif-
tance.de là pépinière au lieu de la plantation
ne foit pas à plus d’une journée de marche, que
le terrain foit frais & de bonne nature, & que
l’année foit pluvieufe ; mais ces circonftances
font rares : auffi, en y ajoutant leur plus grande
économie & la confcivation du pivot, les femis
font prefque toujours préférables aux plantations
, & ce font eux que j’engage les propriétaires.
à préférer.
Cette difficulté de tranfplanter avec fuccès des
chênes âgés, s'augmente lorfqu’il s'agit des efpèces
qui confervent leurs feuilles penJant l’hiver.
C'tft im hafard, fi je puis employer cette
expreflion, lorfqu’une yeufe, un liège de deux
ans , qui n’a pas été femé dans un pot & qui
n’ eft pas mis en place avec fa motte, ne meurt
pas par fuite de fa tranfplantation : auftï, dans 1 s
pépinières des environs de Paris, les tient-on en
pot jufqu’à ce moment, d’autant plus qu’ils craignent
les fortes gelées de l’hiver & les plus foibl.s
du printemps.
On greffe fort difficilement les chênes étrangers
fur ceux de France autrement que par approche ;
cependant j’ai vu réuffir affrz Couvent cette greffe
par le moyen de celle dite a l'anglaife. On trouvera
au mot Greffe les indications néceflaires
pour les exécuter.
Les deux chênes communs dans les environs de
Paris,_Ie roure bc- le pédoncule, qui réfiftenr,
plus au nord, peut-être à 50 degrés de froid,
pendant l’ hiver, y font extrêmement fenfibles au
printemps lor-fc|u’ils font entrés en végétation,
c'eft à-dire, que 2 ou 3 degrés de froid au-def-
fous de zéro du thermomètre de Réaumur, fr.ffi-
fent pour tuer lents jeunes pouffes & leurs jeunes
feuilles. C e t accident arrive principalement à
ceux de ces chênes qui fe trouvent dans les vallées
expofées au nord, fur le bord des ruiffeaux, ou
des étangs , dms cLs taillis trop chargés de vieux
baliveaux, ce qui indique que l’humidité de l'air
concourt puiffa nment à l’ aggraver. (f'roy. G elée.)
Il y a dans la forêt de Montmorency telle localité.,
où j’ai vu ces trille s réfultats fe reproduire
prefque tous les ans: auffi n’off oient-elles que des
arbres rabougris & de nul autre emploi que
pour le feu. Je ne puis indiquer aucun moyen
pour prévenir de réparer les accidens de ce genre
dans des localités fembhbles 3 mais dans celles
où il eft plus rare, on emploie le recepage, qui ,
donnant lieu à une repouffe de brins très-droLs,
affure un dédommagement pour l’avenir.
Je dois obferver de plus que les bois de chênes
coupés en fève, par exemple, pour obtenir des
écorces à tan, étant par cette opération retardés
dans • leur - repouffe » ne font pas toujours allez
Q o 2